Le Souk

Avançant dans l'autre sens, tout comme son camarade Gryffondor Aslan est également animé par une soif de découverte et de simple curiosité de ce lieu si exotique, une soif si commune aux amateurs de l'histoire et des savoirs. Mais Aslan est également ici pour un motif bien plus sournois, les mains dans le dos et le regard scrutant chaque passant, cherchant des traits bien distinctifs pour ceux qui défilent devant ses yeux. Car en effet Aslan n'est pas ici pour une simple balade de plaisir, il compte bien mettre au test sa magie de l'illusion sur une cible idéale.  Quoi de mieux que de faire le test des limites de ses pouvoirs dans une terre lointaine ou aucun individu ne le connait de prêt ou de loin ? Aslan avait besoin d'apprendre à se débrouiller avec ses propres moyens un peu, sans Drekavac, le Souk semble le lieu parfait pour la quête de cobayes.

Perdu dans ses pensées il avance tout droit dans la direction de Dante, sur le point de lui rentrer dedans.

Aslan rentre donc droit dans Dante...Le choc ne fut pas bien violent du au fait que les deux sont simplement en train de marcher et pas plus vite que d'ordinaire, au contraire. Mais Aslan eu tout de même un mouvement de recul quand il se cogne son torse celui de Dante, mouvement qui dirige à une rapide analyse visuelle de qui viens de lui barrer le chemin, par réflexe.   Contrairement à Dante Aslan n'avait rien noter de vraiment marquant, hormis peut-être un comportement étrange sur son vis à vis. Alors il se contente de réagir normalement, bien que surpris du fait que Dante se tienne pile devant lui.

-Oh , Dante c'est ça ? Désolé je ne t'avais pas vu.

Déclare t'il avec un ton neutre tandis que il réajuste son vêtement de désert.

- En chair et en os.

Lâcha-t-il à peine, son regard piquant témoignant d'un changement subtil depuis leur dernière rencontre. Sans toutefois adopter une attitude hautaine, il s'attarda davantage sur son interlocuteur, le scrutant avec attention. Si quelque chose pouvait jouer en faveur du Croate aux yeux du Griffon, c'était bien sa propension à se forger sa propre opinion sur ceux qu'il croisait. Bien que leur dernière altercation ait dévoilé une seconde aura étrange le concernant, Dante avait depuis réussi à assembler les pièces manquantes du puzzle grâce à une source sûre, dissipant quelque peu le mystère entourant cet être singulier.

- Et toi, Drekavac, comment vas-tu ?

Ajoute t'il en insistant bien sur le nom de ce qui semble être la chose imperceptible rôdant autour du Serdaigle. Son regard d'une clarté éthérée, toujours aussi pénétrant, scrutait les turbulences magiques sombres flottant à proximité du blond. La scène semblait presque surréaliste, comme si Aslan avait été mis à nu, car, à sa connaissance, Dante n'avait jamais été mis au courant de l'existence de cette entité façonnée d'illusions. Il abaissa ensuite les yeux vers lui, guettant sa réaction avec attention.

Le visage de Aslan passe de légèreté et insouciance à un visage dévoilant menace et hostilité, comme un prédateur acculé qui montre les crocs et ce en moins de l'espace de 10 secondes.  Ses yeux se rivent dans ce de Dante alors que tous ses sens montent en  alerte en flèches, essayant de se remémorer les derniers événements pour savoir où exactement cet élève en apparence innofensive connaissait ce nom. Mais surtout, pourquoi venir lui brandir en pleine face ?  Aslan dévisage longuement Dante avec une hostilité à peine dissimulé avant de répondre entre ses dents serrées.

-Pourquoi tu m'appelles comme ça ?

Il ne savait pas ce que Dante savait, ou plutôt croyais bien savoir.  Il fallait se montrer prudent sur ce qu'il allait dire. Après tout il avait déjà utillisé le nom Drekavac dans certains cas, tous n'ayant pas la même importance ni la même signification. Mais le fait que Dante l'aborde ainsi pousse tous ses sens vers la méfiance.

La réaction d'Aslan ne fit qu'accentuer l'alerte dans l'esprit déjà vigilant de Dante, qui peu à peu, semblait découvrir la véritable nature du Croate. Dante était du genre à affronter les problèmes de front, alors quand il eut l'occasion de recroiser ce fameux Serdaigle en tête-à-tête, il sentit qu'il était temps de régler cette affaire. Nymeria avait été troublée par sa rencontre avec lui ; le portrait qu'elle en avait dressé différait grandement de celui qu'il avait rencontré, ce qui alimentait plusieurs hypothèses dans l'esprit de l'Allemand. Un trouble de la personnalité, qui le faisait parfois tomber les masques, semblait être la théorie la plus plausible. Mais il y avait aussi cette histoire de magie noire qui émanait de lui de manière distincte de son corps, un phénomène que seul le Gryffondor était en mesure de percevoir, au grand dam d'Aslan.

- Car c'est ainsi que tu te nommes, n'est-ce pas ? Tantôt Aslan, tantôt Drekavac, déclara-t-il, le scrutant avec intensité, cherchant à percer son mystère alors qu'il faisait un pas de côté pour s'écarter un peu de la foule qui se pressait autour d'eux.

- Cependant, j'ai l'impression d'avoir affaire à un Aslan démuni plutôt qu'à un Drekavac en ce moment, ajouta-t-il, sa voix calme mais lourde d'affirmation.

La confiance et la sérénité qu'abordaient Aslan initialement reviennent peu à peu au fur et à mesure que Dante parle. Au final il ne savait rien. Ou plutôt il ne savait rien que Aslan n'avait pas déjà lui même plus ou moins offert en sous entendu, néanmoins les évènements de la veille avaient su mettre  Aslan de particulièrement mauvaise humeur et il n'avait pas la patience pour ce genre de petit jeu. Alors il s'approche de Dante pour l'avoir droit dans les yeux avant de lui dire en articulant chaque syllabe avec distinction.

-J'ai explosé le nez d'un type il y'a à peine quelques semaines pour moins que ça. Un type de ta maison. Je te conseil de revoir le ton avec lequel tu me parle.  Quoi que tu puisse croire  savoir ce que je suis,  tu n'es pas dans la même cours que Drekavac ni que Aslan.  Ni que quelque soit le petit sobriquet que je veuille me donner.

Il accentua sa menace par une petite pichenette sur le visage de Dante.

Alors que le singulier personnage discourait devant lui, semblant même vouloir se faire un peu plus menaçant et tenter l'intimidation comme dernier recours, Dante l'observa avec calme et attention. Avait-il vraiment explosé le nez de l'un de ses camarades ? Le Gryffondor prit quelques instants pour se rappeler que William partageait sa chambrée, tandis que Felix et lui avaient passé leur dernière soirée mouvementée à bord du Belem avec Jude.

À peine eut-il le temps de conclure sa pensée qu'une main agile se dirigea vers son visage pour lui administrer une pichenette. Sa réactivité fut prise de court, mais il parvint tout de même à esquiver le geste par un mouvement réflexe de la tête en arrière. Ses sourcils se froncèrent automatiquement, et la hargne monta en lui. Le Griffon savait rester calme quand la situation l'exigeait, mais il avait plus de mal à se contenir lorsque les gestes suivaient les paroles. Il repoussa l'agresseur avant de tirer sa baguette de sa manche, son regard d'éther tout azimuts.

- Ôte tes sales pattes de moi, maraud.

Il n'ajouta rien de plus à la provocation, ne voulant pas provoquer une scène à peine arrivée à l'Académie, mais il se tenait néanmoins prêt à riposter s'il voyait l'autre s'agiter davantage dans sa direction.

La réaction de Dante causa un haussement de sourcil de la part de Aslan. Haussement qui s'accompagna rapidement d'un petit sourire , car selon Aslan cela offrait confirmation au fait que Dante n'avait aucune idée de qui était réellement Drekavac.  S'il le savait, il ne serait pas aussi dans la confrontation et certainement pas aussi confiant avec une simple baguette comme guise de protection.

Aslan se dit qu'il devait simplement s'agir d'une rumeur colporter par Nymeria qui avait pris des proportions surprenantes.  Ne se souciant pas plus que ça des menaces de Dante il se contente de lui adresser un dernier sourire avant de commencer à partir de son côté, satisfait de l'éclaircissement mais se disant de garder un oeil sur Dante dans le futur.   Peut-être qu'il le tuera avant de quitter Poudlard qui sait, s'il se montre d'aventure trop insistant. Mais aujourd'hui ce n'était ni le lieu  ni le moment.

Aslan s'enfonce dans la foule sans demander son reste à moins que Dante le retienne.

Une surprise positive qui portait le nom d'Eleanor. Elle aussi était dans le souk en tant que spectatrice plus qu'actrice de la vie qui animait le lieu, fascinée par cette culture bien différente de ce que l'on pouvait voir à Pré-Au-Lard qui semblait plus terne à côté. Repérant son homologue préfète, la rousse lui fit un signe de loin tout en se rapprochant de la Serdaigle.

- Abi ! Tu trouves ton bonheur ?

Regard arrêté sur le portrait qu'un artiste était en train de faire d'une femme assise non loin, le visage d'Abi pivota lorsqu'elle entendit son surnom. La jeune femme fronça les sourcils avant de reconnaître Eleanor.

- Je... Non, pour l'instant rien ne m'intéresse vraiment.

Mais elle n'était qu'au début de sa promenade.

- Je suis sûr qu'on peut trouver des enchanteurs !

Nul doute que tout comme pour la Poufsouffle, Abigail avait grandement envie d'étoffer son art de prédilection en découvrant de nouvelles façons de l'aborder.

- On fait un bout de chemin ensemble ?

Certes pour des raisons connues des deux elles n'étaient pas amies mais ça ne les empêchait pas d'avoir une relation cordiale et teintée de respect. Et puis elles partageaient une salle de bain quand même.

La réflexion d'Eleanor lui fit décrocher un maigre sourire avant qu'elle n'opine du chef.

- Si tu veux oui, pourquoi pas.

Elle n'avait rien contre cette idée et personne ne lui en voudrait de marcher avec la rousse. La jeune femme était cependant moins bavarde et enthousiaste qu'à l'accoutumée.

Loin de se douter du mal partagé, même si pour des causes différentes, elle nota cependant l'enthousiasme moins présent qu'à l'accoutumée alors qu'ils étaient dans un contexte qui était censé faire tout l'inverse.  

- Ca se passe bien les premiers jours pour toi ? Je t'avoue que je suis pas mécontente d'avoir enfin posé pied à terre.

De son côté la rousse ne ressentait pas une joie extrême non plus mais cela était impossible à deviner tant elle paraissait être exactement la même que d'habitude. Faire semblant était son refuge pour se protéger dans bien des cas.

Les voyages pouvaient être à double tranchant, loin de ses terres Abigail avait un peu de mal à trouver ses marques, ce qui pouvait expliquer en partie son mal-être passager.

- Ca se passe bien oui, il y a tant de choses à découvrir. Même en tant que spectateur cet évènement est une opportunité.

Pour apprendre, faire le plein de souvenirs et vivre des aventures inédites.

- Oui c'est probablement le voyage le plus incroyable que la plupart d'entre nous feront dans leur vie.

Eleanor espérait bien faire partie de ceux qui auraient l'opportunité d'en faire d'autres dans plusieurs pays, un de ses rêve étant de retrouver la Bulgarie natale de sa mère. Elle n'avait aucune attache magique avec l'Angleterre ou l'Ecosse, toutes ses origines venaient de ce territoire sous occupation ottomane. Il arriverait un jour où le besoin d'en savoir plus sur ses origines se ferait pressant.

- Pour le moment c'est comment par rapport à ce que tu as vécu en France ?

Certes c'était une culture bien plus proche de la leur mais il devait y avoir de fantastiques découvertes à y faire aussi.

Ce pourquoi il était difficile de bouder tout du long. Abigail se savait chanceuse d'être ici. C'était le voyage d'une vie, bientôt elle ne quitterait peut être plus jamais le royaume.

- En France, j'étais plus jeune, plus facilement impressionnable. Il y a de belles choses aussi ici, mais je ne retrouverai jamais ce sentiment d'allégresse et l'excitation qu'offre un premier voyage.

Que certains de ses camarades experimentaient actuellement.

Finalement cette sensation que décrivait Abigail était assez proche de ce qu'aura vécu Eleanor qui aura découvert le monde de la magie après celui des moldus. Certes c'était plus un "déménagement" qu'une voyage mais c'c'était sûrement le plus proche en terme de sentiment.

- Je comprends.

Déjà Eleanor humait ces odeurs d'épices et autres aliments qui provenaient des stands et lui rappelaient qu'elle avait elle aussi son petit appétit de Poufsouffle de temps à autres. Après le voyage se faisait aussi à travers la cuisine.

- Je me prendrais bien une petite pâtisserie... T'en veux une ?

Ce serait malpoli d'en prendre uniquement pour sois-même.

La jeune femme étudia la question d'Eleanor... Elle n'avait pas le même appétit que la Poufsouffle.

- Non merci, je n'ai pas faim et... Je n'ai pas vraiment confiance en la nourriture ici.

Pas étonnant pour une Serdaigle d'avoir un appétit d'oiseau.

- Sinon tu comptes faire quoi l'année prochaine ?

Abigail ne se souvenait pas avoir déjà évoqué ce sujet d'avenir avec la rousse.