Re: La Grande Salle

-J'avais vu, chez les, euh, les moldus, quand ils attrapaient un sorcier, ils faisaient une enquête et tout ça, tu sais ?

Le bon vieux temps où les accusés avaient droit à un procès qui n'était presque pas un simulacre.

-Et des fois, en plus de juste jeter le type dans l'eau pour voir si il flottait ou pas (longue histoire ça encore), eh ben ils font une reconstitution. Ils jouent le moment du crime pour voir comment les choses se sont passé. Alors je me disais, peut être, on pourrait aire ça pour les fois où on a été attaqués.

Evidemment qu'Eleanor connaissait, après tout elle-même venait de ce monde moldu aussi. Elle regarda cependant tout autour d'eux pour être sûr que personne ne l'entende parler de ça, la période était assez tendu avec ce qui s'était passé cet été.

- Malheureusement il n'y a aucune trace qui nous aiderait. Ils utilisent de la magie, ils ne montrent pas leur visage et dissimule même leur voix. On peut essayer de revenir sur place mais je ne pense pas qu'on va y apprendre quoi que ce soit de plus... En revanche...

La rousse avait eu des informations en plus sur ce qui lui était arrivée et forcément elle se devait de les partager à Johannes qui avait vécu la même chose qu'elle.

- Ne me demande pas comment mais j'ai appris que c'était des aînés Serpentards qui sont derrière ces attaques, en tout cas la mienne. Mais ça m'étonnerait pas que ce soit le cas pour toi aussi. Je ne sais pas qui ils sont mais on m'a dit que qu'ils étaient très dangereux, vraiment beaucoup.

La Poufsouffle attendit de voir ce qu'en pensait le zélandais.

-Ah...

Il était un peu déçu. Pas d'enquête à mener. Mais les infos d'Ellie n'étaient pas vraiment surprenantes. C'était presque un non-événement, la routine.

-...et tu sais pourquoi c'est tombé sur nous ? y a eu d'autres attaques ?

- Je n'ai pas entendu qu'il y ait d'autres attaques de ce type mais c'est dur à dire car les victimes se taisent en général. Et je crois que c'est tombé sur nous car on est des Poufsouffles tout simplement.

Rien de bien intéressant et de surprenant non plus. Toujours à voix basse et au plus proche de Johannes elle reprit.

- En discutant avec un jeune Serpentard il a mentionné le nom de "Gaunt", apparemment il terrorise tout le monde au point que même les professeurs le laissent faire ce qu'il veut. Je ne sais pas si c'est lui derrière tout ça mais c'est plutôt probable qu'il ait au moins donné son aval pour ce genre de choses.

Nos deux poufsouffles auraient sûrement été avisés de tenir leur conversation loin de toutes oreilles indiscrètes. Alors qu’Eleanor s’était mise à chuchoter, Johannes pouvait voir un poufsouffle légèrement plus jeune qu’eux tenter de les écouter, feignant le désintérêt.

-Ah ouais d'accord...

L'embryon de motivation né pendant l'été était en train de disparaître. Le frustrant sentiment d'impuissance faisait son retour.
Il détecta un minus qui laissait traîner ses esgourdes et lui fit les gros yeux.

-Hé, tu tombes bien toi. T'iras rendre ça à la bibliothèque steuplait.

Il balança sans ménagements le Guide de transmutation à l'usage des sorciers à l'aptitude magique incertaine.

-Et puis, toute le monde vient d'être témoin, on aime pas les cafards ici... ni le cafardage. Tu vois ce que je veux dire ?

Il paraissait bien impossible de faire quoi que ce soit en l'état et ça pouvait être frustrant. Pourtant Eleanor ne comptait pas en rester là et voulait en savoir plus dans l'attente d'avoir une idée pour se venger de ses agresseurs. Mais pour l'instant il vaudrait mieux ne pas en dire plus vu qu'une paire d'oreilles indiscrètes tentaient de les écouter. De toute façon il n'y avait pas grand chose à ajouter de son côté.

- Johannes...

La rousse n'aimait pas trop le voir agir comme ça mais elle n'aimait pas non plus qu'on essaye d'écouter ses conversations. Alors elle préféra continuer à manger en silence en se cachant un peu le visage tout en laissant faire son ami pour le moment.

Le jeune garçon, qui à l’allure devait être un deuxième ou troisième année, sembla d’abord pris au dépourvu de s’être fait démasqué.

- Ah euh… fit-il tout en se grattant la tempe avant de froncer les sourcils face aux mots de son aîné. Hum… Pardon? Je rêve ou t’es en train de me menacer? Pas la peine de faire le beau pour impressionner Eleanor, t’es ridicule et ton livre tu peux aller le ranger toi-même!

-Le message est passé.

Jo se contenta de lui jeter un regard ironique en reprenant son thé.

Spoiler:

-Alors Ellie, je t'impressionne ?

- Je dois dire qu'un en un sens oui...

Evidemment Eleanor ne pu s'empêcher de lâcher un soupire qui ne cachait rien de l'amusement que la scène finit par créer chez elle. Cependant elle alla quand même récupérer le livre, la rousse n'était pas au niveau de Connor sur les livres mais elle n'allait pas le laisser ici à traîner pour autant.

- Il s'est emporté car c'est désagréable quand quelqu'un tente de t'épier. Tu aimerais qu'on écoute tes conversations secrètes ?

Il n'y avait pas d'agressivité dans le ton de sa voix mais simplement elle voulait recadrer gentiment un cadet.

Il écarquilla les yeux devant leurs réactions, surtout celle d’Eleanor.

- Donc lui il peut me manquer de respect et moi je dois juste rien dire?? Si vous voulez parler tout seul allez dans le parc où j’en sais rien. Eleanor la mei…

Il souffla, agacé, décidant qu’il valait mieux les ignorer.

-Ho hé hein, tout de suite les grands mots.

Il reposa sa tasse et se leva.

-Allez, bonne nuit tout le monde. Je monte au dortoir, si je meurs dans une agression sur le chemin je reviens vous hanter.

La jaune était contente de voir le zélandais partir sur une note plus positive, qui fit mouche chez elle en tout cas.

- Bonne nuit Jo' !

Sa remarque lui arracha un nouveau sourire amusé et lui fit un signe de la main avant de revenir sur leur cadet.

- Tu nous as aussi manqué de respect en faisant ça, on a le droit de parler entre nous où on veut. Et puis tu sais très bien que c'était juste des menaces en l'air sous le coup de la colère. On oublie tout ça ?

Il y avait bien assez de problèmes pour ne pas créer de distension parmi leur maison en plus.

Il l’écouta, peu impressionné.

- Les filles franchement… soupira-t-il en hochant négativement la tête, plongeant sa cuillère dans son pudding.

Il était évidemment incapable de simplement dire oui plutôt que de ronchonner dans son pudding, ce qui l'agaçait.

- Bref n'écoute plus les conversations qui ne te regardent pas.

Eleanor retourna à sa place pour finir son repas, la conversation étant close pour elle.

Il ignorera Eleanor, mangeant son pudding avec plus d’agressivité que nécessaire.

Son repas fut bien vite terminée et elle repartit avec le fameux livre qu'avait amené Johannes.

L'heure était tardive, mais c'est l'heure que l'une des nombreuses pestiférés de Poudlard avait choisi pour se restaurer. Ses signes de fatigue s'effaçaient peu à peu, mais elle préférait voir le moins de monde possible, de peur d'être associée à cette maladie et faire pleuvoir ainsi de nombreuses théories. Moins elle voyait de monde, mieux elle se portait.

Si elle pensait avoir contaminé ses proches et certains de ses camarades, Abi était désormais convaincue qu'elle n'était pas responsable. Son regard était planté vers la personne qu'elle pensait responsable de cette "maladie", une chaise actuellement vide derrière la grande table des professeurs.

Abi reçut un léger coup de coude dans les côtes ; c’était Barry Trunth, un serdaigle de troisième année avec qui la jeune fille avait pu discuté à de nombreuses reprises. Il chuchota assez bas, à l’adresse de Abigail.

- Toi aussi tu crois que c’est ce noir qui a ramené sa maladie d’Afrique?

Le petit coup de coude de Barry la sortit de ses songes. La jeune fille reconnut facilement le timbre de sa voix, ils avaient des méthodes de travail similaire et ils discutaient occasionnellement ensemble, surtout dans la salle commune.

- Qu'est ce qui te fait dire ça ?

Elle avait ses propres hypothèses, mais Abi était vigilante. Avant d'affirmer quelque chose, elle voulait être certaine de ne pas commettre d'erreurs. Elle savait ô combien une rumeur pouvait vite se répandre et elle savait également les traces que pouvaient laisser une fausse information.

- Bah soyons logique ; cette maladie est inconnue, on ne sait rien dessus, pas même de mentions de choses similaires dans des livres d’histoire ; j’ai vérifié. Et lui vient d’un pays lointain dont on ne sait rien… Je sais que les liens de cause à effet ne sont en général pas si évidents, mais, tout de même…

La jeune fille quitta le visage de Barry pour regarder une nouvelle fois la place inoccupée de Monsieur Bagamba.

- Peut être, mais cela fait 4 ans que Monsieur Bagamba est professeur à Poudlard et il n'y a jamais rien eu. Je ne pense pas que ce soit une maladie.

La jeune fille avait autre chose en tête, mais elle voulait en être certaine. De plus même si Barry était timide et plutôt discret, ce n'est pas à lui qu'elle partagerait en premier ses trouvailles...

- Je vais vérifier quelque chose.

La jeune fille se leva et se dirigea en direction de la table des professeurs, à l'endroit ou leur professeur de botanique avait l'habitude de manger. Elle fouilla au niveau de sa chaise, puis sous la table à la recherche d'un indice, une preuve...

- Bah peut-être qu’il est retourné à son pays cet été et a ramené une saloperie avec lui, fit Barry, les mains jointes sous son nez.

Restant dans cette position, l’aiglon aura suivi Abi du regard - et il n’aura pas été le seul. Cette dernière n’aura rien trouvé de particulier à la place du professeur de botanique, sinon qu’en s’y approchant se dégageait de là où il se tenait habituellement une étrange odeur plutôt agréable… Elle pourrait aussi sentir autre chose, mais pas avec son nez ; c’était les regards intrigués de presque tous ceux attablés en Grande Salle à cette heure-ci, soit une bonne vingtaine de personnes.

La jeune fille ne s'attendait à rien en fouillant la place de Monsieur Bagamba, ainsi elle ne pouvait être déçue par ces recherches infructueuses. Avant d'attirer beaucoup trop l'attention, la jeune fille descendit les quelques marches qui séparait la table des professeurs à celles des élèves puis marcha en direction de Barry. Sans le savoir il avait mis le doigt sur ce qu"Abigail pensait, elle le savait intelligent ainsi elle n'était guère étonnée. Peut être aurait-elle dû lui parler bien avant au lieu de développer des théories fausses qui avaient occupé pendant trop de temps ses pensées.

- On aura l'occasion d'en reparler Barry. Le couvre feu ne va pas tarder, je te laisse, peut être à toute à l'heure.

Si elle n'était pas encore endormie comme bon nombre de Serdaigle en ce moment.

- Hey Abigaïl !

Il l'interpella avant qu'elle ne passe les grandes portes.