Re: Le gaillard d'avant

Maladroite, fatiguée, Abigail venait de lui infliger un bien douloureux faux espoir. James s'était totalement refermé, arborant un masque qui d'habitude n'était jamais porté face à la demoiselle. Il se protégeait là de ce qu'il venait d'entendre. De cet avenir qu'il souhaitait embrasser. De ces bêtises qu'elle venait de prononcer. Ainsi, l'écossais préférait effectivement oublier ces paroles exprimées bien loin de leurs terres natales, bien loin des conseils maternels, d'une société dont elle omettait peut-être les codes. La jeune femme ne se rendrait peut-être pas compte de la douleur qu'infligeaient ces idioties.

« - En effet... » lâcha-t-il dans un soupir, ne daignant pas regarder l'aiglonne qui pourtant s'était approchée. « - Tu ferais mieux d'y aller. »

Plus grand chose ne trahissait les pensées du Serpentard à présent. Seule une profonde réflexion était nécessaire, une fois la tête refroidie de toutes les émotions qu'ils venaient de traverser.

Elle n'était pas le seul qu'elle avait blessé, elle même souffrait de ces paroles maladroites et irrationnelles. En faisant le choix après ses premières années de faire des efforts pour s'ouvrir et de ne pas s'intéresser à la nature des personnes qu'elle côtoyait et qui pouvaient être problématiques à Poudlard, Abigail s'était peut être ramollie et avait adopté une façon de penser aux antipodes de sa véritable nature. Bien que sa famille vivait des temps difficiles et qu'elle n'avait jamais pu développer un certain standing en raison de la disparition précoce de son père, elle demeurait une sang pur et devait être fière de l'être. L'Inquisition lui avait pris son père, elle les haïssait eux et ces sorciers qui fragilisaient leur existence en se mêlant de manière égoïste à ces monstres et les enfants de monstre.

La jeune femme regarda une dernière fois James, un regard qu'il ne lui rendait pas cette fois. Elle décide donc de s'en aller, le pas lourd d'abord qui ne dura que quelques secondes avant de s'arrêter. Elle souhaitait lui dire autre chose mais Abigail craignait encore une fois d'empirer les choses. Même des banalités, elle en était incapable.

Elle se remit en marche, rapidement cette fois pour limiter la tentation de se retourner. Le coeur meurtri, les yeux cernés et rouges, elle avait définitivement besoin de se reposer.