Rue principale

La Karen de compétition papillonna des yeux un instants, ne s’attendant pas à une telle répartie. Désormais sous le feu des projecteurs, regardée par la demi-douzaine de passants assez intéressée par la dispute pour s’arrêter, la vieille bique se mit à réfléchir. L’occasion se présenta lorsque Jude tenta de s’approcher de son fils pour lui chuchoter à l’oreille ; sa mère le tira soudainement par la manche, l’air répugnée.

- Ne t’approche pas de mon fils espèce de voyou! Viens Kevin, on s’en va!

Tirant son fils derrière elle, la Karen tente de prendre la poudre d’escampette, réalisant que la situation ne tournerait pas à son avantage.

Malheureusement Jude ne possède pas d'assez grandes jambes pour la rattraper. Au fond de lui, il a l'impression d'avoir gagné et d'avoir réussi à faire fuir l'équivalent d'un dragon. Peut-être même encore plus terrifiante que le roi caillou du tableau.

Mais, le numéro du Poufsouffle n'est pas terminé. En effet, il va s'abaisser et continuer à ramasser les miettes écrasées du beignet par la méchante madame. Peut-être que certains passants auront pitié de lui ? Qui sait. Dans le pire des cas, si les sorciers et sorcières de la rue se montrent sans coeur il retournera à Honeyduke avec les miettes pour "prouver" qu'il n'a pas mangé le beignet. Bien sûr, en ramassant, il tente d'avoir l'air triste.

Jude remercie la passante de l'aider à ramasser.

- Je n'ai jamais connu mon père et ma mère a disparu lorsqu'on a voyagé de l'Ecosse jusqu'ici pour fuir l'inquisition.

Réponds-t-il d'un air triste. Heureusement que Jude ne grandis pas parce qu'il peut garder les mêmes vêtements que l'année passée.

- Peut-être avec un coup de Recurvite il est encore mangeable ?

Demande-t-il à la gentille passante.

La vieille dame compatit avec le pauvre garçon.

- Mon pauvre enfant, réduit à manger des miettes au milieu de la rue… Veux-tu que je t’offre un repas?

Comment un Poufsouffle pourrait dire non à un second repas ? Aucun Poufsouffle pourrait se refuser une telle opportunité, même pas la pimbêche d'Alicia.
Même s'il est affamé, s'entrainer aux duels donnent faim, il reste tout de même un garçon poli.

- Ëtes-vous sûre que ça ne vous dérange pas madame ... ?

Madame comment d'ailleurs ? Plus tard ! Les présentations peuvent également se faire autour d'une table.
On pourrait croire que Jude n'est qu'un affamé mais pas totalement. Voilà plus d'un an qu'il est séparé de sa mère et qu'il n'a personne pour s'occuper de lui, ni même à qui écrire des lettres.
En son cœur, il sentit un peu de chaleur qu'une adulte s'inquiète de son sort, sans mauvais jeu de mots avec le monde sorcier.

- Bien élevé en plus, fit la dame d’un sourire édenté. Tu ne me déranges pas du tout mon bon garçon, viens donc chez moi je vais te faire un bon ragoût.

Ariel l'avait quand même bien éduqué ! La politesse est utile en toute circonstance. Jude fini de ramasser les miettes du beignet pour les tenir entre ses mains. Il va bien falloir les Recurvite.
Un large sourire se dessine sur son visage face à la proposition de son interlocutrice.

- Vraiment ? Merci Madame ! Je m'appelle Jude, et vous ?

Si elle se déplace il la suivra jusqu'à chez "elle".

- Angela. Angela Martin. Et c’est un très joli nom Jude.

Jude fut guidé jusqu’ici: https://inquisitionem.forumactif.com/t655-la-masure-de-la-vieille-dame#18706

Quelle belle journée pour se balader à pré-au-lard dans le but de trouver une caverne remplie d'acromentules. La discussion entre James et son cadet était jusque-là restée très superficielle.

« - Je pense que les tavernes pourraient être de bons endroits... Ou alors je pensais aux chasseurs, plus simplement. J'en connais un dans le quartier des réfugiés. Enfin, mon tuteur en connait un. »

Mais par extension... l'Ashworth lui avait déjà adressé la parole, de temps en temps.

- J'aurais pensé à l'apothicaire pour ma part. Hehe... ça se trouve il en vend carrément, et monsieur Gaunt n'en saurait rien...

Il eut un sourire d'une malice angélique à l'adresse de son aîné.

- Damn ! Maintenant j'y pense, le livre, il ne disait pas comment récupérer le venin, si ? Cela se trouve, y a une technique particulière...

James secoua la tête négativement, approuvant que le livre était dénué d'informations à ce sujet.

« - Peut-être, mais à part la position des glandes à venin, on n'a pas grand chose. Pour l'apothicaire, ce n'est pas bête. Et puis, même s'il l'apprenait... Il nous a demandé de lui en ramener sans préciser la méthode, pas vrai ? »

Ainsi, l'aîné suivit d'abord l'idée du cadet et se dirigea chez l'apothicaire.

La seconde année de l'Harpis avait été quelque peu éprouvante et la nonchalance dont elle s'était toujours flanquée s'était lentement fissurée, comme soumise aux affres du temps. Trop obnubilée par sa cuivrée contemplation, elle ne put se garder de la grossière attention du lion. Dans un sursaut, son corps se redressa et son regard s'alerta subitement alors qu'elle se tournait, la bouche entrouverte, vers le plaisantin. Heureusement, la surprise et le début de consternation qui avait glissé entre ses traits s'effacèrent rapidement lorsque son regard reconnut le faciès de son compagnon de pré rentrée, Dante Schtauffen.

- C'était très indélicat !

Dit elle sur un ton faussement outré avant d'accorder au gryffondor un sourire on ne peut plus amène.

- Comment ça va, Dante ?

Elle ne l'avait pas beaucoup vu l'année dernière en dépit de leur aventure commune dans la forêt interdite, chose qu'elle regrettait sincèrement.

- Bien que je l'apporte, c'est au bon vent qu'il faut se plaindre.

Farceur à bien des égards, il laissa s'échapper une réplique malicieuse, un éclat espiègle dans ses yeux rieurs. Par ailleurs, en la présence fortunée de Célonia, Dante s'accorda à son égard un subreptice moment de contemplation. Comme s'il cherchait à en déchiffrer les subtiles nuances, où comme l'on observe le déploiement délicat des plumes d'un oiseau nouvellement pris de maturité.

- Comme un jour de vacances, et toi, te sens-tu un peu mieux ?

Même si les circonstances n'avaient pas permis au Griffon de se rendre physiquement à son chevet lors des soins ayant suivi le funeste événement de la Forêt, il s'était néanmoins enquis de l'état de Célonia à travers un réseau subtil de relations communes, cherchant des échos de son bien-être dans les récits partagés.

La réplique du gryffondor arracha un souffle perlé d'amusement à la jeune fille. Elle ne manquait pas d'esprit, mais cela ne l'étonnait guère venant du jeune Schtauffen qui était de ces gens capables d'être conjointement brillants et rafraichissants. A la question qui lui fut posée, elle hocha doucement la tête sans pour autant laisser paraître grand chose dans son regard jadéite qui, s'il n'avait pas perdu de son éclat, s'était peu être quelque peu terni au gré des circonstances.

- Oui. J'ai vite et bien été prise en charge ! Je suis restée quelques jours à l'infirmerie pour me reposer et purger le venin, mais j'étais vite rétablie.

Commenta-t-elle en tout en s'avisant des alentours avec diligence, comme si elle craignait que sa mésaventure ne soit contée à des oreilles indiscrètes. Elle ne voulait pas que ses éclats de témérité ne soient sujets à des rumeurs, son image de jeune fille fragile qu'on secourt dans les couloirs du château et qui ne sort les griffes qu'en cas d'absolue nécessité lui convenait beaucoup plus. Elle n'était pas une gryffondor, après tout.

- Et toi alors ?

Demanda-t-elle, soudainement. Personne ne lui avait raconté ce qui s'était passé après la séparation du groupe. James avait été extrêmement évasif à ce sujet et elle n'avait pas eu la volonté de forcer Abigail à revivre cette horrible soirée.

- Quand on vous a rejoins, je me suis évanouie, je n'ai plus souvenir de grand chose...

S'il n'avait pas fini à l'infirmerie, elle se disait que cela devait aller, mais certaines blessures n'étaient malheureusement pas visibles à l'oeil nu.

De son côté, Dante n'avait pas eu à subir les stigmates d'une bataille, même s'il s'était engagé dans plusieurs d'entre elles lors de l'incursion dans la Forêt. Un léger pli fronça son front, ajoutant une nuance de gravité à son expression. Les bras croisés et la tête légèrement inclinée, il semblait en proie à une réflexion profonde, cherchant les mots justes pour s'adresser à la jeune Serdaigle. L'affaire avec Alija, soigneusement clore et enterrée dans le silence, constituait une boue qu'il ne voulait pas remuer, souhaitant éviter les odeurs nauséabondes qui pourraient s'en dégager.

- Tout va bien de mon côté. Je suis ravi que cette épreuve appartienne désormais au passé. Désormais il est temps de se tourner vers l'avenir.

Sur cette note, il orienta habilement la conversation vers d'autres horizons.

- D'ailleurs, as-tu une idée de ce que tu aimerais faire après Poudlard ?

Les mots furent choisis judicieusement et Celonia ne se posa pas plus de questions que ça. Elle se contenta d'approuver les paroles d'un discret hochement de tête, clôturant le sujet sur ce tacite accord.

- "Absolument pas!" Répondit elle avant de légèrement hocher le menton tout en se fendant d'une moue amusée.

- Cela dépendra de beaucoup de choses... Mes résultats à Poudlard, la situation de ma famille, ma propre situation... Toutefois, idéalement, j'aimerais pouvoir m'orienter vers la voie qui me conviendra au moment venu !

Compléta-t-elle avec enthousiasme. Un rêve pieux, sans doute, à une époque aussi tumultueuse. Toutefois, Celonia se donnait tous les moyens possibles pour ne pas avoir à choisir lorsque l'heure viendra.

- Et toi alors ?

- On peut dire tout ce que l'on veut, mais au final, c'est à nous de choisir ce que l'on désire ou non.

Malgré la complexité apparente de la situation, les deux adolescents se trouveront probablement, à un moment de leur vie, face à la décision cruciale de récupérer l'affaire familiale ou d'emprunter leurs propres chemins. Célonia semblait manifestement pencher vers la seconde option, un choix que le Gryffondor pouvait comprendre, étant lui-même assoiffé d'indépendance.

- Aucune idée ! Je connais mes talents, surtout pour les duels. Je me considère également très curieux en général. Reste à voir si un métier liant les deux existe ?

Après un léger coup d'œil sur les chaudrons cuivrés en vitrine, il demanda à l'attention de la Harpis.

- Tu ne t'es d'ailleurs pas présenté l'année dernière. Il y'avait une raison à cela ?

La jeune fille balança doucement sa tête de droite à gauche, considérant tranquillement la question, pourtant sans doute rhétorique, du plus si petit lion. Elle était, finalement, assez mal renseignée quant à la myriade de métiers possibles dans le monde magique.

- Hum... Qui mêlerait un goût pour l'action avec la curiosité ? Un travail d'enquête ou d'exploration t'offrirait les deux à mon avis ! Peut être qu'auror pourrait bien concilier la réflexion et l'action ? Ces gens là devaient sans doute souvent mener des enquêtes ! Ou alors, il s'agissait simplement d'une version fantasmée du métier, Celonia n'en savait rien, mais elle était curieuse de le savoir. Hum pour ce qui est du tournoi...

Elle laissa sa phrase en suspens avant d'hocher mollement les épaules.

- Je me suis beaucoup entraînée, je l'ai même fait avec des aînés très doués, mais je suis vraiment pas faite pour ça. Je rate toujours tout, alors j'ai préféré m'éviter une nouvelle humiliation.

Celonia semblait singulièrement peinée par ce constat, mais elle savait aussi quand il valait mieux arrêter les frais.

Concernant la possibilité d'une carrière en tant qu'Auror pour Dante, cette dernière reconnaissait son potentiel. Cependant, les doutes liés à son sang pouvaient constituer un obstacle. D'un hochement de tête approbateur, il aura réagit sobrement.

- C'est une idée qui se tient.

En écoutant les préoccupations de Célonia, le jeune Schtauffen grimaça légèrement, ressentant une empathie sincère face à son moment de découragement. Secouant la tête d'une manière réconfortante, il ajouta d'une voix un peu plus ferme.

- Les entraînements portent toujours leurs fruits, mais parfois, c'est la persévérance qui compte le plus. Ton heure viendra, j'en suis certain. N'abandonne pas.

Celonia avait tendance à occulter la question du sang tant celle-ci lui paraissait secondaire. Le privilège d'être une sang-pur de famille respectable, à n'en point douter, elle n'avait aucunement l'habitude de considérer ses interlocuteurs comme pouvant être affligés d'un sang moins considéré que le sien.

A l'écoute des encouragements qui lui furent adressés, le faciès de l'oisillonne récupéra quelques couleurs. Son regard se redressa et elle opina doucement avant que ses lèvres ne s'étirent en un rictus jovial.

- Merci beaucoup ! Je ne compte pas arrêter les entraînements de toute façon, la pratique reste très importante, mais je privilégierai la qualité à la quantité ! D'ailleurs, félicitations à toi pour ta victoire en finale !

Dante commençait à avoir un palmarès proche de celui de James, sans doute que les petits nouveaux le voyaient avec autant d'admiration qu'elle avait vu l'Ashworth en arrivant à Poudlard, ce qui n'était pas rien !

Si Celonia avait la chance d'occulter la nature de son sang, Dante, quant à lui, était inévitablement confronté à la réalité de ses origines, fruit d'un amour entre un sorcier de sang-pur et une mère qui ne partageait pas cette lignée prestigieuse.

- On devrait se faire quelques passes à l'occasion, ajouta finalement le Gryffondor, ponctuant ses paroles d'un léger hochement de tête.

Il répondit à son sourire avec une expression sincère alors qu'elle le félicitait pour ses exploits au tournoi. Effectivement, il n'avait rien à envier, ayant évincé un à un ses adversaires jusqu'à renvoyer lors de la finale Augustus et sa baguette T2 dans les profondeurs des cachots.

- Je te remercie, la prochaine fois, j'aimerais bien que tu viennes m'encourager ! lançât-il finalement avec un sourire, invitant implicitement Celonia à partager ces moments de compétition avec lui.

Un entraînement en compagnie de Dante ? Elle avait mis son aîné, de seulement un an pourtant, sur un tel piédestal qu'elle n'y avait pas pensé jusqu'alors. Toutefois, elle s'était déjà entraînée avec James et Alija lui avait conseillé de se confronter à plus fort qu'elle. Elle n'avait pas douté de ce conseil et, après tout, autant le faire auprès de quelqu'un qui ne se moquerait pas d'elle en cas de mauvaise performance. Elle fit mine de considérer la proposition avant d'afficher un petit sourire en coin de ceux dont émanaient la satisfaction de recevoir une proposition satisfaisante. La seconde, elle l'amusa singulièrement et son rictus se généralisa en un ricanement aussi flatté qu'amusé.

- C'est d'accord pour les entraînements, mais ne compte pas sur moi pour hurler depuis les gradins !

Roucoula-t-elle, joviale, avant de dégager une de ses mèche de cheveux d'un mouvement d'épaule.