Bureau d’Edward Blackwine - Professeur d’Histoire de la Magie

Et la porte s'ouvrit pour dévoiler le professeur Blackwine assit à son bureau. Il jeta un regard vers Celonia et lui offrit un sourire.

- Mademoiselle Harpis, que me vaut le plaisir ?

Il enchaînera très vite, peut-être même alors qu'elle se mettait à parler, à le saluer sans doute, par un "Entrez !"

Aux yeux de Celonia, le professeur d'histoire de la magie avait toujours eu l'image d'un homme avenant et charmant, des qualités qu'elle aimerait beaucoup trouver chez d'autres représentants de sa maison... Au sourire qui lui fut adressé, l'Harpis en rendit un pétri dans un enthousiasme candide.

- Merci professeur. Répondit elle lorsqu'elle fut invitée à entrer. Désolée de vous déranger, j'avais juste quelques questions à vous poser concernant notre maison...

Il n'était peut être pas rare que des élèves se posent des questions quant à leur orientation, après tout, l'oisillonne n'arpentait pas ce château depuis si longtemps.

Il arqua un sourcil avant de l'inviter à s'asseoir.

- Concernant ma maison... répéta-t-il ensuite avec ce qui semblait être une pointe de perplexité. Eh bien, je vous écoute !

Elle hocha la tête avant de prendre place sans faire plus de cérémonies.

- Oui, je connais les qualités qui poussent le choixpeau à envoyer quelqu'un à Serdaigle, mais...

Elle abaissa son regard et fronça les sourcils, s'accordant un bref instant pour chercher ses mots.

- Hum... Parfois j'ai l'impression d'être un peu à l'écart des autres aiglons. Je me retrouve mal dans certains comportements ou stéréotypes associés aux autres élèves alors je me demandais... Qu'est ce qui fait qu'on est Serdaigle, selon vous ?

La question était peut être excessivement ouverte et trop générale, mais elle n'avait pas vraiment su exprimer sa pensée autrement.

Blackwine pencha un peu sa tête en avant et ferma les yeux, puis vint appuyer son index sur son arcade sourcilière droite.

- Hmm...

Il se défit de sa pose philosophique avec ce soupir et regarda la jeune fille dans les yeux.

- Au risque de vous étonner mademoiselle Harpis, je n'accorde pas tant d'importances aux Maisons.

Il lui offrit un deuxième sourire.

- Alors... je ne suis pas sûr d'avoir une réponse satisfaisante à vous donner. Mais peut-être que vous pourriez préciser votre question, développer vos interrogations ? Qu'est-ce qui vous inquiète vraiment ?

Peut être que cette absence de réponse pouvait être une réponse en tant que telle ? Celonia se posait sans doute trop de questions quant à son affiliation, mais n'était ce pas un défaut désespérément propre à sa maison ? Elle aurait aimé songer à cette idée, mais le second sourire du professeur l'incita à répondre sans attendre.

- Disons que... Je suis très heureuse d'être à Poudlard, vraiment. Je veux tirer tout ce qu'il y a à tirer des enseignements de ce château, mais je suis inquiète à l'idée de ne pas réussir à m'impliquer et à m'épanouir auprès de Serdaigle, ce qui me peine beaucoup, c'est pour ça que je cherchais à mieux comprendre cette maison.

Son regard s'en retourna vers le faciès du professeur avant qu'elle ne réprime un petit pouffement.

- Mais peut être que je m'inquiète pour peu...

Celonia avait tendance à être très, voire trop méticuleuse. Sa curiosité pouvait la servir, mais aussi se retourner contre elle. Il lui arrivait de trop se poser de questions et de mettre en doute des choses qui n'avaient pas besoin de l'être. Un cerveau en ébullition dans une tête bien faite mais parfois mal isolée.

- De vous "impliquer" auprès de Serdaigle ?

Il ne put refréner un rire.

- À part la coupe des Maisons, certes qui a sa valeur, il n'y a pas tant d'attentes sur vos épaules vous savez mademoiselle Harpis. Et je crois au contraire de vous que vous êtes une très bonne ambassadrice. Mais peut-être que vous aviez l'impression que ce n'était pas le cas pour une raison qui m'échappe ? De l'intelligence vous en avez, de curiosité vous en débordez, mais... c'est vrai que vous êtes animée d'un certain courage, d'une certaine bravoure inattendue d'une jeune fille raffinée comme vous l'êtes, et de cet âge surtout... on pourrait penser que Gryffondor vous méritait un peu, mais c'était peut-être une autre couleur que vous pensiez vous seoir mieux ?

L'avalanche de compliments sembla lui mettre du baume au coeur. En dépit de sa bien connue gentillesse, elle n'eut pas l'impression que le professeur Blackwine se forçait d'une quelconque façon. Son sourire, jusqu'alors amène et ponctué d'une certaine politesse, s'adoucit quelque peu comme pour témoigner de sa reconnaissance. Elle avait eu des raisons de douter d'elle au cours des dernières semaines, mais la reconnaissance d'un aîné, qui plus est d'un professeur, était un vrai baume au coeur.

La question qui lui fut posée, elle, sembla la faire douter quelques instants. La réponse pourrait être évidente et, comme beaucoup d'autres élèves, elle s'était imaginée sous d'autres couleurs, mais l'une d'entre elles aurait elle vraiment mieux collé à sa personnalité ? Socialement, il était évident qu'elle serait beaucoup plus à l'aise avec les serpentards, mais là n'était pas forcément la question qu'elle souhait se poser.

- Je... Ses yeux clignèrent l'un après l'autre avant qu'elle ne vienne fébrilement tapoter le bout de son menton de la tranche de son index. C'était une des nombreuses mimiques dont elle se fendait quand elle voulait signaler au monde qu'elle avait besoin de réfléchir à un problème épineux.

"Je peut être courageuse, mais pas forcément hardie ou téméraire... Curieuse mais pas forcément originale, rusée ou ambitieuse, mais pas roublarde ou provocante." Sa réflexion et son soliloque achevés, elle siffla un roucoulement amusé. "Le choixpeau avait beaucoup marmonné, c'est vrai..."

Elle soupira doucement puis croisa ses mains avant de laisser ses paumes se tortiller l'une contre l'autre.

- Mais, en définitive, je pense que je ne saurai jamais vraiment. Quant à mes doutes, c'est juste que j'ai eu... Quelques déboires, alors je cherche des solutions pour éviter qu'elles ne se répètent, c'est tout.

Sans doute pensait elle, entre autres choses, à sa petite expédition dans la forêt. Il y avait eu d'autres contrariétés également, mais celle-ci était la plus probante.

- Des déboires ?

Elle hocha la tête, comme pour confirmer le terme.

- Oui. Depuis ce qui s'est passé dans la forêt, je doute beaucoup et j'ai l'impression d'être moins... Moins à l'aise dans la pratique de la magie. Je rate beaucoup de sorts et j'ai l'impression que... Que l'image de ce moment où l'acromentule m'a sauté dessus... Me parasite l'esprit, parfois.

En réalité, cette image, quoiqu'horrifique, n'était qu'un prétexte. Le vrai traumatisme était lié à la "trahison" de son ancienne baguette qui avait livré sa propriétaire en pâture à un monstre. A terme, cette expérience, comme tant d'autres, permettront sans doute à la jeune Harpis d'être, au contraire, plus affirmée dans ce qu'elle fait. Malheureusement, pour l'heure, elle semblait avoir du mal à batailler contre cette peur de l'exercice magique qui s'était malheureusement confirmée quelques jours plus tard au club de duel.

- Et tout ça me fait me remettre en question. J'ai envie de faire tous les efforts possibles pour que ça n'arrive plus, mais j'ai peur de prendre une mauvaise direction ! C'est pour ça que je voulais savoir comment s'épanouir chez Serdaigle !

Elle ne semblait pas pour autant désespérée, tout juste contrariée.

- Je vois.

Souffla Edward Blackwine quelques instants après qu'elle eut fini de parler.

- Vous savez mademoiselle Harpis, la Magie est un... art... capricieux. Elle est faillible en elle même, même pour les meilleurs, et parfois ce sont les catalyseurs qui sont traîtres. Enfin, à votre âge surtout, il ne faut pas se tourmenter autant sur quelques sortilèges ratés. Regardez mademoiselle Wright par exemple, elle en a vécu des déboires avec sa magie, sa baguette, et elle est pourtant aujourd'hui devenue une des sorcières les plus douées de sa génération. Ce que je peux vous dire, c'est que vous vous fourvoyez quand vous liez vos doutes à la maison Serdaigle, il n'y a aucun lien que je parvienne à voir. Mais...

Il prit un air réflectif.

- Peut-être que je commence à comprendre ce qui vous trouble vraiment ? Vous évoquez la forêt, le combat avec l'acromentule. Le combat. Est-ce de la voie à prendre en magie qu'il est question, lorsque vous parlez de direction ?

Elle était une nouvelle fois comparée à Abigail. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Tout le monde semblait la porter en très haute estime ce qui était supposé être bien perçu par sa cadette, mais percevait elle, sincèrement, la sorcière à la poupée comme un modèle ? Pas tout à fait et, en réalité, Celonia commençait à se dire que c'était peut être mieux de s'affranchir de ce genre de comparaisons plutôt que de finir dans l'ombre d'un autre. Toutefois, Blackwine avait peut être raison. Elle avait fait de Serdaigle et (surtout) sa "population" un exutoire, une explication toute trouvée à ses contrariétés, ce qui n'était pas nécessairement une vision juste des choses.

A la question qui lui fut posée, elle hocha doucement la tête.

- C'est ça, oui. Je ne sais pas trop quelle voie emprunter avec la magie ! C'est peut être un peu tôt pour y penser, j'en suis consciente.

Finalement, le problème de la jeune Harpis était, peut être, tout simplement une bête question d'orientation. Une problématique qui devait, somme toute, être commune à beaucoup d'élèves. Elle aimait beaucoup les matières liées à la métamorphose, mais avait fini par s'en lasser quelque peu, sans doute que le programme de seconde année ne la passionnait pas autant que celui de l'année précédente.

- Mais vous avez sans doute raison, je jette sans doute le blâme sur des choses que je ne peux pas influer, je ne devrais pas.

Elle adressa un petit sourire à son directeur de maison, elle semblait sincèrement croire en ce qu'elle venait de dire, signe que le réconfort qui lui avait été administré faisait effet.

- Vous avez en effet tout le temps de vous découvrir mademoiselle Harpis.

Il hocha la tête et lui offrit un sourire plutôt sobre.

Cela lui avait fait du bien d'avoir l'opinion d'un professeur sur la façon dont elle devrait envisager la suite. Effectivement, elle avait encore le temps de voir venir les choses, il ne fallait pas qu'elle se mette une pression inutile sur les épaules, c'était contre-productif.

- Vous avez raison, merci pour votre point de vue et votre écoute, professeur !

Elle hocha à son tour la tête.

- Je ne vous dérange pas plus longtemps, encore merci !

Un dernier sourire sera adressé à son professeur et, sauf si interrompue, elle quittera le bureau de son directeur de maison.