Re: L’infirmerie

Une main vint frapper sans ménagements à l'huis de l'officine. C'était Johannes, à qui une idée était venue en descendant les escaliers. L'infirmière était-elle aussi alertée ?

Une jeune femme avec de grosses poches sous les cernes lui aura ouvert la porte.

- Ah vous av..? Ah! Oui?

Jo eut une grimace.

-Je voulais juste vous prévenir que vous risquez d'avoir du boulot. Je crois bien que beaucoup d'élèves sont en train de s'aventurer dans le parc, et peut être même dans la forêt. Vous avez besoin de quelque chose ?

- Hum… ah, ah… ah la forêt pourquoi? Mais… pourquoi? Il faut prévenir les professeurs!

Il fronça les sourcils.

-Personne est venu vous prévenir ?

Décidément, quelle organisation.

-Les professeurs doivent être au courant... y a une embrouille avec un élève qui en a enlevé un autre, et y a des gens qui sont partis les chercher sans les profs...

Nouvelle grimace. Présentée comme ça la situation n'était pas très reluisante.

- Je suis au courant pour la petite Abigail! Mais pourquoi la forêt??

Paniquée, elle fit des petits mouvements de mains.

- Aaah… le professeur Lionheart n’est pas là, pareil pour la professeure Lestrange, je ne sais pas où est parti monsieur Blackwine… essayez de trouver le professeur Bagamba au premier étage ou dans les serres, je vais essayer de voir si je trouve un autre professeur!

-Je crois que quelqu'un a aperçu Shane emmener Abigaïl là-bas. La nouvelle s'est répandu... Bon, je vais faire comme vous dites. Bon courage...

Il repartit comme il était venu. Le manque de sommeil lui picotait le visage, mais il avait une mission. Direction le bureau du professeur, l'endroit le plus logique où le trouver.

Ses yeux secs s’ouvrirent d’un coup, retirant l’Ashworth d’un long sommeil sans rêves. Très vite, le serpentard reconnut les environs et put sentir la douce literie qui le berçait depuis plus d’une dizaine d’heures maintenant. Il mourait de chaud. Visiblement, son corps s’était activé avant lui, carburant de l’intérieur pour pousser sa conscience à s’éveiller. Son bras droit, seul rescapé d’une soirée compliquée, vint rabattre ce qui lui servait de couverture et lui permit de découvrir l’ampleur des dégâts. Enfin, plutôt de les deviner, car ses blessures étaient déjà traitées et recouvertes d’épais bandages pour faciliter la cicatrisation et empêcher toute infection.

Un long soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres, puis son regard s’attarda un instant sur ses camarades éparpillés dans d’autres lits. Ils semblaient encore endormis. Celonia était présente, laissant remonter un sentiment de culpabilité chez son aîné. L’écossais prit alors le soin de remonter son drap en ne laissant que son cou dépasser, signe de sa pudeur. Il se sentait très mal à l’aise et espérait que son séjour à l’infirmerie n’allait pas s’éterniser… Mais ses quelques douleurs encore présentes lui criaient l’inverse. James grimaça, s’en voulant un instant d’avoir autant bougé dès son réveil.

Sa dextre vint ensuite triturer sa main gauche, découvrant qu’il lui manquait sa chevalière. Rapidement, son regard inspecta sa table de chevet et la découvrit aux côtés de sa baguette. Ses yeux en détaillèrent l’or un moment, se concentrant sur les initiales gravées dans un relief typique des bijoux de ce genre. Une soudaine envie de pleurer surprit le garçon en un instant, mais ce n’était ni l’endroit ni le moment de le faire.

Alors ses yeux de jais s’en détournèrent, puis ses pensées s’ancrèrent et remontèrent doucement le fil de la soirée passée, dont il était en grande partie responsable. James avait beaucoup vécu, appris, mais la tonne de choses à digérer allait lui prendre des mois. Il devait d’abord s’assurer que tout avait bien fini pour l’ensemble de ses amis.

Dans cette course effrénée vers Abigail, William se sentait porté par l'urgence de la protéger à tout prix. Les images défilent dans son esprit : la vitesse vertigineuse, le vent furieux cinglant son visage, les frissons de panique qui le saisissent tandis qu'il s'approche à toute allure, l'esprit empli d'une détermination sans faille.

Et puis, tout bascule. Un impact brutal, lourd, le plonge dans un tourbillon de secousses déchirantes. La douleur le submerge son être tout entier, emplissant chaque parcelle de son corps d'une souffrance insoutenable. C'est comme si un feu infernal consumait son être mais refusait de s'éteindre.

Face à cette torture , son esprit, en quête de réconfort, tente de s'accrocher à des souvenirs plus anciens, à des fragments de moments paisibles pour échapper à cette douleur implacable.

Ses premières années à Poudlard, son ancien groupe d'amis à Gryffondor avant les tristes événements de l'année passée. Il faut croire que le Gryffondor n'a eu droit qu'à deux années tranquilles avant que le chaos arrive sur sa vie. Une période plus heureuse et, surtout, plus clémente. Où chaque jour à Poudlard était un enchantement. De son sommeil comateux, il dira.

""Oui, c'est drôle mais non, Olivia ne cache pas la poupée d'Abigail."

Cette nuit... Quelques heures qui ne laisseront filtrer que quelques secondes de terreur pure. L'éphémère s'était inscrit dans l'éternité avec toute la stupeur de sa violence. La conscience de la petite Harpis s'était acharnée aussi longtemps qu'elle l'avait pu. Farouche et déterminée, son esprit tourmenté ne s'était octroyé un repos que lorsque les lueurs du château avaient recommencé à brûler dans le reflet de son regard électrique. Avait suivi un sommeil sans rêves et sans doutes, sans terreurs et sans chaleurs, reconstituant pour le corps et occultant pour l'esprit.

Elle se réveilla en sursaut après ce drôle de répit et les derniers évènements lui furent présentés. Son corps meurtri était tiré d'affaire, mais il portera le stigmate de sa débâcle. Des esprits plus orgueilleux que le sien tireraient peut être une fierté de cette cicatrice, mais il n'en était rien pour la jeune fille. Une atteinte à sa pureté, tant physique que psychique, là pour lui rappeler ce qui arrivait aux filles ne restant pas à leur place. Elle était juste assez discrète pour être ignorée et juste assez grande pour ne pas être oubliée. C'était une honte qu'elle devra porter et dont il faudra purger les stigmates en réprimant un haut-le-coeur. Pour l'heure, elle ne savait quoi penser de tout cela. Elle se sentait complètement perdue, en proie au doute. Que faire ? Que penser ? De quoi sera fait demain ? Aucune réponse ne lui venait.

Elle se remit mollement. Moins bavarde qu'à l'accoutumé, ses bienfaitrices ne bénéficièrent que de maigres sourires. Entre deux sommeils forcés, elle rejouait les évènements de la soirée dans sa tête... Du moment où elle apercevait Shane et Abigail faire leur entrée dans la salle commune jusqu'à l'évanouissement de sa conscience en passant par ce moment où sa baguette lui avait bloqué les jambes à l'instant même où l'acromentule lui sautait dessus. Le simple souvenir de la bête lui arrachait des frissons et, à chaque fois qu'elle repassait sur ce passage, elle ne pouvait s'empêcher de s'emmitoufler sous sa couette. Le traumatisme s'estompera, mais contrairement au venin épuré de son corps, ce poison là persistera longtemps encore.

Le temps traité par le doute semblait s'écouler plus lentement. Les yeux rivés vers le plafond, elle poussa un petit soupir, son visage encore plus blême que d'habitude semblait singulièrement contrarié.

Souhaitant d’abord se rendormir, le soupir de Celonia chassa cette idée du cerveau de l’écossais. Ses prunelles sombres se fixèrent sur la silhouette de sa cadette, alitée en face et en diagonale par rapport à lui. En entrouvrant ses lèvres, l’Ashworth découvrit une gorge sèche qui lui donnait une voix plus rauque que d’habitude. Parler lui demandait des efforts.

« - Je suis désolé Celonia. »

Et il était très rare que James le soit, mais la serdaigle ne le côtoyait pas depuis assez longtemps pour le savoir.

« - Je ne pensais pas que cette histoire prendrait une telle ampleur. Je ne souhaitais pas te mettre en danger… Dis-moi que tu n’as rien. »

Un sentiment de culpabilité régissait évidemment le serpentard. C’était lui qui avait décidé du plan que le Club de Divination avait suivi l’avant-veille, et lui aussi qui avait guidé l’ensemble des élèves jusque dans la Forêt Interdite. Mais il en assumerait la responsabilité.

Ses pensées, en quête de cohérence, dérivent entre des événements passés et des scénarios imaginés, comme si sa mémoire cherchait à se réaligner après le violent choc qu'il a subi à la tête. Il a l'impression de se trouver au Stade de Quidditch, après un très beau match où son équipe a gagné et semble répondre à des questions. "Je n'aurais jamais pu gagner ce match sans la passe de Lucao." dis-t-il d'un demi-sourire plus que fier. Comme une fausse modestie avant de poursuivre. " Lucao et moi, on se comprend instinctivement. Sa vision du jeu est incroyable et cette saison l'a bien montrée à toute la Grande-Bretagne" quel genre de question pouvait bien poser ce journaliste imaginaire ?

Dans tous les cas, le Gryffondor parle assez fort pour que Celonia et James l'entende.

Celonia, plongée dans des pensées qui s'entrechoquaient dans un brouhaha inaudible, fut presque surprise d'entendre une voix familière. James ? Elle avait pensé à lui, mais n'était pas parvenue à se focaliser sur une quelconque chose en particulier. Elle s'était privée de sa magie en brisant sa baguette et elle avait l'impression que ses propres pensées s'étaient fractionnés en même temps que le pathétique bout de bois qui l'avait trahie au moment le plus crucial. D'une certaine façon, elle savait qu'elle n'y était pour rien, que son artefact était d'une piètre qualité, mais, en même temps, elle ne n'imaginait pas d'autres personnes dans une situation aussi tristement loufoque...
Elle ne pouvait voir James ou Abigail mourir de manière aussi pathétique car, elle le savait, si personne n'était venu à son aide, elle ne serait plus en vie actuellement.

Les premiers mots du serpent semblèrent la surprendre. De quoi s'excusait il au juste ? Elle chercha la réponse quelques secondes avant de se relever lentement pour que son regard croise les pupilles fuligineuses de son aîné.

- Quand le monstre t'a attrapé, une acromentule m'a attrapée au même moment... J'étais aveuglée par je ne sais pas trop quoi, je n'ai rien pu faire... Quand je me suis remise de la chute, j'ai voulu vite en finir pour venir t'aider à sauver Abigail, mais... Elle soupira péniblement avant de se laisser tomber sur son oreiller, sa chevelure ambrée s'éparpillant sur son matelas douillet. Ma baguette s'est retournée contre moi... Locomotor Mortis, j'étais persuadée que ça marcherait bien contre une acromentule, mais ça a surtout très bien marché contre moi... Elle a bondi sans que je puisse rien faire.

Elle s'interrompit et renifla bruyamment. En cet instant, elle fut soulagée d'avoir détourné son regard car elle ne voulait pas qu'on la voit dans cet état.

- C'est moi qui suis désolée... J'ai tout raté ce soir là... J'ai pas été assez rapide pour empêcher Shane d'enlever Abigail, j'ai retardé Nymeria, Jude et Maria à cause de l'acromentule et j'ai retardé leur arrivée parce qu'ils devaient me porter... J'ai juste réussi à donner l'alerte...

Elle ne se rendait sans doute pas compte que, si elle n'avait pas réussi à pister Shane tout du long, personne n'aurait été mis au courant de la disparition d'Abigail avant qu'il ne soit beaucoup trop tard, mais peu importait. Cela ne rattrapait pas ce qu'elle considérait, sans doute beaucoup trop durement, comme des erreurs.

Ses maugréassions furent interrompues par les errances de William auquel la jeune Harpis adressa un regard inquiet. Faisait il une crise ?

- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Il était à l'article de la mort quand on est arrivés...

Les yeux du serpentard s’étaient plissés. Les vagabondages du songeur ne détournaient pas son attention de sa camarade, dont le discours coupable était compréhensible, même si ni James ni personne ne lui en voulait. Celonia avait bien assez fait.

« - Quand vous êtes arrivés ? Qui ça ? »

Une réaction qui trahit son manque de discernement sur les événements qui entouraient son évanouissement. Peut-être en profitait-il pour cacher quelques détails… Mais c’était impossible pour la Harpis de le savoir. Il enchaîna sans la laisser répondre, apportant des précisions.

« - Mais je ne me souviens pas de grand chose, pour être honnête. Enfin… Je me souviens très bien de mon propre expulso qui s’est retourné contre moi… »

Avouant son raté, l’écossais compatissait avec sa cadette et tentait de lui retirer un poids. Lui non plus n’avait pas été irréprochable. Personne ne l’était. Puis ces baguettes ne les aidaient pas…

L'esprit continue de divaguer pour tenter à se raccrocher à la valeur monétaire des choses et, plus précisément, pour parler d'une personne dans la pièce "Je t'en supplie, James, je te donne cinq gallions si tu changes de coupe. Augustus connait un bon coiffeur" dis-t-il comme s'il était agacé avant de sourire bêtement en parlant d'un autre membre de la promotion. "Haha Johannes, tu as bien fait de vendre à cette fille de bourge des marrons chauds pour un gallion. Elle n'y verra que du feu."

James semblait avoir été bien plus endommagé qu'elle. Pourtant, Celonia se souvenait ô combien elle avait souffert le martyr tant au moment de la piqure que pendant que le venin coulait dans ses veines. La douleur l'avait marquée et la crainte d'avoir "mal" de nouveau était devenu un sujet si brûlant qu'elle n'osait même pas l'appréhender.

- Moi, Nymeria, Maria et Jude Leigh, un camarade de promotion... On a été trouvés par Newcourt, c'est le premier professeur arrivé sur les lieux... Je suis désolée, j'en sais à peine plus, j'étais déjà à moitié inconsciente quand on a finalement retrouvé Abigail. Je ne sais même pas comment Shane est... Parti.

Elle adressa un regard profondément intrigué à la petite anecdote de James. Alors comme ça, lui aussi pouvait souffrir de telles mésaventures ? C'était à peine croyable... Finalement, elle commençait à se dire qu'elle avait vraiment manqué de chance de subir un tel revers à un moment aussi crucial... Oui, il n'y avait pas d'autres explications. Ce n'était sans doute pas autant de sa faute que ce qu'elle croyait.

- Pour le reste... Quand je me suis retrouvée sous l'acromentule et qu'elle m'a... Bref, je pensais que c'était fini pour moi, alors j'ai essayé d'emporter les deux responsables avec moi. Un petit rire tinté d'une aigreur presque palpable siffla entre ses lèvres. J'ai essayé de poignarder l'acromentule avec cette fichue baguette... Mais il n'y a que cette dernière qui a flanché.

Un baroud d'honneur étonnamment brusque et barbare pour une jeune fille aussi maniérée que Celonia, mais il fallait croire que certaines facettes de sa personnalité tardaient un peu à se révéler. Elle sembla outrée par les paroles délirantes de William. Comment pouvait on se vanter d'escroquer une jeune fille innocente ? Ce garçon était vraiment antipathique, malgré son implication dans le sauvetage d'Abigail...

Le regard du serpentard s'était détourné sur l'idiot sans œil à l'entente de son prénom. Il en perdit même le fil des paroles de la Harpis, qu'il reprit en cours de route. William Hamilton n'était qu'un enfant de moldus débile, et sa blessure n'en était que la conséquence directe. James avait tenté de le prévenir du danger avant qu'il ne fonce tête baissée sur Shane...

« - Plutôt... Original, comme façon de faire. »

L'écossais s'efforçait d'arborer le ton le plus léger possible. Il avait besoin de respirer un peu et cette discussion lui faisait beaucoup de bien. Même si les évènements étaient encore récents, savoir que ses amis allaient bien lui suffisait à rester optimiste. Il vérifia que William était toujours en train de dormir avant de reprendre.

« - Plus sérieusement, j'espère que la soirée d'hier ne te fera pas revenir sur ta décision de nous rejoindre. Ce n'était pas la soirée d'intégration idéale, je le conçois. »

Un léger rire de la part du Gryffondor suivit d'un "Maria, tu tiens ton balai à l'envers. C'est normal que tu fais marche arrière". Pendant un bref instant James aurait pu croire qu'il se réveille, alors qu'il a commencé à se tourner, mais finalement non. Son réveil est-il proche ?

Le gryffondor ne cessait de caqueter des absurdités, mais Celonia, sans doute plus concentrée que James, ne le laissa pas parasiter son attention. Elle ne savait, toutefois, pas comment le gryffondor s'était mis dans cet état et s'abstenu donc de tout jugement. Au contraire, même, elle savait qu'il avait fini ainsi pour sauver Abigail et lui vouait donc une certaine reconnaissance, en dépit de l'antipathie laissée par leur première interaction. La remarque de James sur son acte lui arracha un sourire. Elle n'était pas fière d'elle, mais cela restera sans doute son meilleur souvenir de la soirée. Le craquement du bois avait sonné comme une douce mélodie au milieu de toute cette horreur.

Vint ensuite la remarque sur le club fraichement rejoint. Elle n'y avait, très sincèrement, pas pensé jusque là. Toutefois, les mots du serpent surprirent l'oisillonne au delà de toute mesure. De son avis, c'était elle qui n'avait pas été digne de la confiance qu'on lui avait léguée, pas l'inverse.

- Hum? Son regard verdoyant papillonna, tandis que ses poings s'enserraient autour de la couette, comme pour s'assurer qu'elle avait bien entendu. N...Non pas du tout... Au contraire, j'ai eu peur que vous pensiez que j'ai abandonné Abigail...

Elle poussa un bref soupir puis posa la paume de sa main contre son front.

- Le golem, l'acromentule, Shane... Cette année est épuisante.

Un maigre sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle réalisait que tous ces évènements s'étaient dessinés le soir du bal... Décidément, elle fera tout pour avoir un cavalier l'année prochaine.

Il était évident que cela faisait beaucoup de choses à digérer pour sa cadette. Cependant, toutes ces épreuves allaient s’avérer formatrices pour leurs futurs respectifs. Du côté de l’Ashworth, la veille allait lui léguer un bon nombre de leçons que plusieurs jours ne suffiraient sûrement pas à ingurgiter. En une soirée, James avait grandi, vieilli, appris. Il fallait maintenant que son cerveau prenne le temps de tout remettre en ordre.

« - En effet… Mais elle nous a au moins permis de nous rapprocher. Je pense que c’est le plus important. »

Pour lui, ça l’était. Les yeux de l’écossais brillaient toujours d’une intensité particulière lorsqu’il parlait de son cercle, Celonia en faisait, visiblement, maintenant partie.

« - N’oublie pas que c’est grâce à toi que le château a été au courant de l’enlèvement. Tu as fait ta partie du travail. J’estime avoir fait la mienne aussi, alors que seul je ne serai jamais allé au bout non plus. Regarde l’état dans lequel j’ai fini… Comprends-tu l’intérêt de bien s’entourer ? »

Sans Celonia et Alija, jamais Celonia n’aurait été sauvée. Mais aucun de ses deux camarades n’auraient pu la sauver sans lui. Le trio avait illustré toute la puissance du groupe que James avait toujours rêvé de créer.

William émergeait lentement de son inconscience, une douleur aiguë traversant la partie droite de son visage comme un éclair déchirant la nuit. Une sensation brûlante et vive semblait consumer sa peau.. Un gémissement étouffé s'échappa de ses lèvres, son front perlé de sueur sous l'assaut de cette souffrance.

La confusion s'empara de lui alors qu'il tentait d'ouvrir les yeux. Enfin, un œil. Les contours flous de l'infirmerie se dessinaient devant lui, mais tout semblait étrangement déformé. La panique monta lentement alors que sa mémoire tentait de reconstituer les événements qui avaient pu le mener ici, mais rien ne venait.

Il ravala le cri qui menaçait de s'échapper, réalisant que sa seule issue résidait dans la maîtrise de cette douleur dévastatrice, dans l'espoir ténu que bientôt, cette torture aurait une fin. Mais elle n'arriverait pas, pas tout de suite en tout cas.

Tentant de se relever pour tenter de situer sa position, il se rend bien vite compte que son bras ne semble plus lui obéir. Comme pour se rassurer, il tenta de poser un œil, pour vérifier s'il était encore là et il semblait encore présent, juste plus en état. Ensuite, son regard tente de scruter les alentours mais ne reconnait pas James.

Aucun doute possible pour le Serpentard, le Gryffondor semble réveillé.

La jeune Harpis hocha doucement la tête. Effectivement, sans son intervention, Abigail n'aurait pu être sauvée. La "mission" était, objectivement, un franc succès. Son aînée était saine et sauve et le responsable de tout ça neutralisé.... Toutefois, résumer son rôle à celui de "petite espionne" et de donzelle en détresse hurlant dans sa salle commune pour alerter le reste du monde était difficile à avaler. Elle était disposée à s'afficher sous cette facette, cela ne la dérangeait aucunement, mais l'incarner était une tout autre histoire. Des leçons allaient devoir être tirées de tout ça et l'image que la jeune sorcière avait d'elle même réadaptée en conséquence.

- Je suis d'accord avec toi... Je suis peut être dure avec moi même, mais on a bien fait l'affaire, tous ensemble !

Ne pas compter sur ses seules capacités et compter sur celles des autres pour les faire siennes. L'idée était séduisante. Après tout, elle était une jeune fille de sang pur issue d'une famille dont la respectabilité n'avait jamais pu être mise en déroute par quiconque. Avec des choix optimaux, elle pourrait ne jamais avoir à user de ses propres capacités pour avoir ce qu'elle veut. Un bref soupir siffla entre ses lèvres et elle prit le temps d'observer de nouveau William qui semblait particulièrement agité.

- Je commence à être douée pour pister les gens... Faut croire que c'est mon truc. Elle reporta son regard sur James, une certaine solennité venait de s'embraser dans celui-ci. Je peux te poser une question ?

Cela tombait bien, puisque "pister les gens" n'était encore "le truc" de personne dans l'entourage de l'Ashworth. Il était important de couvrir un maximum de spécialités dans un groupe qui se voulait efficace, alors si Celonia était prédisposée à se faufiler partout et traquer des gens... Pourquoi pas. Parler et bouger lui demandaient énormément d'efforts, mais il préférait cela à dormir pour le moment.

« - Bien sûr, je t'écoute. »

Elle hésita un instant, les mots ne lui parvenaient pas nécessairement, mais il fallait qu'elle en ait le coeur net.

- C'est moi qui ai donné l'alerte et moi et Maria avons repéré Shane en train de s'enfuir vers la forêt depuis le sommet de la tour d'astronomie... Je pensais que personne n'aurait toutes ces informations avant moi... Pourtant, quand nous sommes arrivées, vous aviez de l'avance sur nous...

Elle s'interrompit une nouvelle fois, craignant que ses paroles puissent être mal interprétées.

- Hum... Je me demandais juste, comment est-ce que vous avez fait pour être aussi rapides ? Pour savoir, précisément, où Shane et Abigail se trouvaient ?

Entre temps, l’attention du serpentard s’était focalisée sur le rouge à ses côtés qui venait de se réveiller. Il avait bien entendu la question de la bleue, mais ce n’était ni le moment ni le lieu pour lui apporter une réponse.

« - Je te répondrai plus tard… Je crois qu’il se réveille. William ? »

Dans quel état se trouvait le preux - ou l’idiot - chevalier ? James avait tout de même un coeur et donc de la pitié pour lui.