Une enseigne Bagmag

- Merci Steward !

Rien de très surprenant concernant le coeur, Eleanor se doutait que ce serait une baguette intermédiaire. Ce qui était déjà un immense cadeau, elle avait déjà pu constater des effets et de la fiabilité du catalyseur en situation d'urgence et de stresse. Si seulement elle l'avait eu lors de la dernière finale... Mais ça la reboostait quand au prochain tournoi qui viendrait. Curieuse, la rousse décida de rester encore un peu pour poser une question à son camarade.

- Au fait toi tu as quoi comme baguette ?

Assurément pas une baguette distribuée par Poudlard en tout cas.

- Moi ? Elle est de la même gamme que la tienne. Beaucoup d'élèves pensent que je suis mieux loti que les autres grâce à mon père mais il n'en est rien.

En effet, Steward Hardin attisait autant de jalousie que de convoitises. Certains voulaient faire ami ami avec lui dans l'espoir d'avoir une meilleure baguette tandis que d'autres disaient qu'il ne devait ses résultats qu'à sa baguette forcément supérieure à toutes les autres

Et sûrement que son père préférait voir son fils avec une baguette de chez lui plutôt qu'une de qualité supérieure mais qui voudrait dire devoir aller chez Ollivander qui était sûrement un concurrent.

- Beaucoup d'élèves aiment penser n'importe quoi malheureusement.

Elle-même en faisait l'amer expérience à Poudlard où la moindre bêtise concernant les Poufsouffles et leur potentiel sang était admise.

- En tout cas pour gagner le tournoi il faut être fort, peu importe la baguette ! J'ai encore jamais réussi personnellement, j'ai deux finales pour deux défaites.

Un soupire vint ponctuer sa phrase. Louper deux occasions restait très frustrant.

- Ah, tu as suivi le tournoi ? Tu sais contrairement à ce que beaucoup croient il n'y a pas de secret. Ca vient avec l'entrainement, je me suis beaucoup exercé, Arles n'en parlons pas. Une fois sur l'estrade ca se joue aussi dans la tête, j'étais calme tandis que mon adversaire avait visiblement fait de sa victoire un cas d'honneur, donc il a perdu. Quant à l'adversaire de mon camarade de maison je crois qu'on ne saura jamais quel était son état d'esprit.

Le pauvre avait perdu si vite, en finale, que le divertissement avait été de courte durée. Stewart ne le dirait pas, mais il était heureux de ne pas avoir à affronter un type avec un tel mental.

Eleanor se souvenait parfaitement de cette finale expéditive qui avait montré la grande différence de maîtrise entre Arles et ceux de sa promotion. Ca avait été aussi impressionnant que frustrant d'ailleurs, pour ce genre de duel au sommet on s'attendait à un combat serré et disputé.

- Je m'en souviens. Je pense que peu importe son état d'esprit ça n'aurait pas changé grand chose vu la différence énorme qu'il y avait avec Arles. Mais sinon tu as raison, j'ai tendance à avoir du mal à adopter le bon état d'esprit pendant une finale, en tout cas à ma première où je n'ai absolument pas su gérer la pression. Ce n'est pas toujours simple de faire le vide dans sa tête et d'avoir la bonne attitude.

Il fallait dire que ce n'était pas prévu qu'elle arrive aussi loin en première année, même pour elle. La deuxième fois elle mettait ça sur le compte de sa baguette qui en avait fait qu'à sa tête.

- Certainement oui. J'imagine qu'on s'y fait à force et qu'on finit par gagner... ou pas, je ne sais pas si ca existe, des gens bloqués à la deuxième place à cause de la pression.

En tous cas, ils n'avaient pas ce problème chez Serdaigle apparemment, en tous cas pour ceux qui atteignaient le dernier carré.

Un sourire à la fois gênée et amusée s'afficha sur son visage.

- Je pourrai te répondre si j'y arrive une nouvelle fois à l'avenir...

Et cette fois ci si Eleanor perdait elle ne pourrait pas rejeter la faute sur sa baguette de mauvaise qualité, ça ne tiendrait qu'à elle seule.

- Merci pour ton temps en tout cas, je ne vais pas te déranger plus longtemps. Si tu veux bien on s'entraînera à l'occasion ?

S'exercer constamment avec des personnes qui étaient moins bons et d'un niveau égale au sien commençait à montrer ses limites, ça ne lui ferait pas de mal de pratiquer avec des élèves qui sont d'un niveau bien supérieur.

- Pas de souci. Répondra Stewart. Et oui à l'occasion si tu veux. A bientôt, comment t'appelles tu déjà ?

Si elle connaissait son interlocuteur, ce n'était pas forcément la même chose pour celui qui lui faisait face la concernant.

- Ah oui c'est vrai je ne me suis pas présenté ! Moi c'est Eleanor, enchantée !

La rousse se dirigea donc vers la sortie en adressant un sourire à Stewart ainsi qu'un petit signe de main.

- Merci encore et à bientôt !

La jaune fini par sortir de la boutique.

Le vendeur étant retourné à son journal et la jeune Harpis se permit donc d'avancer jusqu'au comptoir.

- Excusez moi monsieur, ce serait pour un achat !

Dit elle d'une voix poli qui trahissait quelque peu son excitation.

Le commerçant déposa son journal, et si les yeux de la Harpis voguaient un instant dessus, elle pourrait y voir une sorte de page sportive ; visiblement les résultats de la dernière journée de la Premier League de Quidditch.

- Un achat… et qu’est-ce-que mademoiselle souhaiterait acheter?

L’homme était professionnel, carré, et s’était d’ailleurs relevé de son siège.

Celonia ne prêta pas vraiment attention au journal. Cela serait malpoli et le tenancier était libre de s'occuper comme il le souhaitait en absence de clients.

- L'une de vos baguettes à 5 gallions.

Répondit elle avec sérieux avant de préciser :

- J'ai perdu ma précédente baguette lors d'une... Regrettable mésaventure, alors je souhaiterais la remplacer et passer à la gamme au dessus par la même occasion !

Conclut elle, un enthousiasme et une impatience on ne peut plus probante dans sa voix fluette.

Le commerçant hocha la tête, restant mesuré face à l’enthousiasme de l’aiglonne.

- Ça peut se faire, oui…

Il prit une grande inspiration avant se reprendre.

- Quelconque attentes esthétiques? Longueur, épaisseur, type de bois peut-être?

Les questions qui lui étaient posées auraient pu la décontenancer, mais Celonia avait pris soin de considérer la question avant de venir. Ainsi, elle opina fébrilement.

- On m'a dit beaucoup de bien du bois de Noyer, si vous en avez bien sûr ! Et mon... Elle se racla la gorge. "Instructeur" Elle parlait de James. Me disait que ma tenue n'était pas optimale parce que mon ancienne baguette était un peu trop grande ! Alors il m'en faudrait une d'environ 30 centimètres ! Quant à l'épaisseur, plutôt fine, j'ai pas de grosses mains de toute façon...

Elle montra sa petite main en guise de démonstration et attendit que le marchand rende son avis. Avait il de quoi la contenter ?

Il hocha la tête, ses yeux voguèrent alors à travers sa boutique, et il sortit sa baguette pour faire venir par télékinésie une boîte en bois sombre, sobre, qui fut déposée devant Celonia.

- Voyez donc celle-ci.

Ses yeux s'illuminèrent à la vision de la petite boîte qui lévita jusqu'à devant elle.

- Merci ! Avec plaisir !

Dit elle, toujours enthousiaste avant d'ouvrir la boîte.

La boîte contenait une baguette de 27cm de long, plutôt fine, au bois clair. Il fallait s’attarder dessus pour voir la différence avec une baguette de premier prix, à vrai dire, elle était imperceptible ; sûrement se trouvait-elle à l’intérieur du catalyseur.

- Vous pouvez l’essayer, mais, s’il vous plaît, pas de sortilège trop… embêtant.

Le vendeur ne pensait pas la jeune fille être une affabulatrice ou une voleuse, et, de toutes les façons, la laisser tester la marchandise ne présentait aucun danger.

Elle hocha la tête tandis qu'elle se saisissait de l'artefact. La longueur comme la finesse lui paraissait appropriée. En ce qui concernait le bois, par contre, c'était plus difficile de juger, mais elle aura le loisir de demander plus tard. Pour l'instant, elle voulait simplement essayer ce nouvel artefact, ne serait-ce que pour voir s'il lui convenait.

Elle saisit donc la poignée de l'artefact, prenant un petit instant pour jauger de sa "tenue". Celle-ci lui sembla on ne peut plus appropriée, toutefois, un vrai test s'imposait. La jeune fille fixa donc la boîte dans laquelle elle venait de récupérer son artefact et prononça une formule que le vendeur connaissait sans doute très bien :

- Levioso !

La différence était palpable, subtile, certes, mais véritablement palpable. La jeune Harpis savait à quoi s'en tenir. Elle hocha la tête avec satisfaction avant de laisser retomber la boîte sur le comptoir d'où elle s'était envolée.

- On "sent" la différence avec la gamme inférieure. Commenta-t-elle avant de reposer la baguette dans sa boîte. La longueur et l'épaisseur sont conformes à mes attentes !

Dit elle d'une petite voix qui se voulait professionnelle voire solennelle mais qui, encore une fois, contenait mal son enthousiasme.

- Le bois, c'est bien du noyer ?

Ce bois spécifiquement semblait lui tenir quelque peu à coeur, allez savoir pourquoi.

Le commerçant hocha la tête positivement à sa question.

- C’est exact, du noyer.

Un sourire on ne peut plus contenté se grava sur la bouille de la jeune fille qui farfouilla dans sa poche pour sortir la bourse où elle avait précieusement conservées les piécettes d'Augustus. Fut un temps où elle aurait hésité à dépenser une telle somme dans un seul achat, mais, de toute façon, Augustus lui avait donnés les gallions pour cette seule et unique raison et sa mésaventure avec l'araignée avait fini de la convaincre.

- C'est vendu dans ce cas !