Devant les cuisines

Et ce même James sortait justement des cuisines, pomme en main.

Fanfaronnades qui n'étaient pas présentes chez sa voisine. Très clairement.

-"Alors du coup ces balais ?"

En conversant naturellement avec William.

Haussant des épaules, il répond. «Je me suis fait choppé par le coach en train de fouiller dans la réserve. Mais vu que c'est un bon professeur, et qu'il adore ses poulains qui ont du potentiel, il m'a laissé partir sans aucune sanction» Vu qu'il est gentil avec William c'est forcément un excellent professeur. Puis, son champ de vision croise celui de James. En le voyant il se rappelle de la conversation qu'il a eu avec Maria et s'approche de ce dernier. «Hello James. On se demandait : Tu es plutôt bons aux duels non ? »

Alors qu'il allait croquer dans sa pomme, priant pour que William ne l'ait pas vu et pressant même le pas pour l'esquiver, James fut interrompu par ce dernier. Il ne prit pas la peine de feindre la surprise, même s'il avait fait semblant de ne pas le voir jusque-là.

« - Attends William. Parce que je me demandais justement... Vous êtes plutôt bons au Quidditch, non ? »

Question bête, réponse idiote... Le serpentard attaqua son fruit à l'aide de ses incisives, arrachant une première partie qui fila droit dans son gosier. Son regard jongla entre le rouge et la bleue, qui reçut un signe de tête plus amical que le premier.

Un petit sourire pour saluer James, tandis qu'elle les laissait jouer à leur concours de testostérone. Sans être de l'intimité pure, l'adolescente savait bien que les deux n'étaient nullement de grands amis, suffisant pour se tolérer néanmoins, mais elle sonna tout de même la fin de la récréation en prenant parole.

-"En réalité sous cette introduction alambiquée; nous nous demandions si ..."

María se tourna vers William. Le sujet étant délicat, de son point de vue, à aborder, elle espérait, un coup d'œil en sa direction pour se faire comprendre par ailleurs, que le Gryffondor prendrait la suite et poserait LA question à leur camarade.

William se demanda si James aime tellement le son de sa voix qu'il ne peut pas répondre un simple "oui" mais, on ne va pas se mentir, si les rôles étaient inversés il aurait agit exactement pareil. Sauf que lui que lui ce serait plus justifié, évidemment, vu que le Quidditch est l'art supérieur à tous les sports dans le monde sorcier.

Le Gryffondor regarde Maria qui s'est tourné vers lui. S'attendant à ce qu'elle pose la question, après tout, les deux ne sont-ils pas assez proches au point d'aller plusieurs fois ensemble au bal. Mais William déteste deux choses : Les gens qui critiquent le Quidditch en disant que les joueurs ne sont que des "idiots courant derrière un ballon" et qu'il y ait un blanc, ou un malaise, dans une discussion. C'est pour cette raison qu'il prit la parole.

«Il parait que les Lucioles recrutent des personnes douées aux duels. On se demandait si tu en étais une ou si tu avais été approché par elles.» Dis-t-il avec un ton sérieux que James n'a probablement jamais vu de sa vie de la part du Gryffondor. Peut-être que James peut percevoir un soupçon d'inquiétude derrière ses airs plus sévères que d'habitude.

Un nouveau croc, alors qu’il attendait la bêtise qui allait encore pouvoir sortir de la bouche du gryffondor. Ses incisives se plantèrent à nouveau, puis se bloquèrent quelques secondes à l’écoute de la fameuse question. Ses yeux firent un aller-retour entre les deux curieux, puis enfin, après deux bonnes secondes, l’écossais arracha une nouvelle bouchée. La surprise venait de s’échapper de son masque habituel. Il regarda autour de lui avant de reprendre, sourcils légèrement froncés et nouvelle bouchée avalée.

« - À quoi vous jouez ? »

Aborder un tel sujet au beau milieu d’un navire à moitié composé d’une délégation du Conseil… Soit ils étaient idiots, soit c’était un piège.

« - Et d’où vient cette rumeur ? Personne ne m’a approché, en tout cas. Et tant mieux. »

Il jaugeait comme il pouvait les réactions de ses interlocuteurs à ses réponses.

-"Il n'y a personne d'autres que nous."

Comme si cela pouvait rassurer l'Écossais. Quant à sa deuxième question, comment leur était venu ce sujet de discussion précédemment déjà ? María se tourna donc vers son bon samaritain Gryffondor, cherchant une nouvelle fois de l'aide par regard interposé.

Les prunelles onyx du serpentard alternait entre le rouge et le bleu, comme s'il ne les croyait pas vraiment. Cette discussion aussi bizarre qu’inattendue ne le mettait pas forcément en confiance. Perplexe, il reprit.

« -  Ok. Et du coup ? C'est tout ? Vous faites le tour du bateau en demandant aux duellistes s'ils font partie de... Eux ? »

Si cela ne l'étonnait pas vraiment venant de William, le cas Maria était quant à lui plus étrange. C'était d'ailleurs sur cette dernière qu'il insista du regard.

« - Si vous voulez mon avis... Vous devriez plutôt vous faire du souci pour les inconscients et les naïfs. Je pense qu'il n'y a qu'un gryffondor ou un poufsouffle d'assez idiot pour mettre sa vie en danger de la sorte. »

James jouait un peu de la situation, il ne semblait pas vraiment prendre au sérieux ses camarades et leur bonne intention. Il s'apprêtait d'ailleurs déjà à partir.

C'était ça de "vouloir" s'intéresser à quelque chose la dépassant : l'Infante se retrouvait dans une discussion difficile, où son cerveau, brillant scolairement parlant, avait du mal à analyser les tenants et aboutissants derrière les actions accomplies : la politique et autres choses de cet acabit ne seyaient nullement à une jeune demoiselle. Même si la société magique était plus tolérante sur la place de la femme en son sein, les origines de María ainsi que son éducation reçue rendaient caduc ce fait. Mal à l'aise, ne sachant sur quel pied danser, elle ne se contenta que de hocher faiblement la tête.

-"Évidemment."

Au moins la réponse à sa question, clairement futile d'ailleurs, était là: James n'était pas une Luciole.

William se retient de dire que leur petit groupe a foncé inconsciemment dans la forêt interdite; abandonné la moitié de leurs camarades pour s'attaquer à Shane. Cette manœuvre ressemble à de l'inconscience et de la naïveté. Mais; connaissant James et ne voulant pas créer de drama contrairement aux crépeuses de chignon.

- Donc tu dirais que Dante corresponde plus à ce profil ?

Gryffondor; duelliste. Sur l'équipage c'est la seule personne qui ressemble à la description faite par James.

« - Moi, je ne dis rien du tout. »

Il préférait couper-court avant que William et sa pauvre prisonnière du jour n’aillent raconter n’importe quoi à n’importe qui. James était d’ailleurs devenu plus sérieux, plus froid, différent de ce que Maria pouvait côtoyer au quotidien. En somme, il ne rigolait pas vraiment avec le sujet, et encore moins avec sa possible implication que les deux chapardeurs semblaient suspecter.

« - Ce sont tes rumeurs, pas les miennes. »

Le signal que renvoyait le vert montrait donc que le sujet n'était plus à aborder en sa présence, cela lui convenait tout aussi bien. Sourire contrit, et l'Infante se tourna à nouveau vers son voisin Gryffondor qu'elle fixait longuement.

-"Nous n'allons pas te déranger plus longtemps James, il faut qu'on aille chercher de quoi déjeuner."

Mais William n'est pas doué pour sentir la mauvaise humeur, sauf quand il gêne les femmes. Il répondra à James.

«A bientôt James. Merci pour ton opinion ! »

Puis après avoir attendu que James soit parti.

«Que penses-tu de son témoignage ? N'est-ce pas ce qu'une Luciole aurait dit pour se défendre ? » Après tout les deux camarades n'étaient ici que pour une raison : tester la théorie de la capitaine de Quidditch Serdaigle.

-"Je ne pense pas qu'il le soit. Je pense connaître James et ses opinions sur ... tout ça, je peux certes me tromper mais ça ne lui ressemble pas."

Le ton de sa voix était faible. Pour ne pas se faire entendre; James avait eu raison sur ce point, évoquer ce sujet en plein milieu d'agent ministériel n'était pas l'idée du siècle.

-"C'était pour en avoir la certitude."

«Si tu le dis.»

On pense connaître les gens. Avoir passer, dribbler, marquer des années avec eux pour que, tout à coup, du jour au lendemain, ils critiquent ta gestion d'équipe sans jamais avoir rien dis auparavant. Ce fait anodin a rendu le Gryffondor méfiant.

«Quelle est la suite de l'opération mademoiselle du Chapitre des Mystères ?» Après tout, c'est bien de ce dont il était question : affiner les capacités d'enquête et de recherche de mystères de Maria.

-"Ce serait en réalité plus l'adage des Inspecteurs Magiques ça William."

Soufflement de nez et léger sourire perlant son visage. Elle s'apprêtait à énoncer une bêtise, une énorme bêtise, qu'elle énonça finalement après une légère hésitation.

-"Je n'ai aucun talent d'enquêtrice. Au Chapitre des Mystères, je l'espère, nous nous contenterons d'étudier la magie. Plus simple pour moi que d'étudier les Mystères de la nature humaine."

Pourtant la plus grosse bêtise vient d'être émise à l'instant par son interlocutrice.

«Ca s'entraine comme le Quidditch ! Tu devrais savoir que pour être sommet, pour développer une compétence, il faut juste avoir la hargne, la volonté et y investir de son temps » Dis de manière extrêmement positif le Gryffondor. L'as-t-on déjà vu malheureux ?

«Peut-être que le problème est le sujet ! Tu veux peut-être qu'on investigue sur autre chose» Des exemples qu'il va énoncer. «Qui y'a-t-il dans la red jumbo de monsieur Bagamba ? » Toujours avec son sourire à toute épreuve avant de répondre plus sérieusement. «Plus sérieusement s'il y a un sujet que tu veux étudier en attendant qu'on arrive à destination c'est avec plaisir que je t'aiderai»

Un nouveau soufflement de nez. L'optimisme éternel de William ne cessera jamais de la surprendre: si un jour devait-elle avoir un coup de moins bien, María ne chercherait pas bien loin avant de savoir vers qui se tourner.

-"Allons déjà manger quelque chose ... je meurs de faim; même si je ne souhaite pas passer les prochaines heures à me sentir malade je ne peux décemment pas rester ainsi."

William le savait maintenant, le mal de mer était profondément ancré chez sa comparse. Étrange quand on connaissait son adresse sur un balai ...

-"Et tu pourras m'apprendre à être aussi, comment dire, insouciant ?"

Tandis que William survit très bien aux balancements du Belem, pour tout dire il a dore ça. «Oui, tu dois prendre des forces ! » Surtout avec tout ce qu'elle a vomi ces derniers temps.

Insouciant lui ? Peut-être parce qu'il sourit tout le temps même quand il va mal ? «Je n'ai pas vraiment de secret mais si on continue à trainer ensemble peut-être que mon insouciance va finir par déteindre sur toi»

Ce n'est que purement logique, après tout. «Après, peut-être que si tu as de gros soucis en tête. Si tu ne peux pas te confier à Abigail, je peux toujours t'écouter ! » Dis-t-il en rentrant dans les cuisines pour manger une pomme, son fruit favori.

-"Ce qu'il se passe avec Abigail concerne essentiellement des problèmes féminins William. Des conversations de filles tu vois ?"

Il serait très indécent de pousser ce genre de détails qu'elle ne prendrait pas la peine d'expliquer pour moult raisons.

-"Tout comme ce qu'il se passe dans un vestiaire masculin reste entre les garçons." Et María ne chercherait absolument pas à en savoir plus.

William ne comprend pas vraiment les remarques de Maria, voulant juste lui remonter le moral vu qu'elle semblait envier son insouciance. Sans répondre il continue de fouiller dans les cuisines de quoi manger avant de trouver une pomme et la lancer en direction de la Serdaigle. «Réflexes»

Presque raté : la pomme rebondit contre ses mains mais María réussit tout de même à l'attraper. Un sourire pour remercier son ami tandis qu'elle cherchait du regard quelque chose.

-"Il y a des pâtisseries ?"

Ce n'était pas vraiment recommandé pour l'estomac des personnes souffrant le mal de mer mais la gourmandise ne se commandait pas.