Le cimetière de Pré-au-Lard

Bon, rien de très probant pour le moment. Ca commençait déjà à la stresser, si ils trompaient comment allaient ils faire pour finir de tous les libérer.

- Revenons sur la tombe de Nikala.

Son instinct lui disait que c'était par ici qu'il devait y avoir quelque chose.

- Peut être que je dois jouer ?

Est-ce que les tombes adjacentes à la sienne portait des noms en particulier ? Ou avaient un symbole ?

Ils marchèrent donc en direction de la tombe de Nikala.

« - Hier, tu appelais l'esprit avant qu'on ne l'entende, tu te souviens ? Tu devrais réessayer. »

C'était d'ailleurs elle-même qui lui avait dit que sa première aventure avait débuté ainsi.

- Oui...

Autant essayer d'aller au plus simple il était vrai, le fantôme était peut être aussi dans le coin. Comme la veille, Eleanor d'adressa à la potentielle présence distinctement, e servant de ses mains pour porter sa voix un peu plus loin.

- Il y a un autre fantôme ? Nous venons de la part de Nikala et Mikau ! Je cherche un joueur de flute !

Et à nouveau elle se sentait bête en parlant dans le vide comme ça, heureusement qu'il n'y avait personne d'autre.

Le garçon baillait, observant Eleanor tenter d’invoquer ce fameux joueur de flûte.

« - Pourquoi j’ai comme l’impression qu’on s’est levé aussi tôt pour rien… »

Malgré tout, James semblait de bonne humeur emmitouflé sous sa tonne de vêtements chauds.

Eleanor sourit, ils avaient perdu l'opportunité d'un des rare moment où ils pouvaient dormir comme il le voulait mais cela ne la dérangeait pas finalement.

- Au moins on peut admirer le soleil se lever. C'est ptet vers là qu'il faut aller ? Vers l'est donc.

Le bâillement de James fut contagieux et la fit bailler à son tour tandis qu'elle admirait le beau panorama. Le fantôme avait parlé de l'aube, c'est donc vers le côté est du cimetière que se dirigea Eleanor qui reprit ses appels.

- Je viens de la part de MIKAU et NIKALA ! Je cherche un fantôme joueur de flûte !

« - J’ai l’impression qu’on est de retour à la case départ, qu’on fait fausse route. Comme cette nuit dans les couloirs. »

James avançait mains dans les poches, contemplant le merveilleux levé de soleil.

« - Peut-être devrions-nous chercher à en apprendre plus sur toute cette histoire. À pré-au-lard, ou même à la bibliothèque de l’école ? »

James avait raison, il faudrait continuer les recherches en amont, il n'y aurait rien de plus ici.

- J'avais bien trouvé des informations sur Mikau à la bibliothèque alors peut être qu'on peut en trouver plus. On verra plus tard.

C'était un beau spectacle qui se déroulait devant eux. Un moment simple et agréable qu'on ne vivait pleinement que trop rarement. L'excitation liée à leur chasse était maintenant quelques peu retombée.

- C'est rare qu'on prenne le temps de regarder un lever de soleil. C'est beau pourtant.

Malgré le grand froid, le ciel était à peu près dégagé. Le sujet changea complètement, la rousse se sentait plus d'humeur au calme et à la discussion qu'à la réflexion. Ils avaient déjà fait quelque chose d'incroyable. La jaune inspira longuement par le nez avant de poursuivre, le regard tourné vers l'horizon.

- C'est vraiment chouette d'être une sorcière quand même.

Une phrase sortit comme ça sans trop réfléchir mais qui n'en demeurait pas moins sincère. Eleanor aimait vraiment sa seconde vie magique.

Happé jusque-là par le levé du soleil, la dernière phrase de la Folsham attira l’attention de l’écossais. Ce dernier déposa ses yeux de jais sur la demoiselle, armé d’une mine chaleureuse.

« - Tu dis ça comme si tu n’en avais pas toujours été une. »

James se tourna finalement, faisant de nouveau face à sa camarade. Il plissa légèrement les yeux pour mieux juger sa camarade.

« - Dans ton sang coule la magie Eleanor, et ce peu importe ton passé. Tu ne dois pas parler comme ça, comme si tu n’étais pas légitime.

C’était ce que l’Ashworth avait ressenti en entendant ses mots. Ces mêmes mots auraient pu être mal interprétés par quelqu’un d’autre.

« - Dis-moi, que tu penses-tu des moldus maintenant que tu connais notre monde ? Et ce qu’ils nous font subir. »

- Je ne peux pas apprécier des personnes qui veulent ma mort. J'ai bien vu à l'époque la haine qu'ils ont envers nous et ça na va pas s'arrêter tu peux me croire.

Après tout Eleanor avait été en première loge pour constater cette colère grandissante contre les sorciers à partir du célèbre meurtre de Sa Majesté. D'un point de vue extérieur pendant longtemps mais aussi de par sa propre expérience.

- Je ne les aime pas du tout. La magie n'a jamais été dangereux pour eux, on ne leur a jamais fait de mal, ils nous détestent sans raison même si ils essayent d'en trouver pour se justifier.

La religion pour beaucoup, en prévention du danger qu'ils pouvaient représenter pour d'autres et sûrement des tas d'autres exemples.

- Maintenant que je suis ici c'est pire, l'idée que des amis que j'ai maintenant puisse subir leur stupidité.

C'était bien pour ça que la rousse avait rejoint le cours de défense contre les moldus. Pas dans l'optique de devenir une combattante mais pour pouvoir défendre ses proches et elle-même si cela devait arriver. Son regard, confus, s'arrêta sur une des tombe.

- Il n'y a aucune limite à leur méchanceté, même leur propre... La jaune secoua légèrement la tête et soupira, visiblement agacée et énervée par ce qui lui passait par la tête et ne pouvait pas vraiment exprimer. Tu sais je n'arrive pas à comprendre comment ma mère a pu choisir de vivre chez les moldus et se marier avec un.

"Nous", "on", ces pronoms utilisés par la Folsham valaient plus que le reste de ses mots. Son envolée lyrique laissa le serpentard muet un moment. Il hochait simplement la tête et plissait les yeux pour jauger la sincérité de la jaune. C'était important pour l'écossais de savoir qu'elle partageait la même vision du monde que lui, les mêmes valeurs et principes aussi. C'était un premier pas vers l'amitié qui pouvait naître de cette relation encore trop jeune pour être considérée comme telle de la part de James.

Il était difficile pour lui de faire pleinement confiance aux gens. Souvent, le vert attendait deux pas en avant pour en faire un.

James hésita d'ailleurs à s'exprimer, ouvrant la bouche puis la refermant une première fois. Il était encore trop tôt pour parler de ses expériences personnelles avec la rousse.

« - C'est incompréhensible, en effet. »

Quelle guigne que d'avoir un parent moldu... L'écossais n'imaginait pas la honte et la colère que devait éprouver Eleanor.

« - Tu as dit... Avoir bien vu, à l'époque, la haine qu'ils ont envers nous. Tu l'as vraiment vue, ou c'était une façon de parler ? Ils s'en sont pris à toi, à ta famille ? » demanda le garçon intrigué par l'histoire de son interlocutrice.

Evidemment ce n'était pas pour autant que la jaune n'aimait pas énormément sa mère mais avec le temps nombre d'interrogations sur ses choix de vie lui venaient en tête. Les raisons étaient sûrement valables mais compliqués à imaginer pour une fille de son âge.

- J'ai été élevé comme une moldue donc j'ai bien vu à quel point leur haine est palpable. Nous sommes le mal incarné à leurs yeux.

L'information n'allait peut être pas plaire à James mais il avait décidé vouloir en savoir plus sur son cas alors autant jouer franc jeu. Et ça faisait du bien de pouvoir le faire de temps en temps, après tout le vert connaissait déjà une bonne partie de ses origines. Quand à ses histoires de famille, c'était vraiment un sujet très délicat pour elle.

- Mon... Le moldu qui s'est marié avec ma mère et qui m'a donné naissance est un anti-sorcier total. Et...

Elle ne voulait clairement pas appeler son père comme tel. Ses bras se croisèrent autour d'elle même comme pour se protéger et la Poufsouffle tourna le dos à James. Elle ne voulait pas montrer à quel point c'était difficile d'en parler, son visage en était révélateur. Cependant sa voix tremblotante pouvait en donner un bon indice.

- Lui et moi on a découvert que j'étais une sorcière en même temps. J'ai eu ma première manifestation magique en sa présence. Il est entré dans une rage incroyable et... et il a essayé de me...

Sa voix se coupa, ne souhaitant pas prononcer la suite qui serait facilement compréhensible sans qu'elle n'ait à faire l'effort de finir sa phrase.

Sans un mot, James vint déposer sa main sur l'épaule de la jeune fille dont il ne voyait plus que le dos. Une paume gantée synonyme de soutien envers celle qui avait subi ce que personne ne devrait subir. La Folsham n'avait évidemment pas eu besoin de finir sa phrase pour que l'écossais comprenne.

Sa main se serra sur le manteau de la rousse, et d'une voix ferme, il reprit.

« - Tu te vengeras de lui en devenant la sorcière la plus accomplie possible Eleanor. »

Plus il entendait les histoires de ses différents camarades, plus la haine du serpentard envers les moldus se nourrissait. Comment pouvaient-ils s'en prendre à leur propre enfant ? Plus aucun né-moldu ou sang-mêlé n'était à l'abri, et ce dès leur naissance.

« - Et t'es plutôt bien partie. Allez, relève la tête, ces monstres ne méritent pas tes larmes. »

Plein de sympathie, il essayait de remonter le moral de la jaune comme il le pouvait, conscient que c'était de sa faute si elle se retrouvait dans un tel état. L'Ashworth s'en voulait un peu, parce qu'il l'avait expressément mené jusque-là, soucieux de la sincérité de sa camarade quant à sa position par rapport aux moldus.

Bien que la jaune voulait absolument éviter ce genre de réactions, c'était plus fort qu'elle. Ce moment l'avait bien trop marqué. Sa relation avec son père avait toujours été très compliqué avant cet évènement mais il restait son père et un tel geste était traumatisant. C'est pour ça qu'elle se cachait à James, pour ne pas le montrer même si c'était évident et qu'il avait remarqué sa peine. Le geste de son camarade fut bienvenu, tout comme ses mots à son égards.

- Merci... Tu es gentil.

Eleanor renifla bruyamment et se passa la main sur et sous les yeux avant de se retourner au bout de plusieurs secondes en tentant de sourire autant qu'elle le pouvait, bien que son visage porte toujours les marques du chagrin qu'elle venait d'avoir.

- Ma motivation restera toujours intact c'est promis.

Assez rapidement la rousse avait pu se prouver à elle-même qu'elle pouvait devenir un très bonne sorcière mais maintenant il fallait encore le devenir. Et puis pour quelqu'un qui venait de chez les moldus c'était épanouissant de se retrouver à Poudlard, dès lors c'était facile d'être travailleuse.

- Et toi ? T'as connu des moldus ? C'était quoi ta vie avant Poudlard ?

Eleanor ne connaissait rien du passé de James mais il avait déjà évoqué sa connaissance des moldus au sous-sol. Maintenant que les confessions étaient lancées, elle osait demander. La jeune fille craignait toujours ce genre de questions qui pouvaient apporter de lourdes réponses mais s'était elle-même livrée alors c'était plus facile. La jaune se doutait qu'il avait lui aussi de lourds fardeaux à porter. Il n'évoquait jamais ses parents au présent et gardait constamment ses gants, comme bon nombre de personne l'avait remarqué. Mais ses question restèrent plus générales afin que l'écossais réponde ce qu'il était prêt à lui dire.

Les mains du garçon se rejoignirent et refixèrent les gants qui les habillait. Son regard, lui, resta fixé quelques secondes dans celui de la jaune qui venait de se retourner. Il hocha la tête aux questions de sa camarade, puis détacha finalement ses prunelles brunes. Le garçon invita la Folsham à marcher au passage, prenant la direction de Poudlard.

« - J'en ai connu quelques-uns, oui. J'habitais dans les Highlands avec mes parents. On avait une ferme. »

La mélancolie s'était évidemment emparé de la discussion. L'écossais remonta son écharpe pour cacher le bout de son nez, parlant d'une voix étouffée par le tissu.

« - C'était il y a plusieurs années maintenant... »

Il était difficile, à son âge, de quantifier le temps. D'autant plus depuis qu'il vivait au sein du château, tant les minutes défilaient à une vitesse ahurissante.

« - Ces porcs nous ont attaqué de nuit. Je ne leur pardonnerai jamais non plus. »

Sa voix s'était serrée. Le garçon laissa la silence reprendre ses droits.

C'est avec beaucoup de peine que la rousse écouta le récit de James, lui aussi était passé par bien des malheurs, sûrement même plus difficile encore que pour elle. Les mains dans les poches, elle se plaça à coté de lui pour commencer à marcher jusqu'au château tout en l'écoutant.

- Et comment ça s'est fin...

Eleanor se retint de finir sa question, elle voulait lui demander comme cette terrible s'était terminé pour savoir à quel points les conséquences avaient pu être horrible mais c'était sans nul doute très douloureux à se rappeler et à raconter pour le Serpentard. Elle ne voulait pas lui causer plus de chagrins plus que nécessaire.

- Je ne devrais pas te demander ça. Je suis profondément désolé pour ce qui t'est arrivé.

L'écossais y répondrait si il le voulait mais n'avait pas à se sentir obligé de le faire parce qu'elle même s'était confiée. La jaune était triste et en colère, là encore pourquoi les moldus s'en étaient pris à des personnes qui vivaient tranquillement leur vie sans rien demander à personne ? Toute cette violence gratuite la dégoûtait grandement.

Un simple bruit de gorge vint remercier la poufsouffle.

« - Hm. »

Les yeux rivés sur le sol devant lui, les pas du garçon s'enchaînaient sans grande envie. La discussion mise en pause par l'absence de réponse concrète, quelques secondes défilèrent et purent faire naître un sentiment de culpabilité chez sa camarade. Puis le serpentard décida de répondre à sa question.

« - Mal. Ça c'est mal fini. »

La Folsham aurait sûrement souhaité plus de détails, mais l'écossais n'était pas prêt à les donner pour l'instant. Le regard ailleurs et les pensées meurtries par ses souvenirs, le jeune adolescent apprenait encore à digérer ses maux. Il était loin de pouvoir en parler selon sa volonté, souvent plutôt régi par ses émotions. James n'engagea plus vraiment la discussion après cela, souhaitant tout de même une bonne journée à Eleanor une fois arrivés au château. Elle put sentir qu'il ne lui en voulait pas du tout, bien au contraire puisque James lui proposa de se retrouver à la bibliothèque un autre jour pour continuer leur petite aventure.

Aslan se trouve seul devant l'entrée du cimetière, assis sur un petit tabouret. Il regarde au loin , droit devant lui.  L'air totalement perdu dans ses pensées.

Partant pour faire quelques courses pour sa mère, Eleanor passa devant le cimetière auquel était rattaché de forts souvenirs malgré le côté macabre du lieu. Son regard passa brièvement sur Aslan comme elle le faisait avec chaque passant tout en continuant de poursuivre sa route. Cependant quelque chose semblait l'avoir fait tiquer et elle se stoppa nette en observant un peu plus la personne qui était assise là. Elle se décala un peu pour voir le visage de l'inconnu qui n'en était pas un.

- Aslan ?

Durant leur scolarité la rousse n'avait jamais vu le croate se rendre à Pré-Au-Lard aussi tôt avant la rentrée, ce qui expliquait la surprise dans le ton de sa voix.

Aslan lève les yeux vers la voix féminine, après un instant d'observation il reconnaîtra la jaune , Éleanor. Une camarade de promotion.

Peut-être que celle-ci remarquera des drôles de cernes sous ses yeux alors qu'il se lève, ressemblant à des marques noires. Chose qu'il n'avait pas avant.

- C'est bien moi.

Dira le garçon plus brusquement que prévu. Il n'avait pas l'air d'humeur.  Adaptant un ton plus amical et se forçant même un sourire il jette un regard autour de lui.

-Je ne m'attendais pas à te voir dans ce genre d'endroit.  Ça ne ressemble pas à l'image que j'ai de toi.

Eleanor sourit en retour à son camarade tout en notant qu'il avait l'air épuisé, ce qui était forcément étrange quand on était en fin de vacances. Le rictus de la rousse semblait moins naturel qu'à l'accoutumé et un peu plus forcé. Pour le reste elle n'avait pas l'air différente de d'habitude.

- C'est juste que c'est plus rapide de passer par ici pour aller où je dois aller.

A part un souvenir heureux qui en était lié, la rousse n'avait aucune raison de passer du temps vers le cimetière. Elle n'y avait pas de morts à qui rendre hommage et faisait en sorte que ça reste comme ça. Cependant elle rebondit sur la dernière remarque du Serdaigle.

- Et quelle image tu as de moi au juste ?

Un semblant d'amusement et de curiosité se lurent sur son visage.

Aslan laisse quelques instants de silence fendre l'air, comme s'il semble réfléchir à la question de la jeune femme.

Il hausse les  épaules.

-Une belle jeune femme assez talentueuse, mais tu le sais déjà ça.  Une sorcière avec du potentiel.

Aslan ne semble pas offrir ces propos sous un ton de séduction ou de plaisanterie, il dira simplement ce qu'il pense, avec stoïcisme.