Un couloir sombre

- Oh raconte moi !

Par rapport à sa première rentrée, Eleanor ne s'était pas rendu compte que Sun semblait avoir quelque peu évolué. Ca lui semblait plus clair maintenant même si très léger.

- Il y a quelque chose de beau en ce monde, je vais le trouver.

Il avait certes évolué, mais il restait vague.

- Et tu as une idée de ce que ça peut être ?

Quel curieux et romantique rêve.

- Peut-être. En as-tu une toi?

- La beauté peut se trouver dans pleins de choses différentes. Une personne, un lieu, une musique, une peinture, une performance magique. Enfin il peut y avoir de la beauté dans tout ce qui existe.

La liste pouvait être par conséquent très longue.

- Après la beauté est subjective et dépend de chacun.

Il aura hoché avec langueur de la tête tout le long du discours de sa camarade.

- Subjectif… hmm…

Il souffla.

- Tu pourras me montrer? J’aimerais voir.

- Tu aimes la musique Sun ?

Voilà un art qui était capable de saisir une personne au plus profond de son âme. Le Poufsouffle pourrait il y être sensible ? Ca pourrait être une "expérience" intéressant à mener.

- Pas spécialement, non.

- En as tu déjà vraiment écouté ?

Même si il pouvait être insensible à la musique en général, elle connaissait un morceau avec une empreinte magique qui ne pourrait pas le laisser indifférent.

- Parfait on mènera une petite expérience alors, ça devrait être intéressant.

Eleanor avait déjà hâte et puis c'était toujours amusant d'avoir l'occasion d'exprimer son art. Finalement ils arrivèrent près de la salle commune enfin.

- Soit, fit-il en hochant la tête à l’adresse d’Eleanor. Bonne nuit dans ce cas, lança-t-il en voyant la salle commune s’approcher.

- Bonne nuit Sun. Bonne chance pour trouver James.

Se faisant elle rentra dans la salle commune, contente d'avoir eu quelqu'un pour l'accompagner.

Le bruit des bottes, le jaune l’avait évidemment remarqué ; une autre présence que la sienne en ces lieux, droit devant lui. Petit à petit, une silhouette se dessina, puis un visage, qui à la lumière tamisée du couloir voyait ses cernes accentuées dans une expression presque sinistre. Mais lui continuait sa marche, la sénestre tenant son baluchon, et le bras droit plié presque à 90° derrière le dos - un vrai petit soldat!

Leurs routes allaient se croiser indubitablement, et, il était assez rare pour le jaune de croiser des gens ici qu’il supposa que le vert s’était perdu. Une voix brisa alors le silence, mais elle était si placide qu’elle se fondait presque dedans, se mêlant aux cliquetis de quelques rats, aux clapotis de gouttes d’eau et aux battements de leurs talons sur le sol rocheux.

- Si tu cherches la sortie, c’est tout droit sur trente mètres, puis cinquante mètres à gauche, l’escalier qui descend, puis tout droit, deuxième à gauche et première à droite…

Si Alija connaissait bien les sous-sols ; ce qui était hautement probable, il saurait le chemin indiqué parfaitement exact, menant pile aux premiers tunnels donnant sur les escaliers du grand hall.

Arrivé à son niveau, le jaune s’arrêta, ses yeux smaragdins se posant sur son camarade. Malgré la pénombre, il ne se départait guère de cet air presque candide, et était semblable dans l’obscurité à Lucifer, celui apportant la lumière ou bien l’ange déchu, contrastant singulièrement avec le serbe qui lui pouvait sembler dans son élément ; une noirceur gracieuse mais morbide.

- Explorer? Ah… pas vraiment, non.

Il se remit alors en marche, sans prendre la peine de vérifier si le vert allait le suivre.

- Si tu es si profond sans être perdu… c’est que toi aussi tu sais où tu vas, je me trompe?

Son pas était rapide et régulier, mais le balkanique faisant exactement la même taille que le - présumé - britannique, il n’aurait aucun mal à suivre.

Il continuait sa marche tranquille, partageant un silence avec son camarade. Le silence pouvait avoir quelque chose d’apaisant, en cet instant précis, il revêtait certainement cette qualité. Mais le jaune finirait par le briser, de sa voix si voilée qu’elle se déposait comme un fin drap, n’ayant aucune aspérité et ne brisant en rien la quiétude de leur quête.

- Marcel. C’était ça son nom, je crois. Les étoiles lui auront réservé une fin sordide.