Re: Une tour abandonnée

Sandra n’avait nulle envie de revoir le cadavre, la faible luminosité était préférable. Aux paroles de Celonia, elle aura baissé sa baguette, ne captant nullement l’animosité de sa camarade. Elle soupira alors, et son regard se porta vers le ciel. Le silence. Aux alentours peut-être, peut-être pas, mais dans sa tête en tout cas. Et la mort - l’horrible mort, qui s’imposait par son ineffabilité comme un poids insupportable même pour Atlas.

Il ne put qu'hocher de la tête aux dires de Celonia, mais déjà un silence lourd de mort s'était imposé, en se relevant il viendra incanter un luxis, et s'approchera du cadavre d'un air solennel en faisant craquer les gravats et les pierres sur son chemin, pour en définitif chercher un moyen de le couvrir, mais il ne voulait pas salir ses habits avec cette sorte de bouillie humaine... C'était un peu dégoutant, il regardera brièvement autour de lui pour ne surement trouver que des morceaux de pierre, auquel cas il se tournera vers le petit groupe et réfléchira aussi quelques instants à la suite des évènements, si il était à leur place il irait au moins au buffet du bal pour se faire un bon ptis repas, il se doutait que le cachot allait être le prochain lieu de repos de certains ici présent...

Il n'y avait rien de plus à dire ou à faire et, manifestement, un rapport tacite avait été conclu entre tous les protagonistes de cette sale histoire. Celonia s'appesantit donc dans sa position guère confortable. Faute de reposer son corps, elle tâchera au moins de reposer un peu son esprit le temps que l'inévitable confrontation ne se produise.

Augustus ne vit rien pour l'instant en zyeutant superficiellement les ruines de la tour. Il entendit du bruit derrière lui cependant, c'était Porco qui se relevait en se tenant la tête, les yeux complètement étirés. Il se tourna ensuite vers Reiner. Porco respirait lourdement.

Sortie de sa torpeur par Porco qui se dégageait des ruines, la petite secoua la tête, reprenant ses esprits.

- Hum… on… on fait quoi ?

Le caractère surréaliste de la scène aidait aussi pas mal Augustus à être désensibilisé, le fait de ne pas connaitre le type mort aidait aussi beaucoup, il se préparait mentalement chaque jour à la guerre finale entre moldus et sorciers et était conditionné à accepter la mort... Sans compter le fait que sa curiositée se démenait pour ne pas poser de questions à la pauvre Célonia qui y répondrait en temps voulu, là ce n'était juste pas le moment, il fallait laisser les gens se recueillir... N'en pouvant plus de ce moment suffoquant il fuira cette situation et sa localisation très proche du cadavre, et ira ira grimper le tas de gravas, raison aussi pour laquelle il continuera de visiter la scène du désastre, afin d'accumuler le plus d'éléments de réflexion possible en attendant que le sujet devienne moins vif dans le petit kokoro de sa connaissance serdaigle. Il réfléchissait aussi en même temps dans un coin de sa tête à ce qu'il allait dire pour briser le silence, surement allait-il proposer à celonia et sandra de partit d'ici et de laisser les 3 aînés s'expliquer seuls face aux professeurs

Encore quelques minutes, peut être même une heure à attendre et la jeune Harpis se sentait toujours aussi seule. Elle aurait aimé que ses parents soient là... En dépit de ses moultes complaintes, ils avaient toujours réussi à "réarranger son cocon", celui dans lequel elle aimait tant se complaire. Elle se souvenait de ce qu'elle se disait la veille en pistant Hoover :"Il faut que tu sortes de ta zone de confort"... Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle se souviendra de sa première sortie.

- J'sais pas, on s'amuse à marcher dans les gravas comme ton abruti de copain ? Et tu peux rendre ma baguette s'teuplait ?

Répondit Annie, tout en se redressant, elle regarda ensuite Porco, l'air inquiète.

- Je suis désolé Porco...

Lança Reiner à son adresse, remarquant sa rage prête à être déversée sur lui...

- T'es... désolé hein...

Il baissa la tête, sa baguette était dans sa main. On s'apprêtait peut-être à un nouveau saut de "montagne russe" ici, Celonia risquait d'être seule encore un moment. De son côté, Augustus manqua de se fouler une cheville et tomba en avant, s'éraflant une main sur une pierre froide, il tint sa baguette de peu et ses yeux proches d'une arête d'une brique de la tour, purent voir sous les décombres, un coffre mystérieux que la neige commençait à recouvrer de son manteau, comme un peu toute cette scène, comme ce cadavre sanguinolent qui allait être enterré par son linceul blanc sans l'aide de personne sinon le ciel.

- Ah euh…. désolée…

Sandra rougit légèrement, gênée, avant de lancer sa baguette en cloche à Annie et de se gratter l’occiput. Encore perturbée, elle ignora plus ou moins les zouaveries d’Augustus.

Il était vrai que ce que faisait augustus était stupide en soit, pourquoi faisait-il cela ? Un peu comme quand on se lève et qu'on marche un peu à gauche à droite, par réflexe, juste pour marcher, là en l'occurence il devait aussi s'éloigner de l'omelette et de l'atmosphère pesante, puis ouille, le voilà tombé... Sur un coffre ! Par merlin ! Ni une ni deux il se relèvera plein d'énergie et commencera à déterrer avec ses mains si il le pouvait, sinon au moyen d'un sortilège de lévitation les briques qui menaient au fameux coffre. Il avait oublié ses alentours et même la situation dramatique dans laquelle il se trouvait l'espace d'un instant, son attention était focalisée vers cet objet.

Elle serait bien restée cachée de la réalité, dans le confort relatif des plis de son uniforme scolaire, mais ses membres commençaient sérieusement à s'endolorir. Sa chevelure ambrée était recouverte de flocon et un début de migraine causée par le froid commençait sans doute déjà à la prendre. Elle se releva doucement, observant la nouvelle querelle avec un certain désarroi... Cela n'était donc toujours pas fini en dépit de tous ses efforts ? Les paroles de ce garçon lui rappelèrent qu'effectivement, lors de la conversation qu'elle avait pu épier dans le parc, Reiner s'était présenté comme le leader du groupe. La responsabilité allait lui incomber, de toute façon.

Ignorant les clowneries d'Augustus ou la conversation entre Annie et Sandra, elle se contenta d'observer Reiner et Porco, espérant que ça ne dégénèrerait pas de nouveau car, cette fois, elle risquerait d'avoir à utiliser la force pour calmer la situation.

- Lâche ça Porco, il te reste même pas de quoi lancer un lumos, lança Annie en rattrapant sa baguette et en se relevant entièrement.
- ...
- C'est pas la première fois qu'on voit un proche mourir, pourquoi devrait-on davantage lamenter le frère de Porco ?
- Tais toi Annie, est-ce que tu t'écoutes seulement ? Fermer sa gueule est vraiment la meilleure chose que chacun d'entre nous puisse faire ici.
- ... Porco s'éloigna, résigné.

Reiner le regarda, puis resta tête baissée quelques secondes avant de s'approcher de Celonia.

- Je te remercie fillette... et navré que tu aies du voir ça. On ne savait vraiment pas que... Je comprends toujours pas... qui a pu foutre ce monstre là dedans...

Il déglutit, ses yeux commençaient à s'embuer. Une difficulté supplémentaire pour la petite Celonia, voir un grand garçon comme ça se briser après avoir résisté aussi longtemps. Lui aussi cherchait peut-être une sorte de réconfort, puisque ses amis étaient tous brisés...

A cet instant, Augustus tomba bruyamment, et tout le monde le remarqua. Puis ils le virent "creuser" avec ses mains et sa baguette. Annie secoua la tête, et ne s'y intéressa pas plus que ça, pour le moment. Elle marcha en direction de Porco pour s'excuser sûrement. Augustus, lui, est parvenu à déterrer le coffre, il peut l'extraire de là si il le souhaite.

Augustus arrivant peu à peu au niveau du coffre tendit les mains pour l'extraire, il attendait de voir ce qu'il contenait pour faire part de sa découverte aux autres apprentis sorciers qu'il écoutait d'une oreille. Après coup, il était évident que ce fameux monstre avait quelque chose à protéger ! Brulant de suspense il essaiera d'ouvrir le coffre, au point où il en était, il avait presque oublié qu'un homme était mort il y a peine quelques minutes, et plus il se raprochait du moment fatidique de l'ouverture du coffre, moins il pensait au malheureux, et plus il pensait au trésor.

Celonia vit Reiner approcher. Il était sans doute celui qui avait pris le plus de dégâts après le pauvre Marcel. Toutefois, la douleur physique était peu de choses comparativement aux regrets qui devaient déjà le ronger. Elle ressentit, instinctivement, une certaine empathie à son égard. Le poing du golem avait frôlé son visage, il avait vu sa mort en face et, pourtant, ça n'était pas à lui qu'il pensait. Il ne semblait pas être un "mauvais bougre" c'était, en tout cas, le constat pieux qu'elle avait tiré de cette soirée. Dès lors, le voir éclater en sanglots lui souleva le coeur, une nouvelle fois. Elle ne sut pas vraiment que faire, voir un tel gaillard dans un tel état était, pour elle, un spectacle tout à fait singulier dont elle n'appréciait pas plus le scénario que le jeu. Tout était allé vite, beaucoup trop vite...

- C'est pas de votre faute...

Parvint elle à souffler avant qu'un haut le coeur ne la rattrape. Elle se sentit déglutir et, dans un réflexe désemparé, elle posa sa petite main sur l'avant-bras droit de Reiner, le gratifiant du peu de réconfort qu'elle pouvait fournir avec la paume de sa main tandis que son regard repartait vers le sol. Elle ne prêta pas attention à Augustus ou à quiconque.

Augustus ne parvint pas à ouvrir le coffre. Il était scellé. Au reste, toute la tension était descendue, peut-être trop brutalement. Reiner laissa Celonia faire un instant, puis se recula, ayant honte d'être consolé par une enfant.

Font-ils quelque chose de particulier en attendant les professeurs ?

Il fera un finite, mais très certainement que cette attention sera inutile, il s'exclamara alors immédiatement ''j'ai trouvé un truc !'', puis au moyen d'un sortilège de lévitation il transportera le coffre pour descendre du tas de ruine tout en disant

- J'ai trouvé un coffre scellé ! Mais les professeurs vont surement bientôt arriver, donc euh je vais cacher ça, et on se reverra quand votre punition sera finie, promis ! Et... euhh célonia tu viens ?

Tout en partant il essayerait de se rapprocher de Sandra tout en gardant un oeil avertit au cas où quelqu'un venait à l'attaquer, il incanterait immédiatement un protego.

Reiner recula, pour des raisons que même la jeune Harpis put comprendre. Elle se rassit et attendit, toujours éberluée et amorphe, jusqu'à ce qu'Augustus ne l'interpelle. Elle ne prêta pas vraiment d'attention au coffre, sans doute trop chagrinée pour que quoique ce soit de brillant ne puisse aboutir de cette expédition.

- J'ai participé au combat, les professeurs voudront me parler alors autant attendre qu'ils arrivent.

Elle se frotta les yeux avec une lassitude accablante avant d'ébouriffer ses cheveux pour laisser tomber les flocons qui commençaient à s'y accumuler. Elle adressa un regard à Augustus, essayant de lui adresser un sourire mais, devant l'impossibilité d'une telle action, se contenta de lui répondre.

- A plus tard Augustus, on reparlera de tout ça...

- Pff. Et il nous vole la récompense... on se retrouvera en salle commune face de bolet !... lui lança Annie alors qu'Augustus s'éloignait avec son coffre et Sandra qui décida de le suivre après un petit moment d'hésitation. Ou pas... ajouta-t-elle ensuite d'une voix triste.

Les autres restent silencieux. Quelques minutes après, un bruit d'une brutale bourrasque surprit tout le groupe.

Isidor venait d'apparaître de nulle part en compagnie d'Aslan qui tomba à genoux pour régurgiter son maigre repas et sa bile. Le vieux sorcier incanta une grande sphère lumineuse, comme un petit soleil pour éclairer toute la scène, et identifia toutes les personnes présentes, ce qui semblait être les restes du golem vaincu, ainsi que le cadavre...

- ...

Isidor s'approcha et observa tous ces visages meurtris et ces corps épuisés sans rien dire...

L'attente lui avait semblé interminable, à tel point que la combinaison du froid et de la fatigue avaient manqué de la faire s'assoupir. Toutefois, elle fut sortie de sa torpeur par un claquement singulier et, sans même qu'elle n'eut le temps de se retourner, le professeur Lionheart venait d'arriver. Lorsque le regard fatigué de l'Harpis tomba sur l'imposant directeur de la maison rouge, elle constata également la présence d'Aslan qui, sans doute submergé par tout ce qu'il avait vécu, venait de "lâcher" son repas.

Plus qu'impatiente d'enfin quitter ce maudit lieu, la jeune fille se leva et marcha vers l'homme.

La vieille insulte aura illuminé un instant le village d'augustus tandis qu'il se tournait vers elle

- Ouai Adressa-t-il en premier à célonia, il finira par dire en levant le ton parce qu'il commençait à être assez loin Vous inquietez pas ! bonne chance !

Augustus aura levé une dernière fois la main en direction des pauvres meurtris et s'en sera allé, il n'en savait rien s'ils devaient s'inquiéter ou pas, mais il pensait qu'une exclusion serait bien trop sévère et qu'il les reverrait bientot. Et concernant le coffre, needless to say qu'il partait avec de bonnes intentions.

- Professeur...

Se leva Reiner après lui aussi être resté silencieux un moment.

- Tout est de ma faute. Je prends toute la responsabilité, c'est à moi de subir toutes les... conséquences... de...

Il essayait de se montrer fort, mais sa gorge se nouait un peu plus à chaque mot. Les autres ne dirent mot.

- Cela suffit, Braun.

Il s'approcha du corps de Marcel, dont le sang avait gelé, et commença à l'enrouler dans un linceul conjuré. Ensuite il fit de même des restes du golem.

- Nous rentrons au château.

Et il ouvrit la marche vers Poudlard, faisant flotter à ses côtés le corps de Marcel et les pierres sur lesquelles il y avait encore quelques traces d'enchantement. Ils seraient tous emmenés se reposer à l'infirmerie, à part Aslan et Celonia qui pourraient partir s'ils le souhaitaient. Isidor collecterait ensuite le récit des événements de chacun. Le corps de Marcel serait laissé dans une pièce spéciale de l'infirmerie pour la nuit, et ensuite envoyé à Pré-au-Lard pour les funérailles. Le golem lui sera emmené pour être étudié dans les quartiers d'Isidor. Bien sûr il avait informé le Directeur de la situation, et par là tout le corps enseignant.

Il y aura un hommage fait à Marcel Galliard dans les jours suivants. Des rumeurs de tout genre tourneraient dans le château durant un certain temps, mais elles finiraient par s'apaiser. Reiner, Annie, Porco ou Berthold n'auront pas été virés de Poudlard, ils assisteront certains professeurs, le concierge, le garde chasse, dans diverses tâches, et n'auront pas accès à leurs baguettes en dehors des cours ou sans autorisation pour au moins le restant de l'année.

Il n'y aurait pas de récits publics sur le déroulé de cette histoire, les élèves s'en informeront dans les détails que s'ils cherchent à le faire. Ainsi, quelques mystères resteront non dévoilés si personne ne cherche à creuser.

Celonia, d'un commun accord, dira ce qu'elle avait vu ce soir-là ou, plutôt, ce que les autres croyaient qu'elle avait vu. Elle ne dit pas qu'elle avait été mise au courant de leur projet pour la tour plus d'une journée avant les faits. Non, elle se baladait dans le parc, bien malheureuse car sans cavalier et avait entendu des bruits. Lorsqu'elle était arrivée sur la scène, elle vit la tour s'effondrer sous le poids de sortilèges qu'elle ne connaissait pas puis avant que quiconque ne puisse faire quoique ce soit, le monstre avait surgi et tué Marcel. Elle avait immédiatement utilisé un periculum pour alerter d'éventuels adultes qui auraient pu repérer son sortilège puis avait tenté un finite sur le monstre ainsi qu'un expulso pour dévier l'un des coups du golem sur Reiner. Après avoir neutralisé le monstre, elle avait simplement attendu le retour d'Aslan. Elle ne mentionna les petites disputes qui avaient résulté de la panique générale, jugeant cette précision inutile.

Pour le reste, elle ne croyait pas que le groupe serait puni au delà de toute raison. Après tout, ils n'étaient formellement responsables que de l'effondrement d'une vieille bâtisse inutile et loin de tout... Toutefois, leur véritable punition sera la culpabilité d'avoir indirectement causé la mort de leur camarade. Celonia, elle aussi, devra se souvenir que les choses auraient pu se passer autrement. Toutefois, existait il réellement un scénario ou elle aurait, sur de simples assomptions, dénoncé plusieurs élèves après s'être tant concentrée sur ce qu'ils mijotaient ? Celonia avait beau retourné le scénario dans son esprit, encore et encore, elle ne se voyait pas agir ainsi. Au moment crucial, elle pensait avoir agi aussi efficacement qu'elle l'avait pu et elle s'accrochera à cette croyance (sans doute véridique) pour calmer son esprit tourmenté.

Là, maintenant, elle avait surtout besoin de se mettre au chaud... Les prochains jours risquaient d'être très éprouvants et la jeune fille se préparait déjà, psychologiquement, à la suite.

La version de Celonia fut corroborée par les autres, bien qu'Aslan avait en partie tiré la couverture à lui même. Ultimement, ni Aslan ni Celonia ne surent dans l'immédiat qui Isidor avait réellement cru sur ces détails "insignifiants" de qui était le véritable "héro" de la soirée, si tant était qu'il y en eut un. Elle fut sincèrement félicitée par le professeur et réconfortée par un câlin paternel (assez sobre). De même pour les infirmières qui lui porteront une attention toute particulière durant son passage là bas. Elle sera ensuite laissée au repos, ménagée de cours pour quelques jours si elle en avait besoin, tout comme Aslan. Aslan en revanche n'a pas reçu autant d'attention et de câlins, il était un homme après tout.

Ainsi semblait s'achever cette histoire.