Le sommet de la tour

A la fin du jour, lorsque les températures baissent progressivement en permettant aux fragiles de la ville sorties et emplettes sans craindre pour la santé, les étudiants locaux comme étrangers peuvent comme chez eux se permettre quelques déambulations innocentes. Nymeria est de ceux là, chaque soir est une occasion de se familiariser avec les lieux et les visages et c'est effectivement une nouvelle place qui lui apparait mais une silhouette connue qui en profite à l'instant.

Celonia as pu entendre sa camarade venir malgré la discrétion de la blonde, cette dernière semble hésiter une seconde à faire demi-tour par crainte de déranger, pour finalement poursuivre son objectif en approchant la Serdaigle. Les deux jeunes femmes ne sont pas amies, du moins d'après les conclusions de la lionne, les sujets qui occupent leurs pensées respectives semblent tant éloignées que cet oasis et les rares nuages roses et violets qui le surplombe en cette soirée, pourtant la femme des marais partage ses songes sans la moindre honte tout en portant son regard au delà de la civilisation.

-L'autre matin alors que je marchais à proximité du désert, un garçon sur une de ces étranges montures bossue m'as approchée. Il m'as affirmer qu'auparavant cet oasis couvrait les terres à pertes de vue, qu'il y avait des chemins et des maisons, des arbres et des rivières, que les gens allaient nager dans ces rivières, qu'elle était fraiche et descendait de la montagne, qu'il y avait des galets dans le creux de chaque cascades, qu'il y avait de l'herbe et des fleurs et de l'eau et des pierres et des arbres et des oiseaux.

Une fresque qui pourrait couvrir l'un des murs de Beauxbatons, une déclarations difficile à croire car si cela as vraiment existé, cela fus lors de temps que les anciens des anciens n'ont connu. La blonde poursuit de sa voix grave au rythme lent qui est le sien.

-Maintenant il n'y as plus que du sable. Alors je me dis que si j'étais oiseau je pourrais monter, monter haut dans les cieux et finir par me cogner contre une voute de verre puis, en cherchant bien, trouver une petite ouverture d'où coulerais des grains de sable.

La rouge se tourne en direction de la jeune Harpis, le regard aussi pétillant qu'interrogateur.

- Il serait dommage de ne pas vivre pleinement avant d'être englouti.

Des années de filatures endiablées dans les couloirs de Poudlard lui avaient conféré un certain talent pour la furtivité à tel point. A force, elle se sentait obligée de faire plus de bruit que nécessaire à l'approche de quelqu'un par peur de le surprendre. Soucieuse et observatrice elle était aussi très alerte, même lorsque son attitude semblait supposer l'inverse. Dès lors, ses tympans se mirent à vibrer alors que son regard continuait de se perdre dans les déclinaisons verdoyantes du lointain havre de vie ; Quelqu'un venait. Les pas étaient calmes, maîtrisés et ils n'avaient pas cet écho bourru qu'elle avait appris à reconnaître entre mille. Une fille, peut être ?

Elle se retourna doucement, comme pour indiquer qu'elle n'était nullement gênée par la venue du nouvel arrivant et c'est le visage de Nymeria qui apparût. Amie, pas amie ? Celonia ne se posait plus vraiment ce genre de questions. Elle avait assisté à de nombreuses scènes, à de nombreux rire francs entre deux enfants enjoués dans les couloirs du château, à deux chuchotements marqués de sourires narquois derrière un pupitre mais, elle, ne se souvenait plus la dernière fois qu'elle avait pris part à une telle activité. Peut être cette fois, au bord de cette fenêtre, avec cette serpentard à la chevelure fuligineuse, aux mots habiles et au visage blafard, mais c'était si loin...  

Elle écouta la petite histoire qui lui fut contée, son regard repartant vers le désert qu'elle observait tantôt pour y imaginer la scène qui lui fut décrite. Ce qu'elle aimerait que sa capacité lui permette de voir ces choses là, aussi... Elle laissa la lionne terminer en silence puis réprima un roucoulement amusé.

- C'est amusant. Elle posa ses avants bras sur les rebords et continua de toiser l'horizon. J'ai toujours dit que la possibilité d'être libre était ce qui me motivait à fournir tous les efforts que je fournis. Comme ce petit oiseau qui cherche avec acharnement une fente dans la voute de verre... Elle marqua une pause. L'autre jour, un garçon m'a demandé ce que je ferais de cette liberté, si je l'obtenais.

Elle se retourna vers Nymeria, un sourire un brin goguenard gravé sur les lèvres.

- Que fait le petit oiseau maintenant qu'il vole au dessus de la voute ? J'ai répondu au garçon que je virevolterais ça-et-là. D'abord, en balais, chez mes parents, puis je bougonnerais en cariole vers le Sud, peut être dans l'espoir de traverser la Manche. Après cela, je partirais en déshérence vers les pays glacés de l'Est puis je reviendrais me réchauffer du soleil d'ici. Enfin, j'assisterais à des réceptions grandioses où des lunatiques auraient atterris dans une cour à dos d'hippogriffe et d'autres ; Plus piteuses, où un elfe de maison maladroit aurait renversé une pièce montée sous le regard désemparé d'un hôte un peu fat.

Le sourire de la Harpis s'agrandit encore un peu plus.

- Je pense que le petit oiseau ferait ça. Il virevolterait et gazouillerait jusqu'à avoir assez de mémoires de beaux voyages, de doux marivaudages et d'horizons colorés pour se reposer à l'abris de la mélancolie.

Une discrète risette pointe aux coins des lèvres de Nymeria, provoquée par le phrasé du papillon aux yeux de jade, agréable à entendre, étoffé et affiné avec les printemps passés. Celonia donne donc sa vision de la perfection, une existence que l'on revivrai à l'identique par la magie des souvenirs, la moindre minutes appréciée de nouveau, qu'elle s'inscrive dans le meilleur comme le pire.

Le père Lancaster aime à répéter que l'enfer des moldus, au sols enflammées et peuplés de monstre est un purgatoire injuste, fruit d'esprit limités lorsque est imaginé le créateur comme responsable de toute chose. Le patriarche prétend que le véritable abyme de désespoir est aperçu le dernier souffle n'est rien d'autre que la rencontre avec la personne que l'on aurait pu être. Le seigneur sybarite se voit conquérant, la femme aux mœurs légères se vois choyée par les progénitures issu d'une vie rangée..
En cet instant de confidence vespéral, la lionne aux yeux hazel se sent comme sur le point de passer la baguette à gauche. Aurait-elle pu devenir une Celonia Harpis, celle dont la blonde avait longuement jalousée -sans se l'avouer- l'attitude et l'esprit, dont les rêves de liberté sont simples et suffisant pour permettre de qualifier son existence de bonne si ces souhaits venaient à l'exaucement ? Peut-elle encore se détourner de la destinée choisie pour une vie où des désirs simples ne bénéficierait qu'à elle.. ? Aucunes réponse ne lui viens, les dés sont pipés et la responsable est celle qui les lances pour elle-même.

A présent le sourire qui illumine la bleue ne peut que être imité, la blonde imagine les événements de la vie rêvée avec une netteté hallucinante, une vie qui conviendrai à la femme du monde en devenir qu'est la Serdaigle.

-Il sera libre très bientôt n'est-ce pas, ses battements s'éloignent déjà de nos oreilles.

Celonia plane déjà au dessus de la majorité des étudiants de Poudlard, ce n'est pas flatterie de le dire à celles qui le sait mais dont l'éducation freine la possibilité de l'exprimer de vive voix, ainsi son aînée le fait pour elle.

Avant cela il va remporter haut la main l'épreuve qui lui est proposé, je me trompe ?

La liste des champions promet victoire sur victoire, la premières à devoir gagner le point as la confiance de la délégation entière, du moins celle des élèves qui la compose à n'en point douter.

- Cela lui fera un courant idéal pour prendre de l'altitude.

Celonia écouta Nymeria avec une attention bienveillante et celle-ci prononça des paroles qui piquèrent sa curiosité. Son sourcil fin se haussa délicatement, dessinant une fine arche d'étonnement sur son visage. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, trahissant une question silencieuse. Un léger froncement plissa son front, ajoutant une touche d'intensité à son regard jadéite. Elle inclina légèrement la tête, comme pour mieux considérer les propos qui lui étaient exposés, tandis qu'une étincelle de curiosité dansait dans ses yeux. Effectivement, elle avait déjà l'impression d'avoir pris son envol. Le soir où ils avaient pris d'assaut le camp des lucioles... Son attitude, sa froideur, sa détermination et son départ précipité lorsque tout fut fini au lieu de prêter attention aux doutes et aux malheurs de ses deux camarades... Elle n'était plus sur le même plan qu'eux.

- Rien ne sert de se presser.

Le tournoi. D'un geste las, Celonia passa une main distraite dans ses cheveux ambrés et grossièrement voilés, laissant retomber une mèche rebelle avec nonchalance. Ses épaules se soulevèrent dans un soupir à peine audible, exprimant toute l'indifférence qu'elle ressentait pour la chose. Jusqu'alors brillant, son regard s'obombra d'une indifférence sereine.

- J'aimerais pouvoir prêter autant de symbolisme à l'épreuve qui vient. Elle n'est rien de plus pour moi qu'un moyen de marquer ce voyage, plus encore.

Son sourire, habituellement chaleureux, se fit l'ombre de lui-même, teinté d'une altière désinvolture qui disait plus que des mots ne l'auraient pu. La gloire de Poudlard, de l'Angleterre, du monde sorcier, même. Tout cela avait perdu de sa saveur à mesure que la vie lui avait offert ce lot de désillusions dont les enseignements avaient été si riches. Il n'y aura jamais plus que pour elle qu'elle se battra véritablement.

- Cependant... Elle s'illumina de nouveau. J'espère que je pourrai compter sur ta voix et celle des autres, j'y tiens beaucoup !

Les acrobaties faciales de l'érudite ne sont perçues par les yeux de la sorcière enturbannée qui semble absorbée par le panorama, malgré cette impression cette dernière est tout ouïe et ne manque les subtilité dans les changements de ton, cependant à l'instar de sa camarade les interrogations sont tus. Le peu d'intérêt qui est porté à l'épreuve du tournoi mais aussi l'enthousiasme de l'espoir nourri de s'entendre encourager par ses compatriotes, autant de subtilités bavardes quand au désirs de la couturière qui vois son ainée tourner le regard en sa direction avec un sourire:

- Cela va de soi!

Nymeria sera aux première loges pour soutenir la championne et si par malheur la délégation britannique est reléguée au fond des gradins, alors ils feront en sorte que l'Egypte entière les entendent, d'une façon ou d'une autre. Un vent chaud s'engouffre dans la place comme pour meubler l'instant qui suis durant lequel la femme aux cheveux de soleil semble soudainement soucieuse, comme mesurant le poids de ses mots avec minutie, avant de reprendre la parole.

- L'éclaircie vient après la pluie, c'est une certitude. Tu peux tout de même essayer de t'élever assez haut pour surplomber les nuages, cela te permettrait d'éviter de te mouiller.

Le regard pailletée de poudre dorée cherche à capter celui de Celonia, une certaine gravité émane des iris de la rouge qui espère visiblement faire passer un message.

Quoiqu'il s'agisse plus d'une platitude à ses yeux qu'autre chose, savoir que ses camarades seront derrière elle lors de son épreuve l'apaisa quelque peu. Assez pour élargir un sourire qui ne la quittait plus. La suite des propos qui lui furent adressés, cependant, étaient plus énigmatique et le regard lourd de sens que Nymeria lui voua alpagua son attention comme sa curiosité.

- J'ai toujours su voler au dessus des nuages, mais il y a parfois des intempéries impromptues et des vols mal accompagnés.

Répondit elle d'un ton intrigué et un brin perturbé. Il était rare que la lionne prenne ce genre de ton. Savait elle quelque chose de compromettant à l'égard de la Harpis ? Si tel était le cas, elle devait s'en assurer... Maudits soient Jude et Eleanor et maudites soient les lucioles... Elle avait raison de ne vouer aucune confiance à chacun d'entre eux.

- Je me demande d'ailleurs... Où se situe le lion impétueux dans ces tumultes ?

Les termes restes imprononcés, astuce de diplomates permettant de laisser une issue de secours aux interlocutrices en cas de complications quelconques, de fait Celonia ne peux que déduire à l'aide de son intelligence qu'elle a grande. Sa camarade ne la quitte des yeux, la fixe de cette manière pouvant donner l'impression qu'une vérité caché pourrait apparaitre à travers le regard de l'interlocuteur, avant de se détourner avec un léger soupir nasal pour se poser sur l'horizon à nouveau.

- Il grandit et prend des forces, son entrée en scène ne devrais plus tarder.

Quelques dizaines de mois encore pour profiter des savoirs et des amitiés, viendra ensuite la plongée dans les eaux du monde extérieur, ses typhons et vagues scélérates. La rouge se sent partagée entre le désir de rester sur la berge et le besoin de piquer une tête, en réalité elle s'y trouve déjà jusqu'au cou comme la majorité de ses camarades mais à des encablures de la Serdaigle qui n'as de fragile que son apparence.

- Il devra faire en sorte que chacun ai un abri, particulièrement ceux qui ignore leurs propres nature.

La vision de la brune sur l'importance des sangs et des statuts est inconnue mais cela ne retiens la femme des paluds, l'éclat de sa réputation ne figure pas sur sa liste des indispensables à son bien être.

La lionne était en train de remporter haut la main ce jeu de métaphores ce qui n'était pas vraiment du goût de l'oisillonne. Cette conversation, dont elle n'avait pu anticiper la direction, était en train de se retourner contre elle, ce qui n'était clairement pas ce qu'elle avait espéré. Les allusions de Nymeria enflammèrent l'esprit vif de l'érudite dont le regard n'était plus disposé à se vouer à l'horizon. Son esprit eut du mal à capter les intentions sans doute bienveillantes de Nymeria. En réalité, même le regard azuré et porteur de tant d'informations de la jeune fille des paluds devint bien vite une vision qu'elle n'arrivait plus à supporter. Une seule question persistait, alors : Qui ? Jude l'avait convaincue de sa bonne foi dans le navire. Pour tout dire, elle avait même été agréablement surprise par son camarade...

Non, la véritable responsable de cette étrange conversation ne pouvait qu'être Eleanor. La petite sotte trop gentille pour son propre bien. La petite sotte à qui l'insigne jaune allait si bien. La petite sotte qui avait voulu être plus que ce qu'elle n'était réellement. Les doutes du jeune Leigh quant à l'implication de l'Ashworth prenaient maintenant sens. Ce dernier accusait sans doute Abel pour couvrir la blairelle.

Elle resta pensive quelques instants, sans doute Nymeria pensera-t-elle que la jeune Harpis considérait ses dernières paroles. Un étrange rictus affligea le minois de la jeune fille dont la narine droite se mit à battre convulsivement, étirant ses lèvres en une grimace peu ragoutante.

- Rien n'est pire que d'ignorer ce que l'on est.

Souffla-t-elle finalement d'une voix maîtrisée dont la tonalité sembla elle même la surprendre tant toute son attention persistait dans ses propres pensées. Elle gratifia Nymeria du sourire le plus aimable qui soit tandis qu'elle réprimait un rire nasal qui ne s'ouvragea que par un souffle saccadé.

- Les ambitions du lion feront chatoyer la noblesse de son âme, cela ne fait aucun doute.

La jeune Harpis adressa un regard reconnaissant à celle qu'elle voyait autrefois comme une amie puis fit un pas hésitant, rapidement suivi d'un autre, plus assuré. Il fallait qu'elle se retire, elle avait beaucoup à penser.