Couloir aux torches

A hauteur de son camarade serbe, Abi lui adressa à son tour un hochement de tête suivi d'un sourire avant de prononcer son nom à son tour. Face aux paroles du préfet serpentard, Abigail se retourna pour constater la présence du nouveau préfet Gryffondor.

Elle, qui l'appelait durant ses premiers années Godric, ne fut pas vraiment étonnée de constater que Dante avait été choisi pour représenter les Gryffondor avec ce tout nouveau badge de préfet. Se trouver à 3 préfets au sein du même couloir l'amusa. Un drôle de hasard. La dernière réplique du serbe l'amusa également, leur relation n'avait jamais vraiment évolué entre ces deux là.

- Si ça peut te rassurer, elle n'avait pas encore tout à fait terminé un exercice du Professeur Lionheart...

Mais puisqu'Eleanor était également une bonne élève, elle imaginait la jaune être une des prochaines à quitter le cours de DFCM en avance.

- Je crois que le couloir aux torches n'a jamais été aussi sur.

Ajouta-t-elle alors que Dante s'approchait. A 3, il était certain qu'aucun élève ne prendrait le risque de réaliser leurs méfaits, mais Abigail pouvait elle compter sur ses camarades préfets ? Abigail scruta Alija immobile ainsi que Dante mobile, elle imaginait déjà, peut être à tord, de l'électricité dans l'air et redoutait les prochains échanges.

La démarche assurée du lion se mit à ralentir jusqu'à ce qu'il soit complètement immobile aux côtés des deux préfets, formant ainsi un triangle. Il les observa d'abord en silence, laissant un moment de suspense flotter dans l'air, suffisant pour déstabiliser les moins à l'aise avec les blancs. Puis un demi-sourire se dessina sur son visage, avant qu'il ne prenne la parole pour ses collègues préfets.

- Que le temps passe vite...

Une réflexion qui semblait lui être adressée en premier lieu, avant qu'il n'ajoute aussitôt pour Abigaïl.

- Je doute que beaucoup osent jouer les imbéciles si près de la classe de Lionheart.

L'adolescente exprimait un léger malaise. Elle se rappelait des évènements passés et ce qui avait mené Dante et Alija à se détester. Cela faisait bientôt 3 ans désormais, cette histoire avait fait du mal à un grand nombre de personnes. Elle reconnaissait dans le toussotement du serbe, un acte maîtrisé qui trahissait une partie de ses pensées. Mais quelque chose lui disait aussi que les paroles du préfet Gryffondor n'étaient pas anodines.

- Félicitation pour ton badge de préfet, les premiers années n'étaient pas trop dissipés lors de la rentrée ?

Elle savait que les gryffondor pouvaient parfois être turbulents.

- D'aucun n'eut l'idée d'aller explorer la Forêt Interdite, c'est déjà ça.

Rétorque t'il sans broncher après avoir doucement hoché à l'encouragement de la Serdaigle. Par ailleurs, il aura pris le temps de sonder les deux préfets de son regard étheré.

- C'est déjà une victoire pour un premier... Soir. Allait elle ajouter, avant qu'Alija ne s'en prenne à Dante.

Les sourcils de la préfète Serdaigle se froncèrent, c'est à elle qu'il parlait mais c'est bien Alija que Dante fixait, cherchait il à le défier du regard ? Les hommes... pensa Abigail, ces deux là ne seraient jamais les meilleurs amis du monde. Même s'ils ne s'appréciaient pas, elle imaginait néanmoins mal les deux préfets, pour reprendre les paroles du Gryffondor, jouer les imbéciles proche du bureau de Lionheart. Elle resta donc à sa place, dans l'attente de l'évolution de leur conversation.

Les sourcils de Dante se froncèrent légèrement en observant cette lueur qui brillait de manière assez vive. Son regard n'était plus vraiment porté sur Alija mais bien sur celle-ci. Il cherchait visiblement à en définir la nature ainsi que ses contours, ne sachant pas de quoi il en résultait. L'invective lancé à son égard le ramena dans l'instant présent, il répondit alors sobrement.

- Sans façon, je n'arrive déjà pas à t'encadrer.

Le serbe souffla du nez puis adressa un large sourire à l’allemand.

- Bien envoyé, Schtauffen.

Il fit ensuite quelque pas puis indiqua d’un signe de la tête à Abigail, de le suivre.

Alija aimait les personnes ayant un minimum de répondant, elle ne s'était donc pas inquiétée de sa réaction face à la remarque du préfet Gryffondor qui l'avait faite également sourire.

- A plus tard !

Lâcha-t-elle à destination de Dante avant de s'écarter à son tour pour suivre le serbe.

Sans tergiverser, il poursuivra alors son chemin, mains toujours dans ses poches et l'air légèrement blasé. Il saluera tout de même Abigail, sans trop s'attarder cette fois-ci sur le Serpentard. Cette lueur néanmoins restait dans un coin de sa tête, il cherchera probablement à en apprendre un peu plus à d'autres occassions.

- Bye.

Après s’être quelque peu éloigné de l’allemand, le serbe reprit son ébauche de discussion avec Abigail .

- Ça fais longtemps, Abigaïl.

Son regard vint se poser sur elle.

- Trop longtemps…

En effet, cela faisait longtemps. Elle le regarda avec une moue embêtée

- Parfois le temps est nécessaire mais il est surtout précieux... Déjà la septième année...

Lâcha-t-elle, l'on pouvait sentir une pointe de regrets dans ses propos.

Il fronça légèrement les sourcils.

- En effet. Que compte tu faire l’année prochaine ?

- Je crois que je me dirige de plus en plus vers un poste d'Enchanteur conciliaire et toi ? Tu prévois de rester par ici ?

Puisqu'il rejoignait souvent sa famille pendant les vacances, une fois débarrassé de l'école, peut être qu'il rejoindrait définitivement son pays.

- Je ne sais pas, il n’y pas grand chose qui me retienne ici, si ce n’est une amitié et la curiosité de voir comment vos histoires d’inquisition vont évoluer…

Pas difficile de deviner que l’amitié à laquelle il faisait référence était son amitié avec James, et que par conséquent nulle amitié avec Abigaïl ne le retenait ici. Est-ce sincère, ou n’était-ce que stratagème visant à blesser l’aiglonne ?

- Enchanteresse conciliaire…Un nom pompeux pour dire que tu vas enchanter des serrures...

Une pointe de déception s’entendait dans sa voix, aussi il baissa d’un ton.

- Je te voyais plus ambitieuse que ça, plus ambitieuse que de rentrer dans cette pompeuse bureaucratie que me paraît être votre Conseil.

Mais à plus y réfléchir, ça ressemblait bien à Abigaïl que de rentrer dans de telles cases.