Salle commune des gryffondors

Le nouveau préfet des rouges, Eren Jaeger, était de dos, les deux mains appuyées contre le dossier d'un fauteuil, maugréant quelque chose que les rouges ne pouvaient entendre. Il se retourna, un regard empli de détermination.

— Se battre.

Entama t-il.

— Nous devons nous battre, pour notre liberté. Nous devons prouver que NOUS avons le contrôle. Les sorciers iront de l'avant, et l'emporteront sur les moldus.

— Moi Eren Jaeger, votre préfet, ne vous dirai que cela: Combattez, combattez. Le Directeur a été très clair: nos pouvoirs sont nos seules certitudes, surtout au dehors de l'école. Cultivez les dans cette école en accord avec le règlement, il est affiché au rez de chaussée et est très clair. C'est ainsi que nous tuerons tous les moldus. Ce sera tout.

L'ambiance festive devait se poursuivre jusqu'au couché comme chaque année, cependant le nouveau préfet en décide autrement en portant un discours aussi concis que surprenant, laissant coi une partie des élève dont la jeune Lancaster qui s'abstient d'applaudissement.

-Tu t'es trompé de Maison l'ami!

Meurtre et respect du règlement, la lionne ignore d'où sort cet énergumène mais son avis semble déjà posé.

- Monsieur le président n'es même plus de temps à offrir pour quelques heures de cours.

En levant le bec le griffon peut constater la présence de son amie qui se tiens debout, les bras croiser comme pour le réprimander, mais le sourire qui peine à être contenu trahis la légèreté du reproche. La lionne s'interroge cependant sur ce qui pourrait justifier une absence aussi visible et qui aura sans nul doutes des conséquences, ne serait-ce que des questions de la part du directeur de maison.

-Et enchanter ta plume te ferais gagner du temps.

Lorsque, d’une main élancée, la plume encore perlée d’encre effleurait le papier avec allégresse, il y avait là une magie que nul enchantement ne pourrait égaler. Dante, toutefois, ne s’attarda pas en conjecture et leva simplement les yeux de son journal pour rencontrer le regard de Nymeria. Un instant s’écoula avant qu’il ne parle, là où, jadis, la réplique aurait fusé, légère, en écho à l’approche dont elle lui avait fait part. Les réminiscences de son expérience récente flottaient encore dans ses pupilles, mais quelque chose de plus profond et personnel s’y mêlait.

— Nymeria, dit-il enfin, ses lèvres s’étirant en un sourire amical.

— Quand l’aventure nous appelle, il faut répondre, n’est-ce pas ?

Un haussement de sourcil répond à celui du garçon qui répond sans répondre et un instant la lionne sent l'envie de lui ébouriffer les cheveux la prendre mais le rappel inconscient de leurs ages respectifs avorte cette idée qui s'évapore comme si jamais elle n’eus d'existence.

Tranquillement Nymeria prend place à coté de son ami, soignant son mouvement pour éviter que la plume ne raye le parchemin, puis se laisse aller contre le dossier.

- Le club as besoin de son meneur, l'aventure qui nous attend pourrait nous recracher en petits morceaux. Dis moi que nous pouvons compter sur toi.

Dès qu’elle s’asseya à ses côtés, il replia soigneusement sa plume et son carnet, les glissant dans son sac. Le murmure du feu dans l’âtre se mêlait au souffle du vent qui faisait vibrer les vitraux antiques de la tour de Gryffondor. Il y avait dans cette salle commune une chaleur réconfortante, un élan presque insaisissable, une essence que nul autre salle ne semblait posséder. Peu nombreux étaient ceux qui en percevaient pleinement la nature.

Nymeria connaissait déjà la réponse qu’elle attendait, la question n’était qu’un rite de convenance. Dante ne se détournait jamais d’un appel, c’était une constante, mais ce qui l’intriguait à présent, c’était l’étrangeté de cette soudaine convocation.

— Le Club ?  Aux dernières nouvelles, rien n’avait été affiché sur le tableau disposé au Wyvern Club, donc l’information lui parut étrange.


— Peux-tu élaborer ?

Un hochement du chef à la limite du perceptible se fait sans que la jeune femme ne mette en mot sa signification. Les locaux situés au premier étage, le logo peu inspiré, les noms sur les affiches ne constituent qu'une image, le reflet sensible de la volonté d'un groupe hétéroclite. Le club pourrait être dissous sur le champ qu'il existerai encore et toujours, l'esprit d'aventure et de découverte intacte tant que les étudiants qui en brule l'alimente de leurs désir.

- J'ai fais un rêve.

Informations tout à fait banale, surtout de Nymeria qui aime partager le contenu de ses songes avec ceux qui veulent bien entendre, après quatre année de ce type de conversation les camarades qui y prêtent encore l'oreille sont rare mais Dante compte parmi ceux qui semble immunisé aux vertus soporifique de ces récits.

-Il y avait un arbre mordu par un serpent, cela causai corruption sur tout ce qui l'entourait. Cela était tellement sombre et réaliste que je n'ai pu m'empêcher d'aller vérifier son existence en personne.

D'un geste dont elle ne semble avoir conscience la fille aux cheveux d'or tire une baguette de sa manche puis la manipule avec une dextérité approximative.

- Pas de serpent, pas de corruption, mais des mangemagies par centaines. Elles semblaient nourrir l'arbre noir, vider leurs butin en lui comme des abeilles à la ruche, puis viens le froid.

Dans l'âtre une buche incandescente se met à flotter, le mouvement de baguette nécessaire et la formule qui l'accompagne à peine souffler entre les lèvres roses pales.

- Un spectre as essayer de prendre forme mais ma magie combinée à celle de Jude nous permis de nous enfuir, loin de la clairière mais le danger nous as suivi sous forme d'une acromantule. Parlementer n'y as rien fait, le monstre allait charger mais un centaure nommé Azar nous est venu en aide et l'as abattu en quelques flèches.

Le soir de la mort du Serdaigle il fallut additionner quatre cerveaux et baguette pour venir à bout d'une seule, la créature lui n'avait eu besoin que d'une arme primitive et d'une vie de pratique, une énième leçon à retenir pour qui sait l'entendre.

- Après cela il nous as confié ses hypothèses quand à la nature du mal, ajouté à nos propres déduction la conclusion est la suivante:

Conclusion un peu hasardeuse mais ses fondements sont solides, c'est pourquoi Nymeria l'expose en espérant tout de même que son ami puisse ajouter ses propres idées une fois le récit digéré.

- Le spectre de Shane prend des forces et c'est à la foret qu'il les vole. Le temps lui est compter et j'ai juré en mon nom à Azar que nous tenterions de l'aider.

Le lien magique se brise, la buche retombe parmi les autres dans un petit festival d'étincelles.

- Nous devons essayer d'apaiser le spectre, qu'il trouve la paix et quitte ces lieux.

L'adolescente tourne un regard sérieux en direction du brun.

- Outre le fait que nous sommes amis et collègue de club, je sais ce que l'assassinat de Shane t'as fait. Tu dois compter parmi cette expédition.

Attentif à son récit, après avoir rangé distraitement ce qui l’avait absorbé avant son arrivée, le Gryffondor s’était tourné, ajustant sa posture pour mieux écouter. Chaque mot pesait, et dans le murmure de la salle commune, il comprenait peu à peu : la blonde avait eu un rêve prémonitoire, un appel muet de la Forêt Interdite. Le fantôme de Shane s’était levé des ténèbres d’outre-monde, corrompant la Forêt de son âme souillée. Une vague noire s’était répandue, dévorant lentement, à l’aide des mangemagies, tout ce qui en faisait l’essence. Par une étrange rencontre avec Azar, un centaure errant dans les profondeurs, Nymeria avait échappé de justesse au destin funeste qui la guettait.

Son regard, d’abord empreint de surprise, se teinta d’appréhension mais surtout d’une affliction sourde. Chaque mot ajoutait une pierre au fardeau qui pesait sur ses épaules, et sa mâchoire se crispa, comme si les pensées qui l’assiégeaient refusaient de se taire. Mais il ne pouvait ignorer la vérité : Nymeria, dans sa quête de réponse, n’était pas partie seule. Jude l’avait accompagnée, et à cet instant, un flot d’émotions surgit en lui, lent mais inexorable, semblable à une vague sourde qui s’écrase contre les récifs de la raison. Ce n’était pas tant la trahison qui le frappait, non, mais ce sentiment d’être laissé pour compte, un acteur devenu spectateur dans un théâtre où il avait autrefois une place centrale. Un malaise naquit en lui, intime et presque douloureux, comme une blessure qui refuse de se montrer. Ce n’était pas de la haine ni un véritable ressentiment qui l’étreignait envers Jude. Non, il savait que cet ami avait toujours été là, fidèle et loyal. Mais dans cette proximité soudaine, il percevait quelque chose qui le dépassait, une tendresse qu’il n’avait jamais su reconnaître auparavant, une complicité qui ne lui appartenait plus.

Les ombres de la jalousie s’insinuèrent en lui, subtiles, presque indétectables, non pas comme une colère brûlante mais comme une douce amertume, la sensation d’avoir perdu sa place auprès d’elle. Chaque regard partagé entre eux, chaque silence complice lui échappait désormais. Ce qui lui avait semblé être une forteresse entre Nymeria et lui-même s’effritait doucement, sans violence, mais avec une froideur inévitable. Il détourna les yeux, non pas par dédain, mais pour masquer l’agitation intérieure qui venait de s’éveiller en lui. Jude n’était pas l’ennemi, mais dans l’écho de cette confidence, il réalisa combien la distance pouvait s’établir sans qu’aucun mot ne soit prononcé, sans qu’aucun geste ne trahisse cette lente désunion.

Alors, dans le tumulte silencieux de son âme, il refoula ces pensées comme on repousse un souvenir douloureux, et se concentra sur ce qui comptait véritablement — Nymeria, sa folie frôlée, l’appel mystérieux de la Forêt.

Il ravala ses sentiments d’un geste vif, comme on souffle une flamme vacillante. La gravité du moment ne permettait pas de se perdre dans de telles faiblesses. Il retourna les yeux vers elle. Un monde de contradictions bouillonnait en lui, mais il savait que le moment n’était pas venu de les laisser surgir.

— Nous sommes amis, je t’aiderai toujours, Et ce furent les seuls mots qui purent franchir sa gorge nouée, lourds de tout ce qu’il n’avait su exprimer autrement.

Une réponse attendue comme l'écho suis l'appel. L'entendre dessine un fin sourire qui se mue inexplicablement en moue puis meurt alors que la garde forestière autoproclamée maintient le regard de son ami un instant, assez pour que cela jette un trouble dont la seule issue se trouve simplement ailleurs que dans le vert du griffon, dans le rouge orangé du feu de cheminé peut-être.

La bûche qui flottait un instant auparavant en est à présent deux, chaque moitié se consumant de part et d'autre de l’âtre, ayant pour dernier lien qu'un vaillant filet d'écorce condamné à la cendre. Dans les craquement de cette fournaise se chuchote la fin de leur unité brisée par la force inéluctable de la causalité, confondue par tant d'autre incendie. Les fragments brûlent, emportant dans leurs flammes les avoisinants, vivifiant l'un tout en semblant prendre à l'autre, se nourrissant de celui ci pour ramener celui la à la lumière, pourtant tous destiné à la nuit. Leur sacrifice permet  au peu d’âme peuplant la salle commune en cette heure tardive d'apprécier chaleur et luminosité.

Nymeria pourrait se perdre des heures entières en contemplation si la solitude l'embaumait mais ce cas n'ayant d'existence présentement, le silence tambourine à ses oreilles comme autant de fourmis dans ces jambes qui ne demandent qu'à servir pour l'emporter aussi loin de cette pièce qu'il est possible.

-Un mot sera afficher au club pour préciser l'heure et l'endroit.

La fille des paluds se lève en glissant le catalyseur dans une manche puis jette un regard au fondateur du cénacle des explorateur.

-Merci.

Si rien ni personne ne la retiens Nymeria s'en ira pour ses dortoirs.