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Dante Schtauffen
Dante Schtauffen

Le couloir inondé - Page 2 Empty Re: Le couloir inondé

Lun 30 Sep - 10:22
[music]https://www.youtube.com/watch?v=exyzAVA0xDQ[/music]

La lumière du Lumos Solem ne fût qu'une éphémère lueur, un répit cruel, permettant aux ténèbres de sculpter avec plus de précision le visage de l'horreur. À peine Dante crut-il trouver du réconfort dans la liane désenroulée à sa cheville que le cauchemar s'épaissit. Chaque souffle se raréfiait, étouffé par la toile invisible qui, lentement mais sûrement, tissait autour de lui les fils de la fatalité. Ses bras se débattaient vainement, pris au piège par cette étreinte aqueuse, tandis que les dernières étincelles de son catalyseur mourant se dissipaient comme les promesses d'une aube qui ne viendrait jamais.

Jamais Dante n'avait affronté pareil défi. Cette prison ronceuse, ce sarcophage tortueux, le réduisait à l’impuissance, lui, le Gryffondor intrépide, face à un destin qui s'abattait sur lui avec la froideur implacable de la mort. La vie l'abandonnait à mesure que l'étreinte oppressante se refermait sur lui, dévorant chaque mouvement, chaque espoir de libération. Sa baguette, encore serrée dans sa main engourdie, perdait toute utilité sous l'effet de la douleur lancinante. Pourtant, dans l'abîme de son désespoir, l'instinct primitif d'un lion se réveillait. Il ne pouvait céder, ne pouvait abandonner. Chaque fibre de son être rugissait pour la survie.

Aard, Expulso, Dashendo—les sorts fusèrent comme autant de cris désespérés dans le silence glacé des profondeurs. Mais l'issue se dérobait à chaque incantation, laissant Dante prisonnier d'un combat inégal contre l'eau, ses monstruausités et le temps. Ses jeunes années, qu'il voyait défiler en un instant, s’effilochaient comme les bribes d'une vie trop vite vécue, trop vite perdue.

Puis, elle se rompit, en même temps que son sortiliège du Têteenbulle. Cette bulle fragile qui enveloppait encore ses pensées éclata, et avec elle la dernière barrière entre lui et la fin. Ses poumons, envahis par l'eau, refusaient de céder, tandis que la faune marine et la créature tapie s'emparait de son corps avec avidité, le disloquant dans une indifférence presque divine. L'agonie s'invitait, glaciale, définitive.

Mais la mort joueuse, dans son infinie cruauté, lui accorda un dernier sursis, un ultime hommage. Comme un voile levé sur les cieux, des fragments de son passé refirent surface. L'odeur familière d'un foyer chaleureux vint effleurer ses narines, comme un vent salvateur dans l'enfer qu'il traversait. Puis, il se vit, au commencement, petit garçon, lové dans les bras protecteurs de sa mère, son sourire lumineux ravivant brièvement la flamme de sa vie. Un battement de cils, et c'était son père, bienveillant, qui lui rappelait avec un amusement tendre de faire attention à ses manières alors qu’il mordait dans un pain chaud préparé par sa mère, émiettant le sol. Ces moments de douceur se déroulaient devant ses yeux comme un rêve, les vallées infinies baignées de lumière dorée, là où, enfant, il regardait les étoiles avec la promesse d'un avenir grandiose, suspendu à l'orée d'une colline.

Les souvenirs de ses amis d'enfance vinrent ensuite, ces visages rieurs, ces compagnons qui, jadis, l'accompagnaient dans leurs escapades à travers le village, escaladant les toits et défiant les lois de la gravité avec une insouciance que seule la jeunesse peut se permettre. Mais cette fois, il n’y aurait pas de retour à la maison, pas de mains maternelles pour soigner ses plaies, ni de paternelles mises en garde. Ce triste caveau submergé serait son unique réconfort, sa dernière pénitence.

Toutefois, à la frontière du trépas et dans un dernier souffle de conscience, une image s’imposa à lui. Un château, solitaire et majestueux, sentinelle dressée face aux vents du temps, ses tours se perdant dans les nuages. Poudlard. Ses dédales cryptiques et sombres aux torches fugilineuses, mais aussi ses allées lumineuses parsemées de tableaux, ses pièces incommensurables. À son arrivée, il s’était senti en harmonie avec l'atmosphère, rapidement entouré de personnes qui allaient faire de son séjour un bonheur.

Nymeria, sa consœur blonde, à qui il vouait une attache indéfectible, d’une singularité hors du commun, se distinguait par un cœur d'or et une clairvoyance insoupçonnée. James, son confrère allemand, avec qui il partageait un lien presque fraternel, transformait le quotidien en une réjouissance ineffable. Jude, son ami valeureux, haut comme trois pommes, surplombait pourtant le monde par sa volonté indomptable, prêt à se dresser contre quiconque oserait s'insinuer en mal dans leur cercle.

Maria, dont la tempérance et le sérieux constituaient le gouvernail face aux excentricités, illuminait les lieux de sa clarté et de son intelligence. Celonia, espiègle et tout à la fois droite, dissimulait derrière ses manières prononcées une véritable bonté réservée à ceux qui savaient voir au-delà des apparences. Augustus, le regretté, dont l'exubérance et l'originalité singulière avaient été le socle de leur rivalité, lui manquait cruellement. Run, l'aîné qui se démarquait par son cœur bienveillant et ses conseils éclairés, se tenait là comme une figure rassurante. Carlos, le casse-cou, ne reculait devant aucun défi, défiant le destin avec audace. Diego, excentrique, illuminait chaque instant par la simple magie de sa présence. Eleanor, douce et aimante, toujours prête à offrir son aide, était un phare de chaleur humaine. Enfin, Félix, brave et toujours d'humeur chantante, apportait une chaleur réconfortante dans chaque circonstance. Ils étaient tous présents, et tant d'autres encore, dans cet ultime éclat de souvenirs, formant le fil tissé de sa vie, chacun une note vibrante dans cette partition qui trouvait son coda.

Tout ces visages disparurent lentement de la psychée du Griffon, devenant flou et incertaine, sombrant dans les méandres de sa pensée fuyante. Il ferma les yeux, un profond ressenti pour ce qui l'avait poussé à toujours viser trop loin, et qui causa sa perte. Ses membres étaient désormais figés, son coeur ralentit et son esprit mourrant...

Non... Pas ainsi !

Son acharnement inextinguible, tel un feu sacré, se dérobait à la résignation. L’empreinte de son cœur ardent résonnait comme un tambour de guerre, irradiante d’une force indomptable. Chaque pulsation, cri muet défiant les ténèbres englouties, se faisait l'ultime éclat de bravoure au seuil du néant. Dans une fureur désespérée, il se débattait pour sa vie, s'arrachant les ongles et les doigts, remuant ciel et terre, brisant sa baguette en éclats, abattue avec la violence d'un coup de foudre contre les parois de son geôlier, ce titan implacable qui le tenait captif.

Rien n'y faisait, et le monde, avec ses abîmes ténébreux, ne lui offrait qu'un regard livide en retour. Le noir, l'angoisse, la fin...

Il aurait dû périr en cet instant précis, le temps semblant s’être suspendu dans un silence oppressant. Pourtant, une lueur orangée s'éleva des profondeurs du néant, promesse incertaine d'un chemin vers le royaume des ombres. Il n’en savait rien, mais une étrange plénitude l'envahit. Dante concentra alors son regard sur cette lumière vacillante, et soudain, une douleur incommensurable se fraya un chemin en lui, à l’image d’une tempête déchaînée, s’insinuant dans les interstices de son âme comme un poison corrosif. Chaque pulsation se mua en litanie torturante.

Dans l’être du Gryffondor, il n’était déjà plus. Ce qui se déroulait devant lui n’était que le châtiment inéluctable de son humanité déchue, le destin de ceux qui rejoignent l’Oubli. Soudain, des visions liées à un réel présupposé s’immiscèrent en lui avec une acuité troublante. Il percevait, confusément, des images dont le sens lui échappait, encore trop fébrile. Tout se succéda avec une rapidité fulgurante. Après avoir entendu une voix désincarnée, il fut propulsé hors des entrailles du colosse marin, traîné comme une pierre jetée dans un maelström irrésistible, porté par des flots indomptés. En cherchant à s’agripper à une paroi, une vision autre le saisit, chargée d’une histoire ancienne, comme si les échos du passé le traversaient, un passé macabre et insaisissable.

Les voix résonnaient encore en lui, et les bruits de métal se mêlaient au fracas des rochers, intensifiant leur mélodie funeste. Des visages de nains, noircis par l'ouvrage d'un projet maudit, se dressaient devant lui, témoins silencieux de la mort des martyrs, noyés sous l’avalanche de leurs labeurs. Un torrent de sang obscurcissait sa vue, la teintant d'un rouge rubiconde.

Dans un bref moment de lucidité, il parvint à s'accrocher à une pierre, mais déjà une autre vision l'absorba, ne lui laissant aucun répit. Il aperçut une longue robe noire drapée, soutenue par une chevelure grisée et blanche, et dans un ultime effort pour se maintenir à un mur, la dernière vision se dévoila : cette figure, souveraine de son palais intérieur. L'homme était là, dans ces lieux oubliés, à un âge où nul danger ne s'était encore manifesté. Des murmures indicibles se mêlaient à cette scène, énigmes inaccessibles. Puis, devant ses yeux abîmés, se révéla une salle perdue dans les profondeurs... Quatre flambeaux illuminaient faiblement cet interstice silencieux... un œuf...

Tout s'arrêta finalement, et sa conscience, qui l'avait déserté il y a un moment, revint lentement, alors que les flots continuaient de le traîner vers l'inconnu. À la dérive, considéré comme mort, Dante fut happé par les courants implacables du destin.
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