Un chemin dans le parc

-Tu ne méritais pas d'être seule. Je suis sincèrement désolé.

Ce sera la réponse qui viendra dans le dos de la jeune fille alors que celle-ci tourne les talons envers Aslan après quelques secondes de silence.  Le garçon après une longue inspiration et une brève mais sérieuse analyse sur la situation avait répondu cela, presque pas instinct. Sa voix encore tremblante sous l'émotion alors qu'il s'autorise de reprendre son souffle.

-Merci de me croire courageux.

Ajoutera t'il avec un sourire plutôt hésitant alors qu'il se redresse, la laissant partir.

Celonia s'interrompit, comme figeait dans le temps lorsqu'Aslan lui lança un compliment inespéré. Vraiment, aura-t-il fallu qu'elle attende aussi longtemps pour que quelqu'un le lui dise ? Sa déception liée au bal avait été corrompue par la frustration de la maladie puis s'était amalgamée aux malheureux évènements de la tour jusqu'à en devenir un poison rongeant. Pourtant, l'antidote n'était pas bien difficile à confectionner, il était à la portée de tout un chacun. Certes, le duo de sacrées avaient bien piaillé des propos similaires, mais venant d'elles, cela n'avait pas vraiment eu le même effet.

Elle se sentit libérée d'un poids qui lui pesait sur le cœur depuis trop longtemps déjà. La jeune fille se retourna vers Aslan, le jaugeant rapidement de ses deux émeraudes avant de revenir vers lui. Le Serdaigle put sentir la main de la jeune fille se poser sur son épaule, berçant celle-ci d'un geste qui souhaitait tant exprimer la reconnaissance que le réconfort.

- Merci... Toi aussi tu ne le méritais pas.

Ajouta-t-elle avant de partir, cette fois pour de bon, laissant le garçon à ses pensées.

Quelques temps après cette intéraction, le jeune Aslan se rendra de nouveau dans une balade sur ce chemin, peut-être dans le but de simplement se retrouver dans ses pensées dans une balade sur un chemin relativement peu connu et sous couvert d'un paysage apaisant, peut-être dans le but de se remémorer un moment unique partagé en cet endroit, l'ayant profondément marqué. Peut-être les deux choses à la fois.

Hasard, coïncidence ou fruit du destin, la jeune Harpis passait par là elle aussi. Curieusement, elle avait tiré quelque chose de positif de sa soirée au bal : Un lieu éloigné et calme pour s'entraîner. Comme toujours, elle avait été forcée de s'arrêter plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu, carence d'ether oblige. Revenant de la tour écroulée, elle s'était laissée guider le long du chemin la ramenant au château sans penser à rien. Ces petites parenthèses dans sa vie d'élève studieuse étaient un vrai bol d'air frais et même les humeurs hivernales ne pourraient l'empêcher d'en profiter.

De loin, elle aperçut un garçon affublé des mêmes couleurs qu'elle et espéra intérieurement qu'il ne s'agissait pas d'Otto ou d'un autre olibrius si commun dans sa maison. Heureusement, ce n'était qu'Aslan qui, quoiqu'il eut fait forte impression, et pas toujours dans le bon sens, n'était même pas dans la moyenne basse des élèves les plus dérangés de sa maison. S'approchant de lui (qui aura eu le temps de la voir arriver), elle l'interpella :

- Vous traînez toujours ici, monsieur Bellic ?

Demanda-t-elle sur un ton léger, laissant supposer que le vouvoiement utilisé n'était qu'une taquinerie. Son regard s'attarda sur son aîné avant de balayer les environs, elle voulait savoir s'il était aussi venu s'entraîner à un quelconque sort ou s'il s'était contenté de flâner.

Un prononcé haussement de sourcils marquera la réaction de Aslan tout comme un léger rougissement du à la familiarité de la jeune fille. Aslan était surpris oui, mais ce serait mentir de dire qu'il ne s'attendait pas à cela au fond de lui en venant ici. Ces dernières années d'isolement l'ayant sans doute rendu instable et ne sachant comment réagir correctement quand une personne surtout du sexe opposé et surtout jolie lui donne des signes d'appréciations, même purement platoniques.

Restant bouche bée quelques instants devant le destin qui semble lui offrir sa chance ou alors se moquer de lui, Aslan répondra en retirant ses lunettes pour en essuyer la buée avec son manche. Lui permettent ainsi d'éviter le regard de Celonia et de parler avec plus d'assurance.

- C'est un chemin très relaxant je trouve, pas toi ?

Répondra t'il en adoptant aussi le vouvoiement, retournant la balle à l'envoyeur.

La jeune fille chercha le regard du garçon, et après cette aventure morose, elle prit une succincte pause avant de répondre. Les ombres de leur récente mésaventure se reflétaient encore dans ses yeux, mais elle se força à esquisser un sourire léger.

- Effectivement, je comprends pourquoi on peut le considérer ainsi. dit-elle d'une voix empreinte de réflexion. On a besoin d'endroit qui se font témoins de nos joies et de nos peines.

Elle prit une profonde inspiration avant de répondre d'une voix calme mais empreinte de gravité :

- Mais parfois, le calme ne suffit pas apaiser tous les problèmes.

Elle marqua une pause, observant le garçon avec une lueur de compréhension dans son regard.

- Je voulais savoir, l'autre soir... Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Pourquoi est-ce que tu as finalement décidé de te battre pour ces inconnus ?

Aslan replacera ses lunettes sur son visage, s'efforçant à regarder sa cadette dans les yeux. Le fait qu'une jeune fille comme elle n'est pas réussi à trouver de cavalier lui semble encore des plus absurdes, mais après tout dans cette société bien qu'importante l'apparence n'est pas ce qui définira le plus un sorcier et sa validation sociale. Cette fille pouvait très bien avoir des origines impures ou autre qui expliquent plus en profondeur son exclusion.

Extirpé de ses pensées par la question de Celonia Aslan cligne plusieurs fois des yeux , essayant de réfléchir à comment répondre à cela d'une façon qui semble....digne.

-Je.. je...c'est trop honteux à admettre mais...

Il baisse les yeux vers le sol, conscient qu'il ne pourra pas se cacher derrière un mensonge de faux altruisme, du moins ce n'était pas complétement de l'altruisme.

- J'ai combattu car j'avais trop honte de laisser des filles le faire à ma place. ... Je sais, c'est pathétique.

La jeune fille écouta attentivement la réponse du garçon qui s'avéra chatoyante à travers sa timidité et sa nervosité. Malgré ses propres tourments, elle détecta dans ses mots une certaine "noblesse" qui transcenda ses barrières intérieures. Une lueur d'appréciation éclaira son regard alors qu'elle percevait la fragilité derrière cette belle façade. Un sourire doux naquit sur les lèvres :

- C'est bien la réponse la moins honteuse que j'aurais pu espérer. Commenta-t-elle d'un ton lénifiant. Elle sentait une sorte de résonance entre son ressenti et les tourments dont il s'affublait.

- Ce soir là, il y a un garçon qui a abandonné tous ses amis. Toi, tu es venu au secours d'inconnus.

Elle marqua une pause, ses yeux verts exprimant une compréhension empreinte d'empathie.

- Ma famille n'est pas la plus grande ou célèbre de ce pays. Mais, lorsque mon père a appris ce qui s'était passé, il m'a dit que, parfois, la noblesse se manifeste non pas dans les titres, mais dans la manière dont nous portons le fardeau de nos épreuves. Ces mots étaient pour moi, mais je pense qu'ils t'iraient bien aussi.

Aslan laissa échapper un sourire gêné, pris d'inconfort et d'une étrange sensation devant les paroles de la jeune fille. C'était presque trop beau pour être réel, elle faisait preuve de compréhension et de compassion. Mais surtout , elle semblait faire preuve d'une sincère bonté envers lui, chose qui était vraiment incompréhensible pour le jeune Serdaigle. Peut-être que effectivement avoir traversé une telle épreuve ensembles ainsi que la similitude qu'ils partagent via le rejet du bal donne une dimension particulière aux échanges.

Aslan essaye de faire partir le rouge de ses joues alors qu'il finira par répondre.  D'autant plus interloqué et surpris par la seconde partie de son discours.

-Je suis d'une famille très ancienne de Sang-Purs, pas la plus riche de ma terre, mais une au lignage parmis les plus respectables. Pourtant je n'ai jamais été digne de mon sang...il marque une pause pris sous l'émotion de cette révélation.  J'espère cependant que cela changera à mon retour, donc tes paroles me touchent vraiment, merci Celonia .
Admettra t'il en n'osant la regarder que de moitié.

Elle était avisée des grands noms des familles sorcières britanniques, mais le nom de Bellic ne lui évoqua rien. Provenait il d'une autre contrée ? Elle aura de quoi s'en assurer en temps voulu, très certainement. Elle écouta avec attention le garçon dévoiler ses préoccupations, et un air respectueux teinta sa réponse.

- C'est parfois plus facile pour d'autres et on ne se concentre toujours que sur le résultat final, pas sur les efforts déployés pour y arriver. J'en sais quelque chose.

En première année, elle s'était beaucoup entraînée pour le tournoi de duel et s'était faîte éliminer dès le premier tour par un cancre sans aucun talent. Depuis son arrivée dans le château, elle faisait de son mieux pour être coquette et avenante et, pourtant, personne ne l'invitait au bal. La leçon avait été retenue, parfois, voire souvent, la vie était injuste sans raison particulière et il fallait faire avec. Elle marqua une pause délibérée, sa voix empreinte de calme, avant d'incliner légèrement sa tête couverte de flocons en signe de compassion.

- Mais, comme je le disais, tu as fait ce que tu avais à faire ce soir-là. Peut être que tu peux t'en inspirer, à l'avenir, pour continuer sur cette voie ?

Aslan reste dans un profond silence de contemplation, comme tournant et retournant dans sa tête un conflit intérieur, un dilemme sur l'importance de dire ou non ce qu'il à envie de dire.
Finalement après une lourde inspiration il prendra son courage à deux mains et répondra, toujours rougissant.

-Je suis pas mécontent du résultat, même si je regrette sincèrement la mort de ce pauvre garçon.  Je...je suis heureux que cela est permis de te connaître, même si ..dans des circonstances pas favorables... tu... comprends ?. Il redresse ses yeux droit sur elle, tremblant sous l'anticipation. Ce n'était pas une déclaration ou quelque chose du genre, mais une admission d'appréciation de sa part, peut-être d'intérêt.  C'était difficile pour lui d'exprimer de tels sentiments.

-Je suis désolé , je ne sais même pas ce que je cherche à dire clairement...Mais en tout cas je suis heureux de te connaître.

Le sourire bienveillant de Celonia s'élargit légèrement en réponse aux paroles hésitantes du jeune sorcier, mais derrière ses yeux verts, une subtile nuance de vulnérabilité se dessinait. Elle ressentait une satisfaction douce d'avoir apporté un peu de réconfort au garçon, mais en même temps, une lueur d'incertitude effleurait son propre cœur. Les garçons en détresse qu'elle confortait dans leurs accomplissements, elle en avait déjà connus quelques uns et, de manière générale, avait souvent était déçue.

Perceptive à l'évolution du garçon, elle répondit avec une délicate assurance, sa voix allant avec le vent :

- Je comprends, oui.

Elle renouvela son sourire, une lueur subtile d'encouragement dans son regard jadéite. Un léger frémissement traversa ses épaules, une réaction presque imperceptible à la réalisation de son propre rôle dans cette conversation. Une part d'elle se sentait satisfaite d'apporter du réconfort, tandis qu'une autre oscillait entre l'aigreur de n'avoir pu compter sur quiconque parmi ses pairs pour faire ce travail et la légère appréhension face à cette responsabilité nouvelle et inattendue.

Contrairement à son interlocuteur, elle semblait toute en confiance et, pour cause, Celonia était sans doute l'une des serdaigle les plus sociable qui soit. Elle ne s'en rendait pas compte mais, si elle avait fini à Serpentard comme une partie d'elle le voulait, cette qualité n'aurait pas été mise autant en avant et, surtout, ces sentiments auraient pu se développer d'une manière bien différente.

- Plaisir partagé !

Dit elle, un brin amusée par la solennité déployée par Aslan.

- Quant à ce qui s'est passé à la tour... Je préfère ne plus en parler, si ça ne te dérange pas. Beaucoup de gens dans notre salle commune harcèlent Abigail et Connor de questions, je préfère ne pas avoir à raconter 100 fois la même histoire.

Une nouvelle fois le jeune Serdaigle semble confus et incertains si sa manière d'interpréter les choses est la bonne, comprends elle vraiment ce qu'il essaye de dire ? Au final Aslan se dit que c'est peut-être une bonne chose que cela ne doit pas le cas, après tout selon lui son action "héroïque" et son comportement ayant suivit ne sont que majoritairement des résultats d'une fierté mal placée, d'un désir de reconnaissance et surtout d'une atteinte à sa masculinité de fuir devant des filles.  Et pire encore, même s'il se déteste pour cela Aslan ne peut s'empêcher d'être dans un certains sens satisfait des événement, car ces derniers lui auront permis d'avoir cette discussion en intimité et loin de tous avec cette jeune fille qui en plus d'être magnifique est intelligente et semble sincère.

Aslan se passe une main sur le front avant de venir s'assoir sur la même pierre que la dernière fois , essayant de reprendre contrôle de la part rationelle de ses pensées. "Ne gâche pas tout ne gâche pas tout, ne gâche pas tout " se répétait t'il plusieurs fois alors qu'il essaya de reprendre son attitude précédente effaçant son air inquiet de son visage.

-Oui je comprends parfaitement. Il existe bien des sujets de discussions plus joyeux que ça..  par exemple, qu'aime tu lire ?

La question posée ne sembla pas gêner la jeune fille outre mesure. Bien au contraire, elle était d'autant plus heureuse à l'idée de pouvoir changer de sujet.

- J'ai beaucoup à faire avec les livres d'étude...

Commenta-t-elle, toujours souriante, avant de reprendre non sans avoir esquissé un petit pouffement de rire au préalable.

- Mais quand j'ai le temps, je lis les Les Chroniques du Phénix d'Argent, d'Alistair Brumefeather ! C'est un récit d'aventure !

Les tomes de cette épopée n'étaient pas rares sur les tables de chevet de certains élèves. Il s'agissait d'une épopée en plusieurs tomes contant l'histoire d'un groupe de sorciers cherchant à réveiller un phénix légendaire pour contrer une menace obscure. Celonia ne semblait pas éprise de la littérature "particulière" recommandée par Connor et d'autres Serdaigles.

Aslan hausse ses sourcils suite au commentaire de Celonia sur les livres d'études, sous-entendu que lui non ?! Mais après réflexion il respire un coup intérieurement et se force à sourire, comporte toi normalement se dira t'il, il faut arrêter de voir le mal partout. D'ailleurs d'un geste un peu gêné il propose à Celonia de le rejoindre de l'autre côté de la pierre, remarquant que celle-ci est encore debout.

-Pour ma part je suis en train de lire "Carpates et Vampires, des origines à l'extinction" de Roddin le Siffleur. Une étude très intéressante sur la question de l'existence des vampires. Ça m'a toujours fasciné de se dire comment le monde pouvait être différent quelques siècles auparavant. Il se gratte le menton et ajoutera ensuite, l'air de se dire qu'il manque quelque chose. Mais en roman d'aventures je suis en train de lire un classique en ce moment. Les aventures de Geraldo de la rivière, tu connais ?! C'est très populaire dans mes terres.

Généralement, la jeune Harpis réservait ses lectures de plaisance pour l'été. La faute à son sérieux scolaire et, aussi, parce qu'elle aimait bien remuer des connaissances fraîches dans son esprit juste avant de dormir, elle avait l'impression de les assimiler passivement au cours de la nuit. Elle observa l'invitation que lui faisait Aslan et la considéra avec le sourire. Elle ne comptait pas s'attarder, mais elle sentait qu'il avait fallu un sacré effort à son interlocuteur pour faire ce geste et elle répondit donc à l'invitation.

- Les gens de l'arrière pays croient en leur existence. Commenta-t-elle avec avec amusement avant de s'asseoir. Il y a des leçons à tirer de l'histoire, oui.

Elle y croyait fermement, ça n'était pas pour rien qu'elle ne négligeait pas l'histoire de la magie comme beaucoup de ses camarades. Elle hocha ensuite un sourcil interloqué.

- Jamais entendu parler ! Commenta-t-elle en secouant vivement la tête avant de poursuivre : Quel est le thème du récit ?

Aslan ne pourra s'empêcher de lâcher un sourire en voyant la jeune fille accepter son invitation. Il ne fallait pas se faire des scénarios mal-venus, mais c'était plus que ce qu'il n'avait espéré accomplir.   Aslan ne pourra s'empêcher de hausser un sourcil suite aux commentaires de Celonia.

-Ah non, ah non.  Dira t'il d'un ton se voulant correcteur. Les vampires existent vraiment, mon arrière grand père à combattu les Von  Dracul, mais je ne suis pas surpris que tu n'en à pas entendu parler. Ma contrée est une terre bien différente et bien lointaine.

Aslan répondra sans timidité ou hésitation à la seconde question, semblant enfin à l'aise et pris par la discussion.

-Un demi-elfe et par la j'entends elfe slave, pas vos créatures esclaves, modifié génétiquement par des alchimistes fous le forçant à devenir chasseur de monstres , c'est fascinant.   Ça traire de l'humanité, des perceptions morales ...

Celonia croyait elle en l'existence des vampires ? Elle était plutôt de ceux à ne pas oser supposer de leur non existence. Aussi, sa vision "agnostique" fut quelque peu ébranlée par les paroles d'Aslan, mais c'était très intéressant à entendre. Elle écouta, ainsi, religieusement ce qu'il avait à dire sur les vampires.

- Je te crois. Je ne prétends pas avoir la science infuse et, de toute façon, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas. Ta famille doit être peuplée de braves ! Je comprends mieux les doutes qui t'ont habités, mais je maintiens tout ce que j'ai dit !

Termina-t-elle avec un sourire aux lèvres avant qu'Aslan ne lui parle longuement de Geraldo de la rivière. Après quelques minutes, Celonia se sera excusée et partira, non sans avoir remercié Aslan de lui avoir conseillé des lectures qui lui paraissaient tout à fait passionante.