Le parc

Il devenait vraiment aisé de comprendre que ces deux là semblaient avoir vécu leur lot de déceptions sentimentales! C'était tout de même incroyable! Maintenant, la jeune Harpis comprenait mieux pourquoi elle n'avait pas été invitée. Les garçons semblaient avoir des standards extraordinaires et irraisonnables, voilà pourquoi elle n'avait pas été invitée, c'était la seule explication plausible.

La jeune adolescente adressa un sourire intimidée et reconnaissant à Epidia avant que son regard ne papillonne vers Azura.

- Un homme capable ? Répéta-t-elle, curieuse. Son dos quelque peu refroidi par le temps hivernal se trouva fortement réconforté par Epidia. Non... Elle secoua la tête, reportant son regard sur l'une, puis sur l'autre. Il doit être capable de quoi ?

Epidia avait l'air toute excitée à l'idée de s'être fait une nouvelle protégée !

- Alors pour commencer...C'est un garçon qui se doit d'être beau, intelligent, de bonne famille donc pas un poufsouffle, protecteur mais surtout il doit être généreux....Retiens bien que les pires sont les radins !! Regarde...ça ! La blonde tendit sa main baguée à Celonia, si cette dernière s'y connait un peu en joaillerie, elle pourra reconnaître trôner sur la bague ce qui semblait être un rubis....

- CA c'est la preuve d'un homme capable !!

Elle faisait son plus grand sourire à Celonia, toute fière de lui exhiber l'un de ses "trophées"...

-Mais surtout, surtout, il doit te donner de l'ATTENTION, te montrer qu'il t'aime et te respecte pour la personne que tu es A l’INTERIEUR...!

Elle fixa Azura, sûrement avait-elle quelque chose à ajouter ?

En effet, l'Azura au regard émeraude et non azure avait toujours quelque chose à ajouter.

- En résumé, un garçon qui n'a pas peur d'être avec une vraie DAME ! Il doit être attentionné, il doit savoir assumer ses sentiments et te montrer ses faiblesses , quand il vient te demander ta main pour le bal, il doit poser le genoux à terre et t'offrir quelque chose d'un minimum onéreux et pas un espèce de raté qui conjure une botte de fleurs au bout de sa baguette moisie !!!!!

Visiblement elle en avait gros sur la patate...Ou peut-être...n'était-ce que du cinéma ?

Elle écouta la longue définition de l" homme capable", passant tantôt du regard excité de la Selwyn, au regard azuré de Myr regard jadéite de la jeune Flint. En toute franchise, elle se trouva quelque peu peinée parce qu'elle venait d'entendre. Toutefois, éduquée dans une bienséance stoïcienne ; Trait commun des marchands distingués, elle fit mine d'éprouver un grand intérêt à ce qu'on lui disait. Au fond d'elle, par contre, elle plaignit sincèrement ces deux filles. Au contraire d'Irène qui avait au moins le mérite d'avoir des ambitions et de l'intelligence et ne se servait de ses charmes que pour amplifier ses autres qualités, ces deux-là ne semblaient pas avoir grand chose d'autre à proposer au monde. La jeune Harpis, qui avait soif de liberté, ne pouvait vouer son respect à des personnes qui se mettraient elles même en laisse pourvu que la corde soit suffisamment brillante.

Elle fixa un instant la bague qui lui était présentée et fit mine d'être singulièrement impressionnée.

- On a offert ça en cadeau? Soliloqua-t-elle tandis que son regard louchait sur les facettes de la pierre précieuse. ça devait être un homme sacrément capable, oui!

Continua-t-elle d'une voix assurée avant d'écouter l'anecdote de la botte de fleurs et d'adresser à Azura un regard compatissant.

- Il y a un malotru qui a osé faire ça ? Elle leva les yeux au ciel en faisant mine d'être scandalisée et, en toute franchise, elle l'était un peu. Il fallait, tout de même, être un sacré goujat pour agir de la sorte. Tant qu'à faire, Celonia préfèrerait encore ne rien reçevoir. Les hommes capables se font rare...

Termina-t-elle sur un ton lamenté alors qu'elle se retenait de ricaner, l'exercice l'amusait singulièrement.

La Flint opina du chef.

- Et en plus, comme tu es encore en deuxième année, ces scélérats vont sûrement se moquer de toi car tu n'as de cavalier...

Elle serra du poing tout en levant les yeux au ciel...

- Je les haï...

...puis telle une bipolaire, son expression changea du tout au tout et une excitation presque hystérique l'embrassait.

- Mais heureusement pour toi ma belle...Nous pouvons...Nous allons t'en protéger...!!

Et comme à chaque fois, quand l'une terminait de parler, c'est l'autre qui prenait le relai.

- Cela fait bien longtemps qu'Azura et moi avons décidées de ne plus aller au bal...

La belle fit un grand sourire de filoute et se demandait si c'était le bon moment d'annoncer à sa nouvelle protégée qu'elles avaient pour habitude d'accepter les cadeaux des garçons de 6ème et 7ème année et de leur poser un lapin le jour du bal ? C'était peut-être un tôt, alors elle se ravisa....

- Alors si tu veux, tu peux passer la soirée du bal avec nous ! Si tu es avec nous, je te promet que personne n'osera se moquer de toi...Et que les garçons capables afflueront vers toi comme des pige....La blonde fut coupée par la brune qui couva son dernier mot par le mot "FAUCONS !".

Les paroles de la Flint effrayèrent quelque peu la jeune Harpis. En dépit de ce qu'elle pensait d'elles, Celonia ne pouvait nier qu'elles marquaient un point. Jude lui avait souvent expliqué de l'influence que pouvait avoir le bal pour la réputation de tout un chacun et il se pourrait qu'elles aient raison... Un frisson secoua la jeune fille alors qu'elle s'imaginait victime de brimades parce qu'aucun garçon n'aurait daigné l'inviter au bal en seconde année. Pourquoi n'avait elle pas été invitée ? Elle n'en savait rien, mais l'imagination débordante de ses petits camarades aurait vite fait d'en inventer les raisons, par dizaines et à la pelle. Une telle perspective lui tordit le coeur et elle se surprit à considérer la proposition qui lui était faite.

- C'est vrai, ils se moquent de ce genre de choses ?

Demanda-t-elle d'une voix aussi curieuse que craintive. En réalité, elle n'était pas certaine que l'avis de ces deux-là soit véritablement pertinent, mais la peur avait tendance à brouiller son jugement. Elle poussa un soupir, se demandant si elle avait véritablement le choix. - J'avais prévu de rester dans mon dortoir pour pas croiser les regards, mais c'est peut être mieux ce que vous proposez...

Dit elle en hochant les épaules, toujours un peu tristoune. Il y avait aussi cette histoire avec les 3 encapuchonnés, mais elle n'y pensait déjà presque plus à ce stade.

Comme souvent invisible, surtout aux yeux des filles, Aslan continuera timidement son chemin vers une autre partie du domaine.

L'élancée Epidia ne perdit pas à une seconde pour répondre à sa nouvelle copine...

- Mais oui, ça te feras du bien de passer une soirée entre filles, plutôt qu'à rester seule dans ton dortoir à broyer du noir...

-...Et puis, tu pourras rentrer à l'heure que tu veux ! Avec nous, tu n'est pas assujettie aux caprices d'un mâle qui veut te forcer à répéter encore et encore les mêmes pas de danse débiles qu'il a  vu dans des livres magiques interactifs... Elle les yeux au ciel...les hommes vraiment...

-  Alors si ça te dit, on se donne rendez-vous ici à 19H vendredi soir.

La belle leva son index, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose...Quelque chose qu'elle avait oublié de demander, quelque chose de pourtant relativement banal.

- Oh et d'ailleurs on ne t'a même pas demandée !!! Comment tu t'appels ma puce ??

Dénuées de substance et esclaves de leur propre vanité, certes, mais Celonia devait au moins reconnaître qu'elles avaient sincèrement l'air de tenir à leurs protégées... Ou alors c'est que leur numéro était drôlement bien calibré. Dans un cas comme dans l'autre, la jeune Harpis n'avait pas grand chose d'autre à faire le soir du bal, si ce n'est essayer de résoudre le mystère des encapuchonnés. Cette histoire tombait mal puisque, en l'occurrence, elle n'avait pas la moindre idée de comment les choses allaient tourner.

Pour le reste, elle ne savait pas vraiment si ces deux originales étaient vraiment en capacité de protéger sa réputation, mais cela pouvait valoir la peine d'essayer.

- C'est vrai que c'est toujours mieux que d'être seule. Commenta-t-elle en hochant les épaules avant de continuer. Je ferais de mon mieux pour être là! En l'occurrence, elle ne pouvait pas vraiment promettre mieux à ce stade.

- Celonia Harpis.

Répondit elle à l'adresse de la Flint avant de les désigner l'une après l'autre du regard.

- Et vous ?

- Wouaaaw c'est trop mignon comme prénom !! Enchantée Célonia ! Quant à moi, je me prénomme Epidia, Epidia Selwyn... Et à ces mots, elle s'abaissa afin d'embrasser sur la joue la petite Célonia...

Au même instant, Azura posa sa main sur l'épaule de Célonia, peut-être afin de détourner l'attention de celle-ci du baisé de son acolyte blonde...Elle s'abaissa légèrement pour lui dire :

- Et moi je suis Azura, de la noble famille Flint. Enchantée Célonia... Et à son tour, alors que les lèvres d'Epidia se décollaient à peine de la joue gauche de Célonia, la verte vint apposer ses lèvres sur la joue droite de la bleue afin de la gratifier elle aussi d'un petit bisous.

Les deux noms qui furent donnés firent tiquer la jeune Harpis et semblèrent la surprendre singulièrement. Ces deux là n'étaient pas n'importe qui! Lorsqu'un de ces noms était cité à un mariage, il était courant que son père ait du travail, car l'évènement ramenait toujours beaucoup de gens spécifiquement désireux de se faire beau. Cette nouvelle la secoua quelque peu, elle pensait avoir affaire à deux marginales un peu perchées, mais la situation venait de prendre une toute autre envergure.

Elle sentit la main d'Azura se poser sur son épaule à l'instant même où Epidia lui faisait la bise. La "diversion" fut efficace, car la jeune Harpis ne sembla surprise qu'après que la Flint en eut fait de même. Elle savait que ces informelles salutations étaient monnaie courante chez certains, mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela quelque peu "oppressant" venant d'elles. Elle avait l'impression d'être une poupée à dorloter entre les mains de ces grandes filles, ce qui n'était pas une sensation dans laquelle elle se complaisait spécifiquement. Toutefois, fidèle à son stoïcisme et à sa bienséance, elle se contenta de répondre :

- Pareillement. Je ne savais pas que vous veniez de si grandes familles ! Vous en avez l'allure en tout cas !

Mieux valait les caresser dans le sens du poil pour l'instant. En dépit de ce qu'elle pouvait penser de la mentalité des deux "aristocrates", il y avait toujours plus à gagner d'avoir ces gens-là à la bonne que de s'en faire des ennemis inutilement. Celonia avait évité les ennuis qui affligeaient beaucoup de ses camarades, Jude le premier, en agissant ainsi. Le moins il y en avait pour lui casser les pieds, le plus libre elle était de faire ce qu'elle voulait faire.

Après quelques énièmes platitudes, complaintes à caractère misandrique et papouilles maladroites supplémentaires, Celonia s'en retourna à ses occupations, non sans avoir salué ses deux aînées au préalable.

Un vent glacial découpait l'atmosphère du parc. Malgré tout, c'était ici et nul part ailleurs que James avait donné rendez-vous à Celonia pour évaluer ses compétences actuelles à la baguette. En l'attendant, le serpentard répétait ses gammes et envoyait des salves de sortilèges sur un arbre dont il s'était éloigné d'une dizaine de mètres.

Réglée comme une horloge, Celonia arriva pile à l'heure. Les cheveux attachés, comme à chaque fois qu'elle prévoyait de se livrer à des exercices pratiques, elle avait préféré garder son uniforme car, s'il y avait bien un vêtement qu'elle en craignait pas d'éprouver, c'était bien celui là. Arrivant tranquillement, il ne lui fallut pas longtemps pour entendre, puis voir, le florilège magique auquel se livrait l'Ashworth. Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres ; Il ne perdait pas de temps. Toutefois, cette performance improvisée lui rappela celle qui avait été exécutée contre le monstre de la tour, ce qui la ravisa vers son apathie habituelle.

Elle continua d'approcher jusqu'à se retrouver à quelques mètres de son mentor improvisé et le salua, comme d'habitude, d'une voix tout juste suffisante pour être entendue, mais pas assez pour surprendre.

- Bonjour James.

Il y avait de l'enthousiasme dans sa voix, mais celui-ci semblait obombré par quelque chose et ça n'était pas que par la maladie qui l'affligeait.

L'azur cassait l'étincelante neige dont était pourvu le parc et avait, de ce fait, attiré les prunelles du Serpentard. Il avait accueilli le salut de sa cadette avec un franc sourire, remarquant la petite mine de la Harpis sans pour autant en être choqué. Il savait que personne n'était au top de sa forme en ce début d'année secoué par les punaises de lit.

« - Mademoiselle Harpis. »

L'adolescent paraissait de bonne humeur, et il l'était, ravi que sa camarade soit venue bien qu'il n'ait pas eu l'occasion de lui rappeler la date récemment.

« - Je me demandais si t'allais venir. Pas que je doute de ton envie de progresser, mais ça fait un moment qu'on avait convenu de cette date.  »

L'Ashworth laissa échapper un profond soupir, satisfait, et la fumée qui en résultait trahissait la fraîcheur ambiante. Il se rapprocha d'elle.

« - Alors dis-moi, comment ça va ? Remise des punaises ? Parce que je t'ai cherché samedi soir à ce sujet et pour te rappeler qu'on devait se voir mais... J'ai dû te rater. »

Samedi soir sonnait comme bal pour tout élève de Poudlard.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que James paraissait hautement jovial, de quoi trancher avec la petite mine tristoune de la bleue. Toutefois, celle-ci sembla quelque peu galvanisée par l'attitude de son aîné et lui adressa un petit sourire avant d'hocher doucement la tête.

- Je n'ai pas oublié, j'étais impatiente de m'y mettre, moi aussi !

Dit elle avant que James ne l'interroge à propos de son état. La question, quoiqu'on ne peut plus banale, sembla quelque peu la désemparer et elle resta muette un court instant avant de répondre.

- Je suppose qu'à ce stade les punaises ont commencé à s'attacher à moi... Maugréa-t-elle en se fendant d'un ricanement blasé avant que son regard ne quitte celui du serpentard pour partir se loger dans l'arbre sur lequel il avait jeté son dévolu.

- En ce qui concerne la soirée de samedi je... Je n'avais pas chaussure à mon pied. C'était, techniquement vrai, mais, en réalité, cela l'arrangeait bien, puisque ça lui permettait de ne pas avoir à dire ce qu'elle avait réellement fait ce soir là. Toutefois, guère désireuse de conclure cet échange par l'aigreur, elle enchaîna : Mais je suppose que toi tu étais au bal, pas vrai ?

Demanda-t-elle avec un sourire, quelque peu gêné.

Il ne fallait pas être un génie pour deviner quelques signaux chez sa cadette. Celonia n'allait pas bien. Cependant, James ne pouvait encore faire un quelconque rapprochement entre les évènements dramatiques du soir du bal et l'absence de la Harpis. L'Ashworth avait en effet beaucoup de mal à l'imaginer faire partie du groupe d'explorateurs malchanceux tombés sur un golem.

« - Bien sûr, oui. »

La question était un peu bête, puisqu'il venait de lui dire qu'il l'avait cherchée à ce même bal. Cela témoignait d'un profond malaise chez la bleue qui ne l'avait pourtant pas habitué à ces "erreurs". Le manque de cavalier pertinent l'avait-elle conduit dans cet état ? Il se racla la gorge.

« - Hum... On peut parler un peu, si tu le souhaites. »

En avait-elle besoin ?

« - Parce qu'une fois qu'on va commencer, ça va faire mal, et crois-moi que tu auras tout sauf envie de parler après. » ajouta-t-il l'air taquin, histoire de la secouer un peu.

Il ne rigolait qu'à moitié, mais ça, Celonia ne pouvait pas encore le savoir.

La fausse (ou vraie?) promesse de James arracha un ricanement à la jeune fille qui, comme toujours, roucoulait plus qu'elle ne s'égosillait. Elle jeta un regard aux alentours, comme pour s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne traînait dans le coin puis fit un pas de plus vers James, comme pour lui faire comprendre que ce qu'elle s'apprêtait à lui dire tenait de la confidence.

Elle prit une longue inspiration, regarda de nouveaux aux alentours puis se lança :

- Je n'étais pas au bal... Mais je n'étais pas dans ma salle commune non plus. J'étais... J'étais là où le garçon, Marcel, est mort.

Elle s'interrompit un instant, ravisant son regard verdoyant vers le serpent, une lueur quelque peu solennelle régissait celui-ci.

- C'est Lionheart qui nous a ramenés, alors ce n'est pas un secret, mais ça m'a un peu hum... Elle frotta doucement les paumes de ses mains l'une contre l'autre, tremblotant légèrement rien qu'au souvenir de l'évènement. Enfin voilà. Je crois que ça me pèse un peu... Je préfère encore te le dire... Je ne voudrais pas que tu t'imagines que c'est le bal ou les punaises qui me minent...

Elle était restée relativement évasive sur l'évènement en tant que tel. Libre à James d'essayer d'en savoir plus, ou non.

« - Oh. »

Le sourire s'était affaissé, muant les traits du serpent en un visage neutre. Il lui était très difficile de réagir à cette annonce qu'il n'attendait pas, mais surtout, l'adolescent ne souhaitait pas pousser sa camarade vers le fond en prenant la discussion par le mauvais angle. Ainsi, James resta silencieux quelques instants, quelques secondes où ses pupilles cernèrent celles de la cadette. James n'avait ni bras dans lesquels pleurer, ni l'empathie nécessaire pour trouver naturellement les mots réconfortants. Ce n'était pas là un exercice dans lequel l'Ashworth excellait, mais il avait au moins le mérite de ne jamais prendre en pitié les autres. C'était peut-être là la seule chose qui allait plaire à la bleue.

« - Excuse-moi, exprima-t-il tout de même par politesse, conscient qu'il avait traîné la jeune adolescente dans cette position délicate. je comprends mieux. »

James, dans un toc habituel, vint resserrer ses gants qu'il tirait sur ses poignets. Il laissa le vent siffler un moment, jusqu'à ce que sa camarade comprenne que l'initiative lui revenait. C'était à elle de choisir si elle préférait continuer de parler ou non, pas à lui. Son oreille était prête à l'écouter, sa baguette, elle, à défouler ses nerfs si Celonia en ressentait le besoin.

Celonia pas de réconfort de la part de James. D'ailleurs, elle aurait presque était déçu qu'il en propose. Elle ne s'était pas "placée sous sa tutelle" pour ça. Elle retrouvait chez James, un peu de ce qu'elle avait vu chez Annie le soir du bal... Le sang-froid et la capacité de faire ce qu'il y avait à faire au bon moment, quitte à pleurer seul une fois que tout était fini. Ils étaient, d'ailleurs, de la même maison, mais elle n'était pas certaine que ce soit un trait véritablement inhérent aux serpentards. La jeune Harpis était sans doute inconsciente qu'elle avait été, elle aussi, aussi efficace que possible ce soir-là.

- Il n'y a rien à excuser.

Répondit elle avec calme avant de tirer sa baguette, répondant ainsi aux signaux de l'Ashworth. James put remarquer que la pose de la jeune Harpis était droite et pétrie d'une certaine dignité. Elle faisait parti des élèves vouant une certaine solennité aux duels magiques, contrairement à d'autres qui gesticulaient ou s'armaient comme s'ils étaient sur le poing de se lancer dans un pugilat.

- Je pense avoir agi aussi bien que je le pouvais, ce soir-là. Toutefois, j'ai peut être quelques images à purger de mon esprit...

Elle se fendit d'un sourire qui se voulait encourageant. L'abcès étant crevé, elle se sentait prête à attaquer l'exercice.

- Dois-je vous saluer, monsieur Ashworth ?

La lourde main sur la frêle épaule de Noah manqua de le faire tomber et détruire sa belle sculpture. Il était vrai qu'avec toutes ces couches de vêtements, il était possible de confondre un gaillard comme Amon avec le petit Noah, et de surcroît, tout le monde était un petit peu petit aux yeux du Serbe... Néanmoins, il sentit bien que ce n'était pas l'épaule d'Amon qu'il venait de saisir. Et la confirmation suivit très vite avec le "Eeeh..." plaintif du garçon qui se retournait et dévoilait une partie de son visage, notamment ce regard angélique. Quoiqu'il avait les sourcils froncés et les traits contrariés.

- Ah ! Alija, c'est vous ? Haha, j'ai eu peur, comme si Alija n'était pas censé être celui qui fait peur... Mais non, nous ne tombons pas amoureux entre hommes dans cette région !

Il baissa sa baguette qui avait été pointée sur le colosse par sous son aisselle (celle de Noah), et s'aida de ses deux mains pour s'appuyer sur le sol et se relever.