1er étage

Son esprit tressauta brièvement lorsqu'il tenta de réactiver sa capacité, incitant Dante à fermer les yeux pour se recentrer avant de répondre à Jude.

- Dans quel sens 'difficile' ? Tu n'arrivais pas à lancer des sortilèges ?

Observant avec curiosité, Dante scruta la pièce que Jude sortit de sa poche. Jamais il n'avait vu cet objet auparavant, et son utilité lui échappait totalement. Cependant, si Jude l'avait récupéré après la fin de l'histoire du tableau, cela signifiait que cette petite pièce devait avoir une certaine importance.

- Penses-tu qu'il faut la placer dans un tableau noir ?

- Effectivement, et il est plus prudent d'y revenir plus tard.

S'énonce t'il à contre-coeur, devant les portes de l'aventure il lui est difficile de ne pas chercher à en franchir le seuil.

- J'espère juste que la disposition de l'endroit ne changera pas à notre retour.

- Tu ne crois pas si bien dire.

Il savait qu'il devra méliorer au mieux sa capacité, car pour le moment, son utilisation semblait assez limitée. Pour en apprendre davantage sur son don, il devrait en discuter avec des sorciers expérimentés, comme les directeurs de maison. Étrangement, le premier qui lui vint à l'esprit n'était pas celui des Gryffondors, mais bien celui des Serdaigles. Il voyait en Blackwine plus qu'un simple professeur d'histoire de la magie ; il le percevait comme une encyclopédie vivante, une source de connaissances approfondies sur les mystères de l'essence magique et de son éther.

- On devrait retourner au couloir avant que le mur ne décide de nous enfermer ici.

- De même pour toi, des sorts amplifiés me permettront de mieux travailler ma défense magique !

S'exprime t'il, le sourire aux lèvres. Après avoir convenu de comment ils s'organiseront pour la suite, Dante lui présentera ses aurevoirs. Le temps filait et il avait une déclaration à refuser dans les prochaines minutes.

- Je te laisse, on se dit à plus tard.

Aslan arrive donc, mais dans l'autre sens. Il semble focaliser sur autre chose car il ne fera même pas attention à la présence de Eleanor quand il croise son chemin. Le regard rivé devant lui.

Si le Serdaigle ne remarqua pas sa présence, Eleanor si et pour cause puisque leur dernière discussion seul à seul s'était soldé par une course effrénée au milieu des tombes du cimetière de Pré-Au-Lard. N'aillant pas eu l'occasion d'en reparler avec le concerné, elle avait là l'occasion de s'enquérir de la santé morale de son camarade. Son comportement n'avait provoqué nul colère ou vexation mais seulement de l'inquiétude. Alors elle interpella le croate.

- Aslan ?

Aslan sortira de sa rêverie pour abattre son regard en direction de sa camarade de promotion. Un regard montrant une sorte de méfiance et hésitation, sans doute en lien avec le déroulement de la dernière rencontre entre les deux jeunes gens. Mais Aslan avait perdu son incapacité à regarder dans les yeux de jadis, une sorte de confiance ou peut-être de je m'en foutisme émane de lui en comparatif à son timide et inconfiant maladif d'avant.

-Eleanor. Je me dirigeais justement vers le cimetière pour ma méditation quotidienne. 

Aslan raconte t'il n'importequoi ? Oui.

Eleanor se demandait si il était sérieux ou si c'était une tentative de désamorcer une certaine gêne par l'humour suite à leur dernière rencontre qui s'était soldée par la fuite incompréhensible d'un Aslan qui n'avait pas l'air d'être dans son assiette. Elle répondit donc avec second degré pour détendre l'atmosphère et éviter un trop plein de méfiance du Serdaigle.

- Et courir entre les tombes fait partie de ta méditation ?

Un sourire d'amusement ponctua sa question.

-Non. J'avais été troublé par des esprits malfaisants sur le moment, cela arrive, même pour un sorcier comme moi.

Réponds Aslan clairement se moquant un peu de Eleanor, mais pas totalement en réalité..il lui offre un regard inquisiteur avant de proposer suite à quelques secondes de contemplation.

-Tu veux prendre un pari avec moi Eleanor ?

Demande t'il d'une voix totalement sérieuse.

Eleanor ne semblait pas pleinement convaincu par les explications d'Aslan mais devrait s'en contenter pour le moment. Mais peut être qu'effectivement il avait une peur des fantômes et en avait vu un, même si dans ses souvenirs elle n'avait rien vu après avoir vérifié.

- Un pari ? Dis moi ce qu'il en est déjà et on verra.

Cependant une chose demeurait depuis la fois au cimetière : Aslan avait l'air d'être quelqu'un de différent maintenant. Curieuse, elle joua le jeu pour le moment afin de savoir de quoi il allait en retourner.

Aslan marche lentement les mains dans les poches alors qu'il se permet de regarder Eleanor de haut en bas, longuement. Clairement appréciant ce qu'il voit. Un petit sourire sur son visage il dira alors..

-Tu sais Eleanor. Malheureusement pour moi mes compétences sociales sont proches du néant, notamment avec les femmes.  Je n'ai jamais connu l'étreinte d'une fille, ni la chaleur des lèvres d'une fille, ni quoi que ce soit en fait.
Il marquera une pause, prenant un air dépité, presque mélancolique, perdant son regard dans le vide.

-Je ne verrais probablement pas la fin de cette décennie. Du moins pas en tant qu'être conscient, mon temps est compté..

Il se passe une main le long de ses cheveux, comme pour vérifier que la coupe tienne en place. Avant de plonger son regard dans celui de son interlocutrice.

-Ne t'en fait .  Rassure t'il en montrant ses mains en évidence. -Je ne suis pas Shane. Je ne te forcerai à rien. Mais je te propose un truc, si j'arrive à te prouver que je suis le plus formidable sorcier de notre école , adultes exclus.  Tu m'accordera un rendez-vous en tête à tête. Qu'en pense tu ?  Il lui tends d'ailleurs sa baguette d'un geste lent, la lui offrant.   Lui offrant via le sens de la poigne. Si tu crains pour ta sécurité je suis même prêt à te laisser ma baguette. Il semble absolument sérieux.

-Tout ce que je demande c'est d'avoir le droit à un rendez vous galant, si je réussi. Il se fendra le visage dans un franc rire détournant ses yeux de Eleanor alors qu'il s'apprête à quitter le couloir....  Mais nous savons tous les deux que je n'ai aucune chance. Tu sais comme moi mes limitations en magie pratique.. Aslan semble toutefois drôlement confiant.

Dès le départ le ton fut donné avec les explications d'Aslan sur son manque d'expérience avec la gente féminine et ce n'était donc pas compliqué de comprendre où tout cela allait mener. Elle se demanda un instant si il était sérieux ou se moquait juste quand il lui expliqua ne pas dépasser la décennie selon ses propres dires. Ca ressemblait à une façon de l'adoucir pour qu'elle accepte plus facilement le pari qui allait lui être proposé.

Sans surprise c'est sa nature de femme qui allait être mis en jeu, ce qui la laissait plutôt perplexe. La jaune avait eu des demandes particulières mais celle-ci était sans conteste une de plus marquante. Pour la curiosité de voir le Serdaigle accomplir un exploit magique sans baguette elle aurait presque envie de dire oui mais vu que sa propre personne était dans l'équation ça ne lui plaisait pas outre mesure. Elle n'avait d'ailleurs pas d'expérience non plus en la matière, ce qui ne l'aiderait pas à vouloir accepter.

- Je suis touchée par ton intérêt pour moi mais j'avoue que je ne comprends pas trop ce qui se passe.

Entre la dernière fois et aujourd'hui, où Aslan était à l'opposé de ce qu'il était, il y avait de quoi se poser des questions sur ce qui se passait dans la tête de son camarade de promotion.

- Je ne t'ai jamais vu aussi avenant alors qu'il y a quelques semaines tu m'envoyais paître quand j'essayais de comprendre ce qui t'arrivais. Et puis tu me parles de mourir en tant qu'être conscient...

En bref il y avait bien trop de choses étranges autour du croate pour pouvoir prendre sa demande de pari au sérieux. La rousse sa rapprocha de son interlocuteur, un air grave sur le visage ainsi qu'un regard qui semblait presque vouloir percer celui du bleu.

- Ce qui m'intéresse en ce moment ce n'est pas de savoir si tu es le sorcier le plus incroyable de cette école mais de comprendre qui tu es devenu et ce que tu traverses. Et... ça marche mieux que de vouloir me convaincre avec ta force.

Un rictus bref et innocent passa sur son visage en faisant sa dernière remarque.

"Si tu continues... grinça Drekavac, ce n'est pas à cause de moi que tu vas mourir, mais du fait de ta propre stupidité. Et si tu devais mourir de faim ou égorgé... Tu sais désormais que ce n'est pas ca qui peut en finir avec moi"

En d'autres termes, il y avait des limites à l'assistance qu'il porterait à Aslan: les actions du Serdaigle avaient, et auraient toujours des conséquences.

Le visage de Aslan passe de celui d'une facette de pseudo- assurance à celui de gêne puis de profonde déstabilisation devant les propos de Eleanor et devant sa réaction. Elle avait exprimée un comportement totalement inattendu, ayant offert une compassion et une compréhension , presque affective, peu commune pour le Serdaigle.

L'espace d'un instant, un court instant, il verra en elle l'image de sa propre sœur. Durant l'enfance, elle fut toujours douce et compatissante envers Aslan victime des moqueries et brimades de ses frères et de la déception de son père. La seule source de réconfort et de refuge mental dans une vie de solitude et d'inconfort. Elle avait malheureusement changé et s'était transformée en harpie, froide et distante. Comme toutes les autres, à l'image de la mère.  Toutes les autres sauf Eleanor visiblement..


Sa vie à Poudlard n'avait pas été différente de celle chez l'empire, toujours l'incompétence, toujours le rejet , toujours les moqueries.  Aslan avait beau offrir toute la bonne volonté du monde ,il lui semblait qu'il était destiné à être un éternel lunatique et incompris. Toujours source de regards moqueurs et toujours originaires de comportements inadaptés et inadaptables.

Il passe longuement la paume de sa main devant ses yeux , inspirant et expirant lourdement.

-Pourquoi ?

Demanda t'il à voix haute, ni pour Drekavac ni pour la fille. Mais pour lui même. Pourquoi persister ? Pourquoi vouloir avoir la reconnaissance et l'admiration ? Pourquoi continuer dans ce cycle de folie éveillée ?

Il ne prendra même pas la peine de répondre à Drekavac. Facile pour lui de parler de stupidité quand il s'était retrouvé ici par sa propre arrogance hors du commun.

Aslan jette un dernier regard dépité envers Eleanor avant de commencer à partir.

Eleanor était loin de se douter de ce qui se passait dans l'esprit d'Aslan, littéralement. Les seules choses qui lui étaient évidentes étaient la souffrance visible du croate et sa solitude, des maux desquels c'était difficile de se montrer stoïque pour une personne comme elle. La londonienne aussi se demandait pourquoi une fois encore le jeune homme changeait de comportement. Est-ce que c'était son refus pour le pari ? Autre chose ? Dur de répondre mais elle le sentait enfin plus honnête dans sa réaction.

Quand à la question posée, la rousse la prit pour elle en ne se doutant pas que c'était un questionnement plus personnel.

- Ba tu n'as pas l'air d'aller très bien...

Si la Poufsouffle était toujours volontaire pour apporter son aide à ceux qui en avaient besoin, elle ne pouvait cependant pas forcer la personne qui lui faisait face à accepter la main tendue.

- Pour peu que tu prennes la peine de vraiment regarder autour de toi tu verras que tu n'as pas à être tout seul.

L'inquiétude montrée par la préfète en était la preuve et ne souffrait d'aucune hypocrisie en apparence quand on voyait le doux minois de la jaune.

- Bref... Je ne vais pas te forcer à faire ce que tu n'as pas envie. Tu le feras si un jour tu es prêt. J'espère juste que ça ira mieux pour toi.

Peut être que ses mots le retiendraient mais ils étaient surtout là pour lui rappeler que sa proposition tenait dans le temps si il y avait besoin. Pour le reste elle n'insisterait plus à l'avenir, son message était passé.

Aslan s'arrêta au détour du couloir, écoutant sans rien dire les paroles de la jeune femme.  Sa volonté d'aider et de faire le bien venait du cœur, Aslan n'en doute pas.  Néanmoins que valent des jolies paroles de la sorte face à la réalité ? Eleanor tiendrai elle réellement le même discours et les mêmes propositions de secours et de soutien en sachant qu'elle parle, littéralement, à l'hôte d'un démon qui prends du plaisir à tuer,  comme un chat avec des rats ? Non . C'était sûr se souffle Aslan à lui même, son offre d'aide tiendrai aussi loin que sa propre vie n'est pas réellement en danger.  Aslan ne pouvait guère réellement lui en tenir blâme. Il n'étais rien pour elle, simplement un garçon exclus et aux bords de la rupture nerveuse qu'elle s'imagine être son devoir d'aider.

Véritable volonté altruiste ou simplement une sorte de manière de se sentir moralement supérieure, c'était difficile à dire. Mais Eleanor n'avait pas les épaules ni conscience dans ce à quoi elle s'engage si Aslan réponds positivement à ses demandes. Il offre un dernier regard à la préfète avant de partir. Ayant appris une bonne leçon ce soir , on ne change pas sa profonde nature.