Salle commune des poufsouffles

Eleanor ne s'attendait pas à ce que soit mentionné Jude dans la discussion, se demandant ce qui pouvait bien se passer.

- Je veux que ça change justement mais déjà il faut me dire ce qui se passe pour que je puisse faire quoi que ce soit.

C'était déjà très compliqué comme situation, si en plus on ne lui faisait pas du tout confiance alors ce serait quasiment de l'ordre de l'impossible.

- Qu'est-ce qui est arrivé à Jude ? Dis moi tout s'il te plaît.

- Je ne peux pas vraiment parler à sa place mais tu as du voir qu’il était un peu blessé, non ? Il s’est fait embêter par des Serpentard, comme chaque jour.

Elle regarde la porte de la salle commune.

- Toi tu vas bien sinon ? Les cours se passent bien ?

- Les cours oui mais sinon non si je sais que ça se passe mal pour d'autres dans notre maison.

Eleanor ne comptait lâcher tout de suite le sujet précédemment lancé et voulait comprendre ce qui se passe. Visiblement Jude ne voulait plus lui parler et ça n'avait pas l'air de bien se passer pour lui en ce moment.

- Raconte moi ce qu'il s'est passé. On l'a agressé ? Où ? Quand ? Et qui ?

Freyja savait visiblement des choses qu'elle-même ignorait. Elle ne comptait pas laisser passer une agression de plus.

- Je ne peux pas parler à sa place Eleanor.

Réplique t-elle.

- Je ne veux pas que tu le prennes mal hein mais… S’il ne t’en a pas parlé c’est qu’il a ses raisons…

Freyja dirige son regard vers le sol.

- Il sait que parler ne sert à rien.

- Non je pense juste qu'il ne veut pas m'impliquer là-dedans car nous sommes amis. Mais c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire.

Et ça commençait sérieusement à l'agacer de voir que personne, même au sein de sa maison, ne désirait la prendre au sérieux. Certes elle n'était pas parfaite et n'était pas Peter mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne voulait pas faire en sorte de pouvoir protéger les siens.

- Vous ne pouvez pas tous dire que les choses ne changent pas si vous préférez tout le temps tout garder pour vous sans me laisser l'occasion de vous venir en aide. Je ne demande que ça.

Les bras croisés et l'air grave, elle observa Freyja, attendant des précisions en plus.

- …

Elle sent la pression de sa préfète reposer sur ses épaules.

- Les memes serpentard que d’habitude, ils ont piégé Jude dans les toilettes et l’ont attaqué à 4-5..

Pas évident de garder un secret.

Son poing se serra, encore une fois ils agressaient avec une lâcheté consternante. En plus sur Jude. Ca en était trop, il était peut être temps de jouer le même jeu que ces idiots pour les calmer un peu. Elle ne voulait pas en arriver là mais il n'y avait peut être plus le choix.

- C'est qui leur chef ? L'autre imbécile de Jack c'est ça ?

La rousse leva les yeux au ciel en soupirant.

- Il est temps que ça se termine ça aussi...

Eleanor posa sa main sur l'épaule de la Freyja et lui accorda un sourire qui se voulait rassurant.

- Je te remercie de m'en avoir parlé. Ne t'en fais pas je ne dirai pas que tu m'as raconté ça, ça reste entre nous.

Elle frisonne lorsque Eleanor lui touche l'épaule.

- Que vas-tu faire ?

Freyja vient finalement soutenir le regard de sa préfète.

- Je vais... essayer de trouver une solution. Ne t'en fais pas, c'est mon problème maintenant.

Eleanor ne savait pas encore exactement ce qu'elle pouvait faire. La seule solution efficace qui lui venait n'était pas ce qui lui plaisait le plus et ne lui correspondait pas.

- Il y a d'autres choses que je dois savoir ?

Oui, il y a pleins de choses qu'elle doit savoir.

- Non, il n'y a rien d'autre.

Sa vengeance, elle l'aurait de ses propres mains.

- Merci beaucoup pour ton aide Eleanor....

- C'est normal.

Eleanor espérait qu'elle pourrait se montrer à la hauteur des attentes de Freyja et de ses autres cadets.

- Et sinon les cours se passent bien ? Je peux aussi t'aider dans ce domaine si il faut. Et même bien plus facilement.

Un certain amusement se lu sur son faciès à sa dernière phrase.

Elle fait un grand non de la tête.

- Mes cours se passent bien. J'ai un peu de retard mais je rattrape vite. C'est gentil de ta part en tout cas.

Freyja vient quand même demander à Eleanor.

- Je peux te poser une question ?

Ce n'était pas tous les Poufsouffles qui montraient une certaine rigueur pour le travail, c'était donc satisfaisant de voir que c'était le cas pour Freyja.

- Bien sûr je t'écoute.

- Que souhaites-tu faire après ? Après l'école je veux dire.

Ses bras sont derrière ses dos.

- Te battre ?

- Et bien je compte devenir une grande alchimiste. Et une grande sorcière.

Rien de vraiment secret, c'était des ambitions que la préfète affichait constamment quand on lui posait la question.

- Faire évoluer mon domaine du mieux que je peux pour apporter à toute la communauté, c'est que j'aimerais.

Eleanor n'était pas du tout du genre à montrer une quelconque violence. Ses objectifs étaient de faire le bien et de faire profiter de ses talents au plus grand nombre. Elle n'était pas une Poufsouffle pour rien après tout.

- Je ne suis pas quelqu'un qui aime se battre tu sais. La seule raison qui peut m'y pousser c'est la menace moldue.

Elle hoche la tête, comprenant bien là les objectifs de son ainée.

- Qu'est ce que tu aimerais faire par dessus tout en Alchimie ?

C'était une question importante pour la petite Freyja qui, elle, ne vivait qu'à travers ses objectifs.

C'était rare qu'on lui demande autant de détails mais ce n'était pas pour lui déplaire qu'on s'intéresse à ses aspirations.

- Mmmmm créer des potions qui puissent faciliter la vie des sorciers et aussi qui permettraient à la Médicomagie d'évoluer pour apporter des soins encore plus efficaces. Je sens qu'il y a beaucoup de choses à faire en alchimie encore et je pense qu'en travaillant dur constamment je pourrais y contribuer. Voilà globalement.

Un sourire vint ponctuer la fin de sa réponse.

- Jusqu’où est ce que tu aimerais faciliter la vie des sorciers ?

Elle s'approche d'un pas et dit assez innocemment.

- Parce que, dans ma famille, on parlait souvent du sorcier "Lecg - l'Ajubilé", tu connais l'histoire ? Ca parle aussi de choses qu'on peut associer à des potions qui pourraient faciliter la vie des sorciers.

Eleanor savait pas mal de choses mais c'était bien la première qu'elle entendait ce bien curieux nom. En tout cas Freyja avait réussi à totalement capté l'attention de sa préfète, d'autant plus si c'était une histoire en rapport avec le domaine des potions.

- Je ne connais absolument pas cette histoire. Ca parle de quoi ? D'un alchimiste ? Je veux bien en savoir plus !

- Pas exactement d'un alchimiste mais c'est pas très loin.

Elle arbore un large sourire, assez heureuse de raconter des bribes de cette histoire, une fois encore.

- Je ne vais pas entrer dans les détails mais grossièremen, je pense que cela pourrait t'inspirer.

Elle se racle un peu la gorge afin d'éclaircir sa voix.

- Un sorcier nommé Lecg, en provoquant la magie elle-même, a créé un fléau terrible qui a ravagé des années durant toute l’Europe. Ce fléau, nommé peste, tua tant de personne qu'il menaça l'humanité d'extinction.

Freyja poursuit.

- Si de tels fléaux existent, il doit bien y avoir un moyen de le synthétiser concrètement, non ?

Logique implacable.

- Créer une potion si puissant qu'une simple inspiration pourrait causer la mort des Moldus et uniquement d'eux. Il suffirait alors simplement d'en déverser dans toutes les plus grandes capitales moldus pour que l'inquisition cesse.

Freyja hoche la tête à plusieurs reprises.

- Je pense que c'est la potion ultime, celle qui permettrait de sauver le plus de sorcier.

Une histoire assez effrayante lui fut contée donc, ne sachant pas vraiment quoi en penser. Ce qui fut le plus surprenant était la conclusion de Freyja qui lui faisait miroiter la possibilité de reproduire ce terrible mal sous forme de potion afin de se débarrasser des moldus. Eleanor tenta de s'imaginer reproduire cette arme "ultime" qui assurément sauverait toute la race sorcière mais en serait elle capable au-delà de la question des compétences ? Elle avait beau haïr les monde non magique, elle en venait et savait que tout le monde ne méritait pas la mort pour autant. La Eleanor actuelle serait elle prête à endosser une aussi lourde responsabilité ? Pas vraiment. Tuer ou même simplement faire du mal n'était pas dans sa nature.

- Et bien... c'est une théorie surprenante. Je ne m'attendais pas à ça.

Il n'y avait pas de reproche ou d'énervement dans le ton de sa voix, après tout c'était normal pour une sorcière de vouloir l'annihilation d'une race qui promettait de massacrer la sienne.

- Je ne sais pas à quel point c'est réalisable mais si ça l'est ça a déjà dû être étudié par d'autres grands alchimistes par le passé ou même au moment on parle. Et si ça n'existe pas encore alors c'est que c'est impossible ou alors d'une immense complexité au point que personne jusqu'à présent n'ait pu le réaliser.

La Poufsouffle avait beau vouloir sortir du commun des alchimistes, ça n'empêchait que ce ne serait très probablement pas suffisant pour y arriver. Et quand bien même ça lui était possible, ça soulevait un autre problème.

- Même si on part du principe que j'ai les capacités pour créer un tel fléau, et c'est très loin d'être le cas mais admettons, alors ça serait quelque chose que je pourrais seulement faire à un âge très avancé, certainement à un moment où son utilisation serait trop tardive.

AU-delà de l'aspect morbide, la potionniste essayait tout de même de réfléchir pour avoir si c'était quelque chose de faisable en théorie.

Elle répond, naturellement.

- On sait jamais ! Si tu t'associes avec le professeur d'alchimie et d'autres sorciers très talentueux ?

Freyja observe attentivement son ainée.

- Les Moldus développent des armes, eux.

- Je le sais bien et je suis d'accord que nous devons faire de même de notre côté mais là...

Une grimace mi gênée mi amusée se glissa sur son visage avant que la rousse ne délivre ses conclusions on ne peut plus logique à ses yeux.

- Je... Tu sais j'apprécie que tu me vois déjà aussi douée mais je crois que tu me surestimes un peu pour le moment. Il n'y a rien que je puisse apporter aux grands alchimistes actuellement et je n'aurais aucune crédibilité à leurs yeux en leur amenant un tel projet.

Penser le contraire ne serait que pure arrogance fondée sur rien. Eleanor se savait capable de faire de très grandes choses dans le futur mais on parlait du présent, il fallait garder les pieds sur terre.

- J'ai l'ambition et la croyance que je peux devenir la meilleure dans ce domaine un jour mais il faut tout de même rester réaliste pour l'instant, je ne suis qu'en cinquième année encore.