Re: Une esplanade

Curieux, Dante s'en approcha donc.

- Bonjour, qu'est ce qu'il y a à l'intérieur de cette caisse ?

Le propriétaire, un type du fin fond de l'Angleterre (différent du maître du lévrier) regarda Dante d'un air rustre.

— Un truc pour faire parler les curieux bah tiens !

- Vous me rendez encore plus curieux pour le coup !

Rétorque t'il, alors qu'il s'approche de la caisse comme pour l'ouvrir, ou du moins deviner ce qui pouvait s'y cacher. Il toqua quelques fois, peut être qu'un son en particulier lui rappellerait quelque chose.

- Vous venez pour vendre vos marchandises ici ?

Le type s'interposa.

— Touche pas à mes affaires le mioche !

- Pas de quoi s'énerver, oh !

Fustige-t-il, le ton empreint d'une légère ironie. Un frémissement de perplexité agita son front tandis que l'interlocuteur, semblant résister à toute forme de communication, lui offrit un mutisme obstiné. Pour Dante, cette attitude singulière réveilla en lui un souvenir lointain, celui d'un Dante plus espiègle et insouciant, comme un clin d'œil de son enfance à la fois lointaine et proche. Dans le dédale de ses pensées, une lueur de malice naquit. Des idées fugitives de taquineries et de petits méfaits commencèrent à s'ébaucher dans son esprit. Les ruelles de l'esplanade se transformèrent alors en terrain de jeu, offrant un écrin propice à l'éclosion de ses manigances.

- Soit, gardez vos secrets.

Dante put dès lors partir sous les grommèlements du type.

Il s'était adonné à son jeu éphémère, profitant du moment où le propriétaire de la boîte se serait détourné, absorbé par une quelconque tâche, pour semer le doute et l'intrigue dans son sillage. Dante attendit patiemment quelques minutes en se promenant, se dissimulant ainsi habilement dans le flot anonyme des passants, son regard vigilant scrutant chaque mouvement autour de lui.

Puis une fois convaincu que l'attention du marchand était ailleurs, il fit volte-face avec précaution, veillant à ne pas éveiller les soupçons des badauds curieux. Il progressa furtivement, comme une ombre espiègle, s'approchant de la caisse avec la délicatesse d'un voleur qui craint d'être surpris. Après tout, un individu énigmatique brandissant une boîte secouée avec véhémence ne manquerait pas de susciter les interrogations les plus pointues du Griffon.

Dante remarquerait que la caisse remuait toujours fortement, et surtout, que par rapport au moment où il était parti, un coin de la caisse s'était dangereusement décollé : des clous étaient en train de céder à mesure que la boite était secouée.

L'intérêt piquant de la situation l'animait davantage. Dante, dans un élan audacieux, saisit sa baguette magique avec précaution, prêt à user de ses talents sorciers de manière discrète. D'un geste fluide et imperceptible, il lança le sortilège Wadiwasi en direction d'un petit caillou qui gisait à proximité, l'envoyant siffler silencieusement dans la boîte déjà agitée.

La boite s'agita d'autant plus, et son propriétaire, retourné et apparemment quelqu'un de négligeant, semblant s'en moquer.

Dante réitéra son petit manège avec une détermination croissante, usant du sortilège Wadiwasi aussi souvent que nécessaire pour exciter le contenu de la boîte jusqu'à ce qu'il se libère de lui-même. À mesure que le larcin se prolongeait, il fit croître la taille des projectiles qu'il envoyait, transformant les petits cailloux en d'autres plus imposants. Pour lui, ce n'était pas seulement un divertissement, mais aussi une opportunité d'affiner sa visée et de perfectionner sa maîtrise du sortilège.

Il continuait donc, si tant est que ce soit utile pour l'acte qui allait semblait il se jouer quoi qu'il arrive... Cependant, il pouvait songer qu'à force de se croire sur un terrain d'entrainement, il n'était pas seul ici et qu'il allait finir par se faire repérer et être tenu pour responsable des conséquences d'une libération du contenu de la boite

Dante réalisa rapidement que l'agitation de la boîte avait atteint son apogée, et qu'en persistant davantage, il risquait d'éveiller des soupçons quant à sa propre implication dans la fuite imminente de son contenu. Pris dans un élan de jeu d'adresse, il comprit qu'il était temps de mettre fin à ses manœuvres et d'observer plutôt les événements à venir.

Ainsi, il décida de se retirer discrètement non loin de la position du propriétaire de la boîte, attendant patiemment que le mystère se dévoile de lui-même.

Dante attendit quelques minutes, il entendit d'ailleurs quelqu'un dire.

— Dites, votre caisse, elle bouge beaucoup non ? Elle n'a pas l'air très solide.

Et le propriétaire de rétorquer (Dante reconnut sa voix, c'était celui l'ayant apostrophé plus tôt)

— Mais non ! Rien à craindre ! Elle est solide comme...

Nul ne sut jamais comme quoi la caisse était solide, puisqu'un craquement sourd retentit en même temps qu'un "WOUF ! WOUF !"

— Putain reviens ici toi ! Entendit Dante. Attrapez le !

De là où il était, il vit passer à toute vlingue un autre lévrier de Codrington, celui ci à l'allure nettement moins sympathique que le premier. L'animal courrait à toute vitesse et apparemment sans réelle destination dans les travées formées par l'amoncellement de diligences.

- Je vous l'attrape pour cinq galions ! Rétorqua Dante avec aplomb, sa baguette glissant entre ses doigts avec une assurance mesurée. Son regard, empreint d'une lueur de défi, fixait le propriétaire de la boîte avec une intensité vicieuse. Pour lui, l'animal en question valait son pesant d'or, surtout compte tenu de son utilité et de ses capacités surnaturelles.

Sans perdre un instant de plus, conscient du risque que le lévrier s'échappe loin de son emprise, Dante se lança à sa poursuite, sa baguette toujours fermement cramponnée dans sa main. Avec une détermination farouche, il pointa sa baguette vers l'animal en fuite et lança plusieurs sortilèges Rocani dans sa direction.

Le chien était rapide, à moitié déjà parti puisqu'il était déjà passé devant Dante qui perdit du temps à parler au propriétaire qui en plus se mit dans sa ligne de visée en se mettant à courir après le Lévrier... Un chaos commençait déjà à se former, et on entendait des clameurs se former un peu plus loin.

Toute l’agitation, soudaine et pas si éloignée de lui, sortit James de sa lecture, qui vint observer la course-poursuite et ses possibles conséquences d’un air flegmatique.

Conscient du défi qui l'attendait, Dante vit le lévrier prendre de l'avance, sa silhouette se perdant déjà dans le tumulte de la foule. Il comprit rapidement qu'il serait difficile de le rattraper s'il tardait davantage. Au lieu de se laisser emporter par le chaos ambiant, il prit une décision stratégique : se positionner dans la direction probable que le chien emprunterait, là où les portes de sortie étaient les plus proches.

Ainsi, il s'écarta des mouvements de la foule, choisissant un chemin moins encombré où il aurait plus de chances d'intercepter sa cible. Toujours armé de sa baguette, il restait vigilant, prêt à agir au moindre signe de mouvement du lévrier. Dès que l'occasion se présenterait, il n'hésiterait pas à lancer des sortilèges Caniroc pour tenter de l'arrêter dans sa course effrénée.

Dante contourne donc la cohue pour aller se placer entre le convoi et les portes de Beauxbatons, il n'est cependant pas sûr que le chien débouchera ici, mais il est clair que c'est une issue probable. Il entendant cependant le brouhaha venir de la zone où se situent les diligence de Poudlard...

***

Ceux restés aux diligences de l'esplanade verraient en effet débouler à toute allure un Lévrier de Codrington qui se dirigeait vers eux à toute vlingue au détour d'un virage formé par l'amas de diligences, surprenant ainsi tout le monde.

A priori, rien de grave, puisque rien ne se tenait sur le chemin que le chien affolé et à moitié ébloui après avoir passé des heures dans une caisse noire. Rien ni personne, à part... Horacio, le champion de l'école.

Vu la vitesse que la bête prenait dans cette belle ligne droite, agir allait s'avérer très difficile, voire impossible pour ceux n'ayant pas déjà leur baguette en main...

Et malheureusement pour Horacio, James n’avait pas encore sa baguette en main… Lui qui s’était tenu aux abords des diligences s’écarta de quelques pas, les yeux rivés sur la bête et sa proie. Il venait de déposer son livre tandis que sa dextre chassait son catalyseur à l’intérieur de sa poche.

Allez champion, brille.

Le Griffon, observateur averti de la scène qui se déroulait, avait anticipé le déroulement des événements et choisi le meilleur angle pour intercepter le lévrier avant qu'il ne s'échappe trop loin. Sans ralentir sa course, il se positionna avec une agilité féline à l'endroit où la collision entre le lévrier et Horacio était imminente.

Sa baguette était déjà en main, prête à l'action. Dans un mouvement fluide, il ajusta sa posture, prêt à réagir au moindre mouvement de la part du canidé une fois dans son champ d'action. Son regard scrutait l'horizon avec une acuité avancée, prêt à intervenir et à assurer la maîtrise de la situation dès que le lévrier ferait son apparition.

Horacio eut à peine le temps de tourner la tête.

— AAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

Paf.

Si d'aucuns savaient qu'un lévrier de bonne taille était largement apte à renverser un enfant, tous savaient qu'un Lévrier de Codrington en particulier lancé à pleine vitesse était en mesure d'envoyer bouler un pas tout à fait adulte... Et c'est ce qu'il se passa. Le lévrier frappa Horacio à grande vitesse, l'envoyant valdinguer au devant d'une diligence, contre un Sombral. La créature magique, probablement surprise par l'impact et stressée par le brouhaha ambiant, effectua une ruade. Les témoins virent Horacio voler contre le bois de la diligence, propulsé à partir de sa tête. Les plus attentifs verraient une gerbe de sang s'envoler. Il tomba par terre, non loin du Sombral encore accroché, et se fit piétiner la jambe. Il ne cria pas, contrairement à une femme qui passait par là, horrifiée par ce qui venait de se passer.

La bonne nouvelle, si on pouvait en trouver une, était que le chien avait été considérablement ralenti par l'impact, et que Dante nouvellement arrivé avait une ligne parfaite. Cependant, le Sombral énervé ne comptait peut être pas s'en arrêter là, que ce fut vis à vis d'Horacio ou du campement improvisé d'une manière générale, pour autant qu'ils en savaient, un équidé énervé était rarement une bonne situation, à fortiori lorsqu'il était invisible. La situation était tendue, des choix allaient devoir être faits.

Et là, c'est le drame… Le destin venait de jouer un tour inattendu, déclenchant une série d'événements imprévus. Horacio Weirdeye, surpris par l'irruption soudaine du chien de course, se retrouva projeté brutalement en direction d'un Sombral qui flânait non loin du campement. L'effet papillon venait de prendre tout son sens, plongeant la scène en un chaos encore plus total.

Dante, qui s'apprêtait à capturer le lévrier, se vit contraint de réagir immédiatement à cette nouvelle situation critique. Sa priorité était désormais de s'assurer de l'état de Horacio, étendu au sol suite à l'impact. Il maugréa mentalement devant cette soudaine complication avant de passer à l'action.

Sans perdre une seconde, il lança un sortilège Accio en direction de Horacio, tentant de le tirer hors de portée des redoutables sabots du Sombral. Une fois le Champion en sécurité, Dante se tourna vers le chien qui reprenait ses esprits après l'impact et lança un sortilège Caniroc pour l'immobiliser, cherchant ainsi à mettre fin à cette série d'événements tumultueux.

James pouvait s’avérer mauvais, parfois sadique, mais il n’était pas un monstre capable d’abandonner un sorcier - aussi empoté était-il - de la sorte. Ainsi, le Serpentard réagit rapidement après l’impact et accompagna Dante dans son opération de sauvetage.

« - Castellum ! » incanta-t-il autour de la silhouette du pauvre champion tiré en arrière par son camarade, avant d’enchaîner avec un Axii sur le Sombral.

Jo avait levé la tête de son livre pour découvrir la source de ce tintamarre.