Re: Salle commune des serdaigles

Alors qu'il s'apprêtait à l'ouvrir, la porte d'entrée s'ouvrit subitement. Otto s'arrêta et s'enfuit vers le dortoir.

Mince, interrompu en plein élan ! Qu'avait il dans son sac ? Un tas de punaises ? Cela semblait peu probable, mais elle se souviendra l'avoir vu et n'hésitera pas à donner son nom si les choses n'avancent pas d'ici là. Qui arrivait ? Abigail ou quelqu'un d'autre ? Elle ne savait pas et préférait rester en embuscade au cas où. Elle resta cachée et observatrice.

- Oui, je voulais vous demander si je pouvais dormir quelques nuits au club... pour voir si ça permettrait de me ressourcer...

Dit-il en passant le seuil. Celonia pouvait les voir et les entendre.

Dans l'obscurité, il était difficile pour Shane de voir le visage contrarié d'Abigail... Dormir dans le club ? Sérieusement ? La demande était étrange... Abi se dirigea vers les canapés actuellement inoccupés.

- C'est James le président du club mais je vais te faire gagner du temps en répondant à sa place. C'est impossible...

La raison étant qu'il y avait dans le club, la porte menant à leur pièce secrète... Personne ne serait autorisé à fouiner chez eux. Abi ne savait pas comment justifier son refus alors elle passa très vite à autre chose. Elle se savait en sécurité et elle savait que Celonia n'était pas très loin quelque part à écouter.

- Tu n'es pas inquiet toi que l'école risque de fermer à cause des punaises ?

Abigail et... Ce drôle de garçon qui était passé au club plus tôt : Shane. Que faisait il dehors à une heure pareille ? Abigail l'avait elle ramené ici dans le but de le prendre en embuscade par son biais ? C'était possible et si tel était le cas, elle se trouva flattée que son ainée lui fasse à ce point confiance. Toutefois, en l'état, il n'y avait rien à en tirer, mais Celonia entendit la question posée et attendit avec impatience une réponse de la part du garçon.

Elle se contente de rester cachée et d'écouter pour l'instant.

Il marcha avec elle.

- Pourquoi est-ce impossible ?

Shane visiblement n'était pas du genre à lâcher... sa proie.

Embêtant le Shane... Elle s'installa sur un des sofas.

- Parce que... Parcequ'il a du mal à attribuer sa confiance à des inconnus. Voilà tout. Tu veux échapper aux punaises magiques de lit en quittant le dortoir ?

C'est ce qu'elle avait compris avec son " ressourcer".

Il esquivait la question, c'était on ne peut plus suspect... Ou alors la fatigue la rendait plus paranoïaque qu'à l'accoutumé. Dans un cas comme dans l'autre, sa baguette était prête à intervenir, elle n'attendait qu'un signe ou un aveu. Toutefois, pour l'instant, elle n'en faisait pas plus.

- Mais nous sommes amis Abigaïl, non ? Et oui... c'est le but. Voir si ça peut marcher...

Il se gratta fort sous l'écharpe.

Abigail comptait ses amis sur les doigts d'une main et Shane n'en faisait pas partie, il était très gentil avec elle... Mais ils n'avaient pas partagé assez de chose pour se considérer amis. Néanmoins, elle ne voulait pas le brusquer ou le blesser.

- Mais tu n'es pas l'ami de James et même moi je ne pense rien pouvoir faire... C'est comme prêter ta baguette, c'est bizarre... Elle espérait que la comparaison lui parle... Si nous sommes amis Shane, est ce que l'on peut parler entre amis ?

- Tu penses qu'on peut être entendus ? Oui on peut parler plus tranquillement ailleurs si tu veux.

Il occulta la remarque sur James.

Mince, il comptait éloigner Abigail ? L'avait elle repérée ? C'était difficile à croire... Que faire ? Pour Celonia, il esquivait BEAUCOUP TROP les questions pour ne pas paraître au moins suspect. Toutefois, elle n'agira que selon la volonté d'Abigail, c'était à elle de voir.

Elle se devait de le faire parler ainsi Abi ne devait pas être difficile en l'obligeant à rester ici... Si Shane n'était pas à l'aise, il ne risquait de rien lui dire...

- Je pense que tout le monde dort à cette heure... On pourrait rester là...

Il s'agissait de sa volonté première, l'idée de s'isoler avec un garçon plus imposant qu'elle et en qui elle n'avait aucune confiance lui déplaisait... Mais d'un autre côté Shane semblait vraiment gentil, pourquoi lui ferait-il du mal ?

- Mais... Mais on peut aller...ailleurs oui...

La jeune fille retint difficilement une grimace...Elle essayait de rester forte mais la situation lui déplaisait, elle avait peur de perdre le contrôle... Et si Shane cachait une partie de sa personnalité et s'avérait être dangereux ?

Il regarda vers le dortoir des garçons, rappelant peut-être ainsi à Abigaïl le garçon qu'ils avaient vu détaler en arrivant.

- Tu as un endroit à l'esprit ?

Demanda-t-il d'une voix ingénue mais toujours inquiétante par sa monotonie. Il s'était donc arrêté de marcher, prêt à faire marche arrière.

Abi fut prise un peu au dépourvu, elle pensait que puisqu'il proposait d'aller ailleurs, Shane avait une idée... Mais finalement c'était à elle de choisir. Tant mieux en fin de compte, elle allait pouvoir indiquer à Celonia l'endroit dans lequel elle se dirigeait.

- On peut... On peut aller à la Tour d'astronomie ? Elle n'est pas si loin et personne ne risque de nous entendre.

- Hmm... oui, pourquoi pas.

Ils partirent donc pour la tour d'astronomie. Un silence gênant leur tint la chandelle jusqu'au sommet de la tour, à moins qu'Abigaïl ne le rompe.

Sachant parfaitement où ils allaient, Celonia n'eut pas besoin de prendre de risques, elle leur laissa une certaine avance, puis sortit à son tour, vers la même destination...

Elle avait croisé son regard indéchiffrable et son sang s'était aussitôt glacé... Dans le silence nocturne, le cri perçant de Celonia résonna à travers les couloirs du château de Poudlard. Ses pas résonnaient comme des échos inquiets tandis qu'elle courait, cheveux ambrés volant derrière elle comme une flamme éthérée dans la nuit.

La porte de la salle commune des Serdaigles s'ouvrit précipitamment, et elle se jeta dans cet intérieur baigné de lueur bleutée. Dans la salle commune des Serdaigles, l'atmosphère habituellement pétrie de quiétude était soudainement perturbée par l'arrivée de la jeune Harpis. Ses pas résonnèrent sur les dalles froides, et les murmures nocturnes des étudiants endormis seront, elle l'espérait, interrompus par sa voix perçante, qui, au prix d'un ultime effort mobilisa le peu de souffle qui lui restait.

"À l'aide ! On l'a enlevée !"

S'écria-t-elle, son appel vibrant dans la pièce telle une sonate d'urgence. Son regard, agité par l'angoisse, cherchait désespérément des alliés dans la pièce encore déserte ! Petite, angoissée et culpabilisée, elle portait encore les stigmates de la vision d'horreur que Shane lui avait offerte. Elle se tenait là, toute tremblante et apeurée, appelant une nouvelle fois à l'aide.

Celonia arrivait sur un salon habité par 2 êtres, le petit Otto Octavius et... son rat... qu'il abandonna au milieu du salon avant de fuir, ignorant les cris de Celonia. Pas de réponses dans les secondes qui suivent, il était peut-être nécessaire de rentrer dans les dortoirs pour alerter le monde bien endormi et aux oreilles protégées par les murs menant à leurs différentes chambres...

La pénombre feutrée dans laquelle dormait Poudlard était vigoureusement ébranlée par l'agitation ambiante. Celonia venait de regagner sa salle commune, les épaules voûtées sous le poids de la culpabilité. Ses cheveux ambrés semblaient perdre un peu de leur éclat, et ses yeux verts reflétaient la tristesse d'une étoile qui a perdu sa lueur.

S'effondrant sur un fauteuil, la jeune fille avait l'impression d'être une poupée de porcelaine fragile, ébranlée par les événements récents et prête à se fissurer d'un instant à l'autre. Ses doigts fins jouaient distraitement avec une mèche de cheveux alors que son regard lointain se perdait dans les ténèbres d'une cheminée froide et éteinte. Le chuchotement de la culpabilité pesait sur elle, comme si chacune de ses pensées tourbillonnait dans le typhon d'inquiétude et d'incertitude qu'était devenu son esprit. Elle se demandait comment elle aurait pu protéger sa camarade, cherchant réconfort dans le moelleux du fauteuil qui semblait trop impuissant pour offrir le salut qu'elle recherchait.

Qu'était elle supposée faire à présent ? L'alerte allait être donnée d'un instant à l'autre et elle ne pouvait pas se résoudre à dormir, pas tant qu'elle n'aura pas eu de nouvelles. Le silence de la salle commune fut rompu par le soupir abattu de Celonia, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était supposée faire...

Le bruit avait finit par se répandre et à réveiller bien des serdaigles. Comme chez les autres maisons, un brouhaha ambiant laissait peu place au silence. Les élèves débattaient, spéculaient, théorisaient avec le peu d'information qu'ils avaient. A ceci près qu'à Serdaigle, l'on connaissait un peu plus Shane qu'ailleurs. Avant de pouvoir écouter tout cela, Celonia arriva avec les autres filles et elle fut assaillit de tout un tas de questions tandis que la plus âgée de son petit groupe la protégea et appela deux septième années à se préparer pour aider Connor comme prévu. Ensuite elle expliqua la situation en détails à la place de Celonia, et cette dernière put avoir un semblant de "tranquillité".

Ainsi posée dans son fauteuil à se morfondre elle entendait les différentes discussions désormais nourries avec des détails qu'ils n'avaient pas encore il y a quelques minutes :

- J'arrive pas à y croire venant de Shane...
- Il n'avait pas l'air d'un mauvais garçon...
- J'avais bien l'impression qu'il aimait la petite, mais faire ça ?
- Il était amoureux d'Abigaïl arrête, ça crevait les yeux, mais vous parlez de ça comme si c'était le plus fou...
- Vous croyez qu'il contrôlait vraiment les punaises ? C'est lui qui les a ramenés ?
- Impossible, professeur Blackwine a bien dit que c'était lié à ceux revenant de Beauxbatons...
- Mais on nous a bien dit qu'il les contrôlait ?
- Dire que je le trouvais touchant à parler aux animaux...
- Vous croyez qu'il est fourchelangue genre ?
- Type insecte-langue ??... Gross...
- Mais il ne parlait pas qu'aux insectes jusque là...
- Il leur "parlait", "parlait" ??
- Tu te rappelles pas de la fois où des oiseaux sont venus se poser sur ses épaules dans le parc ?
- C'est vrai... ça me dit un truc maintenant que t'en parles... il avait l'air de leur taper la discut'...
- Tu crois qu'il a la capacité de parler à tous les animaux ?
- Il les contrôlait les oiseaux ou ?...
- J'arrive pas à imaginer qu'il les ai forcés à venir se poser sur lui pour nous impressionner...
- Il n'était pas du genre narcissique ou m'as-tu-vu aussi loin que je sache...
- Pff, on ne connaît jamais les gens... surtout pas à Serdaigle...
- Mais les petits racontent qu'il contrôle les punaises magiques là... et que les insectes lui ramenaient notre magie pour le rendre plus fort ?
- Graphorn shit. Les nerds de notre maison aiment trop théoriser sur des conneries improbables...
- Ouais mais imagine...
- Et la petite Abi dans tout ça ?
- ...
- Il veut juste fuir avec elle vous pensez ?
- D'ailleurs, comment l'autre petit a réussi à s'échapper de sa baguette ?
- C'était quoi le contexte de tout ça exactement ?
- La tour d'astronomie... Shane qui avoue à Abigaïl son amour sous les étoiles en lui offrant un anneau serti d'une punaise brillante !
Elle fut poussée...
- Putain ta gueule Kate, c'est pas drôle...
Elles rirent néanmoins un peu...

Arrivée à la suite du groupe et toujours proche de Celonia, l'Infante tâcha de servir de bouclier entre la curiosité mal venue de leurs camarades de classe et leur pauvre cadette témoin de la scène. D'ailleurs d'un geste de tête elle remercia l'aînée ayant aussi eu cette volonté de protéger l'Harpis et de la laisser ruminer en paix sans avoir sur le dos une dizaine d'élèves dont elle ne doutait certainement pas de leur bienveillance et de leur inquiétude envers Abigail mais qui se retrouvaient légèrement maladroits.

-"Tu n'as pas à te sentir coupable Celonia."

María s'était agenouillée devant le fauteuil qu'occupait sa cadette, hésitante: devait-elle lui prendre la main ou non ? Ses pensées ne cessèrent d'aller envers Abi, d'une certaine manière, l'Infante s'en voulait aussi, mais sa culpabilité n'était pas de celle de n'avoir su rien faire pour empêcher cela, mais bien d'avoir été absente ...

Et les caquètements reprirent dans un brouhaha incessant mêlant sarcasmes, inquiétudes, franches niaiseries et quelques regrettables envolées lyriques. Absorbée par sa morne contemplation, elle les négligea un temps, mais plus les piaillements s'intensifiaient et plus l'inertie dans laquelle elle avait tenté de se plonger était ébranlée. Lorsque la prénommée Kate s'essaya à l'humour (d'une manière que Celonia aurait sans doute trouvée convaincante en d'autres circonstances), elle lui adressa ni inquisiteur, ni apitoyée, mais pétri d'une étrange curiosité. Alors c'était ça, la maison Serdaigle ? Elle imaginait déjà les gryffondors partir tête baissée à la rescousse d'Abigail. Les serpentards fomentaient possiblement quelque chose, eux aussi, peut être dans l'espoir de s'accaparer un quelconque laurier. Même les poufsouffles étaient peut être déjà en préparation pendant que les aiglons, premiers concernés, piaillaient...

Elle voulut soupir mais n'en trouva pas même la volonté. Elle continua de se morfonde jusqu'à ce que son regard ne croise, sans le vouloir, celui de Maria. Etait elle reconnaissante à son égard et à celui de son aînée de la "protection" qu'elles lui avaient accordée ? Certainement, mais elle était trop affligée pour le montrer.

- J'étais là, c'est allé si vite... Un flash rouge et elle était par terre...

Elle soupira longuement avant de quitter un instant le regard de Maria pour repartir vers la cheminée.

- J'ai même pas eu le temps de jeter un sort que son regard était posé sur moi... Je sais que c'est pas ma faute, mais je supporte pas de rien pouvoir faire...

Fuit avait été, en toute objectivité, la meilleure décision à prendre en cet instant. Toutefois, même les meilleures raisons du monde ne pouvaient étouffer un regret chagriné.

- Imaginez il est vraiment allé rejoindre les animaux dans la forêt...
- Un chartier en témoin et des acromentules dans le public, ce serait un beau mariage...
- Putain Kate !
- ...
- Faudrait le dire aux professeurs en vrai, ils doivent pas être au courant...
- Arrête un peu, même lui n'est pas assez bizarre pour... Quoi que...
- J'y crois pas une seconde, vraiment. Vous faites comme les mioches et leurs théories débiles.
- N'empêche la pauvre petite...

Aslan arriva légèrement inquiet par cette agitation loin d'être commune pour les Serdaigle, à vrai dire c'est la première fois qu'il voit cela depuis l'histoire du Golem. Profitant de sa taille par rapport à la plupart des filles il essaye de comprendre qui est le centre d'une telle attention en se hissant sur la pointe des pieds.