Domaine Ašerić

Aslan observe son domaine avec la boule au ventre alors qu'il pose enfin pied à terre en dehors de son carrosse volant. La cime des collines et des Montagnes entourant le bois de son domaine lui donnant toujours cette impression d'être coupé du monde, à la fois loin théoriquement de tout danger mais également loin de tout et de tous. Si ironiquement pour beaucoup un tel endroit serait le paradis , pour Aslan ce n'était qu'une obligation de passage et de vie bien pire que Poudlard que le jeune garçon avait appris à apprécier. Ici sa vie était sous l'emprise constante du regard déçu de son père et de l'ignorance de ses deux grands frères, chacun étant membre des classes de soldat-nobles pour l'armée sorcière ottomane dans l'école de Constantinople et des recrues à potentiels, tandis que lui honte de la famille avait été jugé inapte.  Néanmoins il n'en reste pas moins qu'il reste un Ašerić, aussi mal vu soit-il, et cela lui incombe certains devoir envers sa famille mais surtout envers le Sultanat, nul doute qu'une fois Poudlard terminé ils essayerons de l'obliger à servir une fonction quelconque, à peine plus considéré qu'un Janissaire de noblesse.. Aslan lâche un soupire et bondira définitivement hors du carrosse alors qu'il s'avance vers sa sœur et le Maître D'armes quart de géant d'origine scandinave, Thorgal. Un des rares hommes que Aslan avait toujours apprécié dans son domaine.

Aslan avance en silence vers sa soeur, s'adaptant de force à l'atmosphère triste et cruelle de son nouveau lieu de vie... pendant un temps.  Son lieu de naissance mais ou ironiquement il se trouve plus seul et rejeté que jamais , dans un certains sens... Une fois arrivé à la hauteur de sa sœur, qu'il égale désormais en taille il se contentera d'attendre sa réaction, l'air presque blasé. Répondant aux salutations des gens du domaine avec brièveté.

Arrivé à leur hauteur, Thorgal Leifsson, le maître d’armes, homme d’âge mur, faisant dans les deux mètres et rendu encore plus imposant par son armure, salua le fils cadet d’un hochement de tête sérieux. Sa sœur, qui était de quelques années son aînée, le toisa d’un regard fermé, ne laissant rien paraître.

- Dragi brate, lança-t-elle d’une voix calme, sa phrase coupée soudain d’un silence qui lui permettrait de jauger son frère.

Un dicton disait que le sang slave créait les hommes les plus rustres et les femmes les plus belles, une théorie qu'il était difficile de remettre en cause en voyant des femmes comme ses soeurs ou ses cousines, exception faites de lui même tous les membres masculins de sa famille étaient aussi des grands guerriers. Comme quoi parfois il suffit d'un membre mal venu pour voir réellement toute la beauté d'un corps comme dirait certains savants fous, Aslan affiche un sourire étudié devant sa sœur s'efforçant à être courtois.  

-Tu n'es toujours pas fiancée avec le Général Muhittin  ?J'avoue que je ne comprends pas pourquoi il tarde autant tes épousailles, non pas que je suis mécontent de te voir.

Dira Aslan d'un ton qui se cherche concerné , bien que ses pensées en furent tout autre. Aslan n'appréciait nullement sa famille, soeur inclus. Bien qu'elle savait être moins cruelle que les autres...

Il aura répondu d'un timide sourire au maître d'armes.

Ayline - c’était son nom, papillonna des yeux, semblant incrédule. La partie droite de son visage se renfrogna alors en une grimace répugnée.

- C’est l’Angleterre qui a fait de toi un dayouth? Un accent arabe très approximatif était feint par la jeune femme. Visiblement, sa sœur avait commencé à prendre des cours pour plaire à son futur époux. Ou est-ce que tu es né comme ça?

Elle tourna alors les talons pour s’éloigner, retournant dans le manoir.

De son côté, le maître d’armes restait impassible, mains derrière le dos, mais Aslan cru voir son regard devenir légèrement plus sévère.

Aslan grince des dents sous la frustration, théoriquement elle n'avait même pas le droit de lui parler comme ça, aussi pathétique soit-il, il reste un homme , un potentiel héritier.. poussé par la rage il crachera son venin

-Et dans le sultanat ils disent pas  un truc sur le respect que tu dois aux hommes de ta famille non ?!

Repliquera Aslan furibond, visiblement ses dernières expériences à Poudlard l'ont fait devenir presque arrogant, d'ailleurs son visage rouge par  la frustration prendra rapidement un blanc pâle de peur en se rendant compte comme il avait parlé à sa sœur, il regarde à droite à gauche pour être sûr qu'aucun serviteur n'est entendu.

Aucun serviteur n’avait entendu, mais le maître d’armes, lui, si. A son élan de colère, Ayline stoppa net sa marche, comme si elle avait été surprise par l’accès d’orgueil de son frère. Une seconde d’un silence ébahi, avant qu’elle ne souffle du nez.

- Je ne vois pas d’homme ici. Et sur ces mots, elle s’éclipserait.

Thorgal, qui avait assisté à la scène, fixa Aslan un court instant avant de regarder ailleurs, les yeux plissés et les lèvres tirées de sorte que ses joues se rehaussaient, comme s’il grinçait des dents.

Aslan souffle un lourd coup, reprenant ses esprits, l'adrénaline bat dans son corps comme jamais même si en théorie il n'avait rien fait de répréhensible... Pris d'une soudaine volonté de continuer à s'affirmer Aslan se retourne vers Thorgal, le regardant en levant la tête.

-Rassemble les garçons et les jeunes encore en formation pour devenir des soldats , je veux m'entraîner à la pratique de l'épée durant les vacances. Sérieusement cette fois. Tu m'as promis que même sans talent on pouvait progresser avec de la volonté, pas vrai ? Montre moi.

Ordonne t'il d'une voix se cherchant sérieuse même si sa boule à la gorge le trahi.

Le maître épéiste aura accordé sa pleine attention au serdaigle, ne se départissant pas un seul instant de son air sérieux, bien que les vestiges d’une certaine gêne demeuraient au fond de ses yeux.

- Il vous suffira de vous joindre à nos séances quotidiennes jeune maître, répondit Thorgal. Je vous souhaite en tous les cas un bon retour.

Il baissa légèrement le menton.

- Le voyage vous a peut-être fatigué? Vous devriez prendre vos aises. Par ailleurs, votre mère comptera sur votre présence au dîner.

Tout avait été dit. Implicitement, le maître d’armes semblait demander la permission de lui aussi tirer sa révérence, désormais silencieux et fixant Aslan d’un air calme, en attente d’un signe de sa part.

-Je ne suis pas fatigué, Thorgal.  Réponds Aslan agacé et visiblement déterminé à faire valoir son titre.-Je veux m'entraîner et je veux le faire tout de suite ! Insiste Aslan en donnant un coup de talon rageur sur le sol, alors qu'il fixe Thorgal furieusement.  

-Tu ne refuserai pas mes frères ni mon père, ne me refuse pas moi !. Crache Aslan de rage alors que ses yeux reflètent son envie de pleurer.

Thorgal se retint de pousser un soupir.

- Soit. Suivez-moi jeune maître.

Il emmènerait Aslan jusqu’au terrain d’entraînement, où le bleu pourrait s’armer d’une épée en bois.

Une fois que Aslan sera changé en tenue d'entraînement avec son épée en bois il se décidera à faire quelques moulinets et mouvements histoire de voir son aise avec l'arme, soupirant cela lui rappelle inévitablement que après des années de pratiques régulières il n'était pas bon, à peine légèrement au dessus d'un garçon de son âge moldu avec quelques semaines de pratique.  Jetant un regard désolé envers son maître d'armes il finira par dire alors qu'il retire ses lunettes.

-Je m'excuse de t'avoir parlé ainsi, ce n'était pas correct ni juste. Mais je n'ai pas envie de voir ma mère, pas encore. Ça attendra.

Dira t'il avec une grimace alors qu'il pousse un long soupir.

- Vous ne pourrez pas éviter le dîner, jeune maître, lui rappellera simplement le guerrier aguerri, avant de prendre position devant le jeune aigle, jaugeant son habileté à l’épée. Raffermissez votre prise jeune maître.

Il lui lança un regard sévère.

- Vous souvenez-vous de mes enseignements, ou dois-je vous faire revoir les bases?

Aslan savait que revoir les bases lui serait bénéfique, il les avait à peine assimilées.

- Je n'ai pas l'intention d'y échapper, simplement de retarder le plus possible un moment pénible et cruel.  Répondra Aslan le plus sérieusement du monde en grimaçant alors qu'il se place en garde , face à Thorgal.

- Mehmet est un excellent bretteur et il monte le cheval ailé et le tapis volant mieux que je ne le ferait jamais, d'après ma sœur l'été dernier il à même occis son premier noble croate en combat. Serhat montre un talent aux potions et à la baguette digne de certains de nos sorciers adultes dans notre garde..moi, je suis même pas capable d'être plus que medíocre avec des leçons d'escrime alors que tu m'as sans doute entraîné plus que tous ici pour combler mes lacunes, n'est ce pas un comble ?

Dira Aslan tristement alors qu'un petit rire s'échappe de sa bouche, théoriquement il avait tout pour réussir, mais parfois la blackpill transcende même l'héritage social. Il avance garde médiane vers Thorgal, prêt à être réactif.

Aslan se recroqueville tel un animal blessé en se tenant le ventre sous la douleur , il avait oublié pourquoi il détesté autant les entraînements à l'épée, c'était trop éprouvant physiquement, peut-être une infime partie de la raison pour laquelle il ne progresse pas...  Cette pensée se mélange avec la panique quand il se rends compte que la douleur l'empêche totalement de respirer , ce qui dure en réalité 10 secondes lui semble un temps fou avant qu'enfin il ne se relève et crache de la bave mêlée à du sang...

L’épée de bois qui lui avait échappée des mains lui fut lancée sans ménagement. Thorgal dévisageait Aslan d’un regard froid, imperméable à sa souffrance.

- Toute cette frustration, cette hâte… pour ça? Je ne suis même pas déçu…

Aslan essuie son visage couvert de bave et de sang et se place en garde médiane de nouveau, hésitant. Il se décidera enfin à attaquer d'un coup en taillade vers le poignet droit de Thorgal, prêt à esquiver ou faire parade.

Le coup fut aisément paré par le maître d’armes, qui, d’un simple moulinet du poignet, apposa le dos de son épée à celle du croate, retournant son inertie contre lui pour le faire chuter en avant ; il aurait pu se rattraper, s’il ne n’était pas pris par la suite un coup de genou dans le ventre qui le fit se plier de douleur.

- Il vous faut vraiment tout revoir jeune maître, mais au delà des bases techniques, il vous faut avant tout des bases physiques. Vous être trop frêle, remuer une véritable épée vous fatiguerait, ne parlons même pas de parer des coups.

Il croisa ses bras à son torse, ayant planté son épée en bois dans le sol meuble.

- Relevez-vous, on va commencer par vous fatiguer un peu.

Aslan était peut-être supérieur hiérarchiquement au maître d’armes, mais, sur le terrain d’entraînement, la dynamique de pouvoir était inversée.

Aslan au lieu de se remettre en garde ira s'adosser contre un mannequin d'entraînement magique, dont l'enchantement était inactif pour le moment.  Il le regarda du coin de l'oeil, sachant pertinemment que cet outil d'entraînement à l'origine censé être maitrisé totalement à 16 ans par un garçon lui foutrait une raclée monumentale, même s'il avait trois versions de lui même s'entraînant dessus en simultané.

Respirant avec difficulté et avec la tête qui tourne légèrement Aslan se décidera enfin à répondre au Maître D'armes. Le souffle court.

-Accorde moi une pause, Thorgal...

Thorgal le regarda faire, puis lui asséna d’un ton sévère.

- Pensez-vous qu’un ennemi vous accordera une pause?

Le maître d’armes se saisit alors de son épée de bois plantée à terre, et bondit vers Aslan, prêt à lui porter un coup dévastateur.

Aslan plus par réflexe inconscient qu'un véritable mouvement étudié place son épée de côté devant son visage tout en s'appuyant de tout son corps sur le mannequin enchanté pour soutenir le poids du coup, sachant pertinemment la différence colossale de force entre lui et Thorgal.