Une fenêtre dans un couloir

La Serpentard souffla du nez. La Serdaigle avait du temps pour les entraînements mais pas pour la charité. On aurait dit la manière dont l’adolescente gagnait de l’argent de poche, chronométrée et par marchandage certaines fois. La bleue gagnait du temps en laissant à plus tard un potentiel échange armé avec baguette. Colonia semblait aussi ambitieuse.

- Alicia donc ? J’irais la rencontrer. répondit-elle simplement en souriant avec légèrement moins d’intensité.

Puis son ventre se mit à gronder.

- Je te laisse, à plus tard !

Il était temps pour la verte de tirer sa révérence sur ce compromis. Après ce n’était que des paroles, la boutonneuse n’était obligée de rien, si ce n’est subvenir à des besoins naturels. Elle s’en ira chercher les toilettes les plus proches.

Des bruits de pas se font enttendre mais assez discret, vu la taille de Jude, le temps pour Diego de cacher son butin ? Ou ... Peut-être pas lorsqu'il verra à qui il a affaire.

- Diego, ça va ?

Bien qu'ils ne se soient pas souvent parlés il le considère comme un frère d'infortune. L'une des seules personnes à comprendre que lorsqu'on vient d'une famille peu aisé, quand on a la chance d'en avoir une, quelques larçins, vols et mauvais coups sont parfois justifié.

- Incroyable cette vieille harpie de Lestrange. Elle croit vraiment que parce qu'on porte l'uniforme vert qu'on est doué alors que Jack Harlow arrive même pas à lancer un Wingardium Leviosa sans bégayer.

Peut-être est-ce dû à sa proximité avec Celonia qui lui faisait un certain effet ?

Prudent depuis qu'il avait eu echo qu'Abigail cherchait son miroir, Diego l'avait fait aussitôt disparaître lorsqu'il entendit qu'il n'était plus seul. Dans la pénombre et au vu de la taille, Diego craignait de devoir s'expliquer avec Charles Norwood sur son nouveau choix capillaire. Heureusement, la vue de cette tête blonde le soulagea.  

- Jude. Yolie yournée, n'est-cé pas?

Un sourire taquin accompagnait son ton jovial. Il se fichait pas de mal qu'il fasse beau ou non dehors, et il se doutait bien qu'il en revenait de même pour le Poufsouffle avait lequel il avait volé des bonbons à Honeydukes l'an dernier. Le grenadien avait par ailleurs remis son butin en chocolats à Nutria Sorrow, le motif restant encore flou.

- Ohh... Tou t'es fait gronder par Lestrange à causse dé Harlow?

Le Serdaigle suivit le regard du Poufsouffle sur les fenêtres géminés qui donnaient sur le parc - où, mouchetés de noir, quelques élèves progressaient en toute liberté sur l'alpage. L'oeil taché d'ambre, l'érudit discerna une consoeur : María Esperanza se dirigeait sans doute vers le stade. Une fossette se creusa sur la joue du matois.
Diego n'eut de réponse au trait d'humeur de Jude à propos de la professeur Lestrange, celle-ci ne lui ayant jamais causé de tort ; de plus, l'idée d être bien vu par la famille fleurissait depuis peu dans ses projets laissés en suspens.

- Ah oui, oui. Tou es soûr dé cé qué t'y vas en faire, Jude...?

Sans se presser, l'ibère tira à lui son sac à l'aide de sa bandoulière et il détacha le ceinturon sous un tintement de métal. Il leva un instant les yeux vers Jude, puis il plongea la main dans son sac, à la recherche d'une commande très particulière.

Hochant machinalement de la tête, Jude était résolu.

- Comme tu le sais, Epidia et Azura, à travers Elphias, vont bientôt agir. Leur scolarité est bientôt terminée et elles vont tomber taper vite, taper fort.

Apres tout, Diego était au courant des machinations d'Elphias. Un élève Serpentard débile qui aime racketter les élèves.

- Je préfère être trop prudent plutôt que de ne pas le voir venir.

Les élèves sont plus âgés et comptent agir de manière vicieuse, comme tous les Serpentard. Il est normal de tricher à son tour, n'est-ce pas ?

Diverses collisions émirent une drôle de symphonie dans le sac du serdaigle, s'entrechoquèrent à l'évidence une fiole à un souafle, et puis à un autre objet. Diego honora Jude d'un sourire, puis il déposa son sac sur le dallage pour mieux le trifouiller.
Le Poufsouffle pu apercevoir cet objet de forme ovale et couleur aubergine à même le sol. L'érudit semblait alors avoir trouvé ce qu'il cherchait, quelque chose d'emballé dans du papier journal de la Gazette du Sorcier.

-  Tou connais la règle Jude, moi yé n'ai rien fait si tou té fait prendre. Compris? En plous, Epidia...

L'ibere se mit à déballer ce que cachait la Gazette avec précaution, comme si quelque chose menaçait d'exploser si cela n'était pas fait avec expertise.

Jude fut étonné, il faut avouer que son camarade avait dépassé toutes ses espérances.

- Parfait. Les femmes nobles ont peur d'une chose : qu'on abime leur visage. Cela devrait suffire à la dissuader si on envient à de tels extrémités.

En espérant que non mais si elle a été placée à Gryffondor ce n'est pas pour rien. Il se doute qu'elle n'avait pas attendre à ne rien faire et qu'elle a un minimum de détermination.

- Je ne sais pas quoi dire pour te remercier.

Diego était mieux placé que quiconque pour savoir que le Poufsouffle n'avait pas un sou, ni même une famille, et qu'il est aisément le camarade le plus pauvre de leur promotion.

- Mais tu sais que si tu as besoin d'aide, je suis là pour toi.

Sous la gazette au papier altéré, Jude put reconnaître un petit flacon en cristal contenant une substance à la robe d’un noir virant au pourpre. Il n'y avait rien d'inscrit sur la fiasque, seul persistait la trace d'une étiquette enlevée, mais le Poufsouffle avait été mis préalablement au jus.

- Régarde bien Yude, yé né montrérais pas doux fois...

L'érudit au teint cuivre se mit à décapsuler doucement le flacon, il ne laissa au nu qu'une fente presque inperceptible, pour déverser ensuite une pincée sur la gazette. C'était une sorte de poudre, le liquide n'était qu'un leurre. Diego vissa à nouveau le couvercle alors qu'aucun effet n'était visible sur le papier, de prime abord ce n'était bien que de la poudre blanche.
L'anneau d'argent percé sur l'oreille gauche du petit bandit brillait sous l'éclat d'une torche, allumée d'elle-même en prévision de la nuit.

- Déyà tou né donnes pas el nombré dé Diego Cuevas si tou té fais prendre. Entendido?

La gazette de nouveau en boule, son contenu soigneuseuement préservé, l'aigle tendit l'oeuvre au blaireau - un sourire d'aigrefin.

- Y'aurais bientot béssoin dé ton aide. Sois préparé, Yude Leigh.

Jude se saisit de son dû avant de le dissimuler dans son sac en bandoulière.

- Ne t'en fais pas. Jamais je ne te trahirais.

Après tout, il aurait juste donné un objet de farces & attrapes à un ami. Rien de si grave.

- Je suis un Poufsouffle, je suis toujours prêt.

Dis-t-il avec un léger sourire en coin. Après tout, Jude est connu pour être prêt à tout pour ses camarades. Du moins, chez les Poufsouffle, peut-être que celle-ci ne s'est pas étendue jusqu'à la maison des intellectuels.

- D'ailleurs, tu te plais bien au Wyvern Club ? On ne te voit pas beaucoup dernièrement, pour être honnête.

Amène, Diego hocha légèrement du chef, comme s'il croyait parfaitement en son comparse de la maison jaune et noir.

- Elle a démandé pour moi? Qué Ma'moisselle Lancaster sé rassoure. Le joli coeur des aiglons esquissa un sourire narquois. Diego est à son service, et aussi à céloui del Wyverns Club. Il séra préssent au prochain meeting.

Il se fendit d'une courbette avant de reprendre en main ses affaires, dont le bibelot mauve et plat qui disparaîtrait au fond de son sac. Le basané s'avança à portée du blondinet, se retenant au dernier moment de poser une main sur son épaule...  

- Diego a confiance en Yude Leigh, il espère entendre bientôt les petits oisseaux loui raconter les chroniques d'oune maladie annoncée. Mais tout dé souite, il a affaire.

D'une inclinaison courtoise en signe d'au revoir s'il n'était pas retenu sur place, le godulereau reprit son chemin pour se rendre où seul Merlin sait.