[PRIVE] Derrière une épaisse grille

Les mains du jaune se délièrent, sa sénestre vint plonger dans le noir de ses robes, en sortir son catalyseur, qui fut ensuite lancé à Nymeria. Il reprendrait alors sa marche, mains de nouveau jointes, offrant son dos à la rouge, mais pas en silence cette fois-ci.

- Voici donc la punition en question… privation de baguette.

Un geste que l'on pourrait qualifier de généreux de la part du Poufsouffle, voir gentil, mais c'est sans compter l'obscurité quasi totale des lieux et de ce fait c'est sur le front que la lionne réceptionne l'instrument avant de l'accueillir entre ses mains puis de conjurer une orbe de lumière qui viendra éclairer le duo après avoir remercier l'adolescent.

- Une punition oui.. Mais ton visage..?

A la lumière nouvellement conjurée Nymeria trottine afin de se retrouver à hauteur de son ainé.

Visage qui se sera tourné lentement vers la rouge ; les traces sous ses yeux étaient comme deux subreptices ombres, encore adolescentes, mais, sur un visage sans affres aucuns, elles étaient criantes, et lui donnaient des airs de sculpture commençant doucement à se fêler.

- Hm?

Difficile pour Nymeria d'expliciter ses pensées tant elle ne saurait comment les exprimer correctement, ce que peut voir Sun dans tout cas est une légère frayeur mêlée d'incompréhension dans le regard de sa cadette.

- Tu veux me faire croire que tu ne sais rien de ce qui se trouve sur ton visage?

Sa marche s’était arrêté, son visage à moitié tourné vers Nymeria. Il semblant pencher légèrement la tête sur le côté.

- Hmm..? Oh.

Son seul œil visible s’ancra dans ceux de la gryffondire, l’ombre semblable au sillon d’une larme le rendant plus incisif malgré sa langueur.

- Le manque de sommeil j’imagine.

Malgré la lumière diffusée par magie il est difficile pour la sorcière de distingué ce que peut être ces étranges marques, la certitude est cependant faite qu'il ne s'agit pas là d'un symptôme du au manque de sommeil, de plus Nymeria ne crois pas un instant que son ainé puisse penser la chose vraie. Soudainement inquiète pour cet ami qui ne l'est pas vraiment tout en l'étant absolument, la fille aux cheveux d'or tend une main en direction du visage du jaune avant de stopper son geste, autant par crainte de lui faire mal que celle de subir une clef de bras.

- Tu dois te rendre à l'infirmerie. Nous iront ensemble si tu veux mais il faut que quelqu'un t'examine.

Allergie, maladie, malédiction, quoiqu'il en soit le jaune ne semble pas être sain, pourtant cela ne freine aucunement la troisième année à passer du temps en sa compagnie. A vrai dire elle pourrait même, avec un peu de doigté, lui tirer les vers du nez.

Le jaune fit un grand pas, puis se tourna pleinement vers elle complètement, lui faisant désormais face, son visage éclairé par le Luxis de sa camarade. Ayant l’occasion désormais de poser ses yeux sur lui plus longtemps qu’une fugace seconde, elle le voyait bien plus distinctement, immobile. Il n’avait pas spécialement changé, sinon qu’il se sublimait avec l’âge. Simplement ces légères marques, qui, éclairées ainsi du dessous jetaient une subtile ombre aux coins de ses yeux, lui donnant paradoxalement l’air plus fatigué mais aussi plus alerte. Ses yeux se plissèrent alors, braqués sur Nymeria, et son regard semblait bien plus inquisiteur qu’il n’avait jamais été.

- Ah, j’ai compris. Tu t’inquiètes.

Ses traits s’adoucirent alors - s’étaient-ils seulement endurcis, ou était-ce un simple jeu de lumière? Il poussa un léger soupir, et vint défaire a nouveau le nœud formé par ses mains.

- Il n’y a pas de raison… Sa sénestre s’était levée, et son index s’était déposé sur un point de sa maxillaire, légèrement plus haut que les ailes de son nez. Mon père avait les mêmes, elles arrivaient jusque là.

Bien plus bas que les racines de cernes que lui-même arborait.

Pour la première fois depuis leurs rencontre, la cadette du duo ressent un sentiment désagréable couler le long de son échine, semblable à un sentiment de danger imminent en faisant face au visage de son camarade. Il lui est cependant impossible d'en déterminer l'origine, que ce soit les étranges marques sous les yeux du jaune ou le regard porté par ces yeux, ou encore le fait que ce regard émane d'un jeune homme habituellement si passif. Alors lorsque le Poufsouffle se détend en comprenant l'intérêt de Nymeria celle-ci papillonne des yeux comme se demandant si les quelques secondes passées n'étaient pas dus au contexte plutôt qu'au garçon, mais une petite voix lui susurre de prendre garde à présent, à ce qu'elle dit et à la manière de le dire quand elle mentionne son ainé.

- C'est un genre de marques héréditaire donc. Heureusement, j'aurais jalousée Eleanor le reste de ma vie si elle avait pu t'ausculter.

Une touche d'un humour fracassant toutes règles de bienséance, le genre de remarque que la blonde ne se permet qu'envers et en présence de Sun, principalement car ce dernier se contrefout royalement de ce type d'écart, possible même qu'il choisisse de ne pas les comprendre. Quoi qu'il en soit la lionne note mentalement que son ami as quelques connaissances sur son paternel, un sujet que les deux compères n'ont jamais abordés jusque là, à vrai dire Nymeria as du mal à concevoir que le garçon à la crinière immaculé puisse avoir une famille.

- Ton père était à Poufsouffle lui aussi?

La messe était dite, alors ses mains s’étaient jointes de nouveau, et sa marche avait repris. Son trait d’humour n’aurait arraché de réaction au jaune, incompris ou ignoré allez savoir, mais il aurait apporté une réponse, quoique sobre, à la question de sa cadette.

- Non.

La rouge reprend la marche à la suite de son camarade, prenant garde cette fois ci à ne pas risquer la chute en omettant un défaut du sol.

- Mes parents non plus ne sont pas aller aller dans ma maison, en fait ils ne sont pas aller à Poudlard du tout.

Un instant de silence puis elle ajoute:

-Je sais que tu ne rentre pas pour les vacances, comme Jude. Tu n'as nul part où aller non plus je suppose.

Aucun silence n’était venu lui répondre cette fois-ci, la voix de Sun ne le laissant s’installer.

- Je n’ai surtout aucune raisons de partir d’ici.

L'odeur du "vieux" chatouille les narines de la fille, celle de l'humidité également, de quoi se demander où ils se situent sous le château à cet instant.

- Aucune raisons de partir ou de bonne raisons de rester?

Plus que l’odeur, il y avait le froid aussi qui pouvait être dérangeant.

- Les deux, il marqua une légère pause. Et toi?

Pour le froid la rouge est équipée, de la paire d'épaisses chaussettes à l'écharpe ceint deux tour à son cou, quand à la froideur du jaune elle est habituée.

- J'aime ce château et une partie de ce qui y résident.

Une seule phrase pour réponse.

- Tu ne vas pas non plus au village, du moins je ne t'y ai jamais vu. Peut être vais-je finalement avoir raison, tu es un spectre incapable de quitter le domaine.

- Pré-au-Lard?

Il marqua une courte pause.

- J’y suis allé il y à… quelques semaines. C’était… intéressant, mais… lassant. Enfin, disons que je n’ai rien appris de vraiment nouveau.

- Il y as pourtant des endroits sympathique, les confiseries des Schtauffen par exemple et.. C'est à peu près tout. Je pourrais t'y emmener à l'occasion, cela ferai plaisir à la propriétaire de voir que le bouche à oreille fonctionne.

Le village n'est pas un lieu particulièrement touristique bien que des efforts ai été fournis depuis l'arrivée massive des réfugiés.

- Tu devais avoir une course importante pour que cela t'oblige à sortir de l'enceinte.

- Une simple balade, et une discussion avec Eleanor.

-Oh, je vois.

Réaction courte qui en dis long. La Gryffondor ne pipe plus mot.

La lionne suis le mouvement, freine sa marche lorsque celle de son ami cesse, le dévisage quand celui ci le fait, puis reprend la route à sa suite. Elle se fait la réflexion que le jaune se comporte un peu à la manière d'un daim sauvage, la ressemble allant jusqu'aux marques sous les yeux, la comparaison amusante force la troisième année à se mordre la joue pour éviter de partager sa trouvaille avec le concerné.

Le sens de l'orientation de Nymeria as beau être ce qu'il est, la Gryffondor finie par remarquer que le chemin emprunter ne les mènent pas vers la pièce autrefois surnommée colonie des moustaches. Les minutes passes comme une seule, chaque secondes marquées par un bruit de pas claquant sur les dalles de pierre fissurées ça et là, la condensation de l'air expiré matérialisant leurs efforts en éphémère panache blanchâtre mourant pour être remplacé l'instant suivant. Les murs se ressembles, un tableau vide viens parfois en habiller un, l'absence de portrait accentuant l'atmosphère de solitude qui flotte à traves ces dédales qui semble ne vouloir jamais finir. Les conditions dans lesquelles Sun as pu découvrir puis explorer et enfin arpenter cette partie du château sont inconnus de la lionne qui se dis qu'un élève de cette trempe aurait parfaitement sa place au club de la Wyvern, tout en doutant de l'entrain qu'exprimerais celui-ci dans le cas où la demande serais faite.

C'est alors que la rouge envisage sérieusement une tentative d'embauchage que le duo semble arrivé à destination. L'usage de la main magique n'est pas nécessaire remarque la sorcière qui se demande de qui la grille tiens sa mauvaise santé, avant de chasser ce genre de question de son esprit, ayant pourtant appris depuis un moment que ce qui gravite autour du jeune homme est constamment porteur d'un point d'interrogation. La pièce est découverte à la lumière de l'orbe lumineuse, la curieuse nature de sa fondation ainsi que l'ameublement sommaire mais suffisant pour le rôle qui semble le sien au vue de l'amoncèlement de paperasse, bien que la présence du banc tailler dans la pierre puisse faire office de couche.

La fille des marais laisse son ainé vaquer à ses habitudes le temps que dure ses observations puis pose le regard sur le paquet nouvellement apparu sur la table mais ce dernier n'est pas le sujet premier sur lequel Nymeria se penche.

- Les dortoirs Poufsouffle doivent être terrible.

S’attelant à délier le fil tenant fermé son paquet, le jaune lui garda le dos tourné un instant, ne lui répondant pas. Nymeria ne pouvait vraiment voir ce qu’il se tramait, et avait peut-être eu l’impression d’être seule un instant, simplement entourée de froid, tant dans le sens figuré que littéral. Finalement, le jaune se retourna vers elle, une sorte de petite boîte de métal en main, et dans laquelle avaient été disposé à la va-vite quelques aliments formant un repas qui n’avait franchement pas l’air appétissant.

Le jaune s’assit sur son tabouret, de biais. Dans son paquetage désormais ouvert voyait-on également quelques fruits. Fourchette dans sa sénestre, il pointa de celle-ci, d’un geste las, une vieille torche éteinte au mur que Nymeria n’avait précédemment pas remarqué.

- Allume-la, ce sera plus simple que…

Il désigna de quelques moulinets du poignet, sa fourchette formant de petits cercles dans l’air, la boule de lumière qui avait suivi la rouge jusqu’ici.

En présence de Sun il est mal aisé de se sentir en compagnie, ce dernier ne laisse entrer autrui dans sa réalité que part à-coup et à cela la rouge est habituée, peut être que là est une des raisons que le jaune se vois apprécié par sa cadette. Econome en mot, chacun de ceux qu'il prononce porte une importance singulière, un calme de clairière figée par l'hiver, image faisant drôlement écho avec la comparaison précédemment imaginée par la lionne grelottante qui fait appel à Lacarnum Inflamarae afin d'enflammer le tissus de la torche. Les secondes qui suivent sont occupées par la disparition de l'orbe magique avant que la baguette soit posée sur la table à disposition de son propriétaire, après cela Nymeria prend la parole de nouveau:

- Tu vas tomber malade à force de vivre ainsi.

Si la lionne à la crinière d’or semblait être aux prises avec la morsure de Chioné, le blaireau à celle d’argent lui semblait épargné.

- Peut-être bien.

Il planta sa fourchette dans un bout de viande, qui s’arrêta devant son visage.

- Tu as attendu longtemps?

Il viendrait enfourner la chair du feu animal entre ses crocs, et fixait toujours Nymeria, soit de son seul œil visible, soit de face si elle s’était mise face à lui.