L’esplanade du château

Eleanor s'était attelée à amputer sa pomme de quelques crocs en chemin avant qu'ils arrivent jusqu'à l'esplanade où ils étaient bien plus tranquilles qu'en Grande Salle.

- Merci encore de m'avoir suivi.

On ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être présent avec ses cadets.

- Tu avais l'air de pas mal connaître ce "Lucian Gaunt" et j'avoue que j'aimerais bien en savoir plus sur lui. J'ai des raison de penser qu'il est peut être derrière l'agression que j'ai subis en fin d'année dernière. Lui ou d'autres qui pourraient lui être proche.

Sans parler du fait que le Serpentard était une personnalité qui était fascinante et donnait envie d'en savoir plus sur lui. Son regarda passa de Peter à l'immense domaine baignée dans la nuit.

Sa mâchoire se crispa, puis il regarda sur le côté avec un air grave. Puis il revint à Eleanor.

- Des raisons de penser ?

C'était peut être la première fois que la Poufsouffle voyait son préfet afficher une émotion négative, lui d'habitude bien plus joueur et relâché. Sans attendre elle s'expliqua.

- Des élèves de Serpentard m'ont parlé de ce qui m'est arrivé et m'ont prévenu que ça venait de certains de leurs aînées. Ils n'ont pas oublié de préciser que c'est des personnes particulièrement dangereuses et eux-mêmes les craignent beaucoup ça se voyait. Au vu de la description qu'on m'a faite de Gaunt, je me dis qu'il doit forcément avoir un lien là-dedans, de près ou de loin.

Evidemment Eleanor ne s'imaginait pas non plus que lui-même ait participé en personne mais vu le contrôle total qu'il semblait avoir sur sa maison, ça l'étonnerait qu'il ne soit pas au courant ou n'ait pas donné son accord en amont.

- Je sais que ça veut pas dire que c'est forcément lui mais bon, la piste est quand même tout à fait plausible. Et dans son entourage il doit y avoir des personnes qui correspondent aussi à ça.

Malheureusement la rousse n'avait aucune connaissance quand à ceux qui tournaient autour du sacré. Elle ne connaissait même pas son visage à vrai dire.

- Qui ? Qui sont ces élèves en question ?

- J'ai promis de taire leur nom mais il n'y a pas de raison de douter de ce qu'ils m'ont dis.

Eleanor espérait que ça lui suffirait comme réponse et observa sa réaction.

Il fronça les sourcils, lui donnant presque un air menaçant, avant de souffler et se calmer :

- Si tu retiens des informations, je ne pourrais pas faire grand chose. Et toute seule, tu ne pourras rien faire non plus... Alors parle.

- Est-ce que c'est si important de le savoir ?

Après tout leur parole ne vaudrait pas plus en sachant qui ils sont. Bien évidemment que la jaune préférerait tout dire sans rien cacher mais il ne s'agissait pas qu'elle justement.

- Je ne peux pas les impliquer et ils n'en ont pas envie. Je peux les comprendre au vu de ce que je commence à voir.

D'autant qu'elle ne savait pas ce que ferait Peter de ces informations et dans quelle situation ça pouvait mettre Ana et James.

- ... Ce que tu commences à voir ?

- Ba par rapport à la réputation de Gaunt. Comme quoi il est très dangereux et qu'il peut faire ce qu'il veut dans cette école. Dans ce cas là je peux comprendre que ses camarades n'ont pas envie qu'il sache qu'ils aient pu parler de choses dont ils ne devaient pas parler et en plus avec une Poufsouffle.

Pour le reste il y avait sûrement des informations à savoir en plus sur le boss des Serpentards et c'est exactement pour ça qu'Eleanor se tenait ici avec Peter.

- Tu as l'air de le connaître un minimum vu la discussion que t'as eu la dernière fois avec James. Tu me confirmes que quelqu'un comme lui pourrait être derrière ce qui m'est arrivé ?

De toute façon la rousse finirait par savoir qui se cachaient derrière ses agresseurs, avec l'aide de Peter ou non.

- Si tu les protèges autant, c'est que ce sont tes amis. Alors je ne vais pas insister.

...

- Et du coup... Je ne sais pas. C'est possible. Et s'il y est lié, que comptes-tu faire ?

Ce qu'elle comptait faire ? C'était une très bonne question. Depuis des mois Eleanor avait pu y penser jour après jour et pourtant, à cet instant, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait faire. Finalement en se rapprochant des responsables, la rousse comprenait qu'elle obtenait autant d'autres bonnes raisons d'agir que de ne pas le faire. Ce qu'elle exprima était donc surtout de l'ordre du désir pour le moment. Avant de le faire, elle se détourna de son interlocuteur pour se focaliser sur un point qui leur était invisible vers le sol.

- Et bien... Je voudrais trouver un moyen de les arrêter de faire ce genre de choses. Tu sais j'ai constamment peur que ça recommence sur l'un d'entre nous ou même simplement... de revivre ça, surtout maintenant que je me dis qu'ils peuvent faire bien pire. D'ailleurs qui sait c'est pas déjà arrivé depuis ?

Après tout beaucoup auraient sûrement la même réaction que Johannes quand ça lui était arrivé : garder pour sois. Quand on vivait une humiliation il était normal de pas vouloir que ça se sache de tous. Son regard triste se dirigea une seconde sur Peter avant de se focaliser sur l'immense obscurité qui leur faisait face et dans laquelle l'on voyait de temps à autres des points lumineux se rapprocher ou s'éloigner, signe qu'il y avait encore quelques téméraires qui voulaient profiter de l'extérieur un petit peu plus longtemps. Son regard perçait ces ténèbres comme pour y observer une partie de son âme qui était moins assumée et dont elle extirpa une vérité singulière.

- Et si je devais être franche jusqu'au bout... J'ai envie qu'ils payent pour ce qu'ils m'ont fais et qu'ils ressentent ce qu'ils m'ont fais ressentir.

Une espérance qui ne resterait que de l'ordre de l'imaginaire peut être mais dont en découlait un sincère désir. Suite à cet instant de lucidité, elle se sentit le besoin de se justifier d'avoir de telles pensées dans la faible position dans laquelle elle se trouvait.

- Je sais que je ne suis qu'une quatrième année et que je n'ai pas encore la force pour faire face à ce genre de personne mais... j'aimerais agir pour. Quand bien même ça m'effraie.

Agir pour affronter ses peurs ou ne rien faire pour les garder éloignés ? C'était une question qui revenait souvent et dont elle ne semblait pas être sûr de la réponse encore. Et quand bien même, il restait toujours la question de ce qu'elle pourrait faire. Un manège de réflexion qui revenait inlassablement. Ses bras se serrèrent les uns les autres alors que la Poufsouffle se rendait compte qu'elle n'avait pas prévu d'aller dehors et n'avait donc pas de veste.

Il écouta révérencieusement le court discours de sa cadette et même lorsqu'elle eut fini de parler, il demeura silencieux, semblant perdu dans ses pensées durant une éternité. Il soupira.

- Je comprends tes sentiments Eleanor... vraiment. Mais tu me pousses à en revenir à tes "amis"... On ne peut agir qu'avec plus de précisions.

Il déglutit.

- Même dans les cas où on serait certains tous les deux que ce Gaunt était responsable, on ne pourrait... on ne pourrait pas l'attaquer comme ça.

Et Peter n'était pas froussard, et il était clair que ces mots étaient sortis de sa gorge avec beaucoup de difficultés.

- Ce n'est même pas une question de Poufsouffle pas Poufsouffle, ajouta-t-il rapidement. Le sort des sorciers m'importent, réellement. Et je suis prêt à t'aider, mais j'ai besoin de toutes les informations pour agir. Sinon... il faut juste... laisser tomber.

Son visage se tourna vers le duelliste, montrant déjà dans son expression ce qu'allait être la réponse.

- Désolé Peter mais je ne veux pas les impliquer plus que prévu là-dedans.

C'était en tout cas visible que Peter avait lui-même des griefs contre Gaunt. A aucun moment il n'a remit en cause l'idée de s'en prendre au Serpentard, bien au contraire même puisque le préfet s'impliquait déjà dans une potentielle future attaque.

- Je ne sais pas pourquoi mais tu sembles en avoir après lui et je ne te vois pas laisser tomber comme ça. Ce n'est pas la solution vers laquelle je veux aller en tout cas.

- Tssk. Tu ne sais pas pourquoi, et tu ne risques pas de savoir. Disons que ce sont les affaires des grandes personnes, et restons en là.

Il l'infantilisait clairement.

- La seule chose que je peux vous dire pour le moment, c'est d'être prudents dans les couloirs, et de ne pas vous balader seuls.

Il balaya donc le sujet. Les traits de son visage s'étaient allégés mais il restait un malaise.

- Merci pour le conseil.

Ce qui était ironique bien évidemment. Eleanor sembla réfléchir à ce que venait de lui dire Peter et ça ne lui plaisait pas du tout la façon dont elle se sentait infantiliser. Est-ce que c'était ce que Jude ressentait en lui parlant ? Il demeurait que la jaune pouvait s'impliquer librement comme elle le voulait et que ce n'était pas lui qui lui dicterait si elle devait agir ou non.

- Je n'ai pas envie d'en rester là personnellement. Avec ou sans ton aide.

Le mieux serait de l'avoir tout de même. Sans lui elle voyait mal ce qui pourrait être fait d'ailleurs.

Il souffla du nez avec dédain.

- Je n'ai jamais compris pourquoi notre symbole c'était le blaireau, et pas le carcajou...

Il la regarde du coin de l'œil maintenant, avec un sourire.

- Je ne sais pas si ça correspondrait à tout le monde...

Eleanor lui rendit son sourire avant de s'approcher de Peter, toujours très curieuse cependant de savoir ce qui liait le Poufsouffle à Gaunt.

- C'est quoi ton histoire avec lui du coup ? Tu peux tout me dire tu sais, après tout je suis la prochaine préfète.

Un peu à la façon de son interlocuteur parfois, la rousse s'était permise de parler dans un mélange d'arrogance et d'amusement. C'était peut être aussi une façon de montrer de l'assurance pour avoir l'air plus crédible à ses yeux.

Il se gratta l'arrière du crâne.

- Je te le dirais peut-être... Si tu viens au bal avec moi.

Un long moment de flottement suivit la demande de Peyer tant c'était inattendu. Eleanor l'observa pour voir si il s'agissait d'une autre de ses plaisanterie et répondit, un peu méfiante. Et aussi un peu gênée, heureusement pour elle il faisait sombre et donc son teint un peu plus rougeâtre ne se voyait pas vraiment.

- Mais... Pour de vrai ?

La rousse semblait avoir du mal à y croire. Après tout pourquoi un préfet qui pouvait sûrement inviter toutes celles qu'il veut l'inviterai elle ?

Il arqua un sourcil avec le sourire.

- Bah... oui ?