Sous le grand arbre

James arriva sans se faire attendre, les mains dans les poches de son épaisse couche de vêtements prête à parer l’hiver.

« - Salut Johannes. Alors ? T’as pu t’en sortir ? »

« - Tout va bien ?… »

L’aspect paranoïaque du Vermaat atteignit rapidement l’écossais. Ce dernier mit sa main sur sa baguette qui était rangée dans sa poche. Si le jaune tentait quelque chose…

Les yeux du serpentard dérivèrent jusqu’au paquet.

« - T’as pas envie de paraître encore plus suspect, par hasard ? » fit-il tout bas, avant d’enchaîner.

« - Du coup tu me le rends ce manuel de botanique ? Et je te dois combien d’ailleurs ?»

Les précautions étaient évidentes mais quasiment inutiles, tant le vent sifflait fort en cette période.

« - Merci Johannes. »

James récupéra le paquet et le glissa dans son sac. Il n’était pas à l’abri d’une mauvaise blague, mais l’écossais avait décidé de faire confiance au réputé professionnel.

« - Tu rentres au château ? Ou t’as autre chose de prévu ? »

Cela ne dérangeait pas le serpentard de faire le chemin du retour en sa compagnie.

« - T’es… sûr que tout va bien ? »

Le jaune lui semblait bien mal à l’aise par rapport à leurs précédentes discussions. Johannes n’avait jamais été du genre à être intimidé, alors James commençait naturellement à se poser quelques questions.

James s’engagea à son tour, direction le château.

« - Aucune idée, moi je pose pas de questions. Je prends juste ma commission sur l’échange et c’est tout, mais je te tiendrai au courant. »

Affrontant le blizzard, les quelques craquements de la neige au sol accompagnaient nos deux meilleurs ennemis.

« - Sinon ça va, toi ? J’ai été étonné de te voir sans Eleanor au bal. »

Il fallait bien trouver un sujet de discussion pour tuer les dix minutes qui les séparaient de la bâtisse…

Le Hogwarts Weekly… James le suivait en cachette, comme tous les garçons de l’école. Il fut étonné de voir son camarade le mentionner comme si de rien n’était… C’était un sujet de filles, après tout. James haussa les épaules et grimaça au sujet du bal gâché. Il n’aimait pas en parler. La mort idiote d’un camarade le gênait étrangement plus que de raison.

« - Si je comprends bien… C’est elle qui t’a lâché ? Pour Peter, en plus. »

Un raclement de gorge moqueur suivit. Le serpentard n’imaginait pas la rousse ainsi… Et puis, ce Riverside n’avait rien d’exceptionnel.

« - Il est sympa au moins, ce préfet ? »

En bon membre de la maison verdâtre, l’Ashworrh ne le connaissait pas tant que ça en dehors du club de Duel qu’ils avaient fréquenté ensemble pendant plusieurs années.

James souffla du nez, amusé. Il ne semblait pas dérangé par la présence du Vermaat à ses côtés. Avait-il, de son côté, enterré la hache de guerre ?

« - Aaah chez les verts tu sais comment on est, on évite de parler des jaunes. »

C’était un trait commun à sa maison. S’ils pouvaient parfois en mentionner certains, c’était pour se moquer des nullards plutôt que de mentionner la plus grande fierté des blaireaux.

« - Mais quand tu dis les autres l’aiment bien, on dirait que tu t’exclus un peu du truc… Et maintenant que tu le dis je t’ai jamais vu très proche de l’armée du général Lewis. T’as la tête trop bien faite pour les supporter, c’est ça ? »

Malgré son ton taquin, l’Ashworth ne cachait pas le jugement qu’il éprouvait envers les membres les moins malins de la maison de son interlocuteur.

« - Hm. »

James apportait l’affirmation qu’il comprenait ce à quoi Johannes faisait référence. Il était vrai qu’être à Serpentard amenait son lot de "règles" à respecter pour être apprécié, mais le jeu en valait clairement la chandelle. L’écossais savait qu’aucune autre maison ne pouvait lui apporter ce que les verts lui avaient offert jusque-là.

« - On est pas tous comme ça. Ton ambition aurait très bien pu t’envoyer chez nous, d’ailleurs. Ça aurait facilité les choses. Les dortoirs c’est plus simple qu’un rendez-vous sous la neige. »

C’était bien la première fois qu’il s’ouvrait autant à Johannes.

« - Qui trimballe des livres moldus ? »

James avait détourné le regard du chemin pour son camarade, levant un sourcil au passage. Le jaune n’avait pas sa réponse, mais pouvait aisément l’imaginer grâce au sourire du serpentard fier de sa blague.

« - Tu sais… Parfois c’est en n’étant pas discret qu’on l’est le plus. C’est ce que je pense en tout cas. L’important c’est de paraître naturel et détendu… Tout l’inverse du regard que t’es en train de me lancer en ce moment, par exemple. »

L’écossais ne lui en tenait cependant pas rigueur.

« - Ouais, on verra… Déjà faut voir si ça plait au gars, et combien tu lui demandes. »

Les élèves arrivèrent enfin sur l’esplanade du château. C’était l’heure pour le serpentard de se détacher du blaireau.

« - Allez j’te laisse… C’était cool de te parler. »

James venait d’être franc, mais Johannes ne pouvait en être certain. Il s’en alla de son côté et disparut dans la masse d’élèves.