Le stade de Quidditch

James était dans l’ombre du Rayne. Il ne savait pas vraiment ce qu’il venait faire au stade, mais espérait juste que la situation allait assez déraper pour l’amuser un peu. Le Serpentard était pour l’instant un simple observateur, cherchant à comprendre le contexte de leur venue.

Rayne continua son chemin, gratifiant au passage Maria Esperanza d'un "Bonsoir" simple mais efficace.

— Ils ont privatisé le terrain apparemment ? Lui demandera t-il

Les chassé-croisés célestes de leurs compères de la maison du lion accaparèrent la curiosité du plus petit des serdaigles pendant un court instant. Jusqu'à apercevoir María face à eux, ce qui le figea.
Décontenancé, il papillonna d'abord des yeux, d'un air altier presque précieux. Le grenadien désigna du pouce le chemin qu'Arles, James et lui venaient d'emprunter.

- Va à la salle commoune, mujer.

De son côté, James se contenta d’un signe de main amical pour saluer Maria, histoire de ne pas l’aissaillir de paroles dès son arrivée. Il avait esquissé un petit sourire suite à l’initiative du bleu à la casquette, qui semblait soudainement avoir repris du poil de la bête.

Pourquoi toute l'école s'était donnée rendez-vous au stade ce jour-ci ? L'Infante n'en savait rien, elle était juste satisfaite de ne pas s'être fait surprendre en pleine séance de voyeurisme ... Elle répondit d'abord à Arles.

-"Je ne sais pas, je croyais le terrain libre mais je suis arrivée ici, à l'instant bien sûr, le temps de me rendre compte qu'il était occupé et je m'apprêtais à rendre le matériel et me changer .! "

Il y avait quelque chose qui n'allait pas dans son discours, était-ce la vitesse à laquelle elle parlait ou bien la nécessité de se justifier ? Heureusement le début de pénombre lui permettait de cacher la rougeur de quelques pigments de ses pommettes. Bien sûr, elle ne répondit rien à Diego, le grenadien ayant déjà exprimé ses griefs le concernant dans la salle commune ... Et d'enchaîner un rapide sourire à James, s'étant déjà croisés dans la journée puisqu'ils étaient dans la même classe ... elle n'ajouta rien.

Arlès qui comme d'habitude faisait dans la finesse ne sembla pas s'intéresser suffisamment aux propos de sa cadette pour avoir quoi que ce fut à y relever.

— D'accord. Nous on va jeter un œil, pour une fois je n'ai rien d'autre à faire. Viens avec nous si tu veux, déclara t-il, oblitérant la remarque de Diego.

Il se rendit donc au Stade même.

Des explications qui ne convainquirent guère Diego. Contrairement à son aîné, lui ne laissait pas rouler dans la farine si facilement par la modestie trompeuse de María.
Il haussa les sourcils tout en se dandinant sur place, avant de déclarer tranquillement :

- C'est notre capitán, et elle né sait pas si el terrain est libre ou pas...

Il suivrait Arles en direction du stade.

Les deux chevaliers azurs partis en premiers - bien décidés à venger leur reine déchue - laissèrent le mercenaire verdâtre en compagnie de cette dernière deux mètres plus loin. Les mains dans les poches, l’Ashworth invita l’hispanique à les suivre d’un mouvement de tête.

« - Allez viens avec nous, je pense que ça va être drôle. »

James suivit donc le binôme en espérant motiver la dernière pour former un quatuor.

« - Puis pas venue jusqu’ici motivée et préparée pour faire demi-tour. On va te le négocier cet entraînement. »

Elle observa un instant ses deux camarades de maison la dépasser avant de se reporter sur James, n'ayant pas encore bougé, qui lui expliquait que cette expédition se montrerait amusante. L'Infante ne voyait absolument pas en quoi se pointer devant une dizaine de Gryffondors déterminés et suintant de transpiration pour réclamer une partie du terrain serait amusant. Au mieux ceux-ci éclateraient de rire en voyant leur petit commando au pire leur sera demandé de ficher le camp fissa, et surtout sa présence ne pourrait qu'interroger sur leur réelle motivation.

-"Euh ... je ne suis pas certaine que cela ne soit une bonne idée !"

Trop tard, le dernier membre du trio l'avait dépassé et elle n'eut d'autres choix que de continuer sa route. Puis de s'arrêter avant de se retourner en soupirant. María-Esperanza rattrapera ses trois camarades quelques secondes plus tard, ses affaires toujours en main.

-"Je ne sais pas ce que vous voulez faire mais ce n'est vraiment pas une bonne idée."

Oui, elle radotait. Car la situation ne lui plaisait pas réellement.

Arles marchait donc en tête de cortège, accompagné de Diego.

— La capitaine ? C'est donc elle ? Je me coucherai moins bête ce soir.

Ils arrivèrent finalement au stade malgré les protestation de Maria Esperanza.

— On ne le saura qu'après avoir enquêté. Rétorqua t-il à l'adresse de cette dernière. Bon, voyons voir de quoi relève cette histoire.

Arlès reprit presque immédiatement après être entré dans le Stade et avoir pris l'information.

— Allez vous entrainer, intima Rayne à Diego et Maria Esperanza, si quelqu'un vous dit quelque chose dites lui de venir me voir.

Le cadet des serdaigle rusait avec sa mémoire indécise, et il comprit quelque chose alors qu'ils avaient vite été repérés par les comètes rouges. Tout était cousu de fil blanc depuis le début! La conversation qu'il avait eu avec Arles et James avant de rejoindre le stade ne faisait pas de sens, jusqu'à maintenant. En fait, Aslan n'avait bien entendu jamais existé, il s'agissait d'un nom de code pour le capitaine des Gryffondor : Jack Goodman. Pour une raison qui lui échappait encore, Arles et James voulaient se faire le sixième ou septième année. Mais qui donc était Aymar Ocloak, que James avait feint ne pas connaître?
Il fut extirpé de sa profonde réflexion.

- Qué?

Diego examina María en retour, et il ne se pressa bien entendu pas pour la suivre. Les deux hispaniques allaient servir d'appât. Si la capitaine prenait son temps, le grenadien en rajouta comme s'il rejetait la faute sur son vilain balais. Il préserva quelques mètres de distance, en attendant de voir ce qui allait arriver.

Alors que les deux bleus se lançaient, rapidement des protestations se firent entendre chez les rouges. Une petite cohorte composée du capitaine et de quelques joueurs se dirigèrent vers Diego et Maria.

- Oh vous faites quoi?! fit Jack Goodman, on a le stade jusqu’à 18 heures 30!

- Déjà que les serpentards nous ont fait chier lundi vous allez vous y mettre aussi? s’exclama un autre garçon.

Forcément avoir une meute de rouges pas vraiment contents devant elle avait de quoi impressionner et María-Esperanza était du genre impressionnable.

-"Sur le planning le créneau était libre ... !" Voix fluette.

Encore dans l'ombre de María, Diego jeta un coup d'œil derrière son épaule et raffermit sa prise sur son balais. Depuis la hauteur des poteaux et le climat des landes d'Ecosse, il ne distinguait ni Arles ni James. Il se retourna vers le groupe de Gryffondor – plus habitué aux embrouilles de sortie de classe que son aînée, il voulut examiner chaque membre du groupe. Combien d'entre eux avaient vraiment l'air retors?
Diego envisagea de laisser María seule face aux rouges, pour aller déposer son balais dans le vestiaire, et puis passez muscade. Mais ce serait se tirer une autre balle dans le pied s'il voulait rejoindre l'équipe. Il souffla.

- La capitán a dit qué lé créneau il est libre, c'est qu'il est libre.

Sous la visière, la silhouette du petit grenadien parut redresser le menton dans la direction de Jack :

- Tou as oun problème?

Jack Goodman fronça les sourcils, s’arrêtant à quelques mètres du duo.

- Qu’est-ce-que vous baragouinez? Bien sûr que j’ai un problème, vous dérangez notre entraînement bande de décérébrés!

La petite voix de Maria avait peiné à se faire entendre face au bruyant Diego.

- Et qu’est-ce que tu fous là en plus toi t’es même pas dans une équipe? demanda un autre, circonspect.