Sous le Grand-mât

Le grand-mât du Belem, imposant et noble, se dresse comme un symbole de puissance et d'aventure. Témoin des périples passés, il arbore avec fierté les marques du temps et les cicatrices des tempêtes. Tel un gardien silencieux, il guide le navire à travers les flots tumultueux, portant sur ses voiles les rêves et les destins des marins intrépides ; ainsi que désormais, ceux des sorciers itinérants.

Une chevelure flamboyante s'approcha du penseur, le faible bruit de ses pas masqué par la houle qui s'abattait contre le navire. Arrivant de derrière, Eleanor fit remarquer sa présence au moment où elle s'exprima et vint se placer aux côtés du rouge en maintenant son regard sur cet horizon qui ne changeait jamais mais dont la beauté certaine demeurait inlassablement.

- Voilà donc la plus grande aventure du Wyvern Club qui commence...

Nul besoin d'être dans la tête de son congénère préfet pour savoir ce que lui faisait de vivre un tel voyage. Déjà pour quelqu'un comme elle c'était quelque chose d'absolument incroyable, alors imaginer les sensations que cela procurait à Dante était quasiment impossible. Et elle en savait quelque chose car partageant une cabine avec leur amie commune. Qui n'était pas le seul non plus puisqu'il y avait Jude également. Deux des personnes dont la Poufsouffle était proche l'étaient aussi avec le Gryffondor. Pourtant ils ne l'étaient pas spécialement eux mêmes car se voyant peu.

- C'est quoi ta plus grande découverte à Poudlard ?

Son visage se tourna vers son interlocuteur, curieuse de la réponse.

Perdu dans ses pensées, la rousse avait toute la latitude de l'en sortir et ce fût ce qu'elle fit. Son regard, tel un phare sur l'horizon, se détourna pour se poser sur Eleanor, à qui il offrit un sourire avant de revenir à la contemplation de l'étendue d'eau qui s'étendait devant eux.

- Et possiblement la dernière, déclara-t-il avec une pointe de mélancolie dans la voix. Les années filaient à toute allure, et bientôt la promotion de Dante arriverait à son terme. La question de sa camarade le tira légèrement de sa rêverie, le forçant à émerger de ses souvenirs. Il repensa alors aux innombrables péripéties partagées : les quêtes de mystères dans le large domaine, les récits captivants de Carlos et Jude lors de leurs traversées de tableaux, les escapades risquées en Forêt Interdite, les dédales cryptiques et obscurs des sous-sols du château, et tant d'autres aventures encore.

- Tu me poses une question assez complexe, répondit-il après un moment de réflexion.  Je n'ai à vrai dire pas de 'plus grande' découverte en tête. Ce sont plutôt une succession d'expériences qui s'entrelacent pour former un tout indissociable.

Il ne savait pas si cela ferait sens dans l'esprit de la Poufsouffle mais c'était plutôt comme ça qu'il voyait la chose.

- Et toi alors ?

La préfète ne pouvait que comprendre cette appréhension de la fin et la mélancolie qu'on ressentait déjà par anticipation, d'autant plus que c'était sa dernière année qu'elle ne passerait même pas en Ecosse.

Une moue un peu déçue se lu sur son visage à la réponse suivante. Il y avait sûrement des histoires intéressantes à écouter et même si Jude ou Nymeria lui en racontaient, il devait forcément y en avoir qu'elle ne connaissait pas. Peut être un jour aurait elle l'occasion d'en savoir plus. La question en revanche fit poindre un petit sourire chez la Poufsouffle.

- J'ai pas vécu grand chose en aventure comparé à toi mais... j'ai déjà eu l'occasion de voir des choses incroyables.

Eleanor n'eut pas à réfléchir pour savoir quoi répondre et avait l'attitude de quelqu'un qui avait une anecdote croustillante à partager et faisait un peu durée le plaisir avant de partager son expérience.

- Si je te dis que j'ai eu une aventure qui m'a emmené dans les murs du château, à Pré-Au-Lard et dans une forêt labyrinthique ?

Peut être que leurs amis communs lui en avaient déjà parlé mais elle espérait que non afin d'avoir la joie de la raconter. Un long périple sur plusieurs semaines qui l marquera à jamais et continuerait de la suivre à vie.

Alors qu'elle entamait sa réponse, un souvenir fugace s'insinua dans l'esprit de Dante, celui d'un risque inconsidéré qu'il avait pris autrefois pour un morceau de papier futile. Il l'interrompit brièvement, capturant un instant de la conversation pour partager cette anecdote.

- Ah, j'ai une fois sauté depuis une échelle au-dessus d'un précipice dans les sous-sols du château, confia-t-il. Le trou était abyssal, à tel point qu'on n'y voyait même pas le fond. Si je m'étais raté, je ne serais probablement même pas sur ce bateau, et l'administration de Poudlard m'aurait probablement déclaré disparu.

Un frisson d'audace imprudente avait marqué sa deuxième année, une action téméraire qu'il n'avait jamais regrettée, malgré sa nature périlleuse. Lorsqu'elle mentionna ensuite son propre exploit, une aventure qui lui était inconnue, Dante se tourna vers elle avec un intérêt évident.

- Je t'écoute, annonça-t-il, offrant toute son attention à ses paroles.

La façon dont Eleanor visualisait la scène qui lui é tait décrite lui laissait penser que le jeune Dante de l'époque avait peut être était un peu trop imprudent mais bon c'était un Gryffondor après tout, il ne fallait pas s'en étonner.

- J'espère que ce genre de risque n'est pas quelque chose de régulier...

En tout cas cette histoire de trou tombait à pique pour qu'elle puisse faire sa transition et passer à son histoire.

- Mais du coup mon histoire commence aussi par un trou abyssal. J'étais au sixième je crois ? Bref j'ai entendu une sorte de chant plaintif venir d'un mur. Je me suis approchée et je me suis fait aspirer par le mur et c'est là que j'ai fait une longue chute dans le noir complet. Une minute ? Deux ? Cinq ? Je ne saurais pas te dire. En tout cas j'ai fini par arriver en douceur en bas. J'étais sur un chemin entouré par un océan d'une sorte d'huile noire. Il y avait juste au bout une lumière vive qui traversait les ténèbres. En me rapprochant j'ai fini par voir que c'était une silhouette humaine éthérée

La rousse aimerait faire plus court mais de nombreux détails étaient importants à raconter pour ne pas que ce soit trop confus à comprendre car son aventure sortait clairement du commun.

- Je n'avais jamais vu "quelqu'un" porter autant de souffrance. J'ai pu lui parler et ça faisait des siècles qu'il était dans ces ténèbres seul, au point de perdre la quais totalité des souvenirs de sa vie de vivant. Pour te faire court j'ai pu comprendre que c'était un guerrier musicien qui a subis une mort particulièrement horrible. Et pour le libérer de cette malédiction je devais jouer quelque chose.

La rousse marqua un temps de pause le temps de sortir de son sac sa lyre qui l'accompagnait à tout instant. Le fait qu'elle puisse la sortir directement pouvait montrer à quel point elle y était attachée.

- J'ai accepté de l'aider et je me suis retrouvée avec cette lyre sur une plateforme où il y avait un piédestal en pierre où il y la partition d'une courte mélodie. Le temps de m'habituer à l'instrument j'ai pu la reproduire et la jouer en boucle. C'est là que j'ai revu l'esprit souffrant, dont j'apprendrai plus tard qu'il se nomme Mikau, qui semblait libre du poids qu'il portait. Il m'a remercié avant qu'une image se manifeste, une image des gens qu'il a connu par le passé. Il se faisait acclamer par toutes ces personnes et je n'ai jamais vu quelqu'un exprimer autant de bonheur. Une lumière blanche a envahi la totalité des ténèbres et m'a renvoyé dans le couloir où j'étais avant. J'aurais presque cru à un rêve si je n'avais un nouvel instrument qui m'avait accompagné pour mon retour.

La lyre en question donc. L'histoire aurait pu se finir ici et être déjà incroyable mais ce n'était pourtant pas le cas.

- Cependant avant de prendre conscience j'ai eu une vision de deux autres êtres qui attendaient aussi que je vienne. Et tout ça n'était que le début...

Une première partie déjà bien fournis alors qu'elle guetta la réaction de Dante à son récit. Peut être ne serait elle même pas cru ? En tout le visage de la rousse reflétait une joie certaine à l'évocation de ce souvenir. C'était un moment très beau tout en lui donnant la fierté d'être celle qui avait apporté ce bonheur et cette liberté à cette âme en peine.

Dante écouta attentivement le récit qui lui était conté, les mains jointes autour de son genou redressé sur le tonneau. La jambe suspendue dans le vide oscillait doucement, comme un métronome rythmant le récit. Par moments, il opinait de la tête pour montrer qu'il était pleinement absorbé par l'histoire, jusqu'à ce qu'elle touche à sa fin.

- Tu vas me rendre envieux maintenant, ton aventure est fabuleuse ! s'exclama-t-il finalement. Je veux en savoir plus désormais. Pourquoi Mikau s'est-il retrouvé enfermé ici après avoir été maudit et tué ? Pour quelle raison le maléfice s'est-il vu levé après que tu aies joué de la lyre ? Ne pouvait-il pas le faire lui-même ? Et comment cette lyre que tu as obtenue a-t-elle pu se matérialiser pour toi ?

Les questions fusèrent de sa bouche sans prendre le temps de marquer une pause, témoignant de son désir insatiable de comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire extraordinaire. Puis, après un bref instant de réflexion, il ajouta : Et surtout, qu'est-ce qu'il s'est passé avec les deux autres êtres ?

Visiblement l'explorateur avait su apprécier son histoire, ce qui forcément lui fit plaisir car elle craignait que ce soit confus ou paraisse trop irréel. Mais quand on avait passé autant de temps à Poudlard que Dante ça devait être plus facile à croire car on savait que le château regorgeait de secrets et de mystères incroyables. En tant que fondateur du Wyvern Club il le savait.

- Malheureusement je n'ai pas la réponse à toutes les questions ou des suppositions au mieux. Pour le fait qu'il se soit retrouvé au sein de Poudlard je me dis qu'il a du mourir à l'endroit où Poudlard a été construit et que donc ça remonte à au moins 700 ans. En faisant des recherches j'ai pu retrouver son nom et le fait qu'il faisait partie d'une sorte de troupe en tant que musicien/guerrier à une époque où les mages noirs étaient légions et faisaient selon leur bon vouloir.

Pas de Conseil ou de police, les gens étaient livrés à eux-mêmes et devaient se débrouiller face à la menace qui pouvait leur tomber dessus chaque jour.

- Ils ont vécu une vie compliquée où ils étaient même repoussés par ceux de Pré-Au-Lard quand ils venaient faire leur représentation. Bref je vais pas te raconter le moindre détail mais pour l'avoir libéré je pense que c'est parce que cette mélodie était assez forte pour contrer ce qui le rattachait ici. Ca semblait être une œuvre qui lui tenait à cœur mais qu'il n'a jamais pu finir. Elle était d'ailleurs incomplète et magique mais j'y reviens. Pour la lyre là encore je suppute seulement mais il a dû mourir avec l'instrument sur lui et dans son état ne pouvait pas en jouer. Ou alors ça devait venir de quelqu'un d'autre.

Trouver des informations sur quelque chose ou quelqu'un qui datait d'il y a aussi longtemps était particulièrement compliqué et pourtant c'était pas faute d'avoir beaucoup essayé.

- Et bien les deux autres je les ai trouvé au cimetière à Pré-Au-Lard et dans une forêt à l'extérieur de Poudlard et tiens toi bien car il s'agissait de sa femme et de son fils ! Chacun m'a appris un morceau de mélodie qui venait compléter celle que m'a montré Mikau. Le Chant de l'Apaisement que ça s'appelle. Finalement je me suis retrouvée avec les fantômes des trois beaucoup plus détendus et nous avons joués la musique complète tous les quatre, c'était un moment merveilleux. Et ils ont finis par disparaître tous les trois ensemble, enfin réunis.

Cette scène de bonheur la faisait toujours frissonner et resterait un souvenir qu'elle ne pourrait jamais oublié.

- Ton récit est empreint d'une tristesse poignante, mais aussi d'une beauté qui transcende les mots. Il semble que le destin t'ait offert une expérience d'une profonde intensité pendant tes années d'école. On ne peut s'empêcher de penser que de telles épreuves ont forgé en toi un lien indéfectible avec la musique.

Il leva les yeux vers le firmament scintillant, où les étoiles semblaient danser leur propre ballet céleste. Une lueur de contemplation illuminait son regard tandis qu'il tissait des liens invisibles entre les étoiles, créant ainsi un symbole éphémère dans la voûte céleste.

- J'aimerais vraiment entendre cette mélodie enchanteresse, ce Chant de l'Apaisement dont tu parles. Peut-être qu'à l'occasion tu pourras me la jouer ?

Effectivement la jeune Eleanor avait eu l'occasion de vivre des émotions totalement opposées avec cette histoire qui aura été sa première aventure magique et lui aura fait comprendre à quel point la magie pouvait être grande et lui permettre de faire des choses belles et importantes. Il était clair que sans ça la Poufsouffle ne serait pas totalement la même à l'heure actuelle.

Et même si la rousse l'avait omis, par respect pour sa discrétion, elle avait eu la chance de se rapprocher d'un certain Serpentard qui l'avait suivis une bonne partie de ce périple pour l'aider.

- Bien sûr ça ne me gêne pas.

Cependant la performance ne risquait pas de lui plaisir outre mesure comme c'était le cas de tout ceux qui avaient entendu ce fameux chant qui dégageait quelque chose d'étrange à l'écoute.

- Je préfère te prévenir mais mais ceux pour qui je l'ai joué n'ont pas vraiment apprécié, elle est à la fois belle mais dérangeante. Ca vient de la composition mais il y aussi quelque chose de magique.

Un souvenir lui revint qui la fit sourire et qu'elle évoqua par la même occasion.

- J'avais parlé de tout ça à Ana à l'époque et elle ne m'avait pas cru donc je lui avais joué la mélodie. Tu aurais vu sa réaction, elle a vraiment détesté au point de me demander d'arrêter.

À l'évocation d'Ana, Dante parut s'assombrir légèrement. Une lueur de mélancolie et de tristesse voila son regard, alors qu'il songeait à la jeune Serpentard contrainte de quitter Poudlard prématurément pour rejoindre la vie adulte et soutenir l'entreprise familiale. Ils partageaient tous deux cette charge, ce devoir filial pesant sur leurs épaules, celui de soulager les responsabilités parentales. Juste au moment où une amitié semblait éclore entre eux, le destin sombre rappela Ana à ses obligations. Dante ne pouvait s'empêcher de penser que cela aurait pu être lui, se remémorant les luttes de sa propre mère et les difficultés du démarrage lorsqu'ils avaient établi leur commerce à Pré-au-Lard.

- Ana... Je suis prêt à t'écouter alors.

Son amitié avec Ana lui semblait tellement loin et proche à la fois. Avec le recul c'était assez miraculeux que ç ait tenu deux longues années pour une Serpentard et une Poufsouffle mais la sulfureuse sorcière n'avait pu échapper aux règles de sa maison. Ca ne lui avait jamais été clairement dis mais quelle autre raison possible ? Juste après son agression ? La ridicule réalité de Poudlard avait fini par les rattraper. Eleanor n'en voulait pas à l'héritière des Trois Balais de craquer aussi jeune face aux pressions de ses aînés. Et surtout Ana avait été sa première amie dans sa vie, moldue comme sorcière, et c'était un fait qui la ferait garer une place spéciale dans son cœur même si elle ne devait jamais se reparler.

- Alors allons y.

La rousse ne refusait jamais de jouer devant audience. Elle ressortit donc sa lyre pour jouer le Chant de l'Apaisement qu'elle avait répété tant de fois par le passé. Une musique mêlant désespoir, tristesse, jusqu'à revenir jusqu'à l'espoir après être passé par encore d'autre sentiments.

Dans les méandres mélodieux de la lyre, Dante trouva refuge, où les tumultes de l'âme s'apaisent sous les caresses des vagues. Les harmonies tissées par Eleanor enveloppaient son être, comme une brume légère étreint la terre à l'aube. Sous ses doigts agiles, la musique dansait, capturant l'essence même du bonheur, cette alchimie subtile où la joie s'entrelace intimement avec la mélancolie. Les accords résonnaient dans l'air, teintés d'une douce tristesse qui rendait chaque note plus précieuse, chaque émotion plus profonde. C'est dans cette dualité que réside la véritable magie de la musique, dans sa capacité à transcender les frontières de l'émotion pure pour nous transporter vers un état d'être où la réalité se mêle harmonieusement aux rêves. Et lorsque la dernière note s'évapora dans l'air, Dante se retrouva face à Eleanor, l'expression empreinte d'une singulière admiration.

- C'est très beau, murmura-t-il, le regard brillant de gratitude pour lui avoir partagé cette mélodie chargée d'histoire.

Durant sa petite représentation Eleanor se laissa aller à de vieux souvenirs évoqués plus tôt, retrouvant quelque peu les sentiments qui l'animaient à cette époque. Une fin sourire ne quitta pas son visage tandis qu'elle fermait les yeux, le vent jouant avec sa chevelure. Et ce n'est qu'à la fin que la préfète rouvrit les yeux pour constater que la réaction de Dante était différente de celles dont elle avait eu l'habitude par le passé. Ca lui fit plaisir que quelqu'un d'autre puisse entendre la beauté qui ressortait de son instrument.

- Je trouve aussi oui.

Forcément dans son cas c'était porteur de beaucoup de belles choses et allait encore au-delà de la mélodie elle-même.

- Et je trouve ça incroyable que deux époques aussi éloignés étaient pu se rejoindre par la musique. Jamais je n'aurais pensé qu'un jour la musique puisse me permettre de faire quelque chose d'aussi grand.

Quoi de plus beau pour une musicienne ?

- C'est quelque chose d'intemporel, murmura-t-il, laissant planer un instant la gravité de ces mots dans l'air.

Puis, plongé dans ses pensées, il se remémora leurs cours d'Histoire de la magie, où l'on évoquait les anciennes tribus dotées de cet art magique ancestral, mais rare. Intrigué, il interpella alors la rousse sur ce sujet.

- Des mages musiciens... As-tu pu te renseigner à ce sujet ? demanda-t-il, ses iris refletant une lueur curieuse. Je te verrais bien manier la magie à travers la musique, surtout après cette interprétation que tu m'as offerte.

- Je n'ai rien trouvé à ce sujet à la bibliothèque de Poudlard, il semblerait que ce soit une forme de magie qui remonte à très longtemps. On parle peut être même de Magie Ancienne.

Ce qui en réalité était sûr vu qu'elle-même était capable de s'en servir mais c'est un secret qu'elle garderait pour elle-même pour le moment. C'était pour le mieux tant qu'elle ne maîtriserait et comprendrait mieux ce qu'elle est capable de faire.

- J'ai rencontré une Serdaigle qui semble passionné par le sujet et qui m'a un peu aiguillé. Apparemment la magie qui se dégage de l'instrument viendrait lors de l'écriture d'une partition, c'est de là que vient ce pouvoir. Il existe d'autres mélodies du même genre qui ont des effets différents. L'instrument à sûrement son importance aussi. D'ailleurs j'ai essayé de le faire analyser chez l'enchanteur de Pré-Au-Lard et même chez Madame Lestrange mais tous les deux n'ont eu aucune réponse à me donner, la lyre est emprunte d'une magie qui remonte à bien trop longtemps pour qu'ils la connaisse.

Ce qui en disait long car c'était deux grands spécialistes en leur matière.

- Faudrait que j'essaye avec un autre instrument non enchanté pour voir ce que ça donnerait.

Si la réputation de la bibliothèque de Poudlard en tant que lieu propice à des recherches approfondies avait été avérée, cela aurait été largement connu du grand public. Dante écouta donc attentivement les explications fournies par la préfète des Poufsouffles, hochant de temps à autre légèrement la tête, signe de sa compréhension. Il semblait évident qu'elle avait déjà pris des dispositions nécessaires et qu'elle avait consacré du temps à approfondir le sujet, ce qui ne le surprit guère.

- Qui parmi les Serdaigles se passionne pour un tel sujet ? s'étonna-t-il, laissant transparaître sa surprise. En effet, la musique était plus souvent considérée comme une passion ludique chez les élèves de la maison bleue, plutôt qu'un domaine d'intérêt sérieux. Lorsqu'elle lui expliqua ensuite que l'instrument pouvait être imprégné d'une magie ancienne, et que personnes encore étaient en mesure de déceler ses mystères, Dante saisit l'opportunité de solliciter son expertise. Son propre don, qui lui permettait de percevoir et de visualiser la magie qui imprégnait le monde, représentait une chance tant pour lui que pour elle d'en apprendre davantage.

- Me permettrais-tu de jeter un coup d'œil à ta lyre ? demanda-t-il poliment, une fois qu'elle aurait acquiescé. Dès qu'il obtiendrait son accord, il concentrerait son regard éthéré sur l'instrument, cherchant à dévoiler les secrets magiques qui remontaient à une époque lointaine.

- Elle s'appelle Elisabeth mais il me semble qu'elle a fini sa scolarité à Poudlard. En tout cas le sujet semblait la passionner bien qu'elle ne joue pas elle-même de musique.

Une personne sûrement assez discrète cat avant leur rencontre Eleanor n'avait pas souvenir de l'avoir croisé. Et ce fut d'ailleurs le cas même après ça. Eleanor était donc partis du postulat que c'était une aînée mais peut être se trompait elle. Une bien curieuse rencontre qui se sera avéré très importante pour la compréhension de ce qu'elle pouvait faire là où elle avait toujours mis ça sur le compte de l'instrument et pas de son propre fait.

Elle fut ensuite surprise par la demande de Dante, se demandant bien ce qu'il pourrait bien y voir que n'avaient pas vu des experts. Peut être était-ce pour simplement l'observer ? En tout cas il avait quelque chose derrière la tête et acquiesça à sa question.

- Euh oui bien sûr.

La Poufsouffle tendit sa lyre dorée au Gryffondor si il voulait la prendre en main.

Dante prit l'instrument entre ses mains pour le contempler un instant, faisant même vibrer une corde au hasard avant de le lui rendre.

- Bel instrument.

Son séant se détacha du tonneau en une brève impulsion avant qu'il n'attérisse sur ses deux pieds. Il passa une main sur sa cape sorcière pour lisser les plis avant de poursuivre.

- Bon, je vais retourner à ma cabine, on se voit plus tard.

Et sur ses mots, il s'en ira vers la câle inférieur du bateau.

Après l'avoir analysé sous toutes ses coutures, le verdict fut implacable de la part de Dante : c'était un bel instrument. Un constat qui l'amusa alors qu'elle récupéra la lyre entre ses mains avant de la ranger.

- A plus !

Maintenant qu'elle avait commencé... La Poufsouffle avait très envie de poursuivre sa pratique. Alors à nouveau elle sortit l'instrument doré pour en jouer, assise le dos contre le mât.