Une tour abandonnée

Une mélancolie sourde l'envahit lorsque le monstre de pierre s'affaissa. Il n'y avait toujours aucun adulte ici... Ils devaient être tous dans le château à fêter le bal... Le bal, elle l'avait totalement occulté, tout comme tant d'autres choses, mais, maintenant, l'adrénaline s'évanouissait, comme un cruel râle de gloire, et ne persistait plus que l'horrible réalité. Il y avait un garçon, juste là, à quelques mètres, qui avait été tué si brutalement que la terreur même n'avait dû être qu'un très éphémère réconfort avant l'évanouissement dans l'éternité. Son destin, il le devait à une cruelle malefortune, à ses choix, ceux de ses amis et, aussi, dans une toute petite mesure qui l'empoisonnera sans doute un certain temps, à Celonia Harpis qui aurait pu faire des choix différents.

Terrorisée et apeurée, son esprit s'était focalisé avec une rigoureuse discipline sur ce qu'il y avait à faire pour que le bilan ne s'alourdisse pas plus encore, mais l'illusion ne prenait plus désormais. D'un pas chancelant, elle avança vers les rescapés. Elle avait l'impression que son coeur s'était enserré sur lui même et sa bruyante et saccadée respiration lui sembla représenter tout un monde. Elle trouva tout de même assez de force et de courage pour élever la voix en direction d'Annie et Reiner :

- V...Vous allez bien ?

Aslan lâchera un lourd et audible souffle de soulagement devant la "mort" Golem. Tombant genoux à terre sur l'émotion il tente de reprendre sa respiration et de calmer son rythme cardiaque essayant de faire bonne compréhension des informations de cette situation terrifiante. Ils viennent de voir un golem dont l'origine et sa raison d'existence sur le domaine est totalement inconnue tuer un autre élève...un sorcier est mort, non un enfant est mort. Comment est ce possible ? Comment cela pourrait se produire dans le lieu où ils sont le plus censé être en sécurité ?

Le combat était terminé et avait laissé sa place à l'effroi le plus pur. Que faire ? Que dire ? Lorsque Reiner croisa son regard, il ne put distinguer qu'une terreur singulière que son sang-froid habituel peinait lourdement à contenir. Singulière ; Elle se faisait l'héraut de l'effondrement prématuré d'une enfance poignardée par la plus singulière des horreurs. Elle ne répondit pas aux questions qui lui étaient posées, d'abord parce qu'elle n'avait ni le courage de dire la vérité, ni la perfidie d'inventer un mensonge en un tel instant, mais aussi parce que l'effondrement d'Annie la secoua. Elle avait été la plus stoïque et la plus efficace du groupe et là, elle flanchait complètement, tout comme elle...

Elle observa Reiner se redresser, celui-ci semblait être le dernier encore un minimum en possession de ses moyens.

- J...J'ai lancé un periculum quand j'ai vu le golem vous attaquer... Des adultes doivent être sur le chemin, il faut qu'on les appelle... Pour...Pour...

Sa petite voix s'éteignit prématurément, comme l'avait été la lumière du jeune Marcel. Sans crier gare et sans qu'elle même ne puisse le voir venir, elle flancha, éclatant en de lourds et discrets sanglots qu'elle chercha à cacher du revers de sa manche.

Sandra papillonna des yeux devant la scène, son bras armé pendouillant mollement à son flanc. La bouche entrouverte, l’air hébétée, la petite gryffondore ne comprenait rien à la situation. Une bagarre avait vraisemblablement eu lieu, un bâtiment s’était effondré et tous ceux sur place semblaient figés dans la douleur, la confusion et le choc.

- Euuuuh…

Elle regarda Augustus, ne sachant comment réagir ou que dire.

Reprenant de plus en plus ses esprits Aslan se rendra rapidement compte que d'ici peu la situation tournerait à un véritable vent de panique et d'hurlements avec les élèves déboulant comme des Détraqueurs de tous les côtés pour voir ce qu'il se passe. Son adrénaline et son courage inespéré de quelques secondes auparavant s'étant totalement évaporées Aslan décide de partir l'air de rien en priant pour qu'on ne le remarque pas.  Après tout c'est plus son problème. Il se rends droit vers le Bureau de Geralt de Riv pour le prévenir de la situation et ainsi se dédouaner.

Un wow s'échappera de ses lèvres. Voilà qui était un spectacle fort peu réjouissant, si Augustus n'avait pas vomis juste avant de venir, il aurait très bien pu le faire sur le cadavre de la pauvre omelette. Heureusement qu'il avait gardé en tête les visuels de la fête du village et du sorcier qui était mort sur la place du village, à présent ça faisait deux, deux sorciers morts, une partie de lui se dit aussitôt qu'à ce rythme, il faudrait quelques années pour qu'il arrête de compter les morts. Mais a pars ça, enfin sur le moment, l'inconnu mort ne l'impactait pas plus que ça.
Mais tandis que le mystérieux serdaigle partait, il s'apprêta dès lors à se tourner vers une Célonia visiblement déboussolée, mais la phrase de l'aînée le fit instantanément se tourner vers elle, et il la vit prête à dégainer, il devait dire quelque chose ! Mais aucun mot ne lui venait au lieu de ça, il s'imaginait déjà en train de faire une clé d'étranglement à l'inconnu le plus proche, c'est dans ce but qu'il se rapprocha encore afin d'être à portée de bras.

- Ouahhh what the fuck, c'est un truc de fou c'qui vient de se passer ! Respirez reprenez vos esprits, c'est normal si vous êtes choqués on va régler ça... Chill

Sont les seuls mots un minimum censés et pronant une désescalade qui lui viendront a l'esprit, c'était un peu stupide de dire ça d'ailleurs vu la situation dramatique, mais quels autres mots pourraient venir en un instant de la psrt d'un adolescent de 14 ans confronté pour la première fois à une vraie mort bien gore..

Aslan essaye de partir le plus vite possible de la scène tout en restant discret, il ne remarque donc pas ce qu'il se passe dans son dos.

Se présenta alors aux yeux de la petite le triste et macabre spectacle de la mort d’un adolescent, arraché à ce monde dans la fleur de l’âge, fauché et déchiqueté dans l’impulsion de la fougue naïve des jeunes années. Les yeux exorbités, les bras ballants, Sandra était absorbée par la vision du cadavre du feu Marcel. L’instant sembla durer une éternité, avant qu’elle ne soit arrachée à son tour de ce monde… Celui des morts, et de la contemplation, pour revenir à celui des vivants ; la situation dégénérait, et Annie menaçait Augustus… Avaient-il été témoins d’un meurtre? Peu importait, le sang de Sandra ne fit qu’un tour: leur vie était menacée.

- Expelliarmus ! Expulso !

Furent envoyés sur la blonde.

Aslan se retourne brusquement en entendant Annie hurler comme une possédée, remarquant que son simp fonce droit sur lui et ayant toujours sa propre baguette en main Aslan n'hésite pas une seconde avant d'envoyer un  Glissendo sous les pieds du simp.  

-NE M'APPROCHE PAS SALE SALTIMBANQUE ! !

Toujours quelque peu déboussolée et, surtout, fatiguée tant mentalement que physiquement, il fallut un certain temps à la jeune Harpis pour réaliser que, contre toute raison, les hostilités allaient reprendre. Son regard jadéite qui chatoyait dans la nuit comme une survivance de lueur affadie s'arrêtèra sur la baguette d'Annie qui pointait en direction de ... Augustus ? L'incorrigible tête brûlée de la maison verte était là ? Depuis quand ? Mince, cette scène gagnait en absurdité à chaque instant. Ces situations, Celonia préférait les éviter comme la peste, plus encore quand elle n'était pas tout à fait en capacité de jauger la situation avec sérénité. Son sang ne fit qu'un tour, on dirait qu'elle allait devoir refouler ses sentiments encore quelques instants. Elle prit une longue inspiration et se força à élever la voix, chose qu'elle ne faisait jamais d'habitude.

-  Berthold est déjà parti et d'autres que ces deux là vont arriver ! S'ils vous voient en train de vous battre, vous ne pourrez pas dire que c'était un accident !

Il fallait absolument qu'ils se mettent tous d'accord sur la bonne attitude à adopter. Les trois comparses avaient beau être épuisés, ils n'en étaient pas moins plus âgés qu'elle et Celonia, sans doute poussée par sa peur d'être reconnue pour son implication indirecte dans cette histoire, préférait mettre toutes les chances de son côté pour s'en sortir indemne.

Pour le reste, elle n'avait rien de plus à dire pour l'instant. Si, pour une raison quelconque, un sort était jeté sur elle, elle tenterait tout de même de s'en prémunir à l'aide d'un protego.

Aslan SPRINT vers le bal tel un acharné voulant être sûr que cette fois il ne sera pas interrompu.

Sandra s’empara de la baguette d’Annie tombée à ses pieds, l’agrippant de toutes ses forces, et se mit à regarder à droite et à gauche, reculant légèrement. Annie était désarmée, Reiner semblait abattu et Porco échu. La respiration saccadée, le souffle lourd, Sandra gardait sa propre baguette en main, tentant de tenir en joug tour à tour tous les potentiels ennemis se trouvant ici, Celonia inclus.

- Ah… que… bégaya-t-elle, avant de déglutir. Que… Augustus, viens là! ordonna-t-elle soudain.

Le vert était le seul qui était indubitablement de son côté, elle préférait l’avoir à côté de lui. Son regard parcouru ensuite la scène, pour s’arrêter sur Celonia, qui semblait être la seule en capacité de tenir un discours cohérent. Elle la menaçait de sa baguette, et, encore paniquée, tentait de faire preuve du plus d’assurance qu’elle pouvait.

- Qu’est-ce-qu’il s’est passé? Pour…

Son interrogatoire fut interrompu par la pensée poignante du cadavre désarticulé qui se trouvait à quelque pas d’eux. Sandra eut une remontée acide, une soudaine envie de vomir, mais ravala sa salive.

Augustus qui sentit que le pauvre avait une épaule disloqué se sentit un peu mal parce qu'il avait rien demandé et se releva aussi vite que possible en grimaçant et en marmonnant des désolé, il avait du agir et vite, les choses semblèrent d'ailleurs pourtant très vite se calmer, en grande partie, et ironiquement grace à sandra, il ignorera ses ordres et ne s'était même pas tourné vers elle pour voir qu'elle pointait celonia de sabaguette, il essayera juste d'aider reiner à se redresser.  

- Ouai calmons nous... L'autre il a l'air un peu perché je pense pas qu'il va aller cafter, au pire si vous dites tous le même truc c'est pas lui qu'on va croire, et puis vous l'avez pas tué c'est pas de votre faute !

Vu le type de cadavre, il était aisé de deviner que ce n'était pas un meurtre

Annie ne fit pas preuve d'une quelconque combativité. Elle qui avait été si farouche contre le golem semblait être totalement à bout... Ils avaient passé plusieurs minutes à utiliser leur stupide sortilège sur cette fichue tour et il ne lui restait plus rien... Le constat était sans appel. Si elle et Aslan n'avaient pas été là, ils n'auraient jamais pu vaincre l'ennemi. Pourtant, ce n'était qu'un moindre réconfort par rapport à l'horreur qui les avait accablés ce soir là. La jeune Harpis observa Augustus se jeter sur Reiner avec une curieuse apathie avant de voir la baguette de Sandra se pointer vers elle... Qu'est-ce que c'était que ce cirque...? Une puissante envie d'imiter Annie la prit. Pourtant, il fallait encore qu'elle fasse une chose.

- Augustus, Sandra, attendez !

Elle accorda un regard étrange à Sandra, comme pour lui indiquer que cette menace ne sera pas oubliée de si tôt puis à chacun de ses camarades, sa voix était tremblante et désemparée.

- Ils sont épuisés. Le monstre est sorti d'un coup quand la tour s'est effondrée, ils ont tout donné pour défendre leur ami quand je suis arrivée... J'ai tout vu...

Elle adressa un regard à Annie et Reiner. C'était une version sublimée des évènements, qui occultait leur bêtise crasse, mais, en cet instant, il fallait qu'ils s'accrochent à cette version des faits. La petite fille s'affaissa à son tour, s'accroupissant pour venir loger son nez gelé et rougi entre les plis de sa robe avant de cacher ses yeux embués dans ses avant-bras. Pour le reste, elle ignora totalement Sandra, ne craignant pas une quelconque action de cette cancre. Elle espérait que son aîné, Aslan c'est ça?, reviendra vite.