Les dortoirs des filles

Les multiples chambres des dortoirs des filles.

Une nuit durant de ce rude hiver, le sommeil de Nymeria Lancaster fut troublé par d'étranges rêves. Elle voyait la nuit et entendait des hurlement terribles. Elle voyait la forêt, et sans pouvoir se contrôler s'enfonçait dans ses plus profondes ténèbres. Elle marchait peu rompue aux déconvenues, mais consciente des dangers tout de même. La peur lui grondait au cœur mais elle ne pouvait s'empêcher d'avancer. Comme un besoin vital. Au secours de quelqu'un, ou de quelque chose. Un grognement animal fit frémir sa chair onirique, mais ses jambes ne cessèrent point leur marche en avant. N'y parvinrent pas même les milles images des monstres immondes lui apparaissant au devant elle sur ce tableau de noir. Rien ne parvenait à troubler sa face impavide. Et puis... après tous ces obstacles, elle atteignit une clairière où elle s'arrêta aux premiers pas. En son centre, elle vit un arbre isolé de tous, flétri asséché, à l'écorce noire, carbonisé, mais portant encore quelques feuillages. Un mal-être grandissait en elle, et s'accentuait à chaque seconde pour trouver son apogée lorsqu'elle vit un serpent ramper à travers la litière forestière. Elle voulut l'arrêter mais n'en eut le pouvoir et dut impuissante observer le vil reptile mordre l'arbre déjà presque mort. Du sang s'échappa du lieu de la morsure, et de toutes parts de l'écorce qui mourait sous le venin du serpent perfide. La terre tout autour de l'arbre commença à pourrir à son tour tandis que le serpent s'échappait sans que personne ne l'importuna. Très vite la clairière entière devint vile, et la maladie atteignit Nymeria aussi. Elle se sentit faiblir. Elle sentit qu'elle perdait son emprise sur la "réalité". Le monde se déroba de sous ses pieds et défila devant elle comme un livre d'images chaotique. Elle vit une armure triste marchand dans un château, elle vit une silhouette hérissée de piques embusquée par une meute de loup, elle vit un grand fauve avec une tête humaine disparaître dans une pyramide, elle vit un serpent de pierre gigantesque, elle vit des marais sous le gel éternel, elle vit des fresques sous marines, elle vit un océan de flammes engloutir une ville immense, elle vit un homme brandir un bâton orné d'une orbe noire puis disparaître sous sa cape, elle vit un louvetau d'un blanc immaculé se fondre dans la neige et disparaître sous elle. Elle ressentit le froid et l'effroi du plus profond de son âme. Elle était éveillée, une longue rivière de larme coulant sous son œil gauche.

Une inspiration profonde, nécessaire, paniquée, comme celles qui s'impose violement lorsque l'on sort la tête de l'eau suite à une immersion prolongée ou involontaire., ou involontairement prolongée. Il fait quasi nuit noire, rien qu'un timide filet de lumière lunaire permet d'y voir à un mètre, juste assez pour permettre à la sorcière de reprendre pieds avec la réalité. Une cloche est entendu malgré l'heure tardive, la seule à l'entendre ne comprendra qu'à rebours que ce ne fut qu'un stratagème de son esprit afin de la pousser à faire quelques chose, à agir avant qu'il ne soit trop tard.

La lionne n'as que faire des protestations de ses camarades de chambre, une plume, un encrier et un parchemin son saisi, le contenant se renverse lorsque la mine y est plonger, noircissant le draps de formes abstraites. Durant une courte minutes Nymeria s'escrime sur le papier, notant en désordre les instants vécus dans l'imaginaire avant qu'ils ne s'envolent pour l'oubli, donnant à la liste des airs de code incompréhensible aux non-initiés. L'encre s'épuise en même temps que les souvenirs s'éteignent et que les larmes s'assèchent, une élève de cinquième années fait savoir à sa cadette comme partager cet espace est un calvaire, que le directeur de maison sera mis au courant mais les menaces de circonstances ne sont que bourdonnement étouffés aux oreilles rougies de la fille des paluds qui essui négligemment sa main tachée sur un pan de la robe de chambre avant de saisir un crapaud blanc comme la lune pour lui asséner quelques caresses nerveuses.

La grincheuse se rendors en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la lionne maintient sa position, parchemin en main et amphibien choyé, l'esprit occupé à lécher ses blessures mentales. Elle ne fermera plus l'œil de la nuit.

Elle put noter la plupart de ce qu'elle avait vu, avec la conviction sereine qu'elle en avait vu davantage. Il ne lui resta de tangible qu'un attrait renouvelé pour la Forêt Interdite. Quelque chose de profond dans son cœur lui intimait qu'elle avait un rôle à jouer dans les profondeurs des bois.

Au petit matin, la voix d'une camarade l'invite à rejoindre le cortège de robe au lion pour rejoindre la Grance-Salle, ce n'est qu'à cet instant que Nymeria réalise qu'elle se trouve debout face à l'une des fenêtres de la chambre, ignorant quand et comment s'est-elle retrouvée là. Au loin l'horizon est une montagne de verdure d'où parvient le chant de sirènes désincarnées, il faudra une seconde et dernière intervention pour que la sorcière aux cheveux d'or s'extirpe de sa contemplation aveugle, serrant encore dans la main droite un parchemin entaché. Ce dernier est glissé dans une manche lorsque l'uniforme est enfilé tandis que sa propriétaire plonge à deux pieds dans une conversation impressionnante de futilité dans l'espoir de chasser les images qui s'imposent à son regard lorsque celui-ci se tourne vers son esprit et, malgré la chaude cape couvrant épaules et l'aide des épaisses pierres du château, la sensation de froid ressenti à l'intérieur d'elle-même ne la quitte.

Elle passera sa journée et les suivantes sans que ce sentiment ne la quitte. Mais elle ne rêvera pas de nouveau, du moins ne s'en souviendra pas.

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