Couloir aux torches

Abigail était suffisamment intelligente pour comprendre les différents termes et messages cachés du vert. Une amitié et pas deux ou trois. Depuis la fin de leur quatrième année, leur relation s'était détériorée et depuis ils ne s'étaient jamais vraiment reparlés. Elle ne réagit néanmoins pas, pas tout de suite en tout cas, puisque le sujet de leur avenir respectif était intéressant.

- J'ai plus d'ambition que Salazar Serpentard lui même ! Dit-elle pour se défendre face à cette petite attaque.   Je suis juste lucide, Alija. Je n'ai pas les moyens pour me consacrer pleinement à mes projets personnels, travailler pour le Conseil m'aidera à financer mes idées.

Et dès lors qu'elle prouvera la fiabilité de ses projets, alors elle pourra se montrer davantage ambitieuse. Elle, n'avait pas la fortune Zverotic derrière elle...  

- Mais moque toi, je me donne 5 ans pour que ma magie envahisse la Serbie.

De par ses futurs enchantements et autres inventions qui flamberont en Angleterre et à l'International...

- 5 ans. C’est donc le temps que tu donnes à ces barbares de l’Inquisition pour vous contraindre tous à fuir la Grande-Bretagne ?

Difficile de dire ce qui se cachait derrière la tête du serbe, même pour quelqu’un comme Abigail qui le connaissait plutôt bien.

La prétention et l'orgueil slave, elle pourrait écrire un roman dessus depuis sa rencontre avec Alija.

- Merci pour ton... optimisme Alija.

Sarcastique.

- Et merci à toi pour ton….bon-soupçon, Abigaïl.

Tout aussi sarcastique. Visiblement, le serbe en avait encore sur le coeur à propos de ce qui s’était passé à la fin de leur 4ème année.

Peut être était ce l'heure d'avoir une discussion. La jeune femme regarda Alija, prit une bouffée d'oxygène, puis se lança.

- Je...Je ne sais pas...les premiers mots étaient difficiles à sortir. Je ne sais pas comment va se dérouler cette année, c'est notre dernière année à Poudlard et tu n'envisages peut être pas de rester par ici alors avant que ce ne soit trop tard...

Ses yeux regardaient un peu ailleurs, non pas qu'elle n'était pas sincère, il était simplement difficile de maintenir le regard du serbe.

- Désolée.

Son visage arborait une moue embêtée...

- Tu peux l’être.

Le serbe soupira, et laissa un silence de quelques secondes avant de se craquer les cervicales.

- Bon !

Le Serpentard adressa à la Serdaigle unpetit sourire à la fois sadique et…complice.

- Que dirais tu d’aller retirer quelques points aux blaireaux ?

Elle remerciait silencieusement Alija d'avoir vite brisé ce silence instauré et qui devenait trop pesant à son goût. Elle partagea avec Alija le même sourire.

- J'apprécie l'idée. Mais je ne suis pas la plus douée pour punir...

Parmi les préfètes, elle était certainement la plus clémente après Eleanor.

- Je sais bien Abi, crois-tu que j’ai oublié qui tu étais ?

Il souffla du nez.

- Je n’ai pas besoin de toi pour punir, j’ai simplement besoin que la préféré des Serdaigles dont personne ne peut douter de la probité fasse rayonner son jolie minois à travers la porte de Newcourt pour que les blaireaux ne puissent pas jouer devant lui la carte de l’horrible Alija le serpent qui pourchasse les pauvres petits poufsouffles innocents dans les couloirs…

Ça sentais le vécu.

Elle écouta d'un vif intérêt cette histoire qui paraissait beaucoup trop réelle pour ne pas avoir déjà été vécue. Elle laissa échapper un léger rire.

- C'est devenu ton principal passe temps ? La chasse au blaireau ? Si tu t'ennuies tu peux toujours passer au club par moment.

Il s'ennuiera mais un peu moins.

- J’y penserais, j’y penserais.

Autant dire que si elle ne le suivait pas, il n’y penserait pas.

Elle n'était pas contre, mais Alija était il raisonnable... Elle avait peur qu'il n'abuse un peu de ses pouvoirs pour punir facilement.

- Est-ce une manière polie pour dire que tu vas oublier ?

Ou refuser son "invitation".

Il eut un rictus amusé.

- Pas de ça entre nous voyons.

S’il avait à décliner, Alija ne serait sans doutes pas passé par 4 chemins. Et quant à la sévérité du serbe, il faudra que l’écossaise le suive pour en juger.

Elle parût quelque peu rassurée.

- Bien.

La jeune fille regarda les alentours et un élève qui passait par là, qu'elle crut reconnaître mais en fait non.

- Montre moi comment tu sanctionnes les Poufsouffle.

Un frisson de gêne parcourus le corps du serbe…

- Hum…

Son sourcil se haussa, qu'est ce qu'Alija comprenait ? Elle n'avait pas dit " Allons sanctionner du Poufsouffle ! "

- Oui ?

Le serbe semblait perturbé, il ne disait plus un mot, en effet cette situation venait d’éveiller la perversité de son esprit qui lui faisait imaginer toute sorte de scénarios…Le dernier qu’il imagina durant ce cours laps de temps fut une vision de lui dans laquelle il attrapait Abigaïl par le cou, lui chuchotait « C’est toi que je vais punir, tu n’as pas été sage… » pour finir par la plaquer contre le mur. Le préfet de la maison du serpent parvint mentalement à mettre un gros stop à ce scénario avant qu’il n’aille trop loin, puis marmonna dans sa barbe :

- Astarfirullah…

Il se racla alors la gorge puis vint fixer Abigaïl d’un air toujours aussi troublé :

- Je viens de me rappeler que…j’ai à faire !

À ces mots, il haussa les épaules d’un air à peine désolé puis prit la poudre d’escampette dans la direction opposée.