La Grande Salle

Alors qu'elle s'apprêtait à partir, la jeune fille haussa un sourcil suite à cette interpellation. Elle se retourna. Qui l'avait appelé ?

- Oui ?

C'était toujours Barry. Il lui dit d'un ton grave :

- Ne laisse pas ta gentillesse t'aveugler.

Un sourire timide ponctua la phrase.

Les sourcils de la jeune fille se fronçèrent légèrement, ne sachant pas comment prendre la phrase de son camarade. La surprise primait, elle se demandait si son camarade cherchait à l'avertir, peut être était-ce qu'un simple conseil d'ami ? Y avait- il une intention cachée derrière ces maigres propos ? La jeune fille avait la sensation que Barry souhaitait lui dire quelque chose... Prise de cours, elle ne savait pas quoi répondre à son collègue Serdaigle.

- Je... Je ferai attention ! Promis !

Lui répondit-elle finalement avec le sourire, un peu gênée. Peut être était-elle déjà aveuglée... Elle resta néanmoins face à lui, peut être avait-il quelque chose à ajouter ?

Avant que la situation ne devienne trop embarrassante, Abi brisa ce silence qui commençait à lui peser.

- Bon et bien cette fois j'y vais. A plus tard Barry !

La jeune fille fuit son regard et lui adressa un dernier sourire. Elle se retourna puis partit en direction de la salle commune, un peu décontenancée par le comportement de Barry. Elle avait l'impression de revoir Aslan mais avec un peu plus de courage...

Peut être qu'Alija et James sauront traduire les pensées de Barry et l'aider à y voir plus clair ? Ou bien il s'agissait du genre de conversation qu'elle devait mener avec une de ses amies plutôt que ses Brats qui n'auraient certainement pas la patience nécessaire pour mener une conversation de "filles".

C'est dans ces moments là qu'Abi regrettait de ne pas avoir une amie à qui tout confier... James avait Alija et Alija avait James... Mais ils demeuraient des garçons qui ne pouvaient pas tout comprendre.

- Non, attends Abigaïl !

Lança-t-il de nouveau, tout en se levant.

Une nouvelle fois, Abi se retourna. Barry commençait à jouer avec sa patience. Son envie de s'extirper de cette situation grandissait mais sa politesse l'en empêchait. Elle le regarda de nouveau, toujours un peu décontenancée.

- Si tu as quelque chose à me dire Barry, dis le moi.

Il n'allait pas l'interpeller toutes les 2 minutes quand elle était sur le point de partir.

Il semblait hésitant...

- Du coup ?... Tu as compris ?

Il avait une main sur la table, et enjambait à moitié le banc.

Elle avait une petite idée mais ne savait pas vraiment si Barry pensait à la même chose.

- J'espère que tu ne parles pas de James et d'Alija ?

Elle lui avait répondu poliment la première fois, en prenant la remarque avec sympathie. S'il insistait pour lui souligner ses "mauvaises" fréquentations, sa gentillesse pouvait vite disparaître.

Il eut un mouvement de tête frénétique, comme désabusé.

- J-James et Alya ?... Heu...

Il venait de pâlir un peu.

- Non non, il y a quiproquo... Je voulais dire... Tu as compris quelque chose... Du genre... trouvé quelque chose ?

Il fit de brefs gestes du menton vers la chaise de Bagamba. Puis il déglutit, la soudaine froideur d'Abigaïl lui avait un peu agité l'estomac aussi.

La jeune fille soupira de soulagement, elle avait eu pendant un instant peur que l'on critique ses amis et souligne le fait qu'il s'agisse de deux serpentards qui pouvaient profiter de sa gentillesse. Les traits de la jeune fille s'étaient déjà détendus.

- On peut rien te cacher...

La jeune fille se rapprocha de Barry, puis se mit à chuchoter, bien qu'elle ne parlait déjà pas très fort.

- Je crois connaître l'origine de ces " maladies ". Mais je voulais discuter avec Monsieur Bagamba avant d'en parler au directeur ou à Mme Lestrange...

Barry déglutit de nouveau après le chuchotement d'Abigaïl.

- Aha... Je me doutais bien que tu finirais par comprendre !... C'était bien Bagamba, c'était sûr en fait, mais c'était sûr en fait !... Et du coup, tu veux le faire chanter ??... C'est un peu... immoral ? Mais je ne cafterai pas, tu peux me faire confiance. Tu veux vraiment faire ça ? C'est risqué... Je me serais bien proposé de venir avec toi, mais s'il te tue, il faudrait que je sois là pour le dénoncer !

Il était tout excité... et puis, sursaut de lucidité :

- Mais attends, qu'est-ce qui te l'a confirmé ? Qu'est-ce que la chaise avait que...

L'excitation de Barry n'était pas partagée puisque ce dernier partait beaucoup trop loin dans l'imaginaire. Surtout il la pensait capable d'accomplir des actes qu'elle n'avait jamais imaginé. Elle secoua ainsi la tête a plusieurs reprises puis lui intima de parler moins fort.

- La chaise n'a rien à voir, je voulais une preuve supplémentaire mais j'en ai pas vraiment besoin... Et... Si je te le dis, tu me promets de ne rien dire à personne sinon je ne te partage plus rien.

Elle le regardait dans l'attente

La jeune fille s'apprêtait à lui dire la vérité concernant Bagamba mais ce fut à son tour d'avoir un éclair de lucidité... Ses symptômes dataient de bien avant l'épisode de la calèche. Abi resta figée...L'insecte présent ce jour là dans la calèche venait d'elle et non de leur professeur de Botanique. La jeune fille ne savait plus quoi faire, mentir ? Monsieur Bagamba ferait un parfait coupable... Mais tout cela risquait de lui revenir dans la figure... Si elle parlait de la rentrée à quiconque, les doutes concernant Bagamba seraient certes élevées, mais il y aurait également la possibilité qu'on remonte jusqu'à elle. Alerte rouge, Abi devait fuire coûte que coûte.

- Je suis désolée je ne peux pas te le dire.

Son histoire devait être racontée à la personne qui avait le pouvoir de changer les choses et en qui elle avait le plus confiance ici, Monsieur Blackwine. Pas Barry le timide qui rêvait peut être d'être plus considéré au sein de cette école...

- Oublie cette histoire s'il te plaît Barry... Je vais discuter de moi même avec Monsieur Bagamba pour démêler le vrai du faux.

- Mais...

Il semblait totalement décontenancé, perdu.

Abi s'en voulait de l'avori fait espérer mais il était trop dangereux pour elle de parler.

- Ce n'est pas contre toi Barry, ce n'est pas non plus une question de confiance. Un peu quand même. C'est juste que je tiens à éclaircir la vérité avant de ne dire quoi que ce soit pour éviter de répandre des fausses informations.

Elle espérait qu'il ne le prenne pas mal. Barry était queluq'un d'intelligent, il se devait de la comprendre.

- Toutes les théories sur l'Inquisition et la perte de magie sont fausses, c'est déjà un soulagement. C'est moins grave que cela.

Ajouta-t-elle pour le rassurer et le faire relativiser.

Il s'assit, un peu chamboulé. Après un petit moment de silence, il dit:

- D'accord... Je comprends...

Il regardait devant lui, puis dit :

- Tu peux y aller si tu veux, je vais rester ici un peu moi...

Il semblait conciliant en apparence, mais qui savait ce qu'il avait dans la tête ?.. Il joignit de nouveau ses mains devant son visage, mais plus proches cette fois, et il avait désormais un regard intense.

Spoiler:

Qui savait ce que Barry avait en tête ? Certainement pas elle. Elle espérait simplement qu'il garde ces quelques informations pour lui même et que Barry ne mène pas une chasse au sorcier pour démasquer le coupable. Il y en avait déjà trop à l'extérieur des murs de l'école, réparties dans plusieurs villages de leur royaume.

- Merci pour ton aide !

Il l'avait notamment aidé involontairement à se rendre compte qu'elle faisait fausse route. Si elle parvenait à résoudre une partie de ce mystère, il pourrait se targuer d'avoir contribué à découvrir la vérité alors elle espérait qu'entre temps, Barry resterait calme.

La jeune fille partit se coucher.

C’était l’heure du souper et James se régalait à la table des verts. Entouré de camarades qui créaient un brouhaha constant, l’Ashworth était de son côté plutôt silencieux, pensif.

James succomba à la tentation, portant sa sénestre à sa nuque tandis qu’il redressait son buste. Ses sourcils se plièrent légèrement, froissé d’avoir ainsi été happé à ses songes, et ses yeux se mirent à furtivement parcourir la Grande Salle. Était-il vraiment épié ? Ou était-ce encore un satané moustique qui venait de le piquer dans le cou…

S'il commençait à avoir des hallucinations à cause du virus qui se propageait au sein de l'école... Il secoua la tête puis revint à son repas, reprenant la discussion de ses camarades en cours de route et participant à la vie de table verte.