Bureau d’Edward Blackwine - Professeur d’Histoire de la Magie

Lorsque l'on pénétrait dans la pièce, on était immédiatement frappé par l'odeur de vieux livres et de parchemins qui y régnait. Des rayonnages entiers étaient chargés d'épais volumes aux reliures en cuir, tant que l'on pouvait imaginer cette pièce contenir toute l'Histoire de l'Humanité entière. Les murs sans étagères étaient placardés de grandes cartes du monde, ou de pays, ou même de lieux très précis, pas de place pour les tableaux et autres décorations inutiles.

Un grand bureau en bois d'acajou massif prenait une grande place, il était entouré par trois grands sièges en bois et velours, celui du professeur et deux autres pour les invités. De nombreux documents, antiques - de toute évidence magiques, et autres nécessaires d'écriture ornaient le lieu de travail d'Edward Blackwine. Un sablier captivant attirait souvent toute l'attention, avec son sable doré s'écoulant dans les deux sens tour à tour.

À droite de la pièce, une cheminée réchauffait les lieux en hiver, et en été, la cheminée se muait et devenait une ouverture en arc donnant sur le domaine de Poudlard. Un fauteuil en cuir se tenait au coin et on devinait que le professeur s'y reposait sûrement certains soirs près du feu.

Derrière le bureau, on distinguait des sortes de coffres en vitrines, parfois ouverts, parfois fermés. Enfin, au fond de la pièce, une porte donnait vers ailleurs.

Au lendemain de sa discussion avec Barry, Abigail toqua à de nombreuses reprises au bureau de son directeur de maison. Le rythme de ses "toc toc toc" était alarmant, laissant présager une situation d'urgence absolue ! La jeune fille regardait également autour d'elle.

Il n'y avait rien autour d'elle, sinon le crépitement des torches et les échos de ses propres pas ainsi que celui de l'impact de ses phalanges sur le bois de la porte. Cette dernière s'ouvrit d'ailleurs assez vite.

- Mademoiselle Wright ! Bonsoir et excusez moi cet écart, mais j'avais le sentiment que vous viendriez ce soir, le rythme du toquement me fit douter de mon instinct et finalement... vous voilà.

Un sourire amène adoucit les traits droits et sobres du visage d'Edward Blackwine. Et visiblement, il était plutôt enjoué aujourd'hui, un fait suffisamment rare pour être souligné.

- Allez, entrez donc.

Puis sa tête fit un subtile mouvement de bascule horizontal, les paupières plissées. Sans doute venait-il seulement de remarquer l'état d'alerte de son élève.

- Et je crois que... vous ne venez pas partager un thé autour d'une discussion sur l'histoire ou notre passion des enchantements...

Ce qui arrivait quelques fois. Rares moments de délices dans le chaos grandissant de ce monde.

Il y avait beaucoup de choses apaisantes dans la vie : la musique, la lecture, la nature ou encore un bon bain chaud. Mais rien n'arrivait à la hauteur de monsieur Blackwine qui à lui seul, pouvait adoucir les moments difficiles de n'importe qui. Le simple fait de voir la porte s'ouvrir avait aidé Abi à calmer légèrement ses ardeurs. La présence sécurisante de monsieur Blackwine la rassurait déjà. Les traits déjà détendues, la jeune fille, invitée à le faire, passa la porte. Elle n'avait pas encore rendu visite à son professeur cette année, l'odeur des vieux livres et parchemins lui était familier.

- Bonjour professeur... Merci de m'avoir ouvert la porte !

Bien qu'il s'agisse d'un geste naturel, les dernières semaines ne l'avaient pas rendu évident. Au même titre que les élèves, les professeurs avaient le droit de s'inquiéter de la situation que tous traversaient à Poudlard. Abi était convaincue que certains professeurs limitaient les visites...

- J'aurai adoré parler de tout ceci professeur, mais... non...

Monsieur Blackwine avait visé juste et pouvait le constater davantage en analysant son comportement inhabituellement distant. Au lieu de rejoindre son fauteuil préféré, la jeune fille ne bougeait plus d'un pouce, collée à la porte. Des simples précautions...

- Vous êtes la personne en qui j'ai le plus confiance dans ce château professeur, je souhaitais alors vous avertir en premier... C'est au sujet de ce qui sévit en ce moment à Poudlard...

La jeune fille respirait lourdement et mourrait d'envie de se démanger. Elle regardait également le visage de leur professeur, il semblait épargné.

Le professeur d'Histoire allait insister pour qu'elle s'assoit, faisant fi des gestes barrières se mettant petit à petit en place dans l'école. Mais ces mots de politesse moururent au seuil de sa langue tandis que la demoiselle Wright se précipitait pour expliquer sa venue. Le professeur ne sembla pas surpris du sujet dont la jeune fille voulait parler, et il était vrai que lui, tout comme la plupart des adultes avait été épargné de ce mal étrange. Alors il sembla réfléchir une seconde, semblant accentué pour Abigaïl lorsqu'elle le vit tapoter ses doigts sur la table dans un mouvement de lente vague.

- Je pense pouvoir deviner... mais parlez mademoiselle Wright, je vous écoute.

La jeune fille n'allait pas tourner autour du pot bien longtemps, elle voulait se débarrasser de ce poids qui lui rendait ses nuits encore plus compliqués qu'elles ne l'étaient déjà. De plus, ils avaient déjà perdu assez de temps, il fallait faire au plus vite afin que les élèves puissent de nouveau étudier sans aucune préoccupations. La jeune fille prit son courage à deux mains même si face à monsieur Blackwine il lui était facile de communiquer.

- Je crois être la responsable de ce qui touche les élèves...

Bien sûr, elle n'allait pas le laisser sans détails. Elle s'explique en essayant d'être le plus clair possible.

- J'ai ressenti les premiers signes avant la rentrée, à la fin des vacances. J'étais diminué physiquement et magiquement. J'avais également des démangeaisons et des piqûres, mais je pensais qu'il s'agissait des moustiques...

La jeune fille fit une légère pause pour réfléchir à la suite et assembler ses propos.

- Lors de la rentrée, j'étais dans une calèche avec Monsieur Bagamba, ça lui arrive souvent de voyager avec les élèves... Il a eu un comportement étrange à la fin du trajet puisqu'il a mis le feu à une toute petite créature luisante... Je ne l'avais pas compris jusqu'à hier, mais notre professeur a su identifier cette créature et savait qu'elle était dangereuse. Je pensais que c'était lui qui avait amené cette créature de son continent mais il s'agit de moi...

Monsieur Blackwine pouvait ressentir le poids de la culpabilité dans les paroles de la jeune fille.

- J'en suis certaine, je suis l'une des premières a avoir ressenti les signes. Je ne sais pas comment cette créature s'est retrouvée sur moi, mais je pense qu'elle s'est multipliée, elles ont ainsi piqué la plupart de mes camarades...

Elle ajouta pour finir.

- Je voulais voir Monsieur Bagamba pour le lui dire et lui demander qu'elles sont ces créatures mais j'ai peur... C'est que... Monsieur Bagamba se montre parfois imprévisible...

Elle ne lui faisait pas confiance autant qu'elle faisait confiance à Monsieur Blackwine. Avec lui, elle savait que le problème pouvait être résolu sans que son prénom ne soit communiqué.

Le professeur écouta silencieusement les longs "aveux" d'Abigaïl. Lorsqu'elle eut terminé, Blackwine prit une lente inspiration avant de laisser s'échapper un soupir tout aussi lent. Sa dextre vint chercher sur son bureau, un journal posé au côté d'une pile de journaux similaires. Il le fit glisser au bout du bureau, intimant à l'élève de le lire et donc de s'approcher.

- Pour dire vrai, votre théorie ne m'est pas étrangère mademoiselle Wright. Lorsque ce mal étrange commença à se répandre, je me suis souvenu de nos discussions en Septembre, et de ce qui vous pesait alors déjà.

En effet, Abigaïl avait par la force des choses déjà évoqué cette fatigue d'éther qui la rongeait au professeur. Il n'était pas difficile à l'aune de l'épidémie qui suivit, de supposer une responsabilité d'un degré ou d'un autre chez la première affligée. Ainsi, Abigaïl arrivait au niveau du bureau, et discernait quelques titres et sous-titres des différents catalogues du papier que le professeur lui avait glissé. Tandis qu'elle s'affairait à lire, Blackwine attira deux tasses et deux petites assiettes en porcelaine sombre d'une étagère adjacente, et développa ce qu'il avait à répondre :

- J'ai essayé de comprendre... mais hélas, les sorciers ont une propension à la mémoire courte et à ne pas assez accorder d'importance à ce qu'il se passe loin d'eux. Et je confesse avoir au départ, en mon for intérieur, moi même tenu le professeur Bagamba pour le coupable idéal de cet étrange phénomène.

Alors que le professeur portait la pointe de sa baguette sur sa théière, Abigaïl put survoler les différents titres de ce singulier journal appelé "l'International". Elle y lut en quelques secondes de quoi voyager au bout du monde... Des noms de pays dont elle ne connaissait pas même l'existence, des termes, des sujets si loin de son petit monde à elle, qu'elle pouvait presque se demander s'il n'eut pas été plus juste que le journal s'appela "Le Multivers". "L'école Japonaise Zeko no Atwa élue au rang de Grande Académie Magique"; "Chasse aux Dragons dans les Fjords"; "Les sorciers Mahometans, un danger pour le monde sorcier ?"; et puis... "Épidémie (anti)Magique à Beauxbatons !" qui retint naturellement toute son attention.

- Cela me prit mon temps, mais je m'en suis rappelé : le sujet m'était familier d'une lecture. Et la première chose à dire ici, c'est que vous n'êtes responsable en rien mademoiselle Wright, ne vous tourmentez pas plus que de nécessaire. Le professeur Bagamba ne l'est pas non plus d'avoir consigné la vérité. Je crois bien qu'il a essayé de régler le problème seul, sans risquer de perdre son travail et quoique ce soit assez égoïste et peut-être déshonorant... on peut bien pardonner à ce cher monsieur, après nous être tous permis de lui jeter injustement l'opprobre, que ce fut à haute ou à basse voix.

La voix résonnante et raisonnante de sagesse du professeur Blackwine - ainsi que l'eau commençant à bouillir, berçait la lecture d'Abigaïl, et elle comprit enfin clairement ce qu'il en était de cette histoire : "[...] Une fin d'année épuisante avait laissé croire à nos chers sorciers de France et de Navarre que cette épidémie de fatigue était due à toute l'organisation du Tournoi des 4 Sorciers. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils apprirent quelques jours avant les vacances d'été que les dortoirs des élèves étaient infestés par des colonies d'insectes magivores encore inconnus en Europe jusque là. Les mages d'Egypte les nomment "Punaises Magiques de lit" (traduction rapprochée), et on soupçonne la délégation Ottomane d'être responsable volontaire de cette propagation... Si cela est avéré, leur champion pourrait se voir retiré son titre ! Qui sait depuis quand ces insectes sévissent, et à quel point ils ont affaiblis les concurrents ? Luçao de Ronaldo pourrait alors devenir champion par forfait ! [...]"

- Personne n'est vraiment fautif, ou alors nous le sommes tous, de n'avoir pas été assez attentifs. Pourtant, tout était là, juste sous nos yeux. Des miens du moins, tout le monde ne lit pas l'International après tout...

Après un soupir, Abigaïl put achever sa lecture au son du thé versé, un instant seulement avait-elle été perturbée, et ce par les effluves intenses des herbes infusées.

- En tous les cas, il faut du courage pour s'accuser soi même, et davantage encore pour se dénoncer. C'est pourquoi mademoiselle Wright et non monsieur Bagamba, a en dépit de tout rapporté 10 points à sa maison.

Il secoua doucement la tête après un sourire réconfortant, et fit flotter la tasse dans son assiette jusque devant Abigaïl avec deux cubes de sucre et une cuillère. Et puis, il ne put s'empêcher de rire, ce que l'on entendait assez rarement. C'était un très sobre éclat de rire.

- L'univers en veut aux sorciers je crois... Aujourd'hui même les insectes veulent nous détruire... un soufflement du nez et encore un hochement de tête horizontal suivit ou plutôt ponctua le ton sarcastique d'Edward. J'irais voir Bagamba pour savoir ce que l'on peut faire. Il y a encore un point noir dans cette histoire, que l'on doit éclaircir.

Mais c'était un point blanc qui allait s'ajouter à une grande masse noire présentement, car Blackwine apporta, dans un élan d'une rare poésie - qu'il fut voulu ou accidentel, un petit pot à lait pour adoucir le thé de la jeune fille. Il leva ensuite les yeux vers elle, et prononça ce très habituel :

- Asseyez-vous mademoiselle Wright, je vous en prie.

Qu'il était plus facile d'aborder une conversation une fois que ce fardeau nommé vérité s'était volatilisé. Volatilisé ? Pas tout à fait, Monsieur Blackwine accompagné de sa délicatesse habituelle, avait allégé ce poids qui pesait sur les épaules de son élève. N'en restait désormais qu'un seul, celui de la culpabilité que son professeur n'allait pas tarder également à lui enlever. Leur professeur n'était pas aussi imposant que Newcourt, sa magie beaucoup moins étincelante que Lionheart pourtant, aux yeux d'Abigail, c'était bien son directeur de maison le plus impressionnant. Monsieur Blackwine puisait sa force dans la connaissance; son savoir, le choix de ses mots lui permettant de faire état de sa puissance et délivrer les âmes les plus tourmentées.

Abigail s'était approchée du bureau sur lequel étaient étalées les unes de différents journaux. Les unes ? Plutôt la une d'un seul journal qui donnait la sensation d'en feuilleter plusieurs tant celui ci regorgeait d'informations. "L'International", la jeune fille l'avait saisi et avait entamé la lecture de quelques rubriques, les plus apparentes. En fond, la douce voix de Blackwine ainsi que les légers tintements du porcelaine accompagnaient sa lecture. "Épidémie (anti)Magique à Beauxbatons !". La jeune fille regarda brièvement leur professeur, suffisamment pour lui faire part de sa surprise que ses sourcils plissés et son front ridé ne pouvaient dissimuler. Elle prolongea l'examen de cet article, le temps d'assimiler les informations importantes. " Par Merlin" avait-elle lâché entre deux phrases de l'historien. Ces " Punaises Magiques de lit" étaient donc les responsables de leurs nuits difficiles et de leurs "absences" magiques. Une créature qu'aurait importé les sorciers venus d'Ottoman lors du dernier tournoi.

La jeune fille reposa le journal en secouant la tête à plusieurs reprises, loin d'être sous le choc elle s'en voulait de ne pas avoir pensé à son voyage en France. Comme le disait si bien Monsieur Blackwine, la réponse avait longtemps été devant leurs yeux. Le cocon que représentait Poudlard avait tendance à leur faire oublier les évènements extérieurs, cette invasion de Punaises Magiques de lit venait encore de le démontrer. De cela, elle allait en tirer un enseignement, de toujours regarder au delà de leur château.

Les points remportés par son acte étaient ici la cerise sur le gâteau. Elle avait l'habitude d'en gagner mais ceux offerts par son professeur étaient particuliers et lui procuraient davantage de plaisir. Il y avait également une différence entre remporter des points grâce à une leçon bien récitée et un comportement valorisé.

C'était une Abigail soulagée et rassurée qui faisait désormais face à Monsieur Blackwine. Plus rien ne la gênait, elle se sentait légère et complètement libérée. Et si Blackwine n' était-il pas lui même un petit pot de lait ? La jeune fille prit place sur le siège comprenant que leur professeur avait fait abstraction de tous les risques que portaient encore Abigail. Après avoir déposé quelques centilitres de lait dans son thé, la jeune fille s'empara de sa tasse avant de se blottir dans sa chaise.

- Je... Je ne m'attendais pas à tout cela... Merci d'avoir apporté encore une fois les réponses à mes questions professeurs. J'espère que vous ne quitterez jamais ce bureau...

Elle adorait ces moments de partage qui s'étaient faits naturellement. Privée de sa figure paternelle, peut être qu'inconsciemment Blackwine avait décidé de combler comme il pouvait ce manque qu'Abi ressentait au quotidien.

- Ou si vous le quittez, c'est uniquement pour créer un Salon de Thé à Pré au Lard !

Ajouta-t-elle avec légèreté. Cela pouvait être une bonne idée de reconversion...

Il émit un rire, interrompant la gorgée qu'il voulut prendre.

- Est-ce tout le malheur que vous me souhaitez mademoiselle Wright ?

Ses yeux se perdirent ensuite sur la surface noire du thé de sa tasse suspendue - tout comme son sourire.

- Qui sait... Je pourrais peut-être y songer dès que j'aurais trouvé mon remplaçant ou plutôt ma... remplaçante.

Un oeil complice regarda Abigaïl, et elle pouvait deviner l'ironie ou plutôt la taquinerie derrière ce "compliment", il savait après tout qu'elle était plus dans l'enchantement qu'enchantée par l'Histoire.

- Et puis... ajouta-t-il très vite, je crois que Pré-au-Lard serait le dernier lieu où j'ouvrirais un salon de thé. Et ouvrir un salon de thé serait sûrement la dernière chose que je ferais de ma vie... en reposant sa tasse dans son assiette, alors... Pourquoi pas voyager, une fois que tout se sera calmé... Ce monde a tant à offrir.

Il tapota sur le bord du journal posé devant Abigaïl avant de le tirer à lui et commencer à le plier.

- Ah... soupira-t-il, nous verrons bien ce que l'avenir nous réserve, les yeux replongeant dans le liquide noir. Peut-être le professeur de Malpas pourra nous prédire notre futur dans ce qu'il restera de nos thés.

Et il prit sa première gorgée.

Rire qu'elle partagea à son tour face aux déclarations emplies d'ironie de son professeur. Elle s'imagina quelques secondes à la place de son professeur, si elle était amenée à occuper ce poste de directeur de maison ce ne serait malheureusement pas pour le remplacer dans l'enseignement de l'Histoire de la Magie. Sa passion concernait les enchantements, la matière qui lui permettait d'exprimer le plus facilement sa fibre créatrice. La demoiselle adopta une expression faussement contrariée en réponse au dernier commentaire de son professeur, perpétuant ainsi la touche de légèreté qui caractérisait chacun de ses échanges avec le directeur.

- Pourquoi demander à Monsieur de Malpas alors que vous avez face à vous l'une des membres actives du club de divination !

Heureusement que l'égo d'Abi n'était pas aussi développé que celui de Peter Riverdale... Blague à part, la divination était un art magique assez abstrait qui demandait un esprit suffisamment ouvert, ce que tous n'avaient pas. Abigail s'accrochait mais ressentait que la matière se compléxifiait au fur des années. Elle ne pouvait pas être la meilleure partout... La jeune fille prit à son tour une gorgée de son thé avant de reprendre.

- Mais en fin de compte ce serait se gâcher les surprises de la vie ! Fit-elle avec le sourire, c'est ce que son âme d'enfant pensait en premier : les surprises ! Mais son sourire disparut rapidement Et... Ce serait tout simplement impossible de vivre ?

Son regard s'était perdu dans sa tasse de thé quelques secondes puis retrouva le regard réconfortant de Monsieur Blackwine.

- Un être humain ne peut pas supporter la charge émotionnelle qu'implique de connaître le futur.

Elle, en tout cas, en serait incapable. Elle avait déjà eu du mal à supporter le fait d'être responsable de cette invasation de Punaises Magiques de lit. Vivre en connaissant les malheurs et souffrances que chacun allaient éprouver était impossible.

- Il y a trois visions du "temps" et des "prophéties" qui dominent chez les érudits, plus précisément chez les "érudits" du Chapitre des Mystères. L'une est que le futur est accessible par la divination, et donc que les prophéties sont réelles et inflexibles, l'autre que les prophéties sont certes réelles, fiables, mais altérables. et enfin, la moins populaire, considère que le futur est inaccessible, que la divination n'est que charlatanisme, peut-être instinct, réflexion poussée, aidée par la magie peut-être.

Le Chapitre des Mystères, encore appelé Chambre des Occultistes, était un lieu et un groupe, où se retrouvaient les plus grands sorciers pour étudier les secrets les plus profonds de la Magie. Le Chapitre des Mystères faisait partie du Conseil des Sorciers, néanmoins, on racontait qu'il le précédait dans l'Histoire des sorciers d'Angleterre, et qu'il avait son autorité propre. Le Temps n'était qu'un fragment des arcanes de la Magie qu'ils étudiaient. Edward ajouta :

- C'est peut-être la vision que je préfère en fin de compte. Elle entend que si l'on connaît suffisamment le passé, l'on peut prédire l'avenir. Les plus grands historiens seraient alors les plus grands devins de ce monde...

Il émit un rire, il y avait comme une sorte d'autodérision dans sa voix, une sorte d'humilité, comme si elle l'empêchait d'avoir sincèrement ces prétentions.

Elle voyait très bien ou son directeur souhaitait en venir. Monsieur De Malpas leur avait déjà transmis l'importance du passé dans le futur afin de ne pas réitérer les mêmes erreurs et prévenir les dangers. Il s'agissait d'une des premières leçons reçues. Elle n'avait cependant jamais étudié la question depuis le point de vue de Monsieur Blackwine qui prêtait à sourire.

- Ce qui explique pourquoi vous aviez l'intime conviction que je vous rendrai visite aujourd'hui...

Le fait d'avoir croisé Abigail plusieurs fois dans la journée avait également contribué à cette sensation, puisque la jeune fille s'était baladée tout l'après midi au quatrième étage. La jeune fille profita d'une nouvelle gorgée de son thé, avant de retourner au sujet d'origine.

- Des Punaises Magiques de lit... Et dire que j'ai cru au sceptre magique de nos ennemis... Elle se secoua la tête avant qu'une petite idée lui germisse en tête. Derrière ce sceptre, il doit y avoir tant d'autres objets magiques. Vous pensez que des sorciers ont rejoint leur cause ? J'ai du mal à l'imaginer...

Elle appréciait les pensées de son professeur concernant l'Inquisition. Ce sujet, elle l'abordait que très peu avec ses amis, elle préférait en parler avec des adultes qui, elle l'espérait, possédait davantage de réponses.

- Si... Si cette histoire est vraie, ce serait plutôt le sceptre "anti" magique.

Répondit-il précautionneusement.

- Je vous avoue que je l'ai moi même crains... La paranoïa a vite fait de nous atteindre en ces temps troubles. Et à cet égard, ne l'oubliez pas, jamais, prenez gare... ce ne sont pas des sujets que l'on peut aborder avec légèreté. Notre honorable Directeur a été clair, n'est-ce pas ?

Puis il plongea son regard dans le thé, de nouveau, avant de s'y verser un peu de lait à son tour.

- Mais même en faisant confiance au Conseil, je ne peux pas vous en vouloir, encore moins vous punir, de vous poser ou me poser des questions. Alors pour ce qui est de savoir si des sorciers se sont... mêlés... à la cause des moldus... Je ne saurais vous dire... Hmmm... Si... si les rumeurs qui courent sont vraies...

Il continuait à parler avec cette sorte de précaution appuyée, comme s'il ne pouvait entièrement faire confiance à Abigaïl, ou comme s'il était possible qu'ils soient écoutés, que les murs aient des oreilles...

- Alors nous sommes en droit de douter. Mais je reformule votre question : il s'agit de savoir si des sorciers ont rejoint la cause de gré. De force, il doit y en avoir sans le moindre doute. Maintenant... Une fois de plus, l'Histoire nous rappelle l'horizon des possibles et n'est-ce pas Merlin l'Enchanteur lui même qui s'était lié aux moldus avant d'être trahi et de rappeler les sorciers à leur monde ?...

Edward but une gorgée de son thé adoucit, et secoua la tête avec dépit.

- Mais hélas, les sorciers ont une propension à la mémoire courte.

Il rappela ce qu'il avait dit en début d'échanges, mais pas d'un ton professoral ni arrogant.

Une légère moue compréhensive se dessina sur le visage de la bleue, consciente que monsieur Blackwine au même titre que le reste du corps enseignant de Poudlard, devait bien faire attention au choix de ses mots. Les élèves, encore jeunes ne pouvaient être influencées par les prises de position maladroites des adultes. Prudence était donc de mise. Un professeur ne devait pas dépasser son rôle d'enseignant et d'éducateur.

Si les professeurs devaient faire attention à leurs paroles, c'était aussi le cas des élèves qui devaient prendre garde aux sujets abordés. Le rappel du discours de rentrée de Monsieur Black était donc le bienvenu pour la Serdaigle et Blackwine faisait bien de s'assurer qu'Abigail n'avait pas oublié.

La jeune fille écouta alors la réponse de son professeur qui comprenait son désir d'en savoir davantage sans pour autant l'encourager à continuer sur ce chemin.

- Merci pour votre réponse professeur et désolée d'avoir abordé ce sujet.

Elle se délecta d'une nouvelle gorgée du contenu de sa tasse de porcelaine.

- C'est que les moldus progressent beaucoup et ça m'inquiète...J'essaie alors de réfléchir à des avancés qui pourraient nous permettre de nous protéger. Peut être qu'il y a quelque chose à faire avec les Punaises Magiques de lit, dans une potion peut être ?

Abi se torturait l"esprit pour trouver des solutions alors que tout cela la dépassait. Cela témoignait simplement de son envie de défendre la cause sorcière...

- Imaginons qu'ils possédent un objet permettant de discerner la magie présente dans un corps... Ce qui était tout à fait possible si ce sceptre anti magique existait Avec une potion à base de ces Punaises Magiques de lit on pourrait peut être dissimuler provisoirement notre magie et nous balader plus librement ?

Abi se demandait si elle n'aurait pas fait mieux de garder cette pensée pour elle. Cela lui était venue comme ça, mais elle n'était pas convaincue de la pertinence de ses propos. Ce qui pouvait arriver lorsqu'on aimait créer, parfois l'on envisageait des choses difficiles, trop compliqués à réaliser ou tout simplement inutiles.

Edward manqua de recracher son thé.

- Oula, est-ce que je n'ai vraiment mis que du thé dans votre tasse ?... Ahahaha... Vous devriez peut-être demander cela au professeur Newcourt, bien que je n'y verrais pas une autre utilisation qu'un substitut d'ingrédient pour l'élixir de Merlin par exemple...

Il se gratta au niveau du sourcil, le regard en l'air.

- Je vais bientôt mettre le corps enseignant au courant de toute cette histoire de punaises, vous n'aurez pas l'air bête ainsi. Ah et concernant l'objet permettant de discerner la magie... c'est une très bonne réflexion... Ce doit être un enchantement relativement simple à créer, alors... Alors je préfère en rester là.

Il but une grande gorgée et reposa la tasse.

Abigail avait lâché cette idée sans réel conviction ainsi elle n'avait nourri aucun espoir de réussite, la réaction de Blackwine ne pouvait donc la véxer. Elle venait de lui rappeler qu'elle était bien une serdaigle et que son esprit pouvait par moment aller un peu trop loin.

Sa réflexion sur l'enchantement qu'elle avait précédemment évoqué la captiva mais le "Alors" vint rompre tout l'enthousiasme d'Abigail... Peut être que Blackwine ne voulait pas lui mettre de mauvaises idées en tête. La demoiselle respectait sa décision de ne pas approfondir ses propos, il était son directeur , c'est lui qui décidait de la discussion d'une certaine manière. Abi ne dépasserait pas les limites tracées par son professeur même si elle restait un peu sur sa faim.

- Merci professeur. Vous m'avez été d'une grande aide !

Elle accompagna la gorgée de son professeur

- Et désolée pour la potion, j'ai voulu lancer un sort sans faire le geste. Expression sorcière très connue qui signife " se précipiter" Je voulais simplement souligner qu'il s'agit d'une nouvelle espèce de créature et qu'on gagnerait à l'étudier davantage...

Pour peut être en tirer bénéfice.

Cette expression n'existait pas. Et la discussion se prolongera peut-être un peu sur des choses plus superficielles, et Abigaïl pourra rentrer se reposer. Tous les adultes de l'école seront ensuite mis au courant pour les punaises magiques, et les élèves peu après.

Abi n'aura alors jamais utilisé cette expression... Néanmoins avant de partir Abi avait une dernière chose à faire. La jeune fille se trouvait à la porte du bureau.

- J'oubliais !

La demoiselle sortit de sa poche un petit aigle en bois qui faisait la moitié de sa main.

- Je l'ai taillé à l'occasion de la Fête de Lughnasadh. Je ne sais plus si je vous en avais parlé, mais j'ai vendu quelques unes de mes créations lors de la fête...

Histoire de se faire un peu d'argent de poche. La jeune fille se rapprocha du bureau de Monsieur Blackwine, permettant à ce dernier d'apprécier un peu plus les détails de cette petite figurine de qualité. Cela lui avait demandé de nombreuses heures et elle espérait que Mr Blackwine apprécierait son geste. Fait de bois, l'aigle reposait sur une branche lui servant de socle, ses ailes déployées ne demandaient qu'à s'envoler.

- Je ne savais pas si vous allez passer à mon stand, alors je l'ai mis de côté ! C'est pour vous !

Elle le déposa sur le bureau de son professeur là ou se trouvait encore de la place.

- Plus tard je l'enchanterai de façon à ce qu'il s'envole lorsque je frappe à la porte !

Sauf si Monsieur Blackwine souhaitait conserver la surprise de ses venues...

Il la remercia chaleureusement, et accepta son cadeau.

Suite à sa corvée, et après avoir vu le visage de l'horrible Alicia, autant en terminer avec cette horrible en journée.

Il toqua doucement à la porte du professeur Blackwine. Après la lettre de monsieur Lionheart, Jude souhaite en savoir plus sur comment se déroule un procès et souhaite demander au professeur d'histoire de la magie s'il a des recommandations de livres de procès importants, ou plus humble, au cours de l'histoire et si ces derniers ont été référencés.

La porte s'ouvre.

- Monsieur Leigh, curieux.

Il semblait se parler à lui même.

- Entrez donc.

Il l'invita à s'asseoir.

- Bonsoir Professeur Blackwine.

Avant même qu'il ait le temps de demander s'il ne dérange pas, le voilà qu'il l'invite à rentrer.

- Merci.

Dis-t-il avant de s'asseoir, attendant que le professeur lui donne la parole. Ariel lui avait tout de même inculqué la politesse.

- Madame Moss ne vous fait pas trop souffrir ? J'ose espérer que si.

Il eut un petit sourire espiègle.

- Je vous écoute, qu’y a-t-il ?

Avec une pointe d'humilité et de regret le Poufsouffle répondis.

- Madame Moss est assez stricte, à la hauteur de ce que nous méritons.

Jamais, une seule seconde, Jude pense ne pas mériter sa punition.

- Depuis peu, je m'intéresse aux différentes résolutions de conflits et, pour être plus exact, je m'intéresse au déroulement d'un procès. Connaissez-vous des livres parlant de la mise en place d'un procès ou le déroulement de procès célèbres ?

Il avait simplement soufflé du nez à la remarque sur madame Moss. Au reste :

- Vous voulez faire appel à ma décision, c'est cela ?... Mais vous savez, au Magenmagot il n'est possible de faire appel que pour la peine capitale... Enfin, est-ce bien de la justice magique, de la justice du Conseil dont vous me parlez ?

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