Aux abords de la Forêt Interdite

« Ma mère en faisait beaucoup. Ma grand mère aussi », déclare le tsigane comme pour se justifier de son attrait pour un domaine certes un peu particulier. S’il y avait un cliché qui était vrai sur les gens de son peuple, c’était sans doute ce rapport aux arts divinatoires accentué par une culture ethnique du secret préservée sur au moins quelques siècles, ce que l’état actuel des connaissances historiques officielles n’attestait pas encore en dépit des traditions orales de ses gens.

« Pourquoi est-ce que tu n’y arrives pas tu penses ? C’est vrai que ça peut être utile, mais les gens préfèrent souvent les cours plus “pratiques”  », qu’il avança comme une observation peut-être fausse mais qui lui était néanmoins toute personnelle. Cependant, quelque chose l’interloquait. « Tu aimerais apprendre mieux la divination pour une raison particulière ?  »

- Je pense que je n’ai pas assez la foi.

Admet elle au Serpentard. C’était un reproche récurent de ses parents.

- Oui, pour retrouver mes parents.

Freyja se sent suffisamment en confiance pour ne pas lui mentir.

- Visiblement on peut l’utiliser pour voir des choses que l’on ne peut voir avec nos yeux.

Nouvel hochement de tête alors que Freyja disait son avis sur les sciences divinatoires. S’il s’y intéressait, de son côté, c’était aussi pour pouvoir dire à sa grand-mère qu’il avait essayé. Mais en réalité, Danior savait plus ou moins que ces choses ne se contrôlaient pas et qu’il n’appartenait à nul mortel - sorcier ou non - de pouvoir choisir de mobiliser de telles forces. On avait ce pouvoir, ou bien on ne l’avait pas.

« J’y crois moi, et ça n’a pas marché non plus de mon côté », avoue-t-il, n’ayant aucune raison de s’en cacher. Son visage sembla s’éclairer lorsque Freyja mentionna ses parents, comme s’il était lui-même ramené à un souvenir douloureux. « Qu’est-ce qu’il leur est arrivé ? »

- Ils ont disparu.

Elle baisse un peu son regard. En parler était toujours aussi douloureux, quand bien même les semaines passaient...

- Mon tuteur m'a dit qu'ils reviendraient très vite mais... Cela fait plusieurs mois maintenant.

"Ne perd pas espoir Freyja, ne perd pas espoir". Se répète t-elle dans sa tête.

- C'est pour cela que je ne risque pas m'éterniser ici. Dès qu'ils reviennent, je m'en vais les retrouver.

La même expression fugace vint marquer le visage du tsigane, on y devinait plus clairement cette même sorte de douleur que semblait ressentir la Poufsouffle.

« Mon père a disparu. Ma mère et ma grand-mère m’écrivent, parfois, mais je ne peux pas leur répondre », réagit-il suite aux confidences de Freyja, comme si lui confier qu’il connaissait une situation similaire pouvait peut-être la rassurer sur la sienne.

« Alors on ne restera pas longtemps tous les deux. Moi, quand mon père rentrera, et toi quand tu auras retrouvé tes parents. En attendant, on peut s’entraider..? »

Sa dernière phrase se trouvait à mi-chemin entre la proposition et la question. On ne pouvait pas dire que Danior était des plus à l’aise ici ou avec les autres enfants de manière générale. Il n’avait jamais eu pour amis que ceux du camp, mais ceux-là c’étaient presque des membres de la famille. Ils n’avaient pas le choix que de se fréquenter. Ce monde, Poudlard, n’était pas plus le sien que celui de Freyja, et peut-être encore moins de son point de vue, mais sa solitude le poussait à chercher à le comprendre. Et à  chercher à comprendre celle qui lui faisait face.

Freyja compatis aux douleurs de Danior.. Tous vivaient des moment difficiles aussi.

- Pourquoi tu ne peux pas répondre à ta mère et à ta grand-mère ?

Les dernières paroles de Danior réchauffent le cœur de Freyja.

- Oui, carrément. Avec grand plaisir même. C'est ce que je me tue à répéter à chaque personne ici.

Jamais au grand jamais elle aurai cru possible de trouver un Serpentard aussi bon. D'autant plus avec ses récentes altercations des dernières semaines.

- On peut compter l'un sur l'autre.

Cette phrase était importante pour Freyja. Elle n'a l'avait pas dit depuis bien bien longtemps.
Freyja ajoute.

- Pour ton père, on peut peut-être trouver des informations dans le château ? Il était sorcier dans cette école à l'époque ?

« Elles ne restent pas au même endroit longtemps. Moi si, donc elles peuvent toujours m’envoyer des nouvelles. Je m’inquièterai quand je n’en aurai plus », répond le garçon comme si ce n’était qu’une question de temps. Il sourit cependant, lui-même se surprenant de ce que ces quelques mots de Freyja pouvaient lui apporter de réconfort — aussi bête cela fut-il, puisqu’il venait tout juste de la rencontrer après tout.

« Les autres ne sont pas d’accord avec ça ? », qu’il l’interrogea tout de même, surpris d’entendre que d’autres personnes dans des situations probablement similaires pouvaient imaginer n’être pas dans le même bateau que les autres.

« Malheureusement non », poursuit-il avant de la laisser répondre. « Personne de ma famille n’est jamais venu étudier ici. Mais peut-être qu’on peut trouver des choses qui t’aideront, toi ? »

- Elles déménagent souvent ?

Dit-elle, curieuse. Freyja ne connaissait rien aux Gitans.

- Non, les autres sont trop occupé à se chamailler pour des histoires ridicules..

Freyja ajoute.

- Non, non on commence d'abord par toi.

« On a jamais vécu longtemps au même endroit. On ne se fixe jamais vraiment. Mais c’est pire depuis que les autres font la chasse aux gens comme… nous », répond-t-il sans plus entrer dans les détails. Un haussement d’épaule après, il sifflait entre ses dents comme pour désapprouver le comportement de ces élèves qui semblaient perdre de vue les choses importantes. Qu’est-ce qui pouvait bien mériter que l’on se batte plus que le fait de devoir fuir sa propre famille à cause de la méchanceté des hommes ?

« Je ne sais pas si c’est possible… Tu as une idée de comment faire, toi ? Je veux dire… À part la divination, justement, je ne sais pas ce qu’on pourrait faire pour le trouver. »

Son ton semblait quelque peu résigné. Danior était persuadé qu’il ne pourrait rien faire à part attendre un signe du ou des dieux, tant qu’il était bloqué ici. Même sa grand mère, la grande Urania Boswell, n’avait pas été capable de retrouver son père, après tout. Que pourraient-ils bien trouver entre ces murs qui puisse rendre les choses différentes ?

Elle se lève et fit signe à Danior de se lever également.

- Ici, les gens disent que c’est la plus grande école de sorcier du monde. Allons mettre au défi ce qu’ils disent en allant directement voir le professeur de Divination ?

Freyja garde le sourire.

L’entrain de Freyja avait quelque chose de contagieux, qui ne manqua pas d’atteindre Danior. Il se leva à son tour, petit sourire au coin des lèvres, hochant de la tête en approbation de la proposition de sa camarade.

« Alors, je te suis ! », fit-il en lui emboîtant le pas. Il se demandait si le professeur serait capable de lui apporter des réponses, et jusqu’à quel point ses compétences étaient grandes. La divination était quelque chose d’assez mystique, et bien qu’elle fut extrêmement répandue parmi les siens, lui n’avait encore jamais eu la chance d’expérimenter une quelconque forme de précognition.

La distance séparant le Wyvern-Club des abords de la foret est minime en comparaison avec d'autre site, ce qui n'empêche qu'au ressenti la lionne as l'impression de marcher une heure au moins, la brulante compagnie du professeur n'ayant pour effet que refroidir l'atmosphère.

- Le centaure ne se montre qu'à midi, il y as peu de chance qu'on le croise mais la clairière n'as pas du bouger.

Quoique si elle était une clairière l'étudiante mobiliserai toute l'énergie possible pour éviter de se trouver sur les pas de Isidor Lionheart quitte à se déraciner.

Ils avaient donc marché jusqu'ici tandis que le voile de Nyx assombrissait les cieux. Isidor incanta une grande flamme flottante lumineuse éclairant un grand périmètre et réchauffant la zone. La neige fondait doucement sous ses pas.

"Vous êtes la guide Lancaster, pas le centaure."

Il laissa Nymeria atteindre son niveau et ils avanceraient alors ensemble.

Eleanor avait évidemment compris la fermeté des propos d'Isidor et n'avait même pas essayé de les suivre.

Ainsi le groupe avança grâce aux souvenirs ancrés de Nymeria. Mais assez vite, ils entendirent un bruit, les feuilles mortes les branches et la terre remuées par des sabots. Le centaure se dévoila peu après, l'arc en main.

"Vous n'avez rien à faire ici, sorciers."

Leur dit il avec une rage et une rancune difficile à dissimuler. Son regard plein de fiel se posa sur Jude... puis Nymeria... Il criait "traîtres" dans ses yeux flamboyants par les flammes reflétées. Ils avaient évidemment reconnu Azar.

A la réflexion du professeur son élève de quatrième année se prend l'envie de s'ébrouer et de taper du pieds mais la possibilité que cela soit de mauvais goût l’empêche d'accomplir cette clownerie et les bruits venant de la foret lui confirme qu'écouter son instinct peut lui sauver la face à l'occasion. A l'instar de la première rencontre la fille des marais sent sa poitrine gonfler involontairement à la vue du centaure, ces créature ont se quelque chose d'à la fois sauvage et intelligent qui fascine et brouille les perceptions. Du regard lancé elle comprend la teneur mais la culpabilité n'ayant pas de prise, Nymeria le soutiens sans mal.

La sorcière avance de quelques pas, s'immobilise puis se penche en une courbette, de celle qu'elle resserve habituellement à ses professeurs, puis effectue un quart de tour.

-Voici le maître Isidor Lionheart, professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Il est également voyant, sans quoi le fait qu'il soit parvenu à deviner nos projets reste un mystère.

Les événements s'étant enchaîné à une vitesse folle la rouge n'as eu le temps de méditer au sujet de la présence du vieux lion à la porte du Wyvern-Club.

- Le choix ne nous as été laissé, c’étais venir avec lui ou risquer de ne pouvoir venir du tout. Par votre présence Azar, le directeur de ma maison que voici peut enfin voir que le mensonge ne m'est familier, et vous pourrez à votre tour juger de sa valeur.

« Il en vas de même pour moi » aurait ajouter la blonde si sa sincérité se trouvait réellement relevé de la bêtise.

-Il n'y as pas meilleure façon de vaincre ce mal de la foret qu'avec l'aide du professeur, si œuvre il y as.

Fin des présentations, la lionne recule d'un ou deux bon mètre. Détail ayant son importance, Nymeria se place dos à la foret donc face au groupe, comme pour signifier où penche son intention

Jude resta dans un premier temps en retrait, fixant Azar. Le mot « traîtres » semblait hurler à travers toute son âme, et l'unique blaireau présent sentit ce malaise lui tordre l'estomac. Et, pourtant, il ne vacilla pas. La peur était bien présente mais il ne pouvait pas faiblir. Pas devant ses camarades et monsieur Lionheart.

Après la le discours endiablé de la sorcière des paluds, l'écossais prit une inspiration profonde avant de s’avancer d’un pas, suffisamment pour être vu et entendu, malgré sa taille plus petite que la moyenne, et en évitant des gestes brusques. Sa voix, claire et déterminée, malgré le stress qui ne cessait de monter.

- Azar, je sais ce que tu penses. Je sais ce que tu vois en nous. Mais on n’est pas ici pour trahir qui que ce soit. On sait qu’il y a un mal dans cette forêt. Un mal que toi et les tiens ressentez autant qu'étoile filante.

Joignant l'acte à la parole, il jeta un coup d’œil rapide à Nymeria comme pour la désigner avant de reporter son attention sur Azar.

- Je ne vais pas te mentir, on est terrifiés par ce qu’on va affronter. Mais on ne peut pas rester les bras croisés pendant que cette corruption continue de grandir. Toi-même, tu le sais.

Son ton se fit plus pressant et alarmant. Il a peur, à présent, que si le centaure ne recule pas qu'Isidor se charge de lui, avec violence.

- On n’est pas tes ennemis, Azar. On est peut-être sorciers, mais cette forêt est aussi notre monde. C’est pour ça qu’on est là. Pour comprendre ce qui se passe et y mettre un terme. Avec ou sans ton aide.

"Je n'en ai cure !"

Répondit le centaure avec véhémence. Les dernières paroles de Jude semblèrent l'avoir agité plus que tout le reste.

"Allez vous-en, les centaures n'ont pas besoin de votre aide."

Sans doute lancé par une forme de curiosité, Isidor avait laissé les cadets s'exprimer. Il sembla le regretter aussitôt, sa tête se secoua de gauche à droite très subtilement, mais suffisamment perceptible. Dante vit avant les autres la déception sur son visage. Aux derniers mots de Jude cependant, un sourire étendit un peu ses lèvres.

"Assez."

"Coupa" le professeur dont la patience s'effilait. Les pourparlers des jeunes élèves avaient été vains.

"La forêt n'appartient à personne, centaure. Maintenant, hors de notre chemin."

Et il avança, peu enclin à discutailler. Ce qui pouvait horrifier ou non les jeunes diplomates...

La situation coule comme une pierre dans le Lac Noir, Nymeria écarquillent les yeux aux mots de Jude, sursaute à ceux du centaure puis fronce les sourcils à ceux du professeur.

-Sans Azar, Jude et moi danserions avec Aber.. Abare.. Shane à l'heure qu'il est !

Un regard accusateur se pose sur le pauvre blaireau qui ne dois pas encore réaliser sa maladresse.

-Lui et les siens vivent dans cette foret, c'est leurs vies entières qui est menacée ! Nous devons coopérer, ensemble!

Les bras croisés sur le torse, les sourcils froncés, il semblerait que la lionne boude.

Jude resta immobile pendant quelques secondes, réalisant que ses mots avaient eu l'effet inverse de celui espéré.  Ce n'était pas du tout ce qu'il voulait. Il sentit le regard accusateur de Nymeria sur lui, et cela ne fit qu'accentuer son malaise.

Il se tourna vers elle, levant une main comme pour se défendre, mais avec un ton sincèrement désolé.

Il fronça légèrement les sourcils, frustré mais contre lui-même.

- J'ai été trop loin.

Jude soupira, sa voix devenant plus douce.

Il s’avança de quelques pas vers elle, cherchant à capter son attention lui parlant doucement. Toi, moi, on a... J-Je vais arranger les choses, je te le promets. On doit être unis là-dedans. Mais pour ça, j’ai besoin que tu me soutiennes, d’accord ?

Puis se parle à Azar, voyant le professeur s'éloigner mais Nymeria pas bouger l'inquiète.

- Vos visions vous ont menés jusqu'à Étoile Filante. Elle est ici pour vous aider, mais elle a besoin de votre soutien.

Quoi qu’il en soit, Jude savait qu’il ne pouvait pas partir sans la sorcière des paluds.