La Statue des Trois Serpents

La baguette avait été tirée, lentement, et Dante avait eut l’heur de donc tirer la sienne bien avant… Si Artemis vit son mouvement? Evidemment. Elle arqua simplement un sourcil, alors que son propre catalyseur était tiré de ses robes, et qu’une petite boule lumineuse était conjurée pour éclairer la scène. La verte le voyait clairement, et il la voyait aussi bien plus clairement ; très grande, élancée, au visage tout à fait charmant, et tenant en main une baguette longue et élégante, à son image, battue dans un bois clair, presque immaculé, et à la garde tout de blanc, d’une matière qui semblait ne pas être du bois, et semblant arborer une forme qui était… couverte par sa main.

- La ruse n’a pas marché alors maintenant tu te mets à l’intimidation?

La serpentarde ne semblait pas spécialement remontée, encore moins intimidée.

Son regard se fixa sur la baguette qu'elle sortit, une pièce d'artisanat magique rare. C'était l'une des premières fois qu'il en voyait une d'une telle élégance. Les détails fins et précis semblaient conférer une valeur exceptionnelle à l'instrument. La garde blanche, raffinée, mettait en évidence la simplicité austère de celle du Gryffondor. Les courbes de l'ivoire semblaient révéler des histoires mystérieuses inscrites dans la mémoire de la baguette. Face à ce dégainement, Dante comprit qu'il valait mieux prévenir que guérir, et c'est d'ailleurs la réponse qu'il formula à son interlocutrice. Un échange silencieux s'instaura, où les baguettes, comme des danseuses, esquissaient les contours d'une rencontre pleine de mystère.

- L'intimidation ne fait pas partit de mon langage.

Le Schtauffen, quant à lui, dévoile des traits fins qui sculptent son visage sous la lumière. Ses yeux, d'un noir anthracite, semblent renfermer des abîmes de pensées. La chevelure sombre du Gryffondor, souvent négligée, danse au gré de ses réflexions intenses ou des caprices du vent. Quelques grains de beauté parsemés ici et là ajoutent une touche délicate à sa physionomie. Dante arbore une corpulence modérée, svelte et élancée pour son âge. Son corps n'est marqué d'aucune cicatrice ni déformation, préservé jusqu'à présent des affres du temps et des épreuves.

- Disons plutôt que je reste en tout temps sur mes gardes depuis que plusieurs Serpentards ont tentés de m'agresser.

La verte le jaugea du regard un instant, avant que ses yeux ne viennent se river de nouveau sur la statue des trois serpents, mais, surtout, que sa baguette se range de nouveau (Luxis toujours actif ceci dit).

- Ah… Elphias j’imagine?

- Cette année, oui. Avant ça c'était Anita et sa petite bande.

Il semblait que chaque année qui s'écoulait amenait avec elle une nouvelle bande d'harceleurs, et bien souvent, ces tourmenteurs étaient vêtus de vert et d'argent, les couleurs emblématiques de Serpentard.

Au nom de la meneuse de la bande de pimbêches le visage de la verte ne réagit pas. Elle se contenta de lâcher un petit ”Hmmm”, avant que ses yeux ne se reportent sur Dante.

- Et tu n’as pas peur de les croiser en venant t’aventurer ici?

Sa question était teintée d’une certaine pointe d’amusement.

Dante, arborant un sourire narquois, répondit avec une pointe d'ironie.

- Tu interroges vraiment un Gryffondor sur sa peur à l'égard des Serpentards ?

Sa réplique, teintée d'assurance, exprimait son absence totale d'appréhension à l'idée de rencontrer les élèves de la maison des verts. Il n'y avait d'ailleurs personne dans cette école frôlant de près ou de loin son âge, qui lui évoquait un sentiment de peur.

Elle poussa un long soupir, un léger sourire aux lèvres, avant de se retourner, intimant d’un signe de main à Dante de le suivre. Elle se dirigeait dans la direction de la sortie. Qu’elle le suive ou non, elle dira par dessus son épaule.

- Evidemment. J’imagine donc que tes déboires se sont soldés par des victoires?

Dans l'obscurité des cachots, elle lui tournait littéralement le dos. Les ombres planaient autour d'eux à mesure de leurs pas, éclairés par la lumière du Luxis, créant une atmosphère lancinante. Dante, baguette toujours en main, talonna Artemis d'un pas délibéré. Elle ne semblait pas redouter le risque de se faire dépouiller par son cadet, chose qui le surprit légèrement. Et d''une voix calme, le Rouge répondit à sa question.

- Si on peut appeler ça des victoires.

Un court moment de silence s'installa avant qu'il ne poursuive d'une manière posée.

- Je n'éprouve aucun mérite ni succès à remettre en place des vermisseaux de chez Serpentard.

Elle souffla du nez.

- Aah..?

Elle arrêta alors sa marche, un petit sourire au visage, et regarda par dessus son épaule dans la direction de Dante, non… plutôt… derrière lui?

- Et les petits lionceaux de ton genre, qu’est-ce-qu’on en fait?

Soudain, un frisson électrisa l'échine de Dante. Une présence menaçante s'était fait ressentir juste derrière lui, apparue comme de nulle part. Avant que le rouge ne se retourne, une voix grave et lancinante s'annonça, confirmant l'alerte de tous les sens de Dante.

- A little lion cub, so far away from its pride... Prideful nonetheless... but what is the price ?...

Une lumière verdâtre illuminait son regard d'onyx.

Il le projeta contre le mur après un battement de cil empli de perplexité, et le maintint là, d'un simple mouvement de main. Le choc sonna le Gryffondor, sa vue se troubla. Il commença ensuite à léviter sans rien pouvoir faire pour se défendre et fut plaqué contre la colonne au centre. Enfin, d'épaisses cordes vinrent le lier douloureusement à la pierre, tout en le bâillonnant. Puis les lumières s'éteignirent comme Dante l'avait souhaité et il marcha tranquillement pour s'en aller.

- Good nox.

Quant à Artemis, elle avait papillonné des yeux face à la hardiesse dont faisait preuve son cadet. Ses yeux observèrent ensuite la correction infligée, d’un air presque las.

- Haaa…

Le rouge était bringuebalé puis attaché. Ses jambes la portèrent au niveau de Dante, et elle s’arrêta devant lui. Le visage de la verte se rapprocha légèrement de celui du rouge, et sa dextre s’approcha de son front. Elle lui mit une petite pichenette entre les deux yeux.

- C’est dommage, t’étais marrant…

Elle se retourna alors, et pressa le pas pour rattraper Lucian. L’allemand pourrait alors entendre les échos de leur conversation.

- Il va falloir qu’on travaille notre réputation Lucian…

- Peut-être... je suis las de ces regards plein de fiel...

Et ils disparurent dans les méandres du couloir.