Re: Cours d'étude des runes et des artefacts magiques - Délégations étrangères

Le grenadien feinta une levée de main au moment où Celonia avait pris la parole. Il se ravisa aussitôt quand celle-ci eut terminé.

- Ah! Y'allais dire la même chosse...

Hortense dérogea à sa propre règle qui voulait que les élèves s'installent d'ordinaire à côtés de compatriotes, n'ayant pas encore vraiment fait connaissance. Enfin, au moins celui là semblait il attentif.

Eleanor, d'ordinaire attentive en cours, ne l'était pas spécialement car quelque chose attira son attention et se fut la vision de James et de la française qu'elle connaissait déjà : Hortense. Pourquoi s'installait elle à côté de James ? Est-ce qu'elle convoitait l'écossais ? Parmi tous les élèves présents pourquoi lui ? Il y avait forcément une arrière pensée et ce n'était pas un hasard. Peut être que si ? Elle voyait peut être les choses négativement et pourtant... Pour le moment elle préférait se méfier de la rousse. Après s'être brièvement tourné vers leur table où elle observa la réaction de James face à sa consoeur, elle se retourna.

Présente depuis le début à côté de Maria, Abigail portait comme à son habitude son attention au cours et non pas aux discussions futiles de ces élèves étrangers dont les mumures commençaient à l'agacer... Comme beaucoup de choses en ce moment. Elle avait levé la main pour répondre mais laissa la parole à l'interrogée. Parfois il lui arrivait de conserver sa main levée lorsque certains de ses camarades comme Jude, Augustus ou encore Diego répondaient afin de compléter leurs réponses, avec Celonia ce besoin n'existait pas.

Félix adressa un sourire à Eleanor quand cette dernière se retourna pour regarder James installé devant lui... Ce dernier put d'ailleurs entendre un petit " Pssst"

Darius Shah passa une main dans sa barbe, ses yeux se plissant légèrement en jaugeant Celonia pendant un instant.

— Personne d'autre ? Quoique, c'est plus que ce à quoi je m'attendais... Hum... Si je pose cette question en priorité aux européens, c'est car les runes sont très peu connues et étudiées dans vos contrées. En cela, voyez ce cours comme une introduction visant à vous mettre à niveau. Mais je vois que vous n'êtes pas complètement ignorants sur le sujet.

Il les regarda.

— On qualifie de runique les signes ayant une résonnance particulière avec la magie, comme une gestuelle peut l'avoir avec un sort, notez cette définition. A ce titre, les runes sont surtout écrites. Cela étant dit, vous avez dit quelque chose d'intéressant en mentionnant les alphabets runiques. Ils existent, il est vrai. Toutefois, bien malin celui qui sait si tous les signes présents dans ces alphabets ont des pouvoirs. Voyez vous, en matière de runes, l'essentiel se trouve moins dans ce que l'on en sait que de ce qu'on en ignore.

Bras croisés dans le dos, le professeur faisait des aller et retours dans la salle.

— En effet nous ne savons pas comment ont été découverts, ou élaborés, les alphabets runiques, ni s'ils ont une signification compréhensible par les humains dans le sens où ils pourraient être un langage courant. C'est ici que l'alphabet prend son sens: peut être, élèves français et anglais, connaissez vous les runes scandinaves ? C'est un bon exemple, puisqu'en dépit d'être composé de runes, seules quelques unes d'entre elles disposent réellement d'un pouvoir.

Il sortit de sa poche une petite pierre gravée d'une rune, qu'il activa d'un geste de baguette. la marque se mit à briller et en émana un champ protecteur. Darius mit fin à l'effet.

— Ici, il s'agit d'une rune de protection. Comme vous le voyez, un Protego est bien plus rapide, c'est pourquoi l'on pense que l'usage des runes à pu être supplanté par des formes plus pratiques. Mais alors, me direz vous, pourquoi cette magie, dite si puissante, n'est pas réétudiée pour être répliquée ? Pour la simple et bonne raison que de la même manière que nous ignorons comment ont été créés les alphabets runiques, on ignore encore comment créer une rune. Les vieilles légendes racontent que les quelques runes connues ont été révélées aux anciens par le biais de transes, et que les sorciers des anciens temps pratiquaient notamment des rituels en usant d'encens et de décoctions avec l'espoir d'être frappés d'une révélation.

Il poursuivit.

— Mais dès lors, comment les grimoires et les parchemins de sorts peuvent ils exister ? Là encore, nous n'en savons rien, si ce n'est qu'ils relèvent d'un assemblage d'écritures runiques. Voyez une rune simple comme une lettre, ou au grand maximum un mot. Les parchemins sont tels des phrases, et rédiger cela avec uniquement des runes dotées de pouvoir relève... de l'impossible pour nos connaissances actuelles. Tout au plus sommes nous capables d'utiliser une par une les runes dont nous connaissons le sens.

Il se tourna de nouveau vers Celonia.

— Vous avez également raison concernant la durabilité de la magie contenue dans les runes. Dès lors qu'elle est écrite, la magie pourra facilement perdurer à l'intérieur. C'est également toute la problématique lorsque l'on cherche à tracer des runes. Il faut à la voir marquer le support correctement et parvenir à y insuffler de la magie. Aussi les rares runes que l'on sache utiliser de nos jours ne permettent que des choses simples, au niveau des arcanes communes, mais avec une durabilité sans commune mesure.

Tournant la tête par-dessus son épaule, James reconnut rapidement le jeune troubadour amateur de vomis intempestifs. Il lui laissa une courte fenêtre pour s’exprimer, lui faisant bien comprendre - du regard - qu’il le dérangeait.

Félix ignora les paroles de Darius.

- Tu peux te décaler un peu vers machine s'il te plait ? Je vois mal les gravures derrière Monsieur Chat.

Ou la raison était tout autre.

Sa concentration se fixa sur la réponse du professeur qui l'intéressa particulièrement, surtout quand ça concernait une magie nouvelle. Pour elle ça se rapprochait un peu des enchantements, bien que la méthode et les effets ne soient pas les mêmes. Le plus curieux était de savoir qu'on ne connaissait pas l'origine de cet art et finalement assez peu de choses tout court à ce sujet. Jusqu'où pouvait aller une telle magie ? Avec quelle puissance ? Elle observa, fascinée, le petit numéro de l'enseignant avec son caillou, et nota scrupuleusement tout ce qu'il avait expliqué.

L’écossais perdit rapidement tout intérêt envers le musicien et revint à son carnet, dans lequel il reprit ses travaux. Travaux qui n’avaient en réalité pas grand chose à voir avec le cours qui venait de commencer, qu’il écoutait tout de même d’une oreille.

Jo tentait de prendre des notes sur un papyrus, mais la surface était bien différente du parchemin auquel il était habitué. Il faisait de son mieux pour éviter les pâtés et les tâches d'encre.

La jeune Harpis hocha la tête avec intérêt en écoutant les explications du professeur. Effectivement, le lien entre les runes et le parchemin qu'ils avaient trouvé dans la pyramide était évident. Pourtant, des millénaires séparaient la construction des premières pyramides avec les civilisations scandinaves. Le savoir avait sans doute était altéré, mais peut être que la base était restée la même ? Elle se demanda un instant si certains phénomènes magiques inexplicables ne pouvaient pas trouver leur origine dans des runes qui n'avaient, simplement, pas pu être formellement identifiées... D'ailleurs, le vague souvenir d'une importante famille britannique d'origine scandinave qui devait sa notoriété à un exploit magique sans commune mesure lui revint en tête. De qui s'agissait il déjà ? Elle fronça les sourcils, sa mémoire lui faisait défaut.

Soudain, un autre souvenir lui vint en tête... Le golem... Il était là depuis des siècles, certainement. Peut être était-ce une rune qui avait permis à la magie l'animant de le garder en sommeil si longtemps ? Tant de questions pour si peu de réponses... Cette discipline était délicieusement frustrante.

Elle avait, évidemment, consciencieusement concilié tout les points qui lui paraissaient pertinents sur le parchemin contre lequel sa main grattait machinalement.

Cette fois, Aiko leva la main.

— Professeur, qu'en est il de notre Calligraphie Magique ? Si j'ai bien compris, il s'agit de magique runique ?

Le jeune fille semblait pour le moins sérieuse, et rigoureuse, un peu comme Abigail mais dans un style plus strict et formel.

Le professeur se tourna vers la classe.

— Pour donner du contexte. Les Japonais savent utiliser des amulettes, qui sont des sorts inscrits sur du papier. Il revint vers Aiko. Oui, c'est bien de la magie scripturale, et c'est sans doute la forme de magie se rapprochant le plus des runes originelles. Toutefois, il relèverait de l'abus de langage que de qualifier les amulettes de véritables runes.

Il fit une pause avant de poursuivre.

— Certes, les idéogrammes asiatiques semblent capables de contenir la magie d'une manière plus efficace que les langues occidentales. Mais ces moyens sont beaucoup moins puissants et durables que les runes originelles. J'en tiens pour preuve que, des entretiens avec vos professeurs, j'ai retenu que le support de l'amulette était systématiquement détruit à l'utilisation. De plus, leur usage ne dispense pas d'une certaine maîtrise, notamment en ce qui concerne les objets enchantés, sans compter les problèmes causés si l'utilisateur de l'amulette ne l'a pas calligraphiée lui même.

Il continue en réfléchissant :

— En revanche, les parchemins et grimoires de sorts, eux, ont généralement des effets plus puissants. De ce que j'ai compris de votre magie, c'est que l'intérêt principal des amulettes réside dans la possibilité de préparer des sorts à l'avance, ou de sceller des choses, là où un ouvrage runique permet le lancement d'un sort généralement complexe et puissant.

Il revint de nouveau vers la petite assemblée.

—Des questions ?

- Comment se fait-il que la magie runique se soit évanouie au fil des âges ?

Lança Schtauffen après avoir levé la main, assis à sa table depuis le début du cours, son silence enfin brisé.

De la magie à partir d'amulette ? Eleanor était déjà curieuse de voir son fonctionnement et les effets que ça pouvait avoir. Il ne faisait aucun doute qu'en discuter prochainement à des élèves japonais, peut être avec cette Aiko, ferait partie de ses objectif. D'autant plus que ça semblait se rapprocher de cette magie runique. Elle écouta et nota attentivement la réponse donnée à la nippone avant de tourner le regard vers Dante puis vers leur professeur.

De son côté elle leva la main une fois qu'il se fut occupé de son camarade de Poudlard et posa sa question quand on le lui autorisa.

- Est-ce que la magie des runes à un quelconque rapport avec la Magie Ancienne ?

Elle-même en était affublée et finalement pouvait lui donner vie à travers des partitions, ce qui semblait se rapprocher de la magie scripturale. Et puis que ce soit les runes ou ça, c'était dans les deux cas quelque chose qui semblait perdu ou oublié.

Devancée par ses deux aînés, Celonia n'avait pas d'autres questions.

James se contentait de griffonner, comme bien souvent.

— Plusieurs théories. Répondit il d'abord à Dante. La première, que les langues runiques aient disparu naturellement par souci de commodité car ne pouvant pas être utilisées de manière courante. La deuxième, la difficulté d'utiliser et de tracer des runes, qui ont pu être supplantées par le développement de la magie gestuelle et des baguettes. La troisième, certaines théories affirment que la magie change de nature avec le temps, et que les runes aient pu en souffrir. Enfin, les runes ont pu n'être utilisées que par des cercles d'initiés qui n'ont pas réussi à transmettre leur savoir pour quelque raison que ce fut. Cependant, dès lors qu'on ignore beaucoup de choses sur l'existence des runes, difficile de savoir pourquoi elles ont disparu. On ne sait pas d'où sortent les parchemins et livres de sorts par exemple, et la vérité est sûrement un mélange de tous les facteurs évoqués.

Il écouta ensuite la question d'Eleanor.

— Les Magies Anciennes peuvent avoir un lien avec toutes les autres formes de magie. Dès lors, elle peut s'exprimer à traves la magie runique, en effet. Si personne n'a d'autres questions, vous pouvez sortir, en silence. Nous nous retrouverons plus tard.