Une haie derrière une barrière

Dante pourrait s'estimer heureux si Rayne se souvenait de son prénom.

— C'est bien parce qu'on ne croise personne ici que j'emprunte ce chemin. Tu faisais un footing ?

- Pas vraiment.

Cela pouvait effectivement s'y prêter mais non, il avait d'autres Serpents à fouetter.

- Un ainé me cherchait des noises, je lui ai filé une correction avant de prendre la poudre d'escampette.

Il restait de marbre, comme à son habitude.

— La correction n'a pas dû être si convaincante si le malavisé t'a poussé à t'enfuir. De qui s'agissait t-il ?

- Vrai.

Tout est relatif, mais effectivement, la correction n'était pas lourde pour le Serpentard. Tout au plus il s'était fait humilié mais non "corrigé".

- Aucune idée, il était gros, grand, deux têtes de plus que moi. Un cinquième année je dirais de Serpentard.

— Ah. Lui. Je crois voir qui c'est. Elphiax Branque, ou un truc comme ça. Qu'est ce qu'il voulait ce fou furieux ?

Il avait finalement un nom à mettre sur l'horrible faciès du malotru.

- Il s'est fait punir par Bagamba de ce que j'ai compris, du coup il voulait que je fasse ses corvées. J'ai refusé et il a sortit sa baguette.

Il aura levé légèrement le menton et plissé les yeux.

— Hum... C'est intéressant ce que tu me dis là. Il gagnerait à être secoué un peu ce type, du genre corrigé, remis à sa place, tu vois ? J'en parlerai à Bagamba. Avec un peu de chance il prendra encore plus, où il m'enverra lui mettre deux trois beignes à sa place.

Le professeur avait d'ailleurs eu une béquille pendant plusieurs semaines sans que la plupart des élèves ne sachent pourquoi.

- Ce n'est pas le premier ni le dernier à harceler des élèves, je peux te le garantir. Avant lui, j'ai dû me frotter à une autre petite bande de pestes de chez Serpentard aussi. Ça s'est tassé entre temps.

Depuis l'humiliante défaite d'Anita au tournoi de duels l'année dernière, il n'avait plus eu de nouvelles d'elle ni de sa bande. Elles se faisaient probablement un peu plus petites, manigageant leurs larcins dans l'ombre et frappant quand personne n'était présent.

- En tout cas, s'il faut secouer ce Elphiax, je suis carrément partant.

Dante sortira de son veston la baguette de son agresseur.

- Il risque d'être un peu plus calme déjà, je pense, sans ça.

Il baissa les yeux sans mouvoir son visage, puis souffla du nez.

— Même avec. Dit il. Ce genre de petites frappes ne valent pas grand chose, beaucoup sont chez Serpentard d'ailleurs. Il suffit d'avoir les méthodes pour les calmer.

Arles semblait avoir l'habitude, ou du moins sa propre petite expérience de son côté. Curieux, le jeune sorcier lui demanda alors.

- Quelles sont elles ?

— Outre chopper le gougnafier par derrière dans un couloir désert et lui tordre le bras, j'en ai une que j'apprécie particulièrement.

Qu'il lui expliqua brièvement et sans tergiversations.

— En général ils vont demander l'heure à quelqu'un d'autre après.

- Mh.. C'est radical. Après avec ce genre de méthode, si ils dénoncent on peut risquer le renvoi.

Aux grands maux les grands remèdes, ce genre de pratique était assez abrupte et violente. Non pas que Dante ait du mal à recourir aux grands moyens, mais reste à voir si la personne en face mérite un tel traitement.

— D'où l'intérêt de faire ca sans témoins. C'est parole contre parole. Tu as juste à filer dans un lieu peuplé à toute allure par la suite pour que ta présence y soit certifiée et tu t'en sors sans casse si ca n'arrive pas tous les deux jours.

Il releva le menton.

— Et tu oublies que la plus grande faiblesse de ces crétins est leur égo. Tu vois ce lourdaud aller se plaindre à tout le monde qu'il s'est fait rafaler dans un couloir ? Comment il jouerait les gros bras ensuite ?

- Et si ils te retrouvent à plusieurs ? Généralement ces vermines trainent en bande.

Il y avait une limite à l'assaut ciblé, souvent certains viendraient se venger. La plus part sont des chiffes molles mais parfois, certaines fortes têtes ne lâcheront rien jusqu'à ce qu'il y ait un terme de prononcé.

Arlès mit cette fois un instant pour répondre.

— Personnellement, je ne me suis jamais retrouvé dans ce cas de figure. La plupart des gens restent assez intelligents pour comprendre qu'ils ne sont pas toujours accompagnés.

- Effectivement, malheureux seront les prochains à vouloir tenter de t'intimider !

Rétorque alors le Rouge alors qu'il jette un regard en direction du parc enneigé. Une légère brise viendra soulever ses mèches de cheveux, refroidissant au passage le corps momentanément réchauffé de Dante.

— Mouais... Plus encore malheureux ceux qui tenteront de te chercher querelle visiblement. Tu sembles aussi doué pour mettre tes adversaires en déroute. Les Serpentardes, tu leur avais volé leur baguette aussi ?

Il poussa un soupir qui se changea vite en buée sous l'effet du froid.

Contrairement à certains de ses camarades, Dante ne se laissait jamais intimider. Il partageait visiblement ce trait de caractère avec Arlès. Lors de la dispute qui l'avait contraint, lui et Nymeria, à se battre contre la bande à Anita, il avait réussi à récupérer la baguette d'Eleanor Wright. Celle-ci était soigneusement rangée dans une poche de son sac. Parfois, il la conservait également parmi ses affaires en salle commune.

- Seulement celle d'Eleanor Wright. Pour un sorcier, se faire dérober sa baguette est une humiliation sans pareil. J'espère qu'ils retiendront la leçon.

— Ma foi... Tu vas finir par faire collection. Non vraiment, qu'est ce que tu comptes en faire ? Tu vas les rendre un jour, les exposer, les balancer quelque part ?

- Bonne question.

Il n'avait pas encore réfléchi à ce qu'il allait en faire, mais une chose était certaine : tant que les petits voyous harceleurs qui sévissent à Poudlard continueraient leurs méfaits, il continuerait de les récupérer.

- Pour l'instant, je les garde. Si un jour je constate qu'ils regrettent leurs actes, je les leur rendrai. En attendant, si cela peut les dissuader de s'en prendre à d'autres personnes, ne serait-ce que le temps d'en acheter une autre, cela me convient.

Dante estimait qu'une petite action pouvait en entraîner d'autres. Il pensait aussi que cela pourrait au moins offrir un peu de répit à certains harcelés, voire détourner l'attention de l'harceleur pendant un moment pour qu'il se focalise sur lui plutôt que sur quelqu'un d'autre.

— Hum...

Il leva le nez en l'air, pensif, avant de revenir à Dante.

— Espérons que ce serpentard n'aura pas la tête trop dure et se calmera, alors. Peut être que s'il ne se calme pas tu devrais faire don de sa baguette à la collectivité. Tu sais, pour le tourner en ridicule et montrer qu'il n'est pas si fort. Ces gens là basent leur violence sur leur crédibilité. Si tout le monde comprend qu'il peut se faire rosser par un cadet... eh bien... j'espère qu'à défaut d'être bon combattant il est fort pour se cacher.

— La faire passer aux autres élèves, l'exposer.

Il tendit les bras, comme pour tenter d'appuyer ses propos par le mouvement.

— L'offrir à des gens qui méprisent ce Serpentard pour qu'ils s'amusent avec sa baguette. Ca devrait le faire passer pour un clown.

- Est ce que tu connais quelqu'un qui serait apte de recevoir la dites baguette pour faire passer le message ? Je ne suis pas des masses renseigné sur la cinquième promotion, je ne connais d'ailleurs personne dans celle-ci.

Malgré quelques secondes de réflexion, il ne trouva personne dans ses connaissances.

— Moi non plus à vrai dire. Il n'y a pas des types dans ton équipe de Quidditch qui sont en 5eme année ?

Arles démontrait une fois de plus qu'il était davantage champion en duels qu'en sociabilisation