Couloir du 4éme étage

Cependant son projet fut arrêté par l'arrivée du Gryffondor. Ce dernier se rapproche d'elle et lui dis.

- Yo Abi, je peux te parler vite fait d'un truc.

L'adolescent, un camarade de sa promotion, ne fait pas vraiment parti du groupe "d'amis" composant la petite bande qu'Abigail avait formé. Mais est-ce pour autant que les deux élèves sont en bonne relation ?

Alors que la jeune fille se rendait au hall étude, elle fut interrompue par William Hamiltion, un gryffondor de sa classe qu'elle n'avait jamais réellement côtoyé. Absent durant de nombreux mois l'année dernière, elle n'avait pas suivi cette histoire d'Hamilton sang de bourbe. Elle était dans la totale ignorance à ce sujet et ne savait pas qu'une élève Serpentard lui avait rendu une année difficile. Elle savait en revanche que le rouge faisait partie de l'équipe de Quidditch des gryffondor. Que lui voulait-il ?

- Bien sûr ? Il y a un point que tu n'as pas compris en Histoire de la magie ?

Elle n'avait aucun mal à partager ses connaissances et sa vision des choses sur certains sujets. Mais de mémoire, William faisait partie de ceux qui participaient le plus dans les cours de Mr Blackwine, ainsi elle n'imaginait pas pouvoir lui apporter énormément d'aide vis à vis de cette matière.

Il lui arrivait de blaguer, moins bien que certains certes, mais cela lui arrivait. Cependant sa démarche ici était sincère, elle lui proposait son aide mais comme elle l'avait vite compris, William n'en avait nul besoin dans ce domaine et elle s'en voulait presque, il aurait pu prendre la chose comme une insulte.  Elle sourit néanmoins face à sa réaction avant d'afficher sa surprise, elle n'avait pas l'habitude de se faire appeler de la sorte par une personne étrangère à son petit groupe d'amis. Abi ne cachait pas sa passion pour cet aspect de la magie et ses résultats en enchantements parlaient également pour elle, il était normal que d'autres puissent penser à ce surnom affectueux. Elle étudia plusieurs secondes la question de William avant de répondre, sûre d'elle.  

- C'est possible oui tous les objets peuvent être enchantés. Tu peux toujours essayer un Primi Gradus qui te permettrait de choisir la direction du souafle et donc le faire revenir ves toi, mais tu ne pourrais que t'entraîner au sol. J'ai des doutes sur son efficacité en l'air, je ne pense pas que l'enchantement puisse faire voler les objets.

La jeune fille était heureuse de partager ses connaissances. Son côté "Madame Je sais tout" faisait vite surface lorsqu'elle parlait de sujets qu'elle maitrisait, une partie de sa personnalité qui agaçait particulièrement Ana.

- Le mieux serait de transférer les effets de l'accio dans un enchantement et permettre ainsi au souafle de revenir à volonté peu importe ta position. Ce ne devrait pas être si difficile de transformer l'accio en un enchantement, ce n'est qu'un sortilège de première année... Même si j'ai les idées, personnellement je dois encore approfondir les enchantements avant de pouvoir en créer...

Il fallait que sa magie se renforce et le temps jouait beaucoup dans le développement de cette force.

- Ce que tu peux faire en attendant... C'est trouver un bon partenaire de quidditch qui te renverra le souafle et ne sera pas obligé de descendre en balais à chaque fois pour aller le rechercher...

William écouta attentivement les explications détaillées d'Abigail, reconnaissant sa passion et son expertise dans le domaine des enchantements. Malgré sa réputation de "Madame Je sais tout", il percevait chez elle une véritable volonté d'aider, et cela ne manqua pas de susciter sa gratitude.

- "Merci pour les conseils, Abi," répondit-il avec sincérité. "Je n'avais pas pensé à l'idée de transférer les effets de l'Accio dans un enchantement. Cela pourrait être une piste intéressante à explorer. "

On dirait qu'il avait toqué à la bonne porte. Pris au dépourvu, il regrette de ne pas avoir pris avec lui une plume et un parchemin pour noter tout ce qu'elle dit mais, il espère du moins, avoir retenu l'essentiel des connaissances de la petite Serdaigle. Contrairement à Rolla, à qui il ne parle plus depuis la rumeur de l'année passée, elle semble pas pédante ni hautaine, comme pouvait l'être certains membres de la maison de l'aigle. Peut-être devrait-il revoir ses opinions sur les camarades de sa promotion ?

- Le Primi Gradus ne serait pas vraiment un choix judicieux, tu sais. C'est trop facile de tirer fort à terre. Tu as le soutien du sol, et tu n'as pas la complexité du jeu qui consiste à gérer la vitesse du balai tout en lançant le souafle sans aucun appui. Autant jouer au bavboules dans ce cas-là.

Réfléchissant un instant aux paroles de la miss enchanteresse, il lui répond avec un sourire en coin.

- Et j'imagine que ça ne t'intéresse pas d'être cette partenaire de Quidditch ?

La jeune fille ne refusait jamais un coup de main concernant les enchantements, ni une discussion. Puisqu'il s'agissait d'un sujet dont elle était passionnée, cela lui faisait plaisir d'en parler. Certains soirs par semaine, elle notait de vastes idées de plusieurs objets ou enchantements qu'elle adorerait confectionner dans le futur. Le " Souafle d'entraînement" pouvait rejoindre sa précieuse liste. En plus d'y apposer un futur enchantement d'accio elle pourrait même en développer d'autres pour rendre cet objet plus performant, des enchantements qui permettraient de faire progresser les joueurs de Quidditch sur bien des axes différents.

Elle rejoignait l'avis de son camarade de promotion vis à vis du Primi Gradus, ce pourquoi elle s'était sentie obligée de lui parler de l'accio afin d'offrir une bien meilleure réponse à son problème. Ce n'était pas une bonne solution et cela dénaturait complétement le quidditch que de jouer au sol... Cela revenait à molduser leur célèbre sport sorcier. Même si elle ne s'y intéressait pas beaucoup, elle connaissait rapidement les règles et l'importance du balais et des compétences en vol.

A la proposition du gryffondor, Abi souffla du nez et se mit à sourire. Elle s'imaginait quelques secondes sur un balais à jouer au quidditch, sa curiosité et son envie de vivre de nouvelles choses pouvaient la motiver mais... Elle n'était vraiment pas douée, elle savait voler et s'intéressait de près à la conception des balais mais c'était tout. Le quidditch c'était autre chose.

- Si tu recherches une partenaire de Quidditch Serdaigle, tu ferais mieux de demander à Maria ! Je ne suis pas très douée, tu ne risques pas de progresser. Quand je vais au stade, moi, c'est pour encourager ma maison et mes amis.

Cela lui rappella que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas assisté à un entraînement de Maria... Elle s'en voulait un peu mais elle passait déjà beaucoup de temps au club de divination, il lui était impossible d'être à plusieurs endroits à la fois.

Toujours avec son sourire en coin, il répondra rapidement à la fille de l'aigle.

- Je ne vais pas demander à Maria. Imagines-tu ? La capitaine de l'équipe Serdaigle et le joueur vedette de l'équipe Gryffondor s'entrainer ensemble ? Ca ferait vite la une du journal de l'école.

Et pour cause, ce serait un assez gros ragot sans parler des conséquences possibles si l'une ou l'autre équipe perd face à l'autre. On pourrait aisément dire que le match était truqué. Un futur peu enviable pour l'école de Poudlard qui sombrerait vite dans la démence.

William sourit et répliqua avec un ton léger : "Eh bien, Abigail, chacun a ses propres talents, non ? Je suis convaincu que même si tu dis ne pas être très douée, je pourrais t'aider à progresser. Et qui sait, peut-être que tu pourrais me surprendre ! Mais si tu ne veux pas, je ne vais pas te forcer."

Il fit une courte pause, puis ajouta d'un air plus sérieux, "Mais si tu préfères encourager, maintenant tu peux supporter une maison de plus"

Les gryffondor, cela va sans dire.

Abi concevait que les amitiés et les entraînements entre membres d'équipes différentes pouvaient être vus d'un mauvais oeil par les suiveurs assidus du Quidditch, dans le sport on se faisait certes des amis mais également des ennemis. Du peu qu'elle suivait, elle savait que les maisons de Poudlard ne s'entraînaient pas ensemble, elle comprenait alors qu'il était difficile pour Maria et William de devenir des partenaires de jeu. Cela ferait vite la une du journal de l'école si Maria n'était pas à l'initiative de ce journal " gossip", mais ça William ainsi qu'Abi l'ignoraient.

Les paroles taquines du sportif faisaient mouche sur la Serdaigle dont le sourire ne la quittait plus. William lui rappellait dans certains aspects Helig... Elle ne pensait pas que le Gryffondor lui aurait manqué.

- Supporter une autre maison ? Quelle idée... Tu ne devrais pas sous estimer la loyauté des Serdaigle ! Même Luçao de Ronaldo n'a pas réussi à me faire flancher pour Gryffondor alors qu'il s'agit du meilleur joueur de sa génération !

Même si le portugais ne se souvenait peut être déjà plus d'elle, la célébrité lui ayant montée à la tête, Abi avait appris à le supporter lors du Tournoi des 5 sorciers en France l'année dernière. Luçao lors du tournoi avait passé plusieurs mois avec différents élèves de Poudlard dont Abi, elle se souvenait alors que quelques moments passés avec lui. Elle avait dessiné ses exploits afin de garder une trace de son parcours et envoyer des nouvelles à Poudlard. Une fois, Luçao lui avait également montré son carnet de points dans lequel il repértoriait tous ses points inscrits. Abi avait été surprise d'y voir affiché ses points marqués durant ses entraînements, mais puisqu'elle ne connaissait pas grand chose au Quidditch elle en avait déduit que c'était normal. Elle reprend :

- Sinon je garde la proposition dans un coin de ma tête William, en ce moment je préfère me consacrer à autre chose.

Ainsi, elle ne lui avait pas dit totalement non.

William, appréciant la répartie et l'humour d'Abigail, répondit avec un sourire taquin.

- Eh bien, je vois que la loyauté des Serdaigle est tout à fait indomptable. C'est une qualité admirable. Si même de Luçao de Ronaldo n'a pu saisir ton âme de supporteuse qui suis-je pour espérer l'emporter ?

Le Gryffondor prit note du refus de la Serdaigle quant à la proposition de s'entraîner ensemble, respectant sa décision avec une courtoisie naturelle. Cependant, loin de se décourager, il réagit avec une touche d'enthousiasme .

"Je comprends tout à fait, Abi," dit-il avec un sourire encourageant. "Il est important de se concentrer sur ce qui te passionne en ce moment. Le Quidditch ne va nulle part, et il sera toujours là quand tu te sentiras prête. En attendant, je suis certain que tu excelleras dans ce que tu entreprends. Et qui sait, peut-être que nos chemins se croiseront sur le terrain un jour,  pour une partie amicale ou un simple échange de passes. En tout cas, quel que soit le moment, ce sera un plaisir de le partager avec toi"

Une qualité qu'elle avait hérité des "Poufsouffle", Abigail avait d'ailleurs quelques similitudes avec les représentants de la maison du blaireau. Parfois, elle se demandait comment sa scolarité se serait déroulée si elle avait revêtu le jaune. Peut être que les liens qu'elle avait développés seraient différents, Alija et James ne l'auraient certainement pas prise sous leur aile. Puisqu'elle ambitionnait de devenir préfète, elle se devait de rester fidèle à Serdaigle et d'agir pour sa maison.

Elle n'avait jamais eu l'occasion de beaucoup lui parler et s'en voulait un peu de le découvrir seulement en quatrième année tant William lui faisait bonne impression. Mais elle resterait tout de même vigilante, il fallait se méfier des beaux parleurs. Leurs paroles brillaient souvent plus que leurs actions.

- C'est gentil, merci, je te souhaite la même réussite au Quidditch et en cours !

Elle n'était pas habituée à tant de gentillesse venant d'une personne qu'elle ne connaissait peu, ce qui la gênait légèrement. Sa dernière phrase l'avait même un peu effrayée, peut être que William l'admirait secrètement ?

- Je ne vais pas tarder William, j'espère t'avoir suffisamment aidé sur ce problème de souafle, même si je ne peux pas répondre à ton invitation.

Alors que Jude et Celonia sortaient de leur cours d'histoire de la magie, les deux camarades se dirigent silencieusement vers le hall d'études pour travailler sur leur projet en groupe. Malgré les minutes qui passent, aucun mot ne franchissait leurs lèvres, installant un silence pesant accompagné de leurs pas résonnant dans les couloirs vides du château.

Ce silence pesant entre les deux protagonistes n'est pas nouveau. La fracture a débuté depuis l'incident avec John Carter, avant le bal, et n'a cessé de se prolonger au fur et à mesure des jours passant.

Le Poufsouffle, fera comme si de rien n'était et ouvre la conversation.

- On prend quelle période ? Moyen-Âge peut-être ?

En effet, le devoir était assez libre avec comme thème "Quelles sont les effets de la magie sur la communauté moldue". Autant dire, que ça blasait déjà Jude qui déteste ce cours mais, en plus, c'était une question ouverte. Ils peuvent choisir une période ou un événement au choix puis expliquer l'historique et les conséquences.

En citant le Moyen-Âge, une première qui dure près de mille ans, le garçon ne prend pas trop de risque à dissimuler ses lacunes en histoire de la magie.

Le bal, la dispute avec John, l'époque où elle se demandait encore pourquoi Jude lui faisait la tête... Toutes ces choses lui paraissaient si éloignées... De discrète, la jeune Harpis était passée à taiseuse. Elle semblait toujours affligée par quelque chose, mais c'était différent de jusqu'alors. Ce n'était ni la maladie causée par les punaises, ni un quelconque caprice d'enfant qui l'affligeait, désormais. Si Jude avait senti de l'embarras ou une quelconque gêne à l'idée d'être mis en binôme avec elle, aucune réaction n'avait émané de sa personne. Outre le pur et salvateur moment de réconfort que lui avaient offert le professeur Lionheart et les infirmières de l'école au terme de "cette" nuit, elle s'était enfermée dans une apathie aussi sibylline que désabusée.
Elle écouta la question de Jude sans la considérer. Ses tympans réagissaient au son, mais le traitement de l'information était aussitôt mis sous délai. Elle devrait aller voir Reiner et Annie pour s'assurer qu'ils vont bien... Mais de nombreux regards devaient encore être braqués sur eux. D'ailleurs, elle n'avait pas recroisé ce couard de Bertholdt. Initialement, elle s'était promis de ne pas le juger mais n'avait pu s'y résoudre. Elle se souvenait encore d'Annie, désemparée et épuisée, renonçant à se battre et soupirant son nom... Comment pouvait on agir ainsi auprès d'un des siens ?

La jeune fille réalisa soudain qu'elle n'était plus au pied de la tour effondrée, mais dans les couloirs du quatrième étage et qu'une paire d'yeux qu'elle connaissait bien était posée sur elle.

- Hum ? Elle sembla prise au dépourvu par une question qui était, pourtant, parfaitement anodine. Prend ce que tu veux, je ficelerai ça.

Cette injonction, prononcée avec son calme habituel, manquait de la pétillance qui régissait habituellement son enthousiasme. Pourtant, elle ne paraîssait pas fâchée pour un sou. Ni aigreur, ni mesquinerie, seulement un désintérêt complet pour les préoccupations que pouvait bien avoir celui qu'elle considérait encore comme un ami.

Celonia marchait lentement vers le hall, à tel point que Jude devait adapter le rythme de ses pas à sa pérégrination. Elle ne semblait pas avoir grand désir de discuter, ni même de regarder autre chose que ses pieds.

Les sourires, les rires, les clowneries et les boutades, il y en avait partout autour d'elle, tout le temps. Ils ne l'irritaient pas, mais elle avait l'impression de ne pas avoir assez d' "espace" à leur consacrer. C'était comme si ce grand espace pétillant, plein de couleurs et de formes éblouissantes s'était rétréci en un tout petit salon, obscur et moribond. En un sens, cela lui rappelait un peu la dernière image qu'elle avait du salon de sa maison à Warwick, dans les dernières secondes avant la fuite définitive des Harpis. Est-ce que c'était la même chose cette fois ? Elle se demandait si...

Le fil de ses pensées fut interrompu lorsque sa vision fut brouillée par l'ombre de son camarade qui, désormais, barrait son chemin. Elle lui accorda un regard, mi étonné, mi inquisiteur, signe que, sans le vouloir, Jude était parvenu à la gêner dans son attitude.

- Ce quelque chose ne concerne pas le devoir. Pas plus que toi...

Dit elle avec une sobriété parsemée d'une curieuse mélancolie. Elle ferma les yeux un instant puis s'ébouriffa doucement les cheveux avant de détourner son regard.

- Ecoute, je sais que tu m'en veux pour une... Quelconque chose qui a dû se passer avant la... Elle s'interrompit un très bref instant. Le bal. Quoique ça puisse être, j'en suis désolée, parce que je n'ai pas la moindre idée de ce que c'est. Maintenant si tu peux me pardonner...

Elle leva mollement son bras droit avant de le laisser retomber tout aussi faiblement contre sa cuisse, comme pour signifier que, de toute façon, elle n'avait pas vraiment l'intention de se défendre ou de lutter contre une quelconque accusation. En l'occurrence, elle savait très bien que le sujet que Jude cherchait à mettre sur la table n'était pas celui-ci et elle tentait de se prémunir d'une conversation qu'elle ne souhaitait pas mener par une subtile inversion accusatoire. Ce n'était pas sa première tentative du genre avec Jude.

Si les mots de Jude ne l'avaient pas, à ce point, heurtée, Celonia se serait bien esclaffée du discours de Jude. Pendant qu'elle faisait de son mieux pour faire le deuil de la sombre histoire survenue au pied de la tour, lui la relançait sur ses supposées méconnaissances des tumultueuses relations de la planète Leigh avec ses voisines. Pourquoi Jude était il supposé en vouloir à John déjà ? Elle n'en savait rien. Dans les faits, Celonia ne savait même pas que Jude en voulait spécifiquement à John, la haine du premier étant habituellement plutôt voué à Jack, mais, de toute façon, la jeune Harpis avait cessé de retenir les innombrables noms des personnes avec lesquelles Jude entrait en conflit ouvert toutes les semaines.

Toutefois, plus que cette contrariété, somme toute habituelle avec le jaune, c'est surtout les reproches qui lui étaient adressés qui la firent tiquer. Sous entendait il qu'elle était égoïste ?

- Je suis désolée Jude... C'est pas que ça me passe au dessus de la tête, c'est juste que je n'arrive même pas à comprendre ce qui te frustre et, à force, ça m'use...

Répondit elle en rendant à Jude un regard tristoune quoique pétri d'une certaine aigreur. Non, cela ne fonctionnait définitivement pas avec le petit blaireau. Son complexe du sauveur, sa capacité à dramatiser tout et n'importe quoi et, de manière plus globale, les lubies qui l'animaient la fatiguaient plus que de raison. Clairement, elle n'avait aucune envie de parler de ses préoccupations ou même de ses sentiments à Jude. Qu'en ferait il si ce n'est créer un nouveau drame à partir de ceux-ci ?

- J'ai parlé à John pour l'engueuler et lui dire de ne plus compter sur moi pour lui créer une réputation, mais si tu penses que j'ai pris son parti...

Elle hocha mollement les épaules. Si Jude espérait que Celonia allait sortir sa baguette et se lancer à l'assaut aveuglément, il ferait mieux de fréquenter Sandra, pas elle. Un soupir siffla entre ses lèvres. Elle était déjà lassée de parler de ça.

- Pour le reste... La curiosité peut être un vilain défaut, parfois.

Elle n'ajouta rien et laissa Jude à cette sibylline déclaration avant de le contourner pour continuer sa marche, libre à lui de la suivre.

Le Poufsouffle se masse les tempes à la réponse de la Serdaigle. A croire qu'elle fait tout exprès pour comprendre de travers. Même en étant direct avec elle, elle a l'air de ne pas comprendre, comme s'il parlait par énigmes.

- Je ne suis pas venu parler de ça, aujourd'hui.

Coupant court à la discussion. Ce qu'elle dit à propos de John est peut-être vrai, peut-être pas. La seule façon de savoir serait d'apprendre avec qui la Serdaigle a été au bal et le garçon commence à être lassé par ces petits jeux. Et une nouvelle esquive de la part de la Serdaigle. C'est à se demander si elle n'appartient pas plus à la maison de l'anguille plutôt que de l'aigle.

- Ironique, de la part d'une Serdaigle. Je comprends mieux pourquoi tu doutes d'être dans la bonne maison.

Toute façon, il ne compte la forcer à dire quoi que ce soit. Le Poufsouffle estime avoir fait un pas vers elle, prêt à mettre de côté temporairement leurs soucis, mais si elle préfère ne pas comprendre, soit !  Elle est sûrement contrariée parce que son père lui a fait une robe d'une autre couleur de ce qu'elle souhaitait. Problème d'enfants qui ont deux parents aimants et leur offre tout ce qu'ils veulent.

- Bref, garde tes secrets pour toi, Celonia. Je vais pas non plus insister si tu veux pas me dire ce qui cloche. Je t'ai même proposer de te changer les idées.

Il reprit sa marche en direction du hall d'études.

Le tacle de Jude lui fit hocher un sourcil. Qu'est ce que c'était son problème au juste ? Peu importait la réponse, en fait, elle avait d'autres priorités que de servir de défouloir à ce petit bonhomme.

- Ce qui n'est pas ironique, c'est qu'un poufsouffle soit aussi casse-pieds.

Maugréa-t-elle, désolée que la conversation ait pris un tel ton. Elle s'arrêta, elle n'avait aucune envie d'accompagner Jude vers le hall d'études.

- Je ne te dévoile pas mes secrets parce que j'ai peur que ça devienne un nouvel objet de dispute ou une nouvelle obligation morale à faire quelque chose de stupide pour toi, Jude. Tu dis que tu peux mettre "tout"... Elle mima des guillemets. De côté, mais je n'ai aucune confiance en tes capacités à le faire. Je trouve que... Que...

Elle se souvenait encore de la première fois où elle l'avait croisé, dans le couloir, l'oeil émerveillé et l'âme pétrie de curiosité. Il n'avait plus rien à voir avec ça, aujourd'hui. L'influence pestiférée de sa maudite maison et de l'odieux Carlos avaient fini par avoir raison de lui.

- T'es plus comme avant...

Son regard jadéite se braqua sur le sol, miné et désabusé, alors que ses lèvres se tordaient en un rictus peiné. Elle poussa un long et douloureux soupir avant de prendre la direction inverse du hall d'études.

- J'ai fais perdre cent points à ma maison. Tu penses que je suis encore apprécié par ma maison et que c'est le moment d'en parler ? Sérieux, Celonia.

Dis-t-il dans un soupir. En effet, les choses n'étaient plus vraiment comme avant, peut-être que ça se tassera mais pour le garçon, ce n'est pas le cas. Bonne répartie de la part de la bleue.

C'est clair que Jude a beaucoup changé depuis l'année dernière. Au début, il était émerveillé par Poudlard, mais cette magie s'est vite dissipée. Les remarques constantes et méprisantes à cause de sa maison Poufsouffle, les rivalités avec les Serpentard et certains Serdaigle, les situations violentes, qu'elles soient subies ou perpétrées, et même les professeurs qui le jugent uniquement à cause de sa maison, tout cela a transformé son émerveillement en une prudence constante. Et maintenant, il se retrouve même sans sa baguette, privé de son atout pour se protéger.  

- Evidemment que je ne suis plus comme avant. J'ai dû, ne plus être comme avant. Tu n'es pas constamment provoquée, critiquée et blâmée juste parce que tu appartiens à ta maison. Tu ne pourrais pas comprendre. Se laisser faire c'est se plier. Et je refuse d'être le Poufsouffle de plus qui se fait humilier.

Peut-être un début d'élément de réponse de pourquoi il n'a pas apprécié son intervention lors de son altercation avec John.

Malgré tout ce qu'il a commis mais pas connu du grand public. Puis étonnement, il baisse d'un ton avant de répondre.

- Donc oui, je ne suis peut-être plus la personne comme avant. Mais si tu penses que je suis incapable de garder un secret ou de ne pas être là pour toi, juste parce qu'on est froid , tu te mets la baguette dans l'œil. Si tu as juste peur que ça m'énerve, je peux te signer un parchemin te promettant de rester calme.

Puis reprend sa marche devant Celonia, pour qu'elle ne puisse plus voir son visage, donc à l'opposé du hall d'études. Au fond de lui, il a l'impression que la fracture est devenue beaucoup trop grande et que c'est l'équivalent de vouloir désinfecter une plaie nécrosée.

- Je te comprends. Moi aussi si je te dévoilais mes secrets, cela ferait longtemps qu'on ne parlerait plus.

Sur un ton doux-amer, comme lorsqu'on dit au revoir à quelqu'un qu'on sait que ne risque pas de recroiser de si tôt.

- Enfin, on dirait que je n'ai même pas eu besoin de ça.

- Hum ?

Une onomatopée circonspecte, c'est tout ce qu'elle était parvenue à sortir en apprenant la nouvelle des points perdus par Jude. En réalité, elle n'avait même pas prêté attention à la chose, trop obnubilée par les évènements s'étant déroulés le jour du bal. Qu'est-ce qu'il avait bien pu encore faire pour entraîner une perte de points si massive... Maintenant qu'elle y pensait, elle se souvenait que Gryffondor avait également perdu 100 points, au même moment... Elle espérait que Jude n'avait pas entraîné Dante ou Nymeria dans ses bêtises. Elle ne voyait pas le premier se plier à l'influence néfaste que Jude pouvait avoir sur les autres, mais Nymeria... Elle soupira tandis que ses cils papillonnaient, c'était sa manière à elle d'essayer d'encaisser le choc.

- Jude...

Elle passa une main dans ses cheveux, se les ébouriffant nerveusement... Ce n'était pas un tic qu'elle avait, celui-ci était tout nouveau et hautement disgracieux, quelque chose de particulièrement étonnant venant d'elle. Pour elle, il dramatisait encore les choses plus que de raison. Evidemment, cette dispute n'était pas agréable, mais il lui prêtait, comme toujours, une importance beaucoup plus solennelle qu'elle.

- J'ai juste besoin de temps et, surtout, de calme. Ce n'est pas aussi grave que ce que tu crois. Ce n'est JAMAIS aussi grave que ce que tu crois. Actuellement, je n'ai pas besoin d'impatience ou de nervosité je... Je t'en parlerai au moment venu...Enfin... Tu apprendras peut être tout toi même de toute façon, ça ne sera pas un secret longtemps.

Elle voulut se montrer aussi apaisante que possible et elle savait y faire. Son stoïcisme avait sauvé la solution contre le golem, il pouvait le faire contre Jude. Pourtant, le pincement au coeur face à la solennité quasi inquisitrice évoquée par Jude l'inquiétait, mais il fallait qu'elle y fasse face.

- A plus tard...

Elle n'ajouta rien et s'en alla pour de bon cette fois. Toutefois, après quelques mètres, elle passa la manche de son uniforme contre ses yeux et se mit à accélérer le pas. Elle sanglotait.

Celonia apparut ici en provenance du 3eme étage. Elle savait que les escaliers vers l'étage suivant n'étaient pas loin, et la rapprocheraient de sa salle commune et des élèves de sa maison. L'étage abritait également la bibliothèque. Elle entendait Elphias et son pote beugler derrière elle.

Que fait elle ?