Hall d’étude

William pénétra dans le hall d'étude avec détermination, l'air de la salle baigné dans une lueur tamisée par les lampes suspendues. Son regard se posa sur Johannes, qui était assis en compagnie de Maria, sa rivale jurée sur le terrain de Quidditch. Bien que l'animosité régnât lors des matchs, William savait que, dans le contexte académique, elle n'avait aucune place. Il s'en fichait, leur animosité était réservée sur le terraindu Quidditch.

Il s'avança vers Johannes avec assurance, écartant de son esprit toute pensée concernant Maria. "Salut Johannes," dit-il avec un sourire amical. "Est-ce que tu as un moment ? J'aimerais te parler de quelque chose"

Considérant le nouvel arrivant, il fit une grimace.

-Euh, moui, mais alors vraiment une minute hein ?

Il pointa du doigt son parchemin où l'encre séchait.

-Ca presse un peu là mon truc.

-Hein ?

Il était un peu désarmé par la question, et ça se voyait. Une goutte d'encre tomba de sa plume sur le parchemin, sans qu'il y prenne garde.

Puis, passé ce moment d'interdiction, il se leva avec lenteur et écarta solennellement les bras, dominant de sa haute taille la poignée d'élèves studieux. Il s'éclaircit la gorge, et face à William, les bras toujours en croix, lança d'une voix grave :

-Mesdames, messieurs...

William sentait monter une tension palpable alors que le fou furieux à qui il faisait face semblait sur le point d'exploser. Une pensée sarcastique lui traversa l'esprit : "C'est pour ça que je ne fréquente jamais les Poufsouffle." Pourtant, il savait que juger une maison entière sur le comportement d'un individu n'était pas juste, mais dans cet instant, la frustration prenait le dessus.

"Bon, écoute," commença-t-il d'une voix ferme, mais mesurée, anticipant la montée possible des décibels. "Si tu comptes juste crier, c'est pas la peine. Je voulais juste savoir si tout est cool entre nous."

Son regard, empreint d'une détermination calme, fixa celui de l'autre adolescent.

Imperturbable, il fixa ses yeux sur un horizon que lui seul voyait, et psalmodia :

-Nous sommes réunis en ce vingt-troisième jour d'octobre de l'an de  grâce mil six cent cinquante deux afin de célébrer l'invitation au bal d'une miss dont le nom sera tu, par le sieur William ici présent. Nonobstant le consentement de la damoiselle ci-devant citée et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, moi, Johannes Vermaat, je bénis votre union aujourd'hui et demain. Que l'assemblée des présents en soit témoin ; et si quiconque parmi nous avait des raisons de s'y opposer, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais... Personne ? Tope là, ça roule, vendu.

Ses bras retombèrent, il se rassit et reprit sa plume.

-Autre chose ?

William observa la réaction de Johannes avec une légère appréhension, mais cette dernière fut bien différente de ce à quoi il s'attendait. Le "fou furieux" se révéla être plus une exclamation passionnée qu'une véritable colère. Une lueur amusée éclaira le regard de William. "Un fou furieux, mais dans le bon sens finalement," pensa-t-il.

Quand Johannes proposa un "tope la", William se joignit volontiers à l'acte, concluant ainsi leur brève mais significative conversation. Ce geste physique renforça la sensation que tout était à nouveau en ordre entre eux.

"Merci, Johannes, tu es un bon gars. Si tu as besoin d'aide en histoire de la magie, tu peux venir me demander," exprima William, soulignant sa gratitude.

Ayant atteint son objectif, William n'avait plus de raison de s'attarder davantage. "On se voit en cours de sortilèges," ajouta-t-il en se tournant déjà pour partir. Il quitta la scène, laissant Johannes à ses études, et se dirigea vers d'autres horizons.

-En tout cas, c'était réglo de ta part, j'apprécie.

Pensif, il mit quelques instants à se pencher à nouveau sur son devoir. Il n'avait pas vraiment pris conscience de l'ampleur des rumeurs qui évoquaient une liaison entre lui et Ellie. Ils n'avaient d'ailleurs jamais évoqué le sujet ensemble. Qu'en penserait-elle ? Et d'ailleurs, que dirait-elle à William ? Pour la première fois, il envisagea réellement la possibilité de se retrouver seul au bal - ou du moins sans Ellie. Ca lui faisait un peu mal au cœur quand même.

Concentré sur son devoir, Johannes n’avait guère remarqué que quelqu’un s’était glissé sur une chaise à côté de la sienne, au bureau adjacent au sien. Il sentit d’un coup quelqu’un lui tapoter légèrement l’épaule du bout des doigts.

- Psst, Johannes, chuchota une voix féminine.

S’il daignait se tourner vers la personne requérant son attention, le jaune verrait que celle venant le déranger était Victoire Swanson, une gryffondore de troisième année avec qui il avait pu parler quelques fois et qui avait toujours été sympathique avec lui ; ses yeux noisettes étaient pétillants, et ses cheveux châtains étaient attachés en une queue de cheval dont quelques mèches rebelles s’échappaient pour venir couvrir partiellement ses oreilles et son front.

-Hmm ? Oh, salut Victoire... ah merde !

En se tournant il venait de renverser son encrier sur la table, inondant son devoir. Les rigoles noires s'épandaient rapidement et menaçaient de toucher tout ce qui traînait. Quelques gouttes commençaient même à tomber sur sa robe.

- Ça… hi! couina-t-elle en voyant l’encre se déverser partout.

Ses yeux grands ouverts voguèrent de la copie ruinée à Johannes, allant de nouveau à la copie ruinée avant de se poser sur les vêtements de Johannes qui commençaient à être tâchés. Réactive, elle sortit sa baguette pour tenter de Recurvite la table et la cape du jaune ; le résultat était mitigé, mais le bureau et ses vêtements n’étaient plus aussi dégueulassés.

Un fin sourire au visage, elle reposa ses iris sur Johannes, l’air un peu gênée.

- Désolée… Elle se gratta l’occiput, observant la copie du jaune. Je crois pas qu’un Sechum pourra y faire grand chose… J’espère que t’étais pas trop avancé…

Il avait aussi sorti sa baguette pour limiter les dégâts, mais le devoir était certainement fichu.

-Bah... J'ai le temps de le refaire celui là... T'excuse pas, c'est de ma faute.

Il roula en boule le parchemin maculé et le lança vers la corbeille ; la boulette décrivit une courbe gracieuse pour retomber pile dedans.

-Tu voulais me dire quoi au fait ?

Victoire observa des yeux la boulette de papier fendre l’air, la bouche en O, faisant un ”fiouuuu” pour accompagner le vol du projectile. Elle sourit ensuite en voyant le trois points de son aîné, avant de cligner plusieurs fois des yeux, ses traits adoptant un air plus neutre. Elle se racla ensuite la gorge, regardant ailleurs un instant.

- Hum… ça va?

Jo affecta l'air détaché du basketteur pro. Il regarda Victoire d'un air interrogatif.

-Bah oui ça va, c'est pas très grave, je suis pas allergique à l'encre, je vais m'en remettre...

La conversation semblait suspendue à un point un peu malaisant, comme si ni l'un ni l'autre ne savaient trop ce qu'ils faisaient là. Tout du moins pour Jo c'était le cas.

-...Et toi ?

Elle déglutit, son regard se faisant fuyant.

- Hum… nan, jveux dire… les rumeurs là… sur le journal au panneau d’affichage, c’est… vrai?

Il fronça les sourcils, un peu troublé.

-Les rumeurs... sur Eleanor et moi tu veux dire ? Euh, non, c'est pas vrai.

Au tableau d'affichage ?

-Parce qu'il y a quoi au tableau ?

Elle toussota, son poing devant sa bouche.

- Ah…. euh… t’as pas vu? Apparemment t’as dit que tu ne voulais pas aller au bal avec Eleanor, et que c’est Hamilton qui va aller avec elle…

Dans une parfaite imitation d'un futur animateur d'une émission télévisée de survie en milieu insulaire, Jo s'exclame :

-Ah !

Il secoue la tête.

-Non ça par contre c'est vrai, enfin si Ellie a accepté l'offre de William. Voilà, si jamais c'est toi qui t'amuses à écrire ce genre de trucs, comme ça tu as un scoop. Je m'y perds un peu dans les rumeurs.

Elle mit ses deux mains devant elle, les agitant tout en faisant non de la tête.

- Ah non non, moi jtrouve ça vraiment petit de dire des choses sur les gens comme ça!

-T'as l'air plus en colère que moi... Ok, je préfèrerais rester discret, qu'on parle pas trop de moi. Mais si je réagis... non, vaut mieux laisser couler. Juste, je sais pas ce que va dire Eleanor sur ce coup là.

Il marqua une pause.

-Ca te plairait à toi de te retrouver mêlée à ce genre de rumeurs ? Y a des gens qui aiment ça hein.

- Nan moi jsuis pas énervée, enfin… elle souffla. Je trouve juste ça pas très sympa d’exposer la vie privée des gens comme ça et de faire des ragots sur eux… En tout cas moi j’aimerais pas être dans ta position. T’as pas une idée de qui peut être derrière ça toi?