Le stade de Quidditch

Elle tenta de se faire davantage entendre mais c'était sans doute peine perdue avec cette bande d'adolescents brailleurs, sa voix ne pouvait gagner le timbre nécessaire.

-"Justement, je veux voir si il sa place dans notre équipe ... !"

- Ah! On dérange!

Dit-il de son fort accent, bien époumoné pour se faire entendre malgré la distance et le vent. Il se rapprocha lui aussi pour mieux faire face à Jack, retenant son manche juste à la même hauteur que María.

- Tou as entendou ma capitán?..

Il tourniqua aussitôt en se dandinant sur son balais qui semblait avoir connu mille et une intempérie, mille et un cavalier.

- On qu'à faire moitié-moitié dou terrain, et c'est tout!

Évidemment, Diego se doutait que cette idée n'allait pas plaire du tout à Goodman et son équipe.

- Nan y’a pas de moit-moit! s’emporta Jack, le terrain là il est à nous! Revenez quand c’est votre tour ou allez dans le parc j’m’en fous mais dégagez d’ici!

William, descendant en douceur vers le sol avec son balai, s'approcha du capitaine engagé dans une discussion animée avec Maria. Son visage affichait un sourire espiègle alors qu'il s'immisçait dans la conversation.

- Allez capitaine, pourquoi ne pas transformer cette dispute en quelque chose de plus amusant ? lança-t-il avec une lueur taquine dans les yeux. Proposons-leur un match amical. Les règles sont simples : l'équipe gagnante choisit qui accompagnera Maria au bal. Je suis prêt à me sacrifier  pour la bonne cause, évidemment.

Un rire léger accompagna ses paroles, soulignant le ton léger de sa proposition. William aimait injecter un peu d'humour dans les situations tendues, et cette idée de compétition amicale semblait être la solution parfaite. Il jeta un regard complice à Maria et James.

Il continua sur le même ton.

- Et si, par malheur, nous venions à perdre, nous serions prêts à relever un défi choisi par l'équipe gagnante. Qu'en dis-tu, capitaine ? Un moyen de régler les choses tout en gardant l'esprit sportif et le sourire aux lèvres.

- Porqué tou t'énerves? Yé vais lé dire à méssié Blackwine si tou continues à parler comme ça à María...

En même temps, il s'inclina sur son balais pour mieux voir en bas. S'il distinguait Arles ou James, il balayerait d'un geste simple son bras devant lui, un signe qui se voulait parlant. Le petit grenadien se retourna vers les rouges seulement lorsque William prit parole. En retour, les yeux noisette de Diego s'écarquillèrent devant pareille proposition. Il pivota immédiatement vers son aînée pour observer sa réaction. C'était peut-être une chance!

Aux côtés du Rayne, le silence ambiant qui n’était dérangé que par quelques échos provenant de la discussion au-dessus commençait à devenir gênant. James ne put réprimer un bâillement qu’il couvrit de sa dextre gantée.

« - Bon, il y a pas l’air d’avoir de problèmes finalement. Ça discute quoi. »

Quelle déception… Le serpentard avait vraisemblablement dramatisé la situation.

« - Tu rentres ? » fit-il à son ainé, prêt à partir.

L'Infante écarquilla les yeux plusieurs fois: premièrement la proposition d'Hamilton ... qui était plus que saugrenue et assez inconvenante et deuxièmement quand Arles leur fit signe. Elle réfléchit en observant son camarade de classe rouge alternant avec son capitaine puis après quelques secondes.

-"Attendez moi."

Elle recula, laissant Diego à la vindicte rouge et fit les quelques mètres la séparant de James et d'Arles.

— J'aimerais bien partir, rétorqua Rayne à James tandis que Maria Esperanza se détachait du groupe, mais vu que c'est moi qui les ai amenés là je ne vais pas les laisser dans la panade, regarde ca, le type leur hurle dessus alors qu'il fait une tête de plus.

C'était d'ailleurs bien pour cette raison qu'il avait signifié à Maria Esperanza et à Diego de lui envoyer Jack Goodman en cas de problème. Beugler sur Maria Esperanza, fille d'1m46 et Diego, gamin de 12 ans pas beaucoup plus grand étant sans doute plus facile que d'envoyer des postillons au visage de James et Arles. Maria Esperanza arrivant, il lui signifia ses intentions.

— On récupère l'aiglon et on s'en va, il a l'air infect ce capitaine, et venant de moi ca veut dire quelque chose.

Curieux de savoir ce qui avait pu se dire en altitude, James se rapprocha de Maria qui lui avait fait signe de venir.

« - J’ai pas l’impression qu’ils aient osé leur dire quoi que ce soit. » aura-t-il glissé au Rayne sur le chemin.

Arlès aura esquissé l'ombre d'un sourire à l'action de Diego, ce qui aura sûrement fait plaisir au grenadien qui les avait bien regardés, James et lui, avant de faire sa connerie.

— Oui. Approuva Rayne à l'adresse de James. Dans le même temps j'ai l'impression que le capitaine des Gryffondor a des problèmes de gestion de la colère.

Il se tourna vers Maria Esperanza pour lui demander quelque chose, mais se ravisa finalement, reprenant son chemin.

En rattrapant le duo restée en retrait, l'Infante haussa les épaules d'une manière "je vous l'avais bien dit".

-"Ils voulaient qu'on joue contre eux et le gagnant ..."

L'Infante rougit devant tant d'inconvenance et ne terminera que plus doucement.

-" ... devait m'accompagner au bal de Noël."

Diego n'avait pas encore mis un pied à terre, qu'il se retourna aussitôt vers les rouges qui reprenaient leurs séries de passes plus haut, au milieu d'un ciel d'hiver.

- Qué? On part déyà? Mais... La bouche encore ouverte, comme indigné de les voir tourner les talons si rapidement. - Ohhhh!

Ses postillons furent balayés par le vent, alors que ses oreilles dégagées prirent actes des derniers paroles de l'Infante.

- No! Il a dit qué l'on pouvait choissir si on gagne. Comme ça tou pourras choissir Grealish si tou veux!!

James ne put s’empêcher de rire suite aux paroles de Maria-Esperanza. Ces gryffondors ne manquaient pas de toupet, et ce « chantage » qu’ils imposaient étaient plus que ridicule.

« - C’est une blague ? »

La question était réthorique.

« - Donc ils vous menacent et privatisent le terrain d’entraînement aussi facilement ? »

L’Ashworth avait clairement choisi son camp dans cette affaire, et ses compagnons pouvaient compter sur lui s’ils le souhaitaient. Son regard se tourna naturellement vers le chef naturel de cette petite escouade : Arles. Il attendait de voir ce que ce dernier proposait avant de se prononcer.

Arlès, qui avait effectivement développé un certain instinct sur ces questions depuis quelques années, se retourna et ne vit rien de spécial.

— Des menaces ? Répondit Arlès tout en continuant de scruter l'équipe. S'il y en a eu, elles m'ont échappé. Pour le terrain, j'ai cru comprendre qu'ils étaient dans leur bon droit c'est ca ?

La question était adressée à la capitaine.

-"Manifestement non."

Cette réponse s'adressait à James. Quant à Diego, María lui avait secoué la tête, non elle ne voulait pas choisir Grealish, surtout pas avec la réputation qu'il avait.

-"Je n'ai pas vu le planning, je voulais un peu voler tranquillement quand j'ai vu qu'ils étaient déjà sur le terrain." Elle avait donc bluffé en mentant, car c'était bien l'équipe des rouges qui devait l'avoir ce soir. "Pour ça que je m'apprêtais à repartir lorsque je vous ai croisé. D'ailleurs je crois que leur capitaine a l'air de bien t'apprécier Arles."

Le Serpentard semblait acquis à sa cause, il manquait de convaincre le Serdaigle, et l'Infante suivrait certainement. Diego inspecta une dernière fois au-dessus de leurs têtes les comètes écarlates, toujours absorbées dans leurs répétitions. Ses mèches ondulèrent sous sa visière, parcourues par un mouvement fugace : l'adrénaline dont s'était galvaudé le grenadien, au point de laisser filer le mensonge de Maria par dessus sa casquette. Ses pupilles se dilatèrent comme les yeux d’un chat – signe d'une acuité à l'affut.
Il haussa aussitôt les sourcils à l'adresse de l'aîné chez les érudits.

- Jack il a très mal parlé à María. Et yé né préfère pas répéter cé qu'il a dit, l'autre... Il regarda d'emblée ailleurs, comme encore gêné par ce qu'il avait pu entendre là-haut.

James papillonna des yeux. Toute cette histoire n’avait ni queue ni tête, et plus les discussions avançaient, moins il ne comprenait ce qu’il faisait encore ici. Au moins, l’événement lui permettait de tuer le temps jusqu’à son rendez-vous prévu avec Alija plus tard dans la soirée.

« - Bon bah je comprends plus rien moi. » souffla-t-il simplement, honnête.