Le lit de William

Abigail parlait de ces évènements a très peu de personnes, elle affichait la volonté d'oublier et il était toujours difficile de partager ses souvenirs. Il était néanmoins parfois nécessaire de le faire, William méritait de savoir ce qu'il s'était passé. Peut être d'autres personnes lui avaient déjà dit, mais il désirait connaître l'histoire de différents points de vue pour se rappeler plus facilement. Alors pour cette fois, elle acceptait de se replonger le temps de quelques secondes dans cette soirée.

- Il s'agissait d'une lumière incantée par Shane. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut être qu'il s'agissait d'un repère.

Un repère pour progresser plus facilement jusqu'au coeur. Pour éclairer également Abigail et peut être la rassurer dans l'obscurité de la forêt.

- Tu m'as prêté ta baguette pour que je m'en serve contre Shane, après que ce dernier t'ait...t'ait mis dans cet état. Tu es resté quelques secondes conscient avant de t'évanouir.

Mais visiblement il ne se rappelait de rien. Il y avait donc de fortes chances qu'il ait oublié ses propres paroles et celles d'Abi. Abigail avait le souvenir qu'elle lui avait parlé de sa fête, dommage que le gryffondor avait oublié...

William ressent comme un éclair de mémoire, une brèche dans le brouillard qui enveloppait son esprit depuis l'accident. Un sortilège si éblouissant devait sans aucun doute être utile au cœur de la forêt interdite. Des fragments d'événements commencèrent à s'assembler, un puzzle dont les pièces semblaient s'emboîter difficilement. Le vent sifflant à ses oreilles, une course effrénée vers Shane, la silhouette d'Abigail se détachant dans la lumière tamisée, puis...

La brève illumination de sa mémoire fut interrompue par une douleur lancinante, le souvenir brutal de la baguette de Shane, le sinistre scintillement de l'éclair. Le visage crispé, il tente en vain de visualiser le déroulement exact des événements. Son esprit lutte pour reconstituer ce moment, qui lui semble, crucial. La baguette... sa baguette. "Je pense avoir crié quelque chose avant de foncer dans ta direction"

Mais, de cette question, naissent de nombreuses autres. "Peux-tu me dire quel sort Shane a utilisé pour me mettre dans cet état ? Et ce qui s'est passé après ? J'ai l'impression que tout n'est pas la faute de ce sort"

Elle était attentive à la réaction de William, elle ne voulait pas le fatiguer davantage en lui forçant à se rappeler de détails, elle ne souhaitait pas non plus lui mettre en tête des images qui pourraient l'effrayer et ralentir sa guérison. Même si le gryffondor avait un mental à tout épreuve, elle ne voulait pas que ses rêves deviennent des cauchemars.

- Tu as crié quelque chose oui et tu as foncé en balais dans ma direction mais, je ne me rappelle plus très bien ce que tu as dit.

Elle était beaucoup trop concentrée à se défaire des griffes de Shane à ce moment là. Alors qu'elle allait enchaîner, elle regarda au loin les infirmières présentes, c'était surprenant que William ne connaisse pas la cause précise de ses blessures, même Eleanor aurait pu lui dire quelques mots. Ce pourquoi Abi hésitait à lui dire, peut être y avait-il un protocole à suivre dans la guérison de William dont elle n'était pas au courant et cela impliquait de ne pas le faire cogiter sur ces évènements.

- Mais... Tu n'as pas été mis au courant ? Je pensais que les infirmières te l'auraient dit...

Ou bien elles n'en savaient rien et se contentaient simplement de soigner.

William secoue la tête, une pointe de frustration mêlée à de l'inquiétude dans ses pensées. Il avait été maintenu dans l'obscurité quant aux détails de ce qui s'était réellement passé. La moitié de son visage bandée, une perte de mémoire inquiétante et une série de bribes confuses comme seuls indices.

Abigail, malgré sa présence chaleureuse, semble déterminée à garder le mystère intact. Elle évite ses questions directes, le laissant perplexe quant à la gravité de son état. Pourquoi lui cacher des informations qui pourraient l'aider à reconstituer les morceaux manquants de sa mémoire ? Était-ce pour le protéger ou pour dissimuler quelque chose de plus alarmant ? "Elles ne m'ont pas mis au courant. S'il te plait, Abigail, j'ai besoin de savoir." Comme la Serdaigle pourra le remarquer, il a prononcé son nom en entier, ce qui est assez rare pour le mentionner.

Elle comprenait ce désir de savoir la vérité, elle même dans sa situation aimerait savoir. C'était une information beaucoup trop importante, rester dans le flou constamment était tellement frustrant. Mais par moment, pour son propre bien il fallait parfois faire preuve de patience. Elle n'appréciait pas la position dans laquelle William la mettait, elle jeta un nouveau regard vers l'infirmière de garde, comme si elle attendait que celle ci intervienne pour lui venir en aide et la défaire de cette situation.

- J'aimerai tout te dire William, mais si tu n'as pas été mis au courant avant, peut être qu'elles estiment que tu as encore besoin de temps ? Je ne veux pas perturber ta guérison...

Répondit-elle sincèrement, ça ne lui coûtait rien de lui dire ce qu'il avait vécu lors de son assaut face à Shane. Mais s'il y avait une raison médicale derrière ce silence, elle ne voulait pas être celle qui le brise. Mais les infirmières auraient avertis avant chaque visite ses proches de ne pas lui parler des évènemens dans ce cas.

- Attend, je vais voir une infirmière pour être certaine.

Après avoir remercié les infirmières, Abi retrouva sa position proche du lit de William pour lui annoncer la nouvelle.

- Tu as toujours envie de savoir ?

Lui dit-elle avec un maigre sourire. Parfois la vérité pouvait faire plus de mal que de bien...

William hoche de la tête. En savoir plus est une nécessité pour lui. Pour comprendre comment on peut arriver dans un tel état et si un sort pareil existe

Elle hocha sa tête à son tour, puis soupira. C'était son choix de savoir, elle ne souhaitait pas aller contre sa volonté.

- Alors que tu fonçais vers moi pour me récupérer en balais. Shane a... Shane a décidé de t'envoyer un Crépitus sur ton visage, c'est un sortilège de septième année. Tu as perdu le contrôle de ton balais et chuté lourdement.

Sa vitesse avait rendu la scène très impressionnante.

- Je te pensais mort William... Je suis contente que tu t'en sois sorti.

Finit-elle sur une pointe légèrement plus positive.

Dans un premier temps, une pointe d'anxiété naquit chez William alors qu'Abigail finit par lui raconter. M'appréhension grandissait à mesure qu'il écoutait attentivement les paroles de son amie.

Les informations qu'Abigail lui livra furent comme un éclair frappant son esprit. Un sort de boule de feu... un crash violent de balai... Ces mots semblaient résonner en lui, provoquant une vague de compréhension mêlée de surprise. Les bandages, la douleur, tout prenait un sens nouveau. Un instant de silence suivit, pendant lequel il tentait de digérer cette révélation.

"Si je n'avais pas été à pleine vitesse sur un balai, mes blessures seraient beaucoup moins grave" finit-il par conclure. Il est responsable de sa condition, du moins partiellement.

Il se souvient des mains chaudes de quelqu'un, entourant les siennes, tandis qu'il sombre peu à peu dans l'inconscience. Le contact prouvant qu'il n'est pas seul est probablement ce qui l'a raccroché à la vie. Durant cette dernière semaine il crut que c'était un songe mais, aujourd'hui, il semble plus que réel.

"Je me souviens de la douleur mais pas uniquement de celle-ci".

Son regard se dirige vers ses mains puis celles d'Abigail. Avant de porter ses deux mains à son visage, presque pour dissimuler sa honte, avant de repousser sa main droite, dû à la douleur de son visage.

Il ne fait plus aucun doute : il se souvient des dernières paroles prononcées et la honte qui les accompagnent.

Les yeux de William évitaient le regard d'Abigail pendant un instant, puis murmura

"Avant que tout devienne noir, je t'ai dis quelque chose. Désolé, ce n'était ni le lieu ni le moment".

La jeune fille lui laissa quelques secondes pour réaliser ce qu'il s'était passé, pour que ce dernier retrouve les souvenirs de cet affrontement. Ils n'étaient pas les plus chaleureux, mais comme William le soulignait, il y avait eu une pointe de douceur à la fin de sa chute. Persuadée et effrayée de le voir quitter ce monde, Abigail s'était rapprochée de William et l'avait soutenu moralement et physiquement le temps de quelques minutes. Un soutien qu'elle jugeait maigre et qui semblait destabiliser désormais le gryffondor gêné... Il y avait bien des choses qui la contrariaient lors de cette soirée, les dernières paroles de William étaient le cadet de ses soucis, qu'il se rassure.

- Ce n'est pas grave William, je ne t'en tiens pas rigueur. Ce que je sais, c'est que dans cette forêt tu n'as pas hésité à mettre ta vie en danger pour moi, ce pourquoi je te suis reconnaissante.

Ce n'est pas les mots qu'il avait prononcé aux portes de la mort qui allaient l'importuner. Il ne lui avait pas fait de déclaration ou Merlin sait quoi.

- Ne t'embête pas avec ça, sincèrement.

Il y avait bien plus grave dans la vie.

"Et si c'était à recommencer, je viendrai encore voler à ton secours." Littéralement, vu qu'il serait encore une fois sur balai mais pas sûr qu'Abigail comprendrait la blague. "Par contre, j'espère que tu vas m'aider à rattraper mon retard en cours. Les infirmières parlent de rester encore plusieurs semaines ici. L'angoisse !"

Ses mots étaient d'une profonde gentillesse, ce qui la gênait. Elle appréciait William mais elle ne voulait pas que ce dernier se mette en tête de toujours la secourir... C'était important d'avoir des personnes sur qui compter, c'était des personnes qu'il fallait garder près de soi mais les conséquences pouvaient être terribles parfois. Si le prix à payer était aussi élevé que celui de William lors de cette soirée alors, elle ne voulait pas qu'il l'aide. Elle sourit brièvement sans répondre, se focalisant plutôt sur l'aspect travail.

- Hmmm, je le fais déjà pour James... Je... Elle n'osait pas lui dire que cela l'embêtait de le faire pour tout le monde, elle se donnait suffisamment pour le Serpentard, il fallait également qu'elle pense à elle... Mais refuser serait ingrat pour quelqu'un qui était cloîtré ici pour avoir voulu l'aider... Elle se sentait redevable.

- Je vais partir quelques jours de Poudlard pour retrouver ma mère au quartier des réfugiés, mais après mon retour, je peux t'aider en même temps que James et faire des séances de révision communes si tu veux...

Elle n'aimait pas la proposition qu'elle venait de lui faire, elle savait que ses moments de révision avec James constituaient pour elle comme pour le Serpentard un moment privilégié qui leur permettait de déborder sur d'autres sujets. Introduire William à ces séances briserait tout ça, mais elle ne pouvait pas lui dire non.

Un léger bégaiement de la part de son interlocutrice, suivie par une proposition de le faire avec quelqu'un d'autre. Le Gruffondor est habitué à ce type de réponses, aux signaux polis qui indiquent que Abigail n'a pas spécialement envie. Une pointe de déception peut se lire dans ses yeux, mais il essaie de rester décontracté.

"Tu sais, James sortira dans quelques jours de l'infirmerie. Moi, c'est pas encore sûr quand mais sûrement plus tard.  Beaucoup plus tard. Voir beaucoup plus tard. On ne fait que mentionner "quelques semaines" devant lui malgré que les jours passent, comme si on remettait toujours à plus tard sa sortie. Existe-t-il des complications à sa condition qu'il ignore ?

"J'espère que vos révisions à deux se passeront bien" dis-t-il, refuser donc poliment l'offre d'Abigail. Ce qui avait commencé par un trait d'esprit a fini par quelque chose de douloureux.

"Prends plus de temps avec ta famille, si besoin. Surtout après ce qu'il vient de t'arriver."

Venait-il de conclure poliment la discussion ?En tout cas, à présent, son regard semble être dirigé ailleurs que vers la Serdaigle.

William marquait un point, le gryffondor resterait bien plus longtemps que James encore dans cette infirmerie. Elle pourrait ainsi prolonger ses séances de révisions quelques semaines, le temps que William guérisse... Mais aider James était une décision de sa part, elle s'était proposée pour le faire... C'est quelque chose qui prenait du temps après une journée de cours déjà bien chargé, ce pourquoi elle ne pouvait pas le faire avec tout le monde. Mais il y avait toujours le moyen de trouver un arrangement. Elle voyait bien qu'elle avait jeté un léger froid dans cette conversation.

- Merci je prendrai le temps nécessaire.

Elle avait définitivement besoin de se changer les idées.

- Et pour les révisions, je passerai, mais pas tout le temps...

Et puis depuis quand un Gryffondor révisait ? Elle avait l'impression qu'il s'agissait d'un pretexte pour vouloir passer du temps avec. Elle n'était pas contre mais pas totalement pour non plus. Il fallait la laisser se reconstruire plutôt que de chercher son attention...

"Je comprends que tu veuilles m'aider mais je pense que ta priorité doit être de prendre soin de toi." Dis-t-il avec un demi sourire avant de finir. "Ne t'en fais pas, Maria m'aidera sûrement à rattraper ce retard". Et, elle l'aide déjà beaucoup en lui apportant les cours ainsi que des synthèses mais, même cela l'aide pour les cours théoriques, la pratique quant à elle, prendra un petit temps à être rattrapée.

Cela elle lui accordait volontiers, elle avait envie de se ressourcer. Elle s'était proposée pour James en raison de leur profonde amitié, mais ce n'était pas un comportement qu'elle réservait pour tout le monde. Son lien avec William n'était pas aussi développé qu'avec James et même si les évènements de la forêt pouvaient les rapprocher, il fallait du temps.

- Merci d'être compréhensif... C'est gentil de sa part, à Maria, si elle peut t'aider. Elle le fera probablement mieux que moi si vous ne vous perdez pas dans des discussions de quidditch.

Cela la soulageait de savoir que William avait plusieurs solutions et de personne sur qui compter.

Encore un remerciement de la part de la Serdaigle. Est-ce sa manière d'exprimer la joie d'être de retour au château ? Probablement. "C'est normal, Abigail. N'importe qui pas sympa avec toi, après ce que tu viens de vivre, serait le plus gros des connards. Et, oui Maria, est gentille. Mais maintenant que tu parles de Quidditch"
Le Gryffondor poussa un soupir avant de reprendre. "C'est chiant qu'on ne puisse pas trop parler parce qu'on est dans des équipes adverses au Quidditch. Surtout qu'en plus l'Hogwarts Weekly semble être à l'affut à mon sujet. Je préfère éviter de mauvaises rumeurs à Maria si jamais Gryffondor venait à gagner le tournoi".

Elle considéré les paroles de William avant que celui ci ne commence à lui parler de quidditch. Sur quel malheureux sujet venait-elle de le lancer ?

- Vous avez le droit d'être amis et jouer au quidditch dans des équipes rivales. Il y a des règles qui l'interdisent ?

Elle trouvait cela stupide de devoir passer à côté de bons moments à cause des rivalités du sport.

En effet, il y a deux sujets à éviter avec William lorsqu'on a que deux minutes devant soi : l'histoire de la magie et le Quidditch. "Tu sais trés bien que ce n'est pas si simple à Poudlard. Tiens rien que regarde les rivalités entre maisons. Un truc complètement con et, pourtant, qui fonctionne bien pour foutre la merde entre les élèves. "

Elle le savait très bien oui, mais il faisait partie des maisons les plus ouvertes. Qui pouvait leur reprocher d'être proche ?

- Il y a une rivalité entre les maisons oui, mais elle est surtout alimentée par les Serpentard. Qui chez les Serdaigle ou chez les Gryffondor verrait d'un mauvais oeil votre amitié ?

Elle estimait qu'ils étaient suffisamment compréhensifs pour passer outre. Il n'y avait pas de différends entre ces maisons, ce n'était pas comme les Pouffy avec les Serpy.

"Les supporters les plus fanatiques de Quidditch. On dirait presque tu ne viens jamais voir nos match de Quidditch" Quel affront ce serait ! Personne ne fait ça à Poudlard, si ? Il enchainera d'un ton plus triste "Maria s'occupe déjà de m'apporter les cours et les devoirs. C'est tellement gentil, et dangereux au vu de notre situation. Si jamais ça lui retombe dessus, je ne me le pardonnerai jamais"

William n'avait pas tort, il arrivait à Abi de rater quelques matchs... Peut être elle n'arrivait pas à se saisir de l'ambiance d'un match de quidditch... Ses sourcils se arquèrent lorsque le gryffondor lui indiqua que Maria s'occupait déjà en partie de lui concernant les devoirs, c'était bon à savoir et la déculpabilisait. Elle se demandait si William faisait exprès de choisir des filles pour l'aider...

- Tu n'as pas un camarade Gryffondor pour t'aider ? Je sais pas, Alan, Arthur par exemple.

Des garçons de leur classe.

"Pouah, arrête. Arthur est le gars chelou ami avec Aslan, non ?" Il pourrait aussi bien demander à Martin mais c'est devenu un peu tendu depuis la crise de l'année passée qui a fait éclaté leur trio. "Bref".

Hors de question que quelqu'un s'apitoie sur son sort. Il n'est pas du genre à se laisser faire. "J'espère que tu viendras au match Serdaigle contre Gryffondor."

Abi ne les connaissait pas plus que cela, mais elle savait qu'il était facile de trouver les gens bizarres quand on ne faisait pas l'effort de s'intéresser à eux...

- Je suis à tous les matchs de Serdaigle pour encourager Maria, elle est forte elle arrive à se faufiler partout.

Analyse de quidditch très poussée... Ce qui était normal venant d'une grande amatrice...