Lit de James

James était cloué au lit depuis quelques jours déjà… peut-être semaine? Le temps paraissait se distordre, et l’ennui le happait chaque jour un peu plus, et ce malgré les visites de ses nombreux camarades…

Quand un jour, une personne avec qui il n’avait jamais trop parlé vint à lui ; Tiara Layme, une jeune fille blonde, aux yeux bleus et a l’air benêt. Le vert ne savait pas grand chose d’elle, mais pour l’avoir vu en cours, il savait qu’elle était de très loin la meilleure élève en botanique de leur promotion, peut-être même de tout Poudlard.

- Hum…. saluuut… fit la jeune fille, sa parole accompagnée d’un petit coucou de la main.

Elle semblait prise dans une étrange excitation gênée, c’était curieux à voir.

La boucle.

Les jours s'enchaînaient et se ressemblaient, perdant en saveur au gré des incrémentations. Ce matin, à il ne savait quelle heure, James s'était réveillé et avait posé quelques pensées sur son carnet. Ensuite, une petite séance de lecture barbante l'avait accompagné jusqu'au midi. Là , un plat tua simplement son appétit et introduit l'après-midi. William faisait sa vie, lui la sienne, mais l'ennui mortel provoquait souvent une discussion forcée après-manger. Les mêmes échanges bateaux, inutiles, qui servaient simplement à aspirer quelques minutes supplémentaires. Puis venaient les infirmières, parfois Eleanor, avec leur lot de potions et de nouveaux bandages. La douleur, qui disparaissait peu à peu, était bien la seule preuve qu'ils allaient sortir de là un jour.

"L'infirmerie c'est dur mais la sortie c'est sûr" - James 1653

D'un geste de plume, le serpentard se mit à raturer cette phrase idiote qui venait de lui passer par la tête. Il posa son crâne sur son oreiller et ferma son cahier. A la hauteur du soleil, James savait que l'heure de la visite quotidienne d'Abigail Wright approchait. Peut-être Celonia l'accompagnerait, cela dépendait des jours. Son quotidien réglé comme une horloge lui donnait la nausée. Mais soudain... Un bruit inattendu vint percer l'ambiance mortuaire de son tombeau. Une voix qu'il n'identifia qu'une fois ses yeux posés sur la silhouette de son hôte. Tiara Layme... Une poufsouffle un peu bête qu'il n'avait jamais réellement côtoyé. Même si, au fond, il avait cette impression de l'avoir toujours connue... Ils étaient camarades depuis leur première année, après tout...

« - Salut. » fit-il sobrement.

L'écossais portait un pull large et gris, semblable à un haut de pyjama, ainsi que des gants noirs aux mains. Il avait, depuis son arrivée, récupéré des vêtements pour conserver sa pudeur lorsqu'il ôtait son drap.

Les yeux de la jaune voguèrent sur la sorte de chambre de fortune créée par un simple rideau tiré, puis vinrent détailler la mine blasée de James. Elle déglutit, n’osant plus s’approcher.

- Hum… ça va? Il n’aurait même pas le temps de répondre. Enfin non, ça va pas, sinon tu serais ici.

Elle se racla doucement la gorge, semblant avoir épuisé toute son imagination sur la manière d’aborder cette rencontre.

- Eeeeehmm….

« - Pas ici. Sinon je ne serais pas ici. » reprit-il pour corriger la faute orale de sa camarade, qui ne semblait pas vraiment à l'aise.

« - Toi, ça va ? »

James se demandait si elle n'avait pas été piquée par une mauvaise plante. Elle semblait presque droguée.

Tiara s’effondra intérieurement, même pas foutue d’articuler correctement ou de garder son calme qu’elle s’était déjà donnée en spectacle, et merde…

- Ah, ahahahah, oui… elle tentait, en vain, de dissiper la gêne dans un rire encore plus pitoyable. Moi ça va ahah, enfin non pas trop, j’aurais préféré que tu sois pas ici, eheh.

- Salut !

Débarqua Noah de nulle part avec un grand sourire. Il eut ensuite de vis mouvement droite gauche, vers James et Tiara donc.

- Oh... Je dérange ?! Je peux partir y a pas de soucis !...

Il pivota déjà son corps pour s'en aller.

« - Ah... »

James laissa la surprise étirer ses traits. Il ne savait pas vraiment comment réagir à cette approche, et le "merci" lui faisait trop mal aux lèvres pour être aussi facilement rétorqué. Il préféra l'humour.

« - Tu dois bien être l'une des seules de ta maison à ne pas célébrer mon absence en cours comme une victoire. Bref... » souffla-t-il de fatigue, « - Tu as quelque chose à me demander ? »

Peut-être avaient-ils été tirés au sort pour partager un devoir de fin d'année ? C'était bien là la seule piste qu'avait James. Noah fit irruption à peine sa question posée, et de suite, le vert lui répondit en lui accordant son intention.

« - Salut Noah. Non pas du tout, tu peux venir. »

Tiara n'allait de toute façon pas restée bien longtemps... Si ?

Tiara papillonna des yeux - peut-être James avait-il dit trop de mots trop vite pour qu’elle comprenne bien tout?

- Bah en fai… oh! fit-elle soudain, surprise par l’irruption d’un nouvel antagoniste dans la scène, un garçon qu’elle ne connaissait nullement.

Vraiment, c’était elle la fille la plus malchanceuse au monde ; déjà qu’elle était gênée, si en plus un autre type se ramenait, elle n’allait jamais s’en sortir. Son visage passa de la surprise, la panique presque, à la concentration, alors que son regard alternait entre James et Noah.

- Ehm… je passais juste pour… Elle s’arrêta un moment. Oui voilà, monsieur Bagamba voulait que te parviennent des onguents et plantes médicinales, pour que tu récupères plus vite et t’aider à dormir… Pas que les infirmières soient nulles ou quoi hein… mais, bref!

Elle sortit de sa robe de sorcière une sorte de sac enroulé sur lui même, qu’elle s’apprêtait à lui tendre, avant de remarquer qu’à cette distance l’Ashworth n’aurait guère l’allonge pour s’en saisir. Alors elle s’approcherait, pour le déposer sur sa table de chevet ou en mains propres s’il tendait ces dernières.

- Oh et bien si tu insistes.

Il se retourna, puis laissa la fille s'exprimer sans rien dire. Ses yeux cependant étaient plutôt expressifs, cap sur le côté, complices avec ses lèvres mues dans un sourire espiègle. James pouvait aisément deviner ce que cela pouvait signifier, et la personnalité taquine enfantine de Noah laissait peu de doutes...

James profita des tirades de la jaune, dérangée par les onguents qu'elle cherchait dans son sac, pour octroyer un discret signe de tête négatif au Gray. Il partageait son air espiègle, qu'il perdit lorsque la blonde revint à lui. Cet air... Disparut d'ailleurs pour une mine emplie d'incompréhension. James fit, comme rarement, déstabilisé par l'attention de sa camarade. Il ne s'attendait absolument pas à cela.

« - Euh... »

Mais il éclipsa rapidement le déséquilibre pour reprendre une contenance plus habituelle. Ses gants vinrent joindre les mains de la poufsouffle pour en récupérer le présent, qu'il observa un instant avant de revenir à la blonde. Ses yeux de charbon s'ancrèrent dans ceux de sa bienfaitrice.

« - Monsieur Bagamba, tu dis ? »

L'écossais soupçonnait-il quelque chose d'autre ?

Le paquetage donné, elle fit deux pas en arrière, mains jointes devant elle.

- Baaaah, oui… Ses sourcils s’étaient froncés, sa lèvre inférieure mordillée comme dans une sorte de courte hésitation. Il est très gentil avec les élèves qu’il aime bien…

James n’avait jusqu’à présent jamais eu l’impression que le puits de science qu’était Fidel Dadis Bagamba la montagne du Tchad le portait spécialement en son cœur.

« - Je vois... »

L'histoire de Tiara ne tenait pas vraiment debout... James ne s'imaginait pas spécialement apprécié par le ô combien majestueux et illustre Bagamba, et il n'imaginait d'ailleurs pas son professeur agir ainsi même pour un élève estimé. Mais peut-être se trompait-il.

« - Très bien, bah j'irai le voir quand je sortirai d'ici pour le remercier. »

L'adolescent déposa le paquet sur sa table de chevet, puis regarda simplement sa camarade en attendant qu'elle s'en aille, puisqu'elle n'était au final qu'une coursière pour son professeur.

- Hum, ah… elle déglutit. Bon, euh, baaaah… salut… et… bon rétablissement, fit-elle finalement en hochant la tête de manière un peu trop sérieuse.

Elle tourna alors le dos à James, et offrit un hochement de tête à Noah avant de s’éclipser.

« - Salut... »

James écarquilla les yeux, forçant sur l'étonnement provoqué par ce qu'il venait de vivre. Il vint ensuite rejoindre le regard de Noah, un air complice et toutefois légèrement gêné au visage.

« - Je sais ce que t'imagines... Mais ne je lui ai jamais parlé ! »

- Ma foi Ashworth, je te crois. Tu ne peux pas avoir des accointances avec toutes ces filles. Je voulais profiter de ne plus voir la queue à ton chevet pour prendre des nouvelles mais... Enfin bref.

Il commença à sortir quelque chose de son sac.

« - Qu'elles se battent entre-elles... On prendra les paris et on se fera quelques galions. » ajouta-t-il le temps qu'il ne finisse de fouiller son sac à la recherche de qui-savait-quoi.

Il émit un rire franc.

- Je le jure... les femmes d'aujourd'hui, elles en seraient capables.

Sa tête se secoua ensuite de droite à gauche dans une sorte de "alala".

- Hop là ! Tu dois pas connaître, ça s'appelle un millefeuilles, un gâteau français attention.

C'est ce qu'il avait sortit entre autres choses de son sac enchanté. Le gâteau se trouvait dans un plat en verre probablement enchanté aussi vu comment le gâteau y tenait. Il y avait aussi quelques pommes, des fraises et des myrtilles, un fruit que James n'avait jamais vu.

- Et ça, c'est des myrtilles. C'est très bon pour la mémoire il paraît. Je me demande d'ailleurs si les alchimistes vont bientôt l'utiliser en ingrédients de substitutions pour les potions d'aiguise méninge, peut-être même que ça permettrait d'en faire de meilleures qui sait ?

Il sortit aussi un flacon, après avoir déposé la nourriture sur la table à côté de James.

Heureusement pour lui, Noah n'était pas une fille, car avec cette tonne d'intentions à son égard, il entrerait directement dans le peloton tête des concurrentes... James le remercia sobrement pour ses intentions, puis lui conseilla d'approcher une seconde table de chevet inutilisée de l'autre côté de son lit pour pouvoir plus aisément poser ses affaires. C'était qu'il commençait à avoir une sacrée collection d'objets autour de lui... Signe de l'affection qu'on lui portait. Ses yeux curieux détaillèrent chacune de ses découvertes du jour, toutes alléchantes, puis s'attardèrent finalement sur le flacon.

« - Et ça, c'est quoi ? » demanda-t-il des yeux tout en s'armant de l'assiette du millefeuilles, pâtisserie qu'il n'osait pour l'instant pas toucher tant son architecture semblait fragile.

- Hehe, ça c'est le plus important !

Fit-il avec un grand sourire en agitant le flacon du bout des doigts.

- J'ai obtenu ce petit antidote pour... la forêt. Je ne sais pas si vous êtes toujours partants mais si vous l'êtes, faudrait que vous en prépariez aussi...

« - La forêt... A peine quittée qu'elle me manque déjà. » répondit-il dans un mensonge amusé.

« - J'espérais qu'avec les évènements... Il aurait les preuves de notre talent qu'il cherchait à mesurer en nous envoyant là-bas. »

Il n'était compliqué de deviner l'identité du "Il". James ne savait pas vraiment si le Gaunt souhaitait mesurer leurs capacités ou s'il avait réellement besoin de venin, c'était une occasion de peut-être en apprendre un peu plus grâce au Clay.

- Ah oui, j'ai pas eu l'occasion d'en parler avec Alija encore. Et je peux pas rester plus longtemps faudra que vous me racontiez la vraie version !

Puis sans le laisser répondre :

- Mais c'est peut-être le cas, s'il est au courant ? Tant pis hein, j'irais tout seul !

La pupille chaleureuse détailla Noah, avant qu'un discret sourire ne s'affiche au coin de sa bouche.

« - Tu peux compter sur nous... T'en fais pas. Et pour la vraie version, t'as qu'à la demander à Alija si tu le croises... Je crois qu'il me manque quelques chapitres. »

Il souffla du nez, faisant évidemment référence à ses blessures et sa perte de conscience. Puis sans attendre plus longtemps, il croqua à pleines dents dans le millefeuilles, créant une véritable explosion tant la crème débordait de tous les côtés.

« - Hmm... Chest... »

Le serpentard déposa l'assiette et récupéra sa baguette, afin de se nettoyer rapidement. Il n'était pas de ceux qui toléraient le sale.

« - C'est super bon mais faut apprendre aux français à faire des gâteaux qui se mangent à la main... C'est impraticable ce truc. Comment tu dis, déjà ? Mwilfeuwl ? »

L'accent français était désastreux.

Il arqua un sourcil, l'air un peu surpris.

- Je le coupe en petits morceaux moi... comme ça... il détailla des mouvements de coupe avec baguette. Ca se traduit par "thousand papers" je crois... Enfin bref vous assurez les gars, et ouais je vais en parler avec Alija si je le croise ! Sur ce, bonne rémission à toi James Ashworth !

Et il s'en alla.