Akinator - Voyant

Ainsi,  le binôme entama sa marche retour jusqu'à l'académie, même s'il était compliqué d'avancer efficacement au milieu de la foule qui peuplait constamment le souk.

« - Je... Putain ! » lâcha-t-il en maintenant un regard plein d'animosité envers un étranger qui venait de lui rentrer dedans à pleine vitesse.

Il l'observa continuer son chemin comme un malpropre puis rejoignit Maria qui l'attendait deux pas plus loin. Il semblait aussi agacé que pressé de rentrer, dorénavant.

« - Tu disais ? Mon épreuve. Oui, je pense. C'est pas comme si nous avions beaucoup d'indices à son sujet, ou comme si je doutais de mes capacités. Je pense être en mesure de la remporter. »

Cette visualisation de la victoire l'avait toujours guidé, et si l'écossais n'était pas invaincu, il avait toujours su se placer parmi les finalistes des tournois de duel de Poudlard. C'était ce qui se rapprochait le plus, à ses yeux, de l'épreuve qui l'attendait.

Grimace. Le monde était tel que le souk était devenu dangereux pour les petites gens qu'ils étaient, surtout María qui était pour le coup petite. Fort heureusement la présence à ses côtés de James lui servait de "bouclier" contre la foule oppressante autour d'eux.

-"Ça va ?!"

Un rapide coup d’œil tandis qu'il la rejoignait lui confirma que oui et que si l’Écossais n'était blessé, ce n'était que dans son amour-propre.

-"Tu as déjà connaissance des forces et faiblesses de tes opposants ?"

L'arrogance, la suffisance même, du Serpentard était sans doute sa force, mais peut-être serait-il nécessaire qu'il sache ce qui l'attend ?

James avait rassuré sa camarade d'un simple signe de tête. Leur marche reprise, il s'efforça d'oublier le petit épisode désagréable, afin de ne pas paraître trop agacé, mais les nouveaux moucherons qui pullulaient de partout rendait cette balade quasiment impraticable. L'écossais n'était pas du tout fan de cet endroit, c'était peut-être là son unique visite du voyage.

« - Pas du tout, non. Mais j'imagine qu'ils n'utiliseront pas de remplaçants et qu'on aura l'occasion de les découvrir au fil des épreuves. »

Lui, en tout cas, n'aurait jamais laissé quelqu'un participer à sa place s'il avait été choisi par la coupe de Feu, ce qui aurait dû se faire si Horacio n'avait pas trafiqué l'artéfact... Quelle honte.

« - Tu as eu l'occasion de rencontrer des étrangers, toi ? »

Il n'avait, de son côté, eu qu'une bribe de discussion dans le Hall des Banquets, mais rien d'important.

Il devait avoir chaud: les vêtements portés par l'Ashworth n'étant pas de ceux agréables dans le désert, serrés contre le corps, ils ne protégeaient nullement contre la chaleur et les éléments présents. Au contraire d'elle-même, dont le châle par exemple protégeait sa chevelure fuligineuse contre le sable, ainsi que du tissu ample, laissant un interstice entre sa peau et ses habits. Sa génétique d'hispanique sans doute; le pauvre James n'ayant sans doute jamais quitté les froids Highlands.

-"Pas vraiment ..."

María n'avait pour ainsi dire pas vraiment fait d'effort alors que pourtant sa curiosité naturelle aurait dû pousser en ce sens.

-" ... Mais je vais essayer, ne serait-ce que pour en apprendre plus sur les autres pays. Ce n'est pas comme si nous pourrons de nouveau avoir cette chance dans les années à venir."

Loin d’être agréable pour le commun des mortels, James ne semblait pourtant pas embêté par la couche de vêtements qu’il portait. Cette chaleur sèche n’était pas un problème pour l’Embrasé.

« - Cette chance ? Plus je passe de temps ici, plus j’aime l’Écosse. » ironisa-t-il, laissant le suspens sur sa réelle opinion quant au voyage.

L’infante pouvait évidemment reconnaître une touche d’humour, et savait que James n’était pas aussi ennuyé par l’Égypte qu’il le prétendait ici. Mais si elle s’était montrée un minimum observatrice, elle saurait aussi qu’il était assurément celui qui stagnait le plus dans les quartiers réservés aux britanniques, ne sortant que rarement sa tête de la tour britannique.

-"Tu n'as pas vraiment discuté avec les élèves des autres écoles."

Ce n'était absolument pas une question mais bien une simple constatation. Quant à savoir ce qu'elle en pensait, sa nature curieuse pourrait aiguiller James là-dessus, mais cependant elle se garda bien de le prononcer à haute voix. L'Infante trouvait simplement dommage de ne pas s'intéresser à ce que le monde -loin de leur Highlands- avait à offrir.

-"J'en déduis que tu n'envisages pas de voyager pour découvrir le monde une fois que tu seras sorti de Poudlard."

Le silence s'imposa un moment, porteur de réflexions. Puis James reprit, armé d'un air quelque peu accusateur.

« - Voyager et découvrir le monde pendant que les nôtres subissent le fardeau qu'est notre simple existence ? »

Son regard avait regagné celui de la Serdaigle le temps de sa phrase.

« - C'est lâche, tu ne trouves pas ? Enfin... Je sais que certains comme Dante estiment que là est leur destinée... Je ne jugerai pas, car c'est peut-être le cas et que je sais ô combien le Destin peut être joueur, mais ce n'est pas mon cas. Et puis même s'il n'y avait aucun problèmes en Écosse... La vérité c'est que je m'y sens bien. Quel intérêt de venir déranger les autres plutôt que d'arranger nos propres terres ? »

Il y avait tant à faire chez les sorciers britanniques... Qu'il le veuille ou non, le Serpentard jugeait ceux qui souhaitaient s'en éloigner. Ils avaient tous une part de responsabilité.

Si le but de son voisin était de la faire culpabiliser, ce n'était pas franchement une réussite. Les sentiments animant James tous les jours n'étaient pas forcément présents chez certains sorciers/élèves.

-"Ton patriotisme ainsi que ton attachement à la cause sorcière contre les moldus t'honorent James, pendant que d'autres en sont juste dénués ou simplement pensent-ils différemment oui. Dante aimerait voyager, sans doute s'imagine-il servir la société sorcière en ce sens: découvrir ce que nos anciens ont pu faire à leur époque et ramener ses connaissances à notre génération ..."

Et contrairement au Serpentard, l'Infante elle n'avait pas de ressenti à l'égard des personnes ne souhaitant pas lutter contre l'influence moldue en Écosse. Tant qu'ils ne s'acoquinaient pas avec ces mêmes moldus ...

-"Mais tu as raison sur un point: nous ne sommes personnes pour les juger ..."

Maintenant qu'elle avait le point de vue du Sieur Ashworth, María comprenait mieux sa préférence pour ses terres et ce qu'il s'y déroulait actuellement. Cependant elle préféra se justifier, de son interrogation, auprès de son interlocuteur qu'elle fixait du coin de l’œil.

-" ... Je comprends donc ton envie de rester chez toi. Je m'intéressais juste aux aspirations futures de chacun : peut-être que ce voyage égyptien aurait pu rendre vivante chez toi une facette d'explorateur que tu ignorais jusqu'alors." Une hypothèse non fondée donc.