Sur un vieux port

Au bout d’un ponton miteux, le serpentard emmitouflé sous d’épaisses couches de vêtements observait la surface du lac noir, histoire d’apprendre s’il gelait ou pas l’hiver.

Une rencontre marquée par le destin entre deux némésis, dans un endroit isolé pour que personne ne soit témoins d'un tel choc de grands sorciers, ou peut-être un simple hasard loin de tels fantasmes. Quoi qu'il en soit Aslan marche vers le banc une grosse encyclopédie sous le bras , couvert de la tête aux pieds dans une tenue de froid...

James, lui, revenait du ponton et marchait en direction du fameux banc qui trônait sur la plage. Les secondes défilaient et rapprochaient nos deux élus.

Aslan marche droit vers le banc et naturellement tombe directement sur le chemin de ...James. Une grimace de surprise qui se tourne à l'inconfort et au malaise se dessine sur son visage quand il reconnaît son ex compagnon d'aventure.

James, de son côté, vint directement s’installer sur le banc sans faire attention au serdaigle. Une fois assis, l’écossais prit le temps de redresser ses gants puis son écharpe, avant de relever la tête pour découvrir son camarade pile à son niveau.

« - Salut. » lâcha-t-il alors sobrement en le reconnaissant, se demandant s’il allait continuer sa route ou s’arrêter là.

-...Salut... Répondra t'il un peu hésitant après un bref silence. Il faut dire qu'en dehors des cours ensembles ils n'ont pas vraiment de contact depuis les aventures dans les murs du château...

Alors euh..avec Abi, le bal arrive pas vrai ?
Dira t'il, malaisé. Ceci étant la première chose qui lui passe par l'esprit.

« - Bah… Oui ? »

James regardait son camarade d’un air ennuyé, ne comprenant pas où son gênant interlocuteur souhaitait le conduire.

« - Enfin je n’y vais pas avec Abi, si c’est ce que t’essayais de me demander. »

-Ah. Euh bon bah...je vais te laisser à ton.. enfin au banc.

Dira t'il après avoir haussé un bref sourcil de surprise suite à l'admission que James n'ira pas au bal avec Abi. Néanmoins le malaise que cette discussion fait ressentir lui donne envie de partir le plus vite possible. Aslan commence à reculer sans s'en rendre compte et manque de chuter dans le lac avant de s'apercevoir de sa gaffe.

« - Fait… »

James ne put s’empêcher de rire, alors qu’il avait tenté de prévenir son camarade.

« - Gaffe… Aslan sérieux t’es toujours aussi bizarre ? Détends-toi un peu, je vais pas te manger hein. »

Aslan se redressa embarassé par la situation, faisant semblant de regarder quelque chose sur l'arbre derrière le banc.  Après quelques secondes de silence il réouvre la discussion, essayant de parler de l'air le plus naturel possible au point ou l'exagération se remarque.

-La plupart des grands sorciers étaient vu comme des fous James. Sache le. Peut-être que ma bizzarerie s'applique dans ce sens, non ?

Il marque une pause , le mépris marquant pendant quelques secondes son visage avant qu'il se reprenne.  

-Nous n'avons plus onze ans, James. Je sais que toi et les tiens méprisent les individus comme moi, les parias sociaux. C'est l'ordre naturel des choses. Me méfier de toi est donc une réponse biologique.

Visiblement le Serdaigle semble tout à fait sérieux dans son délire, en prouve la manière dont il fixe James avec méfiance.

« - Moi et les miens, t'as dit ? »

James souffla du nez. Même si Aslan n'avait pas tout à fait tort dans le fond, l'Ashworth était encore trop jeune pour se rendre compte du potentiel harcèlement que pouvaient subir ses camarades asociaux. Lui, populaire, apparaissait forcément comme leur ennemi commun.

« Alija t'aime bien, tu sais, je n'ai aucune raison de m'en prendre à toi. Et je pense que t'es plus invisible que méprisé, en fait. Mais bon, peut-être que môsieur le grand sorcier marche sur les pas d'Ignotus Peverell à mon insu. »

Petite blague faisant référence au sorcier ayant hérité de la cape d’invisibilité, seul artefact capable de sauver son porteur de la Mort elle-même.

Aslan fit comme un mouvement de recul, craintif que James eu mal pris sa remarque. Voyant qu'il n'en était rien il se ressaisi  et décide de s'assoir à l'opposé du banc de James, fronçant les sourcils quand celui-ci parle de son ami.

-Alija m'apprécie car j'ai eu la chance d'être de la même ethnie que lui , le même regroupement de population sorcières. Notre contexte politique et culturel facilite des relations de la sorte.

Peut-être que James savait plus au moins de part des rumeurs la situation avec l'empire ottoman et les Balkans.

-Ce serait un grand honneur d'être le successeur de Ignotus, Antioch était peut-être l'un des, voir le plus grand dueliste de son époque. Du succès avec les femmes et plein d'amis. . Un sourire mauvais se dessine sur le visage de Aslan un instant ,alors qu'il jette un regard vers le lac.  Mais il est mort comme un idiot, faute à sa propre arrogance . Peut-être il y a une leçon à en tirer.

Le sourire du vert disparut un court instant, moment qui lui fut nécessaire pour être certain d'avoir bien compris l'analogie faite par son camarade. Droit sur son bac et le regard fixé sur l'aiglon, sa sénestre se leva et vint se déposer fermement sur l'épaule du prudent. Après une courte seconde peut-être gênante pour Aslan, James laissa échapper un rire bref avant de tapoter amicalement le deltoïde de son interlocuteur, lâchant son emprise qui n'avait été en réalité que de courte durée.

« - Tu vois, tu peux être drôle. Je commence à comprendre pourquoi Alija t'apprécie.»

L'écossais avait-il assimilé ce que son camarade avait essayé de lui expliquer ? L'avait-il seulement écouté ? C'était des questions que le Bellic était en droit de se poser, tant la réponse du serpentard ignorait l'aspect "politique" de leur amitié précédemment présenté.

« - Du coup dis-moi, toi tu préfères mourir seul et intelligemment, ou de manière bête mais entouré ?»

C'était finalement une question intéressante aux yeux de l'Ashworth.

Aslan s'était crispé tel un chat en colère quand James osa poser sa main sur lui, dans un geste que Aslan juge volontairement comme provacteur voir méprisant. Reprenant contrôle de ses émotions qui se marquent par son froncement de sourcil appuyé, Aslan répondra d'un ton qui se cherche neutre.

-Je ne sais pas comment le fait que tu me trouve drôle devrait être interprété...  Aslan interprète le manque de réponse du Serpentard par un manque de considération ou plutôt d'intérêt envers le fond des propos, mais peu importe. Il s'y attendait.

-Seul le nom compte selon moi James, l'héritage si tu préfères.  Vivre seul et craint pour devenir plus tard une légende folklorique semble être un prix honnête à payer.

James papillonna des yeux. Il semblait ne pas vraiment comprendre où son camarade souhaitait en venir, le jugeant un tantinet "fou".

« - Je te dénonce maintenant au conseil ou je dois attendre tes premiers crimes ? »

L'écossais, amusé par sa propre blague, vint croiser une de ses jambes perpendiculairement à la seconde. Son regard voyagea entre le lac et son camarade tandis qu'il enchaînait.

« - Non mais plus sérieusement, comment ça vivre seul et craint ? C'est pas une vie ça. Tu t'imagines vivre dans la forêt et attaquer les grand-mères qui vont cueillir des champignons ou quoi ? »

Hormis devenir un puissant antagoniste, James ne savait pas vraiment où pouvait conduire la description qu'Aslan lui avait donné de sa vie de rêve.

Aslan semble pris au dépourvu l'espace d'un instant. L'air gêné il semble se rendre compte que ses propos prêtent à une interprétation qu'il n'avait aucunement voulue.

-Non, mais je veux dire..la peur et la reconnaissance son intimement liés.. marmone l'adolescent, évitant de croiser le regard de James. Préférant prendre focalisation sur le lac.  Si tu regarde bien des grandes figures mythiques comme Hercules par exemple ont les respecte et les admires de part la force et l'imposition qu'ils sont capables.  Les gens s'en fichent de savoir que c'était un meurtrier et un violeur. .. Et les grands sorciers qu'on respecte pour des prouesses extraordinaires sont pour la plupart capables d'anéantir des armées grâce à la magie...

Aslan s'était repris, et c'était mieux. James voyait maintenant où son camarade souhaitait en venir.

« - Je ne t'imaginais pas aussi... Ambitieux, Aslan. »

L'écossais, sincère, avait été surpris par le Bellic qu'il n'imaginait pas ainsi. Il espérait tout de même ne pas faire face à un psychopathe qui souhaitait finir meurtrier et violeur comme son idole Hercules... Le serdaigle était encore trop bizarre à ses yeux pour lui éviter ce genre de pensées.

« - Mais tu penses pouvoir devenir ce genre de personne en restant seul dans ton coin ? »

C'était une vraie question, pas une volonté de rabaisser son interlocuteur, même si ce dernier pouvait l'interpréter ainsi.

Le Serdaigle focalisera encore son regard sur le lac, semblant perdu quelques instants dans ses pensées alors qu'il fixe le paysage magnifique qui s'offre à eux. Il finira par répondre à son interlocuteur après une hésitation, sa voix irrégulière comme sous l'émotion.

-Serdaigle et Serpentard sont bien plus proches qu'on ne puisse le croire. Sur la question des profils d'individus de chaque maison , j'entends.   Il laisse de nouveau un temps de vide avant de jeter un regard timide vers James.
-J'ai des ambitions, mais je me crois plus proche du grand rêveur que de l'individu avec grande destinée si tu veux mon avis.


Peut-être une façon de se dédouaner sur ses vrais sentiments, ou peut-être un reflet de ce qu'il pense de lui réellement.

-Donc pour répondre à ta question plus explicitement, non. Je n'y crois pas . Mais c'est pas comme si j'avais le choix, les gens ne m'aiment pas... même quand j'essaye de faire de mon mieux.


Ses yeux se marquent un instant d'une profonde tristesse et sa voix tremble...suite à cela Aslan décide de se lever brusquement et de commencer à marcher vers l'école sans un regard en arrière.

James le regarda partir un moment, avant que sa voix ne s’élève dans son dos.

« - Je pense que toute personne avec une grande destinée était d’abord un grand rêveur, Aslan. »

Il avait le sourire aux lèvres, malgré la tristesse que venait de lui partager le serdaigle. L’écossais allait devoir en toucher deux mots à son fidèle ami serbe. Il s’en alla après quelques minutes.

Emmitouflée dans un épais manteau de laine qui la couvrait jusqu'à ses talons, coiffée d'un chaperon et d'une écharpe assorties et gantées de mitaines qui ,n'empêchaient pas ses doigts de trembler, la petite silhouette de Celonia se traînait tranquillement dans le parc. Elle revenait tout juste de la tour abandonnée et son périple avait été particulièrement pénible. L'endroit était volontairement isolé du reste du parc et les épaisses et cahoteuses couches de neige ne facilitaient pas plus les pérégrinations que les pèlerinages.

Sa condition physique n'étant pas optimale à cause des perturbations de son éther, elle soufflait sporadiquement dans de pénibles tentatives de reprendre son souffle. Arrivée à l'orée du lac, elle repéra un autre élève posé tranquillement. Il était rare d'en croiser par ce temps et la jeune fille se demanda qui pourrait bien préférer s'attarder ici plutôt que dans un endroit bien au chaud. Le contourner aurait nécessité un effort qu'elle n'avait pas coeur à fournir et la jeune fille marcha donc dans sa direction jusqu'à ce que son faciès ne se révèle à son regard jadéite.

Jude. Elle se demandait comment il allait. Elle avait eu vent de ses bêtises, mais ne s'était pas avisée des détails. Ce qui pourrait être intéressant serait de connaître le mobile d'un tel acte, mais elle se doutait qu'elle ne l'obtiendrait pas si facilement. Après tout, le blaireau avait bien confirmé ses doutes quant à tous les secrets qui l'entouraient.

- Bonjour Jude.

Dit elle en passant à sa hauteur, son regard braqué sur lui alors que son visage était encore voilé par son chaperon et les quelques mèches de cheveux humidifiées qui en échappaient par l'avant. Elle jeta un regard sur le livre et s'avisa de son sujet par un petit sourire.

- Tu cherches de l'inspiration pour ta muse ?

Demanda-t-elle sur un ton taquin, mais dénué d'espièglerie.

Comment entamer une discussion avec Jude Leigh ? Même si la réponse était enfermée autour d'obscurs mécanismes répertoriés dans un ouvrage de 5000 pages, Celonia s'y vouerait corps et âme tant le sujet lui paraissait complexe. Franchement déstabilisée par la réponse du Jaune, elle se braqua quelque peu avant de secouer la tête.

- Je n'avais pas de réelles intentions si ce n'est trouver de quoi lancer la conversation.

Commenta-t-elle en jetant un regard vers le romantique qui ouvrage échoué dans la neige.

- J'ai... Elle hésita un instant, cherchant ses mots. Je voulais juste savoir comment ça allait.

Il était évident que Celonia était au courant de ce qui se passait entre jaunes et le Leigh. Ces dernières semaines, elle avait été beaucoup plus vue avec Daniel Lockwood que ses fréquentations habituelles. Toutefois et, sporadiquement, il lui arrivait d'être assise avec Alicia Keith. Fruit du hasard ou rencontre fortuite ? Chacun était libre de juger.