Le Souk

Eleanor haussa les épaules, tant pis pour Abigail. Elle se dirigea vers le stand en question tout en écoutant la question posée par la préfète bleue.

- Mmmmh je verrai selon ce qu'on me propose. Ce que je veux c'est pouvoir avancer dans mes projets personnels en alchimie le plus possible.

Travailler pour le Conseil ou une famille riche, il n'y avait aucune option qu'elle se fermait. La jaune connaissait sa valeur dans son domaine et sûrement que d'autres le sauraient aussi. Encore plus si elle parvenait à gagner son épreuve ici. Avant de continuer la discussion, la rousse s'adressa au vendeur.

- Je vais vous prendre ça s'il vous plaît. Comment vous dites ? Un Bassbaussa ? Ah Bessboussa ! Oui merci !

Ses rapides emplettes faites, elle se tourna à nouveau vers la Serdaigle.

- Et toi du coup ?

La jeune femme aura écouté la réponse d'Eleanor, surprise quant à sa façon d'aborder l'après Poudlard. " Selon ce qu'on me propose", si Eleanor pensait que de nombreux employeurs l'attendraient à la sortie de Poudlard et se battraient pour la "signer", elle faisait à son sens fausse route.

Elle resta silencieuse lorsqu'Eleanor commanda sa pâtisserie. C'est une fois que la Poufsouffle se retourne vers elle qu'Abi poursuit leur discussion.

- Je pense rejoindre le Conseil mais... Comment ça tu verras selon ce qu'on te propose ?

Peut être était ce une simple façon de parler.

Son visage s'éclaira face à la douceur sucrée qu'elle n'avait pas attendu pour y goûter.

- Chimachine que poshiblement...

D'un signe de l'indexe Eleanor fit signe à Abi qu'elle finissait sa bouchée avant de poursuivre sa réponse.

- Pardon. J'imagine qu'il y a peut être des personnes intéressées pour recruter les talents qui sortent de Poudlard, ceux qui excellent dans leur domaine. Comme toi pour les enchantements. Peut être de grands alchimistes qui ont besoin  d'assistance par exemple.

A vrai dire tout ça restait un peu abstrait, il y avait toujours la menace moldue qui guettait au-dessus de leur tête comme une épée de Damoclès. Elle n'avait aucune idée de ce que serait son avenir proche mais sans pour autant douter qu'elle retomberait sur ses pattes.

- Sinon ça sera le Conseil.

Pour des raisons évidentes ce serait mieux de l'éviter mais si il n'y avait que cette option alors ce serait ça.

Difficile de comprendre Eleanor qui parlait la bouche pleine mais elle ne lui en tenait pas rigueur, elle avait oublié les bonnes manières dès son arrivée dans le monde magique... Elle écouta le reste de sa réponse, plus intéressante que le début, forcément. Le Conseil était responsable de la majorité des emplois de leur royaume, pour elle les grands alchimistes dont Eleanor parlait, travaillaient essentiellement pour le Conseil.

- Il y a bien un homme qui a contacté James pour ses qualités en duel mais sinon, ces personnes dont tu parles, s'il y en a, je pense qu'elles viennent essentiellement du Conseil.

Il y avait toujours des indépendants mais pourquoi recruter et former des talents ? C'était prendre le risque de diminuer sa part de marché par la suite.

- Mais je peux comprendre que venant d'une apprenti luciole, le Conseil ne soit pas une évidence.

A force d'entendre que la moitié du château était au courant pour elle, Eleanor ne fut pas surprise qu'Abigail soit au courant. Malgré tout ça l'agaçait profondément une nouvelle fois. Encore une fois était-ce du fait d'Abel ? La jaune savait qu'Abigail avait passé un entretien avec lui aussi. A moins que ce soit James ou Celonia.

- Et qui t'en as parlé ?

Et surtout pourquoi la Serdaigle ressentait le besoin de lui en parler, qu'attendait elle à travers sa remarque ?

La jeune femme ne voulait pas trahir ses sources... Mais elle considérait que cela n'avait rien de secret. Elle était proche de James, à partir de là il était plutôt facile de déduire qu'ils avaient pu en discuter. Les deux avaient passé l'entretien, ils avaient chacun pu partager leur expérience.

- James. Répondit elle. C'était comment ?

Lâcha-t-elle à la suite. Elle ne montrait pour autant aucune animosité. Abigail se montrait simplement curieuse comme elle en avait l'habitude. De toute évidence, elle voulait simplement découvrir le récit de la Poufsouffle et connaître son aventure, les sensations ressenties. Peut être qu'Abigail n'avait pas eu le courage d'y aller et s'en voulait...

- Je veux dire l'opération, être sur le terrain ?

Eleanor nota dans un coin de sa tête la source de la Serdaigle avant de se détendre un peu en entendant ce que voulait vraiment savoir Abi en évoquant les Lucioles. Pendant un instant elle s'était méfiée mais finalement Abigail désirait simplement assouvir sa curiosité, ce qui pouvait aisément se comprendre.

- On peut dire que tu sais mettre une bonne ambiance pendant les voyages...

Elle n'aurait sûrement pas plus choisir un cadre plus étrange pour aborder ce sujet. Là, au milieu d'un souk à l'autre bout du monde, sous le soleil chaud et le brouhaha des locaux. Son visage perdit de sa clarté habituel à l'évocation de ce début d'été.

- Et sinon je ne sais pas trop quoi te répondre. C'est effrayant, c'est bruyant, c'est... tout ce que tu peux imaginer et en même temps tu ne le ressens pas tant que ça comme si  tu ne te sentais plus vraiment toi ? Je ne peux plus vraiment te dire comment c'était sur l'instant. Simplement que certains d'entre nous auraient pu y passer sans un petit miracle.

Et qui était de son fait. En tout cas la rousse n'avait pas grand chose à dire sur la mission en elle-même. C'était plutôt après que l'on cogitait.

- C'est plus quand on a fini que j'ai vraiment ressentis quelque chose. Quand tu te rends pleinement compte de ce qui vient d'arriver, des personnes qui auraient pu disparaître ou encore de ce que tu as peur de faire et que tu devras probablement faire un jour. Tu penses inlassablement à ce qui finira par arriver, tu appréhendes les fois d'après, tu te poses toutes les questions possibles. Et ça revient constamment même les jours d'après. Même maintenant.

Mais la Poufsouffle était un cas parmi tout un tas, chacun avait sa façon de gérer ses craintes et sa propre vision des choses.

- Je n'ai pas très envie de rentrer dans les détails, désolé si la réponse n'est pas celle que tu voulais.

Elle ne pensait pas que sa question pourtant anodine aurait plombé en partie l'ambiance... En y réfléchissant à deux fois, Abigail concédait volontiers qu'il y avait peut être des moments plus propice pour poser cette question plutôt qu'en plein souk égyptien avec une Eleanor en proie à une crise pouffsouflienne, attention à ce que Monsieur Newcourt ne sorte pas d'une tente environnante. Certaines choses ne changeaient jamais, Abigail restait Abigail, ses lacunes sociales pouvaient ressurgir à certaines occasions.

La jeune femme aura néanmoins écouté le long témoignage de la préfète des jaunes. Un témoignage dans lequel elle sera restée muette tout du long laissant Eleanor revivre et partager ses scènes.

- Alors épargne toi et épargne moi les détails, ça ne fait rien.

Répondit elle avec un sourire rassurant, elle ne lui en voulait pas. Sa question était délicate, elle l'avait pris un peu au dépourvu et puis il était toujours difficile de mettre des mots sur certaines émotions.

- Et pourquoi tu as décidé de les rejoindre ? Tu es une bonne sorcière Eleanor, mais n'oublie pas que notre monde ne te fera pas de cadeau.

Se sentant un peu vague dans ses propos, elle se sentit obligée d'ajouter.

- Ce que je veux dire, c'est ne gâche pas ton potentiel. Tu as su rattraper ton retard mais tout peut vite s'écrouler si tes origines sont dévoilées. Rejoindre les Lucioles... C'est ajouter un poids sur tes épaules.

Pour elle, elle risquait de se fermer davantage de portes et cela était le minimum qu'elle pouvait craindre. Si son nom venait à sortir, certes, elle obtiendrait la reconnaissance de certains mais pas des personnes importantes, elle mettrait surtout en péril le peu de famille qui lui restait. Mais qui sait ? L'ambition de la jaune l'avait peut être déjà préparé à envisager les pires sacrifices ? Ou se plaçait Eleanor Folsham dans cette société et qu'était elle prête à faire pour assouvir ses rêves de grandeur ?

Les questionnements d'Abigail sur ses motivations étaient tout à fait légitimes et Eleanor y répondrait sans problème? Peut être que sa camarade hésitait elle aussi quand au rôle qu'elle voulait avoir dans la guerre contre les moldus. Avant qu'elle ne réponde un rictus candide apparu se sur lèvres, dénotant avec le sujet évoqué, avant qu'il ne s'efface et que son visage ne reflète que la profonde détermination qui animait la rousse alors qu'elle commença à s'expliquer

- Tu as raison tout pourrait s'écrouler... Mais je considère que si rien n'est fait pour écarter la menace moldue alors tout s'effondrera obligatoirement dans un futur proche. Combien de temps avant que Pré-Au-Lard et Poudlard ne soient découverts ? Car oui c'est une question de temps. Et je n'ai pas envie d'attendre de voir si ça leur prendra deux ou dix ans.

l'enchanteresse pouvait voir que son homologue était persuadée que les moldus mettraient à bien leurs envie de génocide à leur encontre. Après tout elle avait vécu avec l'ennemi assez longtemps pour voir à quel point ils avaient une haine tenace envers les sorciers et c'était sans parler de l'Inquisiton créée dans ce seul but et qui était toujours actif.

- Cependant tu as raison, c'est un sacré poids qu'il est souvent tentant d'enlever mais à chaque fois je repense aux conséquences possibles si on ne fait rien. Et je refuse qu'on m'enlève tout ce que j'ai obtenu ici.

Elle possédait une ambition digne des Serpentards les plus arrogants mais elle demeurait une Poufsouffle. Sa loyauté, sa bonté et son sens de la justice resteraient plus forts que le reste.

- La magie m'a apporté des amis dont je n'aurais jamais pu rêver mais aussi la possibilité d'être quelqu'un. Ici j'ai le droit d'avoir des rêves et j'ai le droit de les concrétiser. J'étais destinée à n'être personne, insignifiante, et maintenant j'ai le droit d'exister. Je ne laisserai personne personne m'arracher mes proches et ce monde qui m'a tant donné.

L'amour, la peur et un peu la colère aussi, tant de choses qui créaient chez elle toute cette motivation à agir. Peut être aussi que la Poufsouffle avait au fond d'elle ce petit besoin caché de prouver sa légitimité en tant que sorcière à travers le regard de ceux qui désapprouvaient son sang ? En bref elle avait des tas de raisons qui l'avaient poussé à se lancer dans cette dangereuse entreprise.

- Comprend bien Abi que je n'ai pas la même histoire avec la magie que beaucoup de familles de sorciers, que mes origines peuvent déranger et qui sait ? Peut être à raison finalement ? Il n'empêche que je ferai partie des premiers à défendre la cause sorcière car peu de personne peuvent se targuer de l'aimer plus que moi. Je ferai les sacrifices qu'il faut, peu importe ce que ça me coûte, car tout perdre serait bien plus effrayant.

Il n'y avait aucun reproche dans sa voix, c'était simplement la plus pure des sincérité que la jaune avait sur le coeur qu'elle venait de partager.

Une nouvelle fois, Abigail se tût, laissant Eleanor lui partager sa manière de penser. Ce n'était pas une découverte totale, mais cette discussion lui permettait toutefois de mieux appréhender les desseins de la jaune. La préfète Poufsouffle était animée d'une motivation sans pareille, une motivation à la hauteur de la reconnaissance qu'elle portait envers la magie. Cette chance qu'on lui avait donné, elle ne souhaitait pas la gâcher, rendre au monde magique ce que celui ci lui avait offert par les gênes de sa mère. Aimait elle pour autant davantage le monde sorcier que des sorciers eux même ? Elle trouvait cela un peu présomptueux mais ne lui en tenait pas rigueur. La jeune femme venait de lui faire une déclaration sur l'amour qu'elle portait envers leur monde, les émotions avaient pris le pas sur la raison.

Est ce qu'Abigail était touchée par les mots d'Eleanor ? Disons qu'une partie d'elle était fière d'avoir assisté à son évolution depuis son banc à Poudlard ainsi que leur balançoire à maintenant, la préfète Poufsouffle et la sorcière accomplie qu'elle devenait. Néanmoins la distance qu'elle avait instaurée puis maintenue tout au long de leur scolarité faisait qu'elle était incapable de le lui dire. La rivalité également secrète qu'elle entretenait avec la rousse et dont elle se questionnait sur la réciprocité l'empêchait également de tenir pareil discours.

La jeune femme ne savait pas quoi répondre face à cette importante déclaration, elle n'était pas forcément à l'aise. " Merci d'aimer notre monde" une pensée simple et peut être un peu bête face aux mots de la jaune. La jeune femme finit par sortir sa baguette afin de glacius la pâtisserie d'Eleanor qui sous le soleil, après de nombreuses secondes de discussion, perdait de son charme.

- Elle risquait de...

Bref, Eleanor l'avait comprise.

- Ce n'est que le début, la magie a encore énormément de choses à nous montrer...

Encore fallait il qu'ils possèdent les années pour apprendre ces choses. Elle enchaîne.

- Je suis partagée personnellement... J'admire le courage des Lucioles et ses membres mais... Il y a une part de moi qui me dit que ce qu'ils font n'est pas tout à fait juste non plus... La propagande du Conseil ? Non Abigail pensait être immunisée. Agir, faire des victimes supplémentaires alors que nous sommes déjà minoritaires, j'ai peur que vos actions n'enveniment encore plus la situation. L'Inquisition s'en servira pour motiver leurs discours. On ne peut même pas affirmer que le Roi a vraiment été assassiné par l'un des nôtres.

Est ce que les Lucioles jouaient le jeu de l'Inquisition ? Abigail se posait la question, le Conseil quant à lui ne jouait aucun jeu visible, Abigail était au fond convaincue que le Conseil agissait secrètement, ils ne pouvaient simplement pas prendre de risque de partager leurs avancées. Elle avait envie de croire qu'ils étaient défendus.

Un sourire vint répondre à l'attention de la Serdaigle qui refroidit sa pâtisserie. Ca n'avait l'air de rien mais elle prit ce simple geste comme une sorte de réponse à tout ce qu'elle venait de dire, une manière de valider sa déclaration envers le monde la de magie. Et même si elles n'étaient pas amies, ça restait quelque chose de touchant venant d'une personne qu'elle respectait autant que la Serdaigle.

Quand aux questionnements que pouvaient avoir Abi sur le bien fondé des actions des Lucioles, c'était tout à fait compréhensible car elle-même avait eu les mêmes. Alors Eleanor partagea ses propres réflexions qui l'avaient amenés à se retrouver dans cette situation aujourd'hui.

- On ne peut pas l'affirmer mais ce n'est pas important puisque les moldus sont persuadés que c'est vrai. Ils n'ont pas besoin de motivation en plus.

A partir du moment où la figure la plus protégée de l'île avait pu mourir de la main d'un sorcier, ça suffisait pour que la grande majorité se sentent menacés aussi.

- Je comprends totalement tes doutes, après tout qui n'en a jamais eu sur ce sujet ? Mais de mon expérience je peux t'assurer qu'ils ne s'arrêteront pas avant de nous avoir tous tués. D'ailleurs l'Inquisition a été créé dans ce but là et ils sont toujours actifs à l'heure qu'il est. Et avec tous les équipements anti-magie qu'ils créent ça ne m'étonnerait pas qu'ils finissent par pouvoir passer outre les protections magiques qui nous permettent d'être cachés.

Ca lui faisait d'ailleurs penser à un autre détail qui rend la situation alarmante à ses yeux.

- Et puis si ils sont capables de contrer la magie ça veut sûrement dire qu'au moins un sorcier travaille pour eux et dès lors... Peut être qu'ils connaissent déjà la position des places fortes restantes pour nous sorciers. Peut être attendent ils le moment propice pour lancer une attaque de grande envergure. Bien sûr ça ne reste que des suppositions mais pour le reste je suis persuadée qu'ils n'en ont pas finis avec nous, quand bien même on ne ferait rien. Ils ne construisent pas des camps au milieu de l'Ecosse pour rien.

Celui que les Lucioles avaient détruits cet été était d'ailleurs assez proche de Pré-Au-Lard et pour elle ce n'était pas du hasard. C'était probablement le premier parmi plusieurs autres qu'il était prévu de construire avec pour objectif de ramener du matériel et de très nombreux hommes à leur porte et d'être prêt à lancer une offensive qui pourrait être fatale.

- J'ai beau avoir beaucoup réfléchis à tout ça et à toujours le faire, j'en reviens toujours aux mêmes conclusions.

La préfète bleue pourrait constater que sa congénère n'avait aucun optimisme concernant les moldus malgré le fait d'avoir vécu avec eux. Ce qui pouvait aussi être lié à son passé, notamment avec son père. Une histoire qu'elle lui avait confié il y a bien des années maintenant.

Les jeunes femmes continuaient leur progression dans le souk mais cela faisait longtemps qu'Abigail s'était désintéressée des différents étalages les entourant, la préfète ne prêtait attention qu'aux paroles d'Eleanor, cherchant à comprendre son point de vue. Eleanor était elle au courant de choses qu'elle ne savait pas ? Elle soupçonnait les moldus de développer des armes anti magiques oui mais Cromwell était la seule personne qu'ils avaient vu en compagnie de ce genre d'armes. C'était un travail d'orfèvre qui nécessitait des années d'expérimentation, ils étaient encore loin d'un corps d'armée de moldus entièrement équipé d'objets magiques. Il y avait une urgence certes mais avant d'attaquer, il fallait être certain de pouvoir se défendre ensuite, les sorciers en étaient il déjà capable ou nécessitaient ils davantage de temps pour développer leur art ? Abigail n'avait aucune notion de guerre, elle réfléchissait simplement aux conséquences de leurs actes. Leur petit nombre, la méconnaissance de leur monde faisaient qu'ils n'étaient pas en position dominante. La jeune femme prit une longue inspiration, ce n'était pas une discussion facile mais c'est elle qui l'avait amenée sur la table.

- La bulle dans laquelle nous étions se fragilise petit à petit, dans quelque temps elle éclatera totalement et il faudra faire des choix.

Certains comme Eleanor l'avaient peut être déjà fait. Le premier choix qui se présentait à Abigail ne lui avait pas plu.

- Je vais te répondre franchement Eleanor... Au début je pensais que les Lucioles étaient des héros et qu'ils pouvaient nous offrir un certain espoir, mais... Je n'y crois plus.

Son discours avait changé, même si elle avait peut être été influencée par James, Abigail était capable de construire son propre avis et penser par elle même également.

- Parfois il vaut mieux ne rien faire, qu'agir bêtement. Alors peut être qu'il y a des choses dont je ne suis pas au courant mais que les Lucioles savent ? Peux-tu m'assurer que le Conseil est inactif et que vos actions ne perturbent pas les leurs ? Avez vous également pensé aux représailles ? Aux sorciers captifs ?

C'était difficile à dire et à admettre mais s'ils se cachaient depuis le début à Pré au Lard, c'est que les sorciers étaient actuellement bien meilleurs pour fuir et se dissimuler plutôt que pour mener une guerre. Ils avaient besoin de temps pour inverser cette tendance. Les sorciers ne s'étaient jamais comportés en conquérant par rapport à certains dirigeants moldus, ils devaient apprendre, pour développer leurs armes à leur tour, approfondir leur apprentissage de la magie. Ils étaient peu de sorciers par rapport aux moldus et combien parmi les sorciers étaient capable de se battre ?

Jusqu'à présent Eleanor avait souvent face à des personnes qui désiraient riposter et obtenir la paix en se battant même si ils n'avaient pas la même vision de comment le faire. Du coup elle en avait presque oublié qu'il y avait des personnes qui préféraient attendre et pire encore pouvaient penser que les actions menés par les Lucioles pouvaient avoir des conséquences néfastes pour eux. C'était un peu perturbant à entendre car ce n'était pas du tout son envie et cela pu instaurer un léger doute qui fut vite balayer par toutes les autres certitudes qu'avait la Poufsouffle.

- Ils ne seront pas plus cléments avec les sorciers captifs peu importe ce que l'on fera ou non. Tu sais comme moi le sort qui leur est prévu et il ne faut pas s'attendre à la moindre bienveillance de la part de l'Inquisition à leur égard. Et quand aux représailles... Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de pire que de vouloir massacrer l'ensemble des sorciers.

C'était plutôt à eux de faire miroiter les conséquences si ils continuaient de s'en prendre à leur communauté.

- Nous avons des personnes bien placées pour savoir ce qui peut se tramer ou non au Conseil. Crois moi on ne risque pas de perturber grand chose. Je ne sais pas si c'est par arrogance ou par peur mais ils n'ont aucune intention de bouger de leur statu quo.

Et Eleanor n'était pas du genre à ne rien faire. Si elle n'avait rien contre le concept de patience, ce n'était pas rester inactif qui allait aider les sorciers. Cela faisait beaucoup trop longtemps qu'ils l'étaient et voilà où ça les avait mené.

- Et je n'ai rien contre eux en général mais je ne veux pas attendre qu'il soit trop tard pour agir. Et ça ne veut pas dire le faire bêtement.

D'ailleurs les Lucioles avaient mis du temps avant de reprendre leurs activités suite à la débâcle reçue durant le festival, c'était réfléchis et ça sortait pas de nul part. Si un certain membre n'avait pas divulgué son nom à plusieurs personnes alors elle n'aurait absolument aucun doute les concernant.

- Il reste la fuite sinon mais très bientôt ça deviendra compliqué de partir de l'île en grand nombre. Evidemment le mieux serait de trouver un moyen de stopper leur envie de nous massacrer mais ça semble impossible, encore plus depuis que Cromwell a pris les pleins pouvoirs sur le Commonwealth. Ca aussi j'y ai beaucoup réfléchis mais je ne vois pas d'issue positive.

La jeune femme maintenait son écoute, elle aimerait partager l'opinion de sa consoeur et à son tour commencer à jouer un rôle dans ce conflit. Mais la patience dont elle faisait preuve et que certains pouvaient qualifier de lâcheté, d'autres de sagesse, elle la devait aussi en partie aux actions des Lucioles qui ne l'incitaient pas à son jeune âge, à tremper dans ce genre d'affaires. Des noms d'élèves concernés avaient fuité, la mission dont ils avaient été témoins avait été un massacre sans nom, les Lucioles comptaient des membres plus jeunes qu'elle. Dernier facteur important pour elle et qui jouait dans sa façon de percevoir ce groupuscule, il manquait une figure envers laquelle à son jeune âge, elle pouvait s'identifier. Dans son cas, une femme sang pur qui valide les actions des Lucioles et y contribue. Et si les Lucioles possédaient des ambitions cachées et souhaitaient menaçer l'ordre établie ? Elle se disait également qu'il devait être plus difficile pour les sorciers comme Eleanor de trouver sa place dans ce monde, qu'elle s'était ainsi ouverte à la première opportunité.

Les sources d'Eleanor au Conseil étaient-elle également de confiance ? Ne faisaient-ils pas le tri des informations pour garder celles leur permettant d'alimenter et légitimer leur combat ?

- Tu sais... Je veux autant que toi protéger notre communauté, mais je ne suis pas convaincue que nous ayons encore trouvé la bonne voie pour y arriver.

Lâcha-t-elle avant qu'un certain agacement ne se fasse entendre.

- Je suis désolée Eleanor. Je ne te dis pas ça pour te décourager. C’est juste que... je ne sais pas ! En réalité, je ne sais rien ! Je ne sais pas si les Lucioles sont la solution, je ne sais pas s'il en existe d'autres ! La seule chose que je sais c'est que je ne sais rien et ça me tue !

Elle aimerait avoir des certitudes comme certains membres des Lucioles semblaient en avoir, mais cela lui était impossible.