Re: Aux abords du Lac Noir

Eleanor ne su pas trop comment réagir face à cet éclat de rire et se contenta d'afficher un sourire gêné, au final plutôt rassuré de s'être fait avoir et de ne pas tomber sur une adepte de la violence gratuite sur les Poufsouffles. Cependant la Serpentard avait beau lui dire de ne pas avoir peur, ça ne changeait pas qu'elle restait toujours aussi intimidante.

Finalement, à l'image de son arrivée, la sortie de la géante fut aussi spectaculaire que rapide. La rousse n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit à sa bien étrange dernière remarque qui montrait une certaine dissonance toujours avec ce qu'elle dégageait. Le calme revint immédiatement, comme si elle avait été seule depuis le départ et que cette rencontre n'était que le fruit de son imagination. Un peu bouchée bée, elle salua dans un murmure l'inconnue.

- Aurevoir...

Eleanor était tombée sur un seprent bien atypique qui s'était montré plutôt sympathique. Elle se demandait si elle la reverrait, en tout cas il serait plutôt aisé de la reconnaître avec une telle carrure. La Poufsouffle ocntinua de faire des ricochets pour ne pas perdre le bon mouvement puis repartit après s'être lassée.

Profitant de ne plus avoir de baguette, Jude se dit que c'est également l'occasion de développer d'autres aptitudes. Depuis peu, il s'entraîne à courir autour du lac noir, profitant du fait qu'il y ait peu de personnes pour éviter qu'on le voit sans planter. Dans la vie faut être rapide que ce soit pour esquiver les sorts comme le voleur de baguette ou pour fuir aussi rapidement que Charles Norwood.

Le retour des beaux jours se faisait enfin voir pour le plus grand bonheur d'une Eleanor qui pouvait de nouveau profiter du domaine sans avoir à craindre d'attraper froid ou de se couvrir de la moitié de sa garde robe. Certes ce n'était pas encore les grandes chaleurs estivales, si cela existait en Ecosse, mais le printemps était déjà un précieux présent. Venu s'installer aux abords du lac, la rousse en dérangea sa tranquillité en enchaînant les ricochets comme le lui avait apprise Artemis.

Et puis soudain, après un lancé plutôt réussi, elle entendit un sifflement flatteur. En se retournant, elle vit Peter Riverside avancer à sa rencontre. Vêtu d'une chemise blanche, une veste tenue par dessus l'épaule.

- Je ne savais pas que tu étais aussi une formidable lanceuse, ça pourrait ser...

Il s'interrompit avec une grimace.

- Bonsoir mademoiselle Folsham. Comment allez-vous ?

Eleanor pouvait percevoir une écume légère d'embarras dans la voix et les traits de Peter. Après tout, elle attendait une "réponse" depuis des mois et le préfet l'avait évitée un temps, assez pour qu'elle se dise d'elle même que ce n'était visiblement pas encore le moment d'avoir ses explications. Ce qui n'enlevait pas qu'elle pouvait être vexée, au moins un peu, et peut-être devinerait-elle que c'était cette éventualité là qui rendait Peter à cet instant, un peu moins le parangon de l'assurance qu'il avait usage d'être. Il s'arrêta à quelques mètres d'elle.

Un hochement de tête satisfait vint répondre à son bon lancer avant que son prochain ne soit coupé dans son élan par la voix du très populaire Peter. Un sourire ravi vint accueillir le préfet, se demandant ce qu'il voulait dire avant de couper sa phrase. Certainement quelque chose en rapport avec le quidditch.

Lâchant son galet puis se frottant les mains, elle se rapprocha du nouvel arrivant.

- Monsieur Riverside. Je me porte plutôt bien et vous ?

Eleanor ne semblait pas vexée outre mesure. Il fallait dire qu'elle n'avait rien fait de son côté non plus pour avoir des nouvelles suite à leur fameuse discussion quelques mois plus tôt. Être dans le flou l'avait bien arrangé pour passer une seconde moitié d'année plus tranquille. Le doute continuait de l'accompagner même si la nécessité d'agir se faisait de plus en plus présente.

- Ravi de l'entendre, je vais plutôt bien aussi.

Il opina du chef pour accompagner sa réponse. Il regarda sur le côté puis fit quelques pas en avant, mais s'approchant plus du lac que d'Eleanor.

- Alors ?... fit-il après un moment de flottement. Comment tu l'envisages ? Tu te sens prête à devenir adulte ?...

Peter évoquait avec une légèreté étrange ce sujet loin d'être léger.

Son sourire s'effaça alors que la Poufsouffle comprit immédiatement ce à quoi faisait référence Peter. Quand à comment l'envisager elle n'en avait aucune idée car ne savait pas vraiment comment ça allait se passer maintenant.

- Je peux pas te dire que je n'ai pas eu quelques doutes les derniers mois...

Selon elle c'était tout à fait normal, encore plus pour quelqu'un qui avait sa personnalité. Eleanor était face au choix le plus important de sa très jeune vie de sorcière, une décision qui allait sûrement la changer et c'est ce qui lui faisait peur. Mais y avait il une autre issue possible ? Un soupire se fit entendre alors que son regard se porta à l'opposé de celui du préfet, en direction du château là où demeuraient ceux qui la poussaient à vouloir s'engager auprès de Peter.

- Ca me fait peur pour plusieurs raisons mais je ne peux pas me résoudre à rester les bras croisés à attendre que mon monde me soit enlevé. Je ne pourrais jamais me pardonner d'avoir agis trop tard et que ceux à qui je tiens en paye le prix.

Cela voudrait dire devenir quelqu'un de différente mais si c'était pour les personnes qu'elle aime et ce monde magique qui lui apportait tant alors c'était certainement un sacrifice nécessaire. Ses yeux bleutés revinrent sur le jaune, plus affirmés cette fois que lors de leur dernière discussion à ce sujet.

- Je te suivrai. Enfin je te suis.

L'assurance qui émanait de sa dernière affirmation n'était pas aussi solide qu'elle voulait se le faire croire mais c'était assez pour lui permettre de le dire.

Il avait écouté en silence, puis, avait doucement hoché la tête.

- Bien, ajouta Peter à son geste avant d'être silencieux de nouveau quelques secondes. La première chose que je vais te demander ne te paraîtra pas très glorieuse... Je t'ai invitée de mon propre chef, et même si je te fais confiance, et que les lucioles croient assez en mon jugement, tu devras montrer ta loyauté avant d'être pleinement membre.

Il se tourna vers Eleanor, le regard un peu sévère.

- Je vais te lister tous les matériaux dont nous avons besoin, et tu devras faire au mieux pour me les acheminer sans éveiller les soupçons de Newcourt. Il a un stock démentiel d'ingrédients divers qui ne lui servent d'ailleurs à rien... ils nous seront bien plus utiles...

Cela avait déjà été évoqué quelques mois plus tôt, mais c'était maintenant clair comme de l'eau de roche : elle devait voler.

- Pareil avec l'apothicaire lorsque c'est possible...

C'était sûrement la partie qui lui plaisait le moins. Devenir une vulgaire voleuse, en plus auprès de personnes qui l'avaient toujours soutenu, la faisait déjà se sentir sale. Une mine grave s'afficha sur son visage, son "examen d'entrée" était bien plus que ça. Les Lucioles avaient besoin qu'elle réussisse pour la suite. Ils avaient réellement besoin de la rousse en plus de ses talents d'alchimiste.

- Tu as de la chance, un tout nouveau club de Potion va ouvrir ses portes à partir de la rentrée prochaine. Le professeur Newcourt mettra à disposition un certain nombre d'ingrédients et j'aurai l'accès aux stocks, je devrais pouvoir vous faire parvenir ce qu'il faut très rapidement et sans encombre.

C'était une des autres raison qui l'avait également poussé à créer le club, ça allait grandement faciliter cette affaire. Entre son futur rôle de préfète ainsi que de présidente du club, personne ne trouverait suspect qu'elle se serve régulièrement dans la réserve. Sans parler du fait qu'elle pourrait même faire ça de nuit. Peter serait sûrement content d'apprendre que la Poufsouffle avait déjà prévu le coup. Elle-même n'était pas fière du tout mais ces ingrédients inutilisés allaient être particulièrement utiles pour faire avancer une cause plus grande. Le moment n'était plus au doute, elle n'en avait plus le droit maintenant.

- Quand à l'apothicaire ce sera plus compliqué, il tient très bien son inventaire et se rendra compte si quelque chose manque.

Et toucher au gagne pain d'un honnête commerçant lui plaisait moins.

- Cependant je peux facilement avoir des réductions. J'ai mis en place un partenariat avec le club pour que ce soit moins cher pour les membres.

Dans l'attente de pouvoir faire plus c'était ce qu'il y avait de mieux.

Peter continua de doucement hocher la tête, un air toujours assez grave. À la fin de la réponse d'Eleanor, il gloussa et sembla relâcher la pression...

- Intéressant tout ça... intéressant... Maligne notre future préfète... Je dirais même que c'est parfait. C'est comme si tu avais tout prévu...

Il émit un rire avant de s'arrêter net.

- Enfin... je suis désolé Eleanor. Encore... Je veux dire... Tu ne sais pas l'embarras que c'est pour moi de te demander tout ça... Je veux dire que je me réjouis pas vraiment. C'est juste pour... Bref.

Il secoua la tête. C'était vraiment la première fois qu'Eleanor voyait Peter autant décontenancé. Le vol était assez grave en soi, mais demander à une personne "innocente" de le faire pour soi...

Le vol n'était pas le pire, c'était surtout la personne à qui il fallait le faire. Une pointe de tristesse dans la voix, la rousse baissa les yeux vers le sol tout en croisant les bras.

- L'idée de le faire me rend déjà malade, surtout auprès de quelqu'un qui m'a toujours soutenu et cru en moi. Seule l'idée que ça puisse aider la cause sorcière me fait supporter cette pensée.

Tant que c'était pour faire le bien alors la Poufsouffle pouvait se permettre ce genre de sacrifice, de faire un "moindre mal". Mais jusqu'à quel point ? Pour le moment Eleanor n'en savait rien et n'avait pas envie de le savoir, c'était déjà quelque chose de vraiment déchirant ce qu'elle s'apprêtait à faire. Avant même de faire quoi que ce soit elle était déjà envahit par la honte. La réaction de son préfet prouvait que c'était grave à ce point.

- Cependant je veux quand même des réponses maintenant. Ce n'est pas un simple "test d'entrée" mais une véritable mission que vous me donnez et dans ce cas je veux au mois qu'on me montre un peu de confiance. Les autres ne le peuvent pas mais toi si et tu sais des choses.

Eleanor était tout à fait sérieuse et son regard se faisait plus perçant alors qu'il revint sur Peter. Nager dans l'inconnu ou presque n'était pas quelque chose qu'elle appréciait du tout et encore moins quand ce qu'on lui demandait de faire était destiné à servir leur cause.

- J'imagine que vous avez besoin d'ingrédients car des missions se préparent. Sans entrer dans les détails je veux savoir qui vous allez attaquer. Et surtout est-ce que ça peut impliquer des moldus innocents ?

Une association de mots peut être étrange à entendre pour Peter mais c'était là la question importante. S'en prendre à ceux qui en voulaient à leur vie et leur liberté n'était pas un soucis mais au-delà c'était déjà beaucoup plus dur à accepter.

- Nous nous amusons pas à brûler des villages au hasard, comme le raconte la gazette à la botte du conseil, si c'est ta question.

Il était soudain assez "ferme", presque froid.

- J'en ai une pour toi cependant : qu'est-ce que tu entends par "moldu innocent" ?

Ses sourcils s'étaient froncés légèrement.

En même temps Eleanor ne savait pas grand chose des méthodes des Lucioles et donc c'était normal selon elle de vouloir être rassurée là-dessus, quand bien même Peter pouvait mal le prendre.

- Innocent n'était peut être pas le bon mot mais je veux parler de ceux qui ne veulent pas s'en prendre à nous et surtout les enfants.

Elle se rapprocha de Peter et planta son regard dans le sien, l'air désolé mais surtout avec toujours une certaine peur dans le fond des yeux malgré la détermination affichée un peu plus tôt.

- Ne prend pas mal tout ce que je dis ou demande. Je ne connais rien de tout ça et de comment ça va se passer. J'ai besoin de savoir quel sera la portée et les conséquences de ce que je vais faire et ce que je ferai encore après.

- Je ne le prends pas mal.

Il soupira.

- Pour être clair sur ma vision, et celle de la plupart d'entre nous : je pense que l'innocence n'existe pas, ou plus depuis longtemps dans cette guerre. Je sais la candeur qu'il y a en toi, et d'autres... mais vous ne saisissez pas : ils ne nous voient pas comme des êtres à part entière, pour eux nous sommes l'incarnation du Mal. Et la seule solution pour être libre, c'est de les soumettre ou les détruire et... oui, les "innocents" comme tu les appelles pourraient être des dégâts collatéraux.

Il respira lourdement.

- Je te donne un exemple : si on veut prendre une ville moldue pour les affaiblir, on ne pourra pas le faire à coup d'expulsos ou d'incarcerem ou de stupéfix. Donc oui, des "innocents" mourront dans la guerre. Et je pensais que tu avais conscience de ces possibilités...

- Je le savais... Et tu te trompes je sais parfaitement comment ils nous voient et jusqu'où ils peuvent aller.

Après tout un père pouvait aller jusqu'à vouloir la mort de sa fille pour avoir simplement manifester de la magie. Dès lors est-ce que quelque chose de bon pouvait exister chez les moldus ? Tout ceux qu'elle avait connu voulaient voir l'extinction des sorciers. Même ceux qui paraissaient être bons... Ils ne l'étaient qu'entre eux et ne voyaient pas les sorciers comme des semblables. Une part d'elle avait toujours voulu croire qu'il y avait du bon partout. Peut être se trompait elle ? C'était très probable et elle au fond elle le savait.

- Je... je sais comment ils sont...

Pourtant une part d'elle avait du mal à se faire à l'idée que des enfants, symboles universels de l'innocence, puissent en payer le prix. Malgré tout Peter avait raison, c'était une guerre et personne n'ignorait les dégâts que ça provoquait. La Poufsouffle se sentait enfermé dans un bien obscure dilemme : soit elle devait s'abandonner soit abandonner ses amis et sa mère. C'est l'impression qu'elle avait si la Poufsouffle revenait sur sa décision. Sa respiration s'accéléra et sa vision se réduisit un peu plus à mesure qu'elle y pensait. Chaque décision lui paraissait être la mauvaise et ça l'angoissait.

- Je veux vraiment aider et et... pourtant rien que l'idée de participer moi-même à ce genre de choses me paraît impossible et me rend malade. Je veux dire je peux me faire à l'idée pour beaucoup d'entre eux mais là... Comment on fait dans ce cas là pour l'accepter ?

Sûrement commençait elle à réaliser un des lourd enjeu que ça impliquait de faire parti d'une guerre : l'image qu'on pouvait avoir de sa propre personne. La jeune femme se tourna pour que seul son dos soit visible de Peter, ne voulant pas montrer l'angoisse qui était en train la gagner.

Peter resta figé, le regard fixé au sol, le visage triste.

- Il faut se résoudre au plus grand bien... voilà tout.

Il soupira une énième fois...

- Mais si tu veux te retirer, je comprendrais. Oui, ce n'est pas trop tard. Tout le monde n'est pas fait pour la guerre.

"Le plus grand bien" oui... C'était pour ça qu'elle voulait s'impliquer. Pour ce monde de magie qui faisait d'elle une personne de plus en plus en reconnue et qui lui avait surtout apporté plusieurs personnes dont la rousse se sentait maintenant proche. Et tout ça était menacé de lui être enlevé et pire encore massacré. Personne ne serait épargné tant qu'ils vivraient et ça lui était impossible de tourner le dos à ce fait inéluctable. Dans leur lutte il y aurait peut être des dommages collatéraux mais ce n'était pas sûr pour autant, simplement une possibilité dont elle serait très loin si ça arrivait. A la dernière remarque de Peter elle se contenta de hausser les épaules.'

- Je ne vais même pas vraiment la faire, je ne serai pas sur le terrain.

Pour le moment elle devait fournir des ingrédients et ensuite devenir une alchimiste pour le compte des Lucioles qui semblaient en manquer. Eleanor ne ferait qu'approvisionner ceux qui seraient au front, ce n'est pas elle qui serait responsable du reste. De toute façon c'était tous des moldus et tout comme son père ils ne souhaitaient que sa mort. Il y avait bien plus important dans sa vie et c'était pour ça qu'elle devait se donner entièrement. Il ne fallait plus reculer et se montrer forte pour ses amis, sa mère et tous les autres. Ce serait trop égoïste et confortable de reculer et de choisir la facilité. Elle n'était pas comme ça après tout, la Poufsouffle voulait aider les autres et maintenant on lui permettait de le faire à une échelle plus grande encore. Alors elle pouvait bien sacrifier un peu de son être.

Les poings serrés elle se tourna vers Peter, cette fois décidée.

- Je ne recule pas Peter. Je t'ai dis que je te suis.

Il eut un pfiou de rire nerveux, puis il secoua la tête en souriant.

- Ok !... Ok alors...

Il se mordit les lèvres et sortit quelque chose de son sac... un autre sac en fait.

- C'est un sac enchanté, il te sera utile à cet égard. Tu commences dès que possible, et on se trouvera pour les premiers échanges, et les suivants et... pour l'année d'après, si on en est au même niveau, quelqu'un viendra te voir. C'est bon pour toi ?

Il lui tendit le sac.

Eleanor attrapa le dit sac qu'elle observa avant de hocher de la tête, la boulet au ventre. Pas vraiment nerveuse car c'était une mission qui serait simple à exécuter au vu des positions qu'elle aura l'année d'après mais plus de dégoût un peu.

- Oui.

Son visage exprima une certaine fatigue, comme si toute cette courte discussion avait suffit à l'épuiser.