Re: Un des puits du quartier

Abigail aura donc inspecté brièvement son corps et ainsi vite réalisé qu'elle n'avait rien de mal. Sa mère saura soigner ce petit pépin très facilement. Abigail avait pour habitude de se débrouiller toujours seule et sa réaction n'était qu'une manifestation de cette caractéristique de sa personnalité. James s'était mis en tête qu'il fallait obligatoirement l'aider, une attitude brave et vaillante mais Abigail ne s'était jamais sentie en danger, elle connaissait les strangulots et savait que malgré leur agressivité ils n'étaient pas dangereux pour l'homme, surtout un de cette taille, ce pourquoi cette situation l'avait faite d'abord très rire.

La remarque de James lui fit mal au coeur, il sous entendait clairement qu'elle était une personne odieuse et méprisable simplement car elle ne réagissait pas comme il attendait. Elle ne rebondira pas dessus, laissant le jeune homme tirer les conclusions qu'il souhaitait et réfléchir une nouvelle fois sur les mots qu'il employait.

Elle avait également entendu Eleanor se débarasser de son seau pour pourfendre le strangulot, un acte de peur mais Abigail ressentait également de la peine pour la créature. Elle pouvait facilement deviner qu'elle n'avait pas fait exprès, mais son geste avait tout de même condamné la créature. Elle ne pensait pas vivre une situation aussi chahutante cette matinée.

Dans le silence, elle rejoint simplement le puit pour remplir son seau, car c'était la raison pour laquelle elle était venue.

Au bout de quelques secondes de peur Eleanor fini par se calmer, les yeux fixés sur cet étrange créature qu'elle venait d'achever sans vraiment s'en rendre compte. A y regarder de plus près ça ne paraissait pas si dangereux que ça comme animal. Réalisant ce qu'elle venait de faire, un flot de culpabilité s'empara de son esprit. Elle qui haïssait tant la violence voilà que c'était son tour.

- Non non non non non... Qu'est-ce que j'ai fait ?

Ce n'était pas quelque chose de naturel pour la rousse, elle s'approcha du strangulot un peu plus près, espérant naïvement que celui-ci ait pu survivre à son coup de seau, après tout ces créatures magiques pouvaient peut être se régénérer, mais il fallait se rendre à l'évidence : il était bel et bien mort. Son visage se crispa sous la tristesse et le dégoût en même temps que ses yeux s'humidifièrent un peu. Son cerveau de jeune fille de onze ans lui disait qu'elle venait de commettre le plus abominable des crimes, rendant bien plus grave son action que ce que ça aurait pu être pour d'autres. Tout le poids du monde reposait sur ses épaules désormais. Ne s'étant pas occupé de ce qui se passait un peu plus loin entre ses deux camarades, la londonienne ne remarqua James que lorsqu'il s'adressa à elle. Eleanor tourna donc le visage dans sa direction, visiblement plus que peinée, sans pleurer encore pour autant.

- Oui. Enfin non... Je voulais pas faire ça. Le regard dans le vague, elle répondit à James, se souvenant qu'il avait été attaqué juste avant. Et toi ça va ? Tu n'as rien ?

Le strangulot de toute évidence était vivant. Et à l'agonie.

James ferma les yeux, comprenant aux sons d'agonie que le strangulot était encore vivant. Il aurait préféré que tout soit terminé, mais visiblement, le destin avait choisi une autre fin à cette mésaventure. Ainsi, sans un mot, l'Ashworth se retourna et ramassa le sceau d'Eleanor sans envie. Écœuré par le sang de la bestiole et la vision d'horreur qu'elle représentait actuellement, il n'attendit pas et frappa d'un coup sec sur son crâne à sa merci. S'il le fallait, il recommencerait jusqu'à ce que la créature soit belle et bien morte, ce qui ne devrait plus demander beaucoup d'efforts à la vue de son état actuel. Une fois cela fait, le garçon revint à hauteur d'Eleanor et lâcha le sceau. L'air neutre, il reprit la parole, pas fier de ce qu'il venait de faire. Mais il fallait réduire les souffrances de la créature.

« - Tu n'as plus à culpabiliser, mais je te mens pas, je m'en serai bien passé. »

Habitué à la ferme dans les Highlands écossaises, abattre un "animal" à l'agonie n'était pas non plus un choc traumatique pour lui. Il tapa ses gants puis ses vêtements, histoire de retirer le plus gros des dégâts.

« - Moi ça va... Elle là-bas, je sais pas. » fit-il en pointant Abigail d'un signe de tête.

Abigail s'était complètement désintéressée de la scène et de ses futurs camarades. Ce qui lui importait, c'était remplir son seau, sa voisine âgée avait déjà suffisamment attendue. Le visage toujours couvert du sang de strangulot, elle installe son seau et le descend à l'aide de la corde accrochée.

Peut être qu'Abigail s'était comportée assez durement avec James qui n'avait pas de mauvaises intentions au fond mais cela il lui faudra plusieurs jours avant de le réaliser.

Une expression de dégoût se forma sur le visage d'Eleanor qui détourna le regard de cette scène ensanglantée. Rien que le son de cette définitive mise à mort lui fit passer de grand frissons dans tout le corps. Si achever un animal mort était quelque chose auquel était habitué James c'était tout l'inverse dans son cas qui venait du milieu bourgeois londonien. Si dans un premier temps on pourrait penser que ce que venait de faire le garçon ne lui plairait pas au vu de sa réaction, c'était en fait tout le contraire. Grâce à lui ce n'était plus vraiment elle qui l'avait tué et surtout il venait de faire quelque chose d'essentiel qu'elle n'aurait pas réussi à faire : abréger les souffrances de la créature. Il n'avait sûrement pas fait cela pour la rousse mais elle se sentit très reconnaissante tout de même. Ses yeux tristes se tournèrent vers lui.

- Merci beaucoup.

Elle ne trouva rien d'autres à dire que lui exprimer sa pensée. Cependant la mention d'Abigail la sortit quelque peu de sa torpeur. Eleanor se rappela que leur camarade avait été attaqué par le strangulot avant qu'il ne soit renvoyé devant elle.

- Elle est blessée ?!

Sans attendre de réponse de la part de l'écossais, la réfugiée saisit fermement la manche du garçon pour l'emmener avec elle jusqu'à Abigail, ne se doutant pas des griefs qu'ils avaient. Elle marcha d'un pas décidée jusqu'à l'autre jeune fille.

Il parvient à facilement achever la créature dont le crâne était très mou..

James n’avait pas apprécié faire cela, mais ça n’allait pas l’empêcher de dormir pour autant. Il souhaitait clore cet épisode le plus vite possible, rentrer chez lui, prendre une bonne douche et laver ses vêtements. Les traces verdâtres sur ses gants le dégoûtaient fortement. Le remerciement d’Eleanor, il ne s’y attendait pas, et seul son regard échangé avec la demoiselle permis à cette dernière de comprendre qu’il acceptait son merci. Cela lui fit même plaisir.

« - Oui, el- »

Il n’eut pas le temps d’expliquer la situation que la rouquine s’emballa et tenta de le traîner de force jusqu’à sa Némésis qui siégeait quelques mètres plus loin. James retira rapidement son bras mais décida de suivre après une courte hésitation. Une fois la triade réunie, l’écossais croisa les bras et ne prit même pas la peine de regarder Abigail. Il s’exprima cependant pour elle.

« - Vu ce que j’ai remonté, je te conseillerai peut-être d’aller puiser ton eau ailleurs. »

Simple suggestion, qu’il émettait peut-être plus par esprit de contradiction envers l’action de son nouvel ennemi juré que par gentillesse.

Comme James précédemment, Abigail utilise ses bras pour faire voyager son seau jusqu'au point d'eau et ainsi le remplir. Ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait alors elle savait le faire, mais ce n'était pas une tâche qui la passionnait. Cependant étant sur les nerfs, la tâche paraissait beaucoup plus facile que d'habitude, son agacement finalement lui permettait d'avoir plus d'énergie, elle avait hâte d'en finir et de rentrer.

Elle avait entendu approcher Eleanor et James, elle aurait préféré que chacun rentre chez lui mais soit, elle restait tout de même contente de voir la rouquine. Elle ne regarde d'ailleurs qu'elle, même lorsque James lui parle, il n'était pas question qu'elle croise le regard de sa pire rencontre de tous les temps ! Peut être qu'Abigail avait prévu initialement de consommer cet eau, ça, James ne le saura jamais puisqu'elle répond.

- Pas besoin d'une eau propre pour m'asperger le visage.

Puisqu'Abigail avait toujours ce sang de strangulot sur sa face. Elle enchaine

- Bonjour Eleanor.

Même si elle était contente de la voir, ce n'était pas vraiment le meilleur moment, Abigail était plus crispée que la fois ou elles se sont rencontrées.

Eleanor nota tout de même le oui, ce qui la fit accélérer un peu plus le pas. Elle fit à peine attention au bras de James qu'il venait de dégager, tant qu'il la suivait c'était le plus important. Ils n'allaient pas laissé leur camarade meurtrie ! Sûrement en faisait elle trop dans ses réactions mais ce n'était pas une situation habituelle pour la rousse et ne savait pas quels dégâts pouvait faire une créature comme un Strangulot. Bien que la réfugiée n'ait pas vraiment l'air souffrir. Qui sait ? Elle était peut être encore sous le choc de cette violente attaque.

Son sang ne fit qu'un tour en voyant le visage d'Abigail qui en était couvert, accentuant un peu plus encore son inquiétude la jeune Wright. En arrivant à sa hauteur, elle ne prit même pas le temps de la saluer comme elle venait de le faire mais s'enquérait de suite de sa santé.

- Abigail ! Tu vas bien ?! Tu es blessée où ?!

Avant même d'avoir une réponse Eleanor se mit en quête de l'inspecter de haut en bas avec minutie. Elle n'hésita pas à sortir un mouchoir en soie qu'elle mit directement dans la main de la blessée.

- Tiens utilise ça.

Bien évidemment c'était pour se nettoyer le visage, le sang de la créature était peut être dangereux pour la peau ? De toute manière hors de question de la laisser dans cet état.

À part noter dans un coin de sa tête les prénoms des deux jeunes filles, James n’avait plus grand chose à faire dans cette conversation. Il ne perdit pas plus de temps avec Abigail, et se dirigea directement vers ses deux seaux qui l’attendaient par terre de l’autre côté du puits. Quel début de journée…

Le seau un peu rempli, il était donc temps de le remonter. Abigail utilisait ses deux mains pour remonter son seau, laissant que peu de place à Eleanor pour lui mettre son mouchoir dans les mains, mais en insistant elle pouvait. Abigail attendra simplement de remonter son seau pour l'utiliser. La jeune Wright ne voulait pas qu'on s'inquiète pour elle, surtout qu'il n'y avait pas lieu de, ainsi elle rassura très vite la rouquine.

- Euh merci pour le mouchoir et ne t'en fais pas, je vais bien.

Pour éviter vraiment qu'elle se fasse du souci, elle ajouta.

- Ce n'est qu'une morsure de strangulot, c'est désagréable mais je ne vais pas en mourir. Tu sais ce sont peut être des créatures agressives, mais elles ne sont pas dangereuses pour l'homme.

En tout cas dans cette situation, ce n'est pas pour autant qu'il était recommandé de se baigner avec une horde de strangulots. En parallèle, elle laisse James s'en aller, sans chercher à la retenir.

Fort heureusement, la rousse se rendit compte qu'elle avait surréagit aux potentielles blessures de l'inventrice en herbe. Cependant elle attendit qu'elle remonte son seau afin de lui donner son mouchoir, elle n'allait sûrement pas la laisser avec ces horribles projections sur le visage. Ca serait plus pratique que tout s'étaler partout et de prendre le risque de s'en mettre dans les yeux.

L'explication sembla apaiser la rousse dont les inquiétudes finirent pas partir. Et puis en même temps elle eut droit à un petit cours, cette chose était donc un Strangulot, elle n'oublierait pas. Ses connaissances étaient quasi nulles mais elle se rappelait de tout de ce qu'on pouvait lui dire. Chacun de ces éléments pourraient lui permettre au moment propice de cacher sa provenance du monde moldu comme Ana lui avait suggéré de le faire.

- Oh je vois.

La mention quand au non danger que représentait ces créatures pour l'Homme la peina à nouveau, son acte n'en était que plus terrible encore. Cela se vit sur son visage.

- Tu sais je ne voulais pas lui faire ça, j'ai honte.

Une précision qui lui sembla important d'apporter même si ce n'était pas si important pour la jeune fille qui lui faisait face. Son regard se tourna cependant vers James avec qui Eleanor n'en avait pas encore fini.

A quelques mètres, on pouvait apercevoir James en train d'inspecter ses seaux, tenter de "retirer" la terre et la gelée visqueuse présente dessus à l'aide de sa semelle. Il souhaitait simplement de les nettoyer un maximum avant de se diriger vers la rivière pour les laver jusqu'à ce qu'ils brillent. Il en frissonnait de dégout.

La jeune fille s'empare donc se son seau qu'elle pose près du puit. Elle plonge ses mains dedans pour ensuite asperger son visage d'eau et nettoyer ce sang. Elle ne voulait pas que sa mère s'inquiète en la voyant couverte d'un liquide étranger. Abigail refait face ensuite à Eleanor qui regardait James au loin.

- C'est fait écoute, tu as eu peur... Il faut dire que ce ne sont pas de très jolies créatures...

En même temps qu'elle prononce ces paroles, la jeune Wright s'essuie la visage avec le mouchoir de la rouquine.

Un hochement de tête satisfait se manifesta quand elle accepta son mouchoir. Pour le reste Eleanor avait raison, c'était cet aspect aussi moche qu'inconnu qui l'avait poussé à réagir aussi instinctivement mais à bien y réfléchir c'était une raison plutôt épouvantable pour tuer. Même si certes il y avait eu l'attaque juste avant mais même là ce ne semblait pas bien plus violent qu'un chat.

- Oui mais bon... Je ne recommencerai plus.

Vrai ou non seul l'avenir nous le dirait, Eleanor était en tout cas persuadé de ce qu'elle venait de dire. Tourné vers James, elle fit un signe de main à au jeune garçon en parlant un peu plus fort pour se faire entendre

- Hé ! J'ai une question !

Alors qu'il s'apprêtait à partir, James se retourna pour s'assurer que la rousse l'interpellait bien. Se faisant, il souleva ses seaux pour souligner son intention de quitter les lieux.

« - Oui, qu'est-ce qu'il y a ? »

Abigail se tenait derrière Eleanor avec son seau d'eau rempli, elle ne tarderait pas non plus à quitter les lieux. Mais avant, il fallait qu'elle rende le mouchoir à sa propriétaire qui avait décidé d'interpeller James pour lui poser une question. Elle décida tout simplement de patienter, peut être qu'elle était également concernée par la question.

De toute façon la rousse comptait rentrer avec Abigail puisqu'elles vivaient toutes les deux dans le quartier des réfugiées. Rien d'incroyable dans ce qu'elle allait demander mais ça lui tenait à coeur.

- Comment tu t'appelles ? Moi c'est Eleanor.

Une information qu'elle n'avait toujours pas malgré que ce soit la deuxième fois qu'ils se rencontrent, il fallait donc remédier à ça. Pour le reste elle espérait avoir l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'écossais un de ces jour. Heureusement les opportunités ne manqueraient pas entre ici et à Poudlard.

Le regard de l'Ashworth voyagea entre Eleanor et Abigail, puis il répondit simplement à la question d'Eleanor. L'initiative de la rouquine lui fit plaisir.

« - James. A bientôt.»

Il était certain qu'ils se reverraient bientôt. Il tourna le dos aux filles et s'en alla avec ses seaux. Quelle journée...

Une question qu'elle aurait pu également poser si sa rencontre avec James et ses échanges avec lui s'étaient déroulés autrement. A cause d'Eleanor elle connaissait désormais son prénom... Elle fera mine de ne pas le savoir ce n'était pas si grave.

- Il faut que j'aille mener ce seau a une voisine. On se revoit bientôt Eleanor ! J'espère que l'âme du strangulot ne viendra pas te hanter...

lâcha-t-elle pour plaisanter, sans avoir la certitude que cela fasse son effet. Elle espérait que Eleanor ne prenne pas cela trop au sérieux.

Abigail repartira de son côté et libéra le puit pour Eleanor.

Eleanor hocha de la tête, satisfaite.

- A bientôt James ! Toi aussi Abi !

Maintenant elle allait se retrouvait seule. Elle avait oublié son seau qui avait servis à achever le strangulot. Elle parti le nettoyer puis le remplir autre part avant de rentrer.

- Tu me diras ce qu'il en est !

Si tel était le cas alors peut être qu'elle aussi pourrait recueillir un petit animal en manque d'une famille. L'idée d'avoir son propre compagnon la séduisait fortement. Après quoi Eleanor suivit Arles dans sa vente, probablement habituelle, des lapins auprès de l'éleveur. Elle resta silencieuse tout du long et se contenta de le suivre, aussi étrange que ça puisse paraître, les yeux rivés sur la raison de sa motivation. Une fois arrivé non loin des puits, la rousse rendit compte qu'elle avait oublié quelque chose d'important.

- Au fait moi c'est Eleanor et toi ?

— Arlès. Répondit... Arlès en lui tendant le goupil. Tiens le pendant que je remonte de l'eau. Je doute qu'il cherche à s'enfuir mais fais attention quand même.

- Oh euh oui !

Elle était tout simplement heureuse de se voir confier une telle tâche, c'est tout ce qu'elle voulait. C'est avec beaucoup de douceur que la Poufsouffle le prit pour le placer dans ses deux bras et le serrer légèrement contre elle.

- Ca va aller, tu es en sécurité maintenant...

En même temps Eleanor caressa lentement et soigneusement le pelage roux du goupil.