Sur la place principale

Non loin de la pas encore élève de Poudlard se trouvait un individu flânant sur la place principale. Les mains dans les poches et le nez en l'air, l'enfant aux airs d'hurluberlu vagabondait de gauche à droite en tentant maladroitement de siffler. Sa marche, aussi lente qu'on pouvait l'imaginer venant de quelqu'un qui n'avait rien à faire et qui ne savait de toute façon pas ou il allait, le mena vers la jeune fille. Distrait, et surtout, ayant jugé le ciel plus intéressant que la route devant lui, il percuta légèrement Celonia. Se prenant les pieds dans ses propres pieds - Lewis n'avait pas besoin de grand chose pour tomber - le malheureux joyeux chut, s'étalant au sol.

— Wayayaie ! Gémit Lewis en se relevant. Pardon hein ! C'est mon lacet qui était défait !

Elle qui était habituellement alerte ne vit rien venir. Alors qu'elle tuait le temps à scruter les contours d'un chaudron en étain, un heurt d'une violence modérée la déstabilisa quelque peu. Elle fit un pas en arrière, prenant appui sur la façade de la boutique pour reprendre son équilibre avant de chercher du regard la raison de cette perturbation. Cette dernière se matérialisa sous la forme d'un jeune garçon, un peu plus âgé qu'elle, qui gémissait dans une drôle de langue.

- Vous allez bien ? Vous êtes tombé de tout votre long, comme certains de ces gens qui sortent des tavernes !

Questionna Celonia dont la perturbation n'était plus que représentée par les hochements d'un sourcil à l'adresse du jaune.

- S'ils se défont souvent, c'est peut être que vos chaussures sont trop grandes !

Suggéra-t-elle d'une voix calme, visiblement guère fâchée par le dérangement, ou trop polie pour le montrer.

Lewis cacha sa chaussure - dont le lacet était parfaitement fait - en passant une de ses jambes derrière l'autre avant de se gratter la tête.

— Ah euh oui les tavernes trop grandes. Répéta maladroitement Lewis, pour qui la conversation allait trop vite. Moi ca va oui, et toi ? Ma préfète dit qu'on est très musclés mes copains et moi (Il ne l'était pas le moins du monde) alors je t'ai peut être fait mal ?

Trop candide pour soupçonner que Lewis puisse inventer une fausse excuse pour cacher ses étourderies, Celonia n'avait même pas pensé à fixer les lacets du jeune homme. Malheureusement, sa "tentative" pour cacher ses méfaits se révéla contre productive puisque la jeune fille reporta automatiquement son attention sur ce que Lewis cherchait à cacher. Pourquoi bougeait il ainsi ? Peut être était ce une forme de révérence de par chez lui ? Toujours est il que tout l'embarras que commençait à lui faire monter aux joues cette situation fut réprimé au prix d'un grand effort ; Celonia savait se tenir.

- Très musclés ? Celonia scruta de ses grands yeux le garçon de haut en bas, cherchant désespérément un quelconque signe qui lui permettrait de réconforter l'assomption du jeune homme, mais... Euh oui, vous êtes euh... Gaillard ! C'est ça, vous êtes gaillard ! Elle se souvenait que son père utilisait parfois ce mot pour décrire certains hommes, "de sacrés gaillards !". Cela voulait sans doute dire qu'ils étaient robustes, elle ne savait pas trop. Mais je suis costaud aussi, c'est juste que ça ne se voit pas.  C'est ce que mon père dit !

Lewis hocha la tête avec ardeur en se frottant le nez avec son index, fier comme un coq d'avoir enfin été reconnu à sa juste valeur par quelqu'un d'autre que Lauretta - qui ne mentait jamais à ses petits pouffy.

— Costaud mais ca se voit pas ? Moi je pense que c'est vrai alors, parce que j'ai un professeur à Poudlard, il enseigne de la divination, c'est un vieux grincheux qui ne sourit jamais. Bref et ce professeur il dit toujours que je suis intelligent mais que ca se voit pas. Ca veut dire que tu dois être très costaud ! Il a raison son père !

Finalement, elle s'était avérée convaincante, ce qui la soulagea grandement. Le garçon semblait très heureux de la réponse apportée et l'embarras apporté par cette rencontre insolite était déjà oublié. Celonia opina à son tour, dévoilant ses dents en faisant la démonstration d'un sourire discret, mais sincèrement jovial. Elle ne releva pas la remarque du professeur de divination car, quoiqu'elle fusse assez intelligente pour soupçonner un sarcasme, elle n'avait pas le coeur à égratigner l'enthousiasme du garçon.

- Si je le suis assez pour ne pas être poussée trop fort, alors c'est déjà bien ! Continua-t-elle, ne trouvant pas vraiment d'autres utilités à être "costaud" pour l'instant. Tu es en quelle année, au fait ? Le garçon avait déjà fait plusieurs références à Poudlard et avait, malgré lui, éveillé la curiosité de la jeune fille concernant le château légendaire.

Lewis réfléchit un instant.

— Ben là, j'ai fini ma deuxième année, mais je suis pas encore en troisième. Donc je sais pas si je peux dire que je suis en troisième année mais en tous cas j'y rentre ! En troisième année je veux dire. Et je suis chez Poufsouffle, la meilleure maison de Poudlard.

Une explication laborieuse.

Une explication laborieuse dont Celonia déplora le manque de synthèse, mais salua la perspicacité. En tout, cela avait le mérite d'être clair et la jeune fille eut bien la confirmation que ce garçon était à peine plus âgé qu'elle.

- C'est vraiment la meilleure ? Demanda-t-elle avec une curiosité sincère. On lui avait, naturellement, parlé des maisons. Les Harpis était une famille de sorciers séculaire, toutefois, ils n'avaient jamais prêté une allégeance particulière à telle ou telle maison et, de fait, personne ne lui a donné d'instructions particulières quant à la maison à quémander au choixpeau. Tu dois être très fier d'y appartenir alors ! Qui est votre professeur principal ?

Il hocha la tête de nouveau, vigoureusement.

— Ah ca oui ! Moi tous mes copains sont Poufsouffles, c'est la maison la plus unie, pas comme Serpentard où ils passent leur temps à se faire des crasses ! Notre professeur principal c'est monsieur Newcourt il fait les cours de potions. Au début il m'a fait peur avec sa grosse barbe et tout mais en fait il est très gentil. Et puis il y a la préfète Lauretta, une fois elle a failli nous tuer avec des boules de neige géantes, même qu'un grand dadais à roulé dans la neige après, mais elle est gentille aussi. C'est ca les Poufsouffles !

Les explications étaient pour le moins... décousues.

Cette fois-ci, Celonia s'abstint d'agiter son cou, sans doute était elle moins extravertie que son camarade, ou alors souhaitait elle se préserver d'un torticolis avant la rentrée. Elle se contentait de fixer Lewis avec une pétillance qui tranchait avec le reste de sa stature, mais qui avait le mérite de rendre son intérêt plus que flagrant. Lorsque Lewis évoqua le professeur Newcourt, elle retourna sa tête vers la fenêtre qu'elle admirait tantôt, se questionnant sur les usages qu'elle pourrait faire des différents ustensiles éparpillés sous les directives du directeur de la maison jaune. Finalement, le discours de son aîné devint, une fois de plus, rocambolesque et la pétillance de la jeune fille s'obombra au profit d'un étonnement tantôt terrifié, tantôt ébahi.

- Pourquoi est-ce qu'une préfète manquerait de vous tuer ? Elle l'avait pas fait exprès ? Les boules de neige devaient vraiment être gigantesques, non ? Les poufsouffles aiment se rouler dans la neige ?

Elle réalisa qu'elle venait de poser beaucoup de questions en très peu de temps, chose qui avait tendance à agacer les adultes. Ainsi, elle décida d'en rester là, reprenant seulement par une remarque : En tout cas j'aurais aimé voir ça, même si je préfère ne pas faillir mourir, tant qu'à faire !

— Ah ! C'était un soir d'hiver, je m'en souviens comme si c'était y'a deux semaines ! Commença Lewis. J'étais dans la Grande Salle avec mes copains et on avait prévu d'aller faire une bataille de boules de neige pour être malades le lendemain et pouvoir dormir au lieu d'aller au cours d'Histoire de la Magie. On avait ramené notre copain Johannes et on avait fait la bataille. Et en plein milieu la préfète arrive et nous lance des boules de neige avec sa baguette, et là, elle agite sa baguette et d'un coup PAF ! Lewis agita les bras, faisant de grands gestes. Les boules sont devenues ENORMES ! Moi je m'en suis pris une petite, mais mon copain Johannes il a fini sous une grosse boule et il saignait du nez c'était fou ! C'était très marrant ! Mais on a pas pu rater les cours parce qu'il fallait rapporter les points de la Coupe, mais on a perdu quand même. C'est dommage on aurait pu dormir si c'était pour en arriver là.

Le petit récit de Lewis soulagea grandement Celonia qui comprit que celui-ci avait légèrement exagéré le résumé de son histoire. Toutefois, l'idée que les poufsouffles fassent exprès de tomber malade pour rater les cours ne l'enthousiasma guère. L'élite de l'école qu'étaient les poufsouffles s'adonnaient donc à ce genre d'activités pour rater les cours ? Cela la décevait quelque peu. Être malicieux était une chose, mais c'était dommage de s'en servir pour paresser... Heureusement, Lewis était assez éloquent et enthousiasmant, un peu malgré lui, pour captiver sa camarade.

- Oh ça devait être impressionnant à voir tout ça ! Une énorme boule de neige gonflée par la magie, d'autres projetées avec une baguette ! J'ai hâte d'apprendre à faire toutes ces choses !

Cette conversation lui donnait beaucoup à réfléchir et à chaque fois que le jaune répondait à une de ces questions, des dizaines d'autres s'imposaient à elle.

- J'espère que j'aurai d'aussi bons souvenirs à partager quand je serai moi même à Poudlard en tout cas.

Lewis afficha un air confiant.

— Moi je pense que tu auras des souvenirs bons comme ca. Mais encore plus si tu entres à Poufsouffle. Tu le sauras dans... Il compta dans sa tête. Quelques semaines du coup ! Tu as tes fournitures ?

Lui même en avait égaré certaines pendant l'année, et aussi l'année d'avant. Il devrait se réapprovisionner.

Elle approuva de la tête, convaincue que ça serait bien le cas. Elle avait un objectif bien précis à remplir à Poudlard, mais "se changer d'air" et donc, par extension, accumuler quelques souvenirs marquants était également quelque chose qu'elle cherchait et qu'elle trouvera, cela ne faisait aucun doute.

- J'en suis certaine !

Pour le reste, elle avait, naturellement, déjà ses fournitures. Les Harpis avaient des réserves, pas assez pour tenir éternellement, mais assez pour équiper leur fille.

- Oui, nous avons acheté l'essentiel ici. Sauf la robe, c'est mon père qui est tailleur qui l'a faite. De quoi as tu besoin ?

Demanda-t-elle, curieuse, peut être que les élèves de troisième année avaient besoin d'équipements spéciaux dont elle n'avait pas connaissance ?

Lewis réfléchit de nouveau, un peu trop pour une journée de vacances d'ailleurs.

— Euh... Un encrier, quelques manuels aussi, la baguette c'est bon. Ah une plume aussi ! Ou alors j'irai en ramasser une dans la volière y'en a plein. Réfléchit il à haute voix. Après je crois que c'est tout, j'irai acheter ca plus tard !

Sûrement la veille de la rentrée s'il n'oubliait pas.

Pas de fournitures exotiques ? Tant pis, cela aurait pu être intéressant, mais son camarade était peut être lui même trop jeune pour avoir besoin d'un matériel sensiblement différent du sien. Toujours est il que Pré-Au-Lard continuait d'attiser sa curiosité et quoiqu'elle aura sans doute le temps de découvrir la ville tant dans les prochains jours que pendant sa scolarité, elle demeurait impatiente.

- Attention à ne pas oublier quand même ! Imagine un peu arriver en cours sans plume !

L'idée semblait la terrifier au plus haut point. C'est qu'on aurait sans doute l'air parfaitement idiot si l'on se rendait devant un professeur sans avoir de quoi écrire !

- D'ailleurs, je me demandais, est-ce que tu connais un peu la ville ? J'aimerais voir s'il y a une boutique de vêtements dans les environs !

Ce n'était pas par vanité, mais Celonia n'avait jamais observé d'autres artisans que les siens et elle était curieuse de voir à quoi pouvait bien ressembler " l'échoppe" locale.

Lewis acquiesca à la recommandation de Celonia, qu'il oublierait sûrement.

— Je connais un peu oui, on vient souvent ici trainer avec les copains. Du coup je sais qu'il y a une boutique vêtements, ils font de superbes capes, une Serdaigle de ma classe en a une. Viens je vais te montrer.

Sans attendre, la pile électrique Lewis se mit en mouvements vers la célèbre enseigne: https://inquisitionem.forumactif.com/t304-adadas-wizardwear

C'est effectivement à sa chevelure qu'est reconnue Eleanor qui peux se douter de la réaction de sa cadette, cette-dernière trotte alors en sa direction toutes dents dehors, déclamant un grand "ELEANOOOOR" tandis qu'elle la rejoins. Pèlerine légère sur les épaules et jupe longue jusqu'au cheville, la petite sorcière surexcitée arrive presque essoufflée face à la Poufssoufle qui peux constater son état .

"Eleanor Folsham! Comment vas-tu? Tu fais quoi ici? Ah oui tu y habite. Y'as quoi dans ce panier? Dis moi que ce sont des gâteaux, genre au citron ou au miel. Des champignons peut être?

Eleanor fut bientôt tirée de sa rêverie en chanson quand son prénom fut prononcé au loin devant elle. Sa tête se tourna un peu partout puis la jeune fille qui l'avait appelé fut repéré, difficile de ne pas la remarqué au vu de l'enthousaisme qu'elle mit à la rejoindre. C'est un immense sourire de joie qui accueillit Nymeria en premier lieu.

- Oh Nan !

Pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'elle fut bombardée de remarques et de questions, ce qui lui fit grossir les yeux de surprise avant qu'elle ne pouffe de rire.

- Malheureusement rien de sucré...

La rousse dévoila le contenu de son panier à la curieuse Gryffondor. Il y avait une grosse miche de pain et divers légumes de saisons.

- C'est pour le repas de ce soir !