Re: " Maison " de Mary Wright et sa fille

Absente, la famille Wright ne put recevoir le jeune Ashworth. En prévision de la rentrée, la mère et sa fille avaient rejoint le village pour faire les boutiques en fonction de leurs modestes revenues. C'est avec une certaine surprise qu'elles récupérèrent le colis déposé en après midi par le serpentard. Nullement inquiètes, elles l'ouvrirent une fois rentrées afin d'y découvrir le contenu.

C'était une cape toute neuve, de bonne facture, qui s'accrochait à l'arrière d'une robe de sorcier classique. Les couleurs se mariaient bien au bleu et bronze de la maison des aigles. Il n'y avait cependant aucun mot ou quoi que ce soit d'autre qui pouvait en trahir la provenance.

James accompagna le patriarche Zverotić jusqu’à la demeure des Wright.

« - Voilà, c’est ici ! Abi vit seule avec sa mère, j’espère qu’elles sont là. »

Il s’avança jusqu’à la porte et toqua à trois reprises.

Il n’ajouta pas un mots.

La demeure des Wright n'était pas différente des autres du quartier. Une maison conçue dans l'urgence pour acceuillir les sorciers ne se sentant plus en sécurité chez eux. Si certains avaient trouvé la force de personnaliser leur maison pour se différencier des autres de leur quartier, ce n'était pas le cas de la maison des Wright qui demeurait classique, seul le numéro 38 incrusté sur la façade de la bâtisse permettait de la distinguer des autres.

Après quelques secondes d'attente, la porte s'ouvrit et laissa place à une femme dans la trentaine en tenue sorcière de l'époque : une robe marron ainsi qu'un chemisier blanc aux manches bouffantes. Elle portait comme monsieur Zverotic un chapeau, un chapeau pointu qui renforçait son appartenance à la communauté sorcière. Pour compléter sa tenue, Mary Wright portait également une cape sorcière à capuche maintenue par une broche en forme de jobarbille en argent. Sur l'annulaire de sa main gauche se trouvait son alliance.

Maitresse de la maison, la tâche d'ouvrir la porte lui revenait toujours, c'était aussi une question de sécurité. Très protéctrice, elle ne souhaitait pas que sa fille fasse de mauvaises rencontres. Tomber ainsi sur un homme dans un accoutrement étranger ne l'enchanta guère et cela pouvait se lire sur son visage, empli de crainte. Heureusement à côté de lui se tenait James qu'elle reconnut facilement, ce dernier venait assez souvent ( trop à son goût) chercher sa protégée, ce qui la détendit sobrement.

- Bonjour monsieur, bonjour James. Que puis-je faire pour vous ?

Elle devinait que leur présence ici concernait sa fille, son regard fixa brièvement et lourdement celui de James avant de s'arrêter sur le visage du serbe, pourquoi ramenait-il un inconnu chez elle ?

L'élégant serbe, ou l'intimidant serbe, selon les goûts, inclina légèrement sa nuque tout en retirant son chapeau afin de saluer la Dame, laissant apparaître ses cheveux grisâtres...

- Madame.

L'accent était pour le moins prononcé, et ce simple mot aura sûrement suffit à exacerber un peu plus les à priori xénophobes de Mary Wright.

- Je suis Veroljub de la famille Zverotić, plus ancienne famille de sang-pur des Balkans occidentaux.

Quelque chose qui ne parlera sans doutes pas à madame Wright.

- Père d'Alija, l'un des amis de votre fille et de James. Avait-il enchaîné tout en reposant son chapeau sur sa tête.

- Je suis ici afin de vous faire part en personne d'une invitation à l'intention de votre fille. Une invitation à passer les vacances dans notre demeure familiale, en Serbie. A nos frais, bien évidemment. Sa protection sera assurée, nous ne connaissons là-bas pas les problèmes que vous connaissez ici avec les moldus.

Le père d'Alija s'en tiendra à ça, il jaugeait désormais la réaction de la mère de famille.

James déglutit et força un sourire se souhaitant rassurant pour la mère d'Abigail.

« - Bonjour madame... » ajouta-t-il timidement, conscient qu'elle n'était sûrement pas préparée à cette apparition déroutante.

Lui non plus ne l'était pas, en réalité, mais le Zverotić savait se montrer... persuasif. Puis l'Ashworth rêvait de découvrir la Serbie ainsi que de rejoindre son ami loin d'un Pré-au-Lard ennuyeux et trop rempli.

L'élégant ou l'intimidant serbe l'était peut être dans son pays, ou pouvait l'être dans une maison voisine mais pas à la porte de la maison 38 du quartier des réfugiés. La prestance, le caractère dont faisait preuve le Zverotic ne pouvait perturber une veuve qui dans ce monde chahuté n'avait pour raison de vivre plus que le bien être et la réussite de son unique enfant.

Bien évidemment, elle connaissait Alija et James, le second un peu plus que le premier. Abigail se rendait tous les weekends à Pré au Lard pour la voir et leurs discussions pouvaient durer des heures. Si Abigail souhaitait garder certaines choses secrètes pour ne pas inquiéter sa mère, cela n'incluait pas ses fréquentations. Mary Wright était bien au fait concernant les relations de sa fille, Alija et James étaient ses amis, les Trois Balais était un commerce à éviter pendant les vacances à cause d'un service qui baissait en qualité.

La proposition faite par le père d'Alija surprit la mère de famille qui ne s'attendait pas à une telle demande... Elle pensait qu'il souhaitait simplement connaitre la famille des amis de son fils pour voir si ce dernier était bien entouré... Mais cette démarche, toute sincère qu'elle soit, ne pouvait enchanter Mary. Elle prit un temps pour considérer la demande et formuler sa réponse afin de ne pas brusquer ce monsieur dont le statut et cette richesse visible lui permettaient de penser peut être à tort que cet homme n'était pas habitué aux refus.

- Enchantée Monsieur Zverotic, je suis Mary Wright, la mère d'Abigail. Je crois en votre démarche sincère monsieur et je ne doute pas qu'elle puisse être en sécurité chez vous. Mais ce ne sera pas possible je le crains, pour des raisons qui me sont propres. Je suis tout de même ravie que ma fille compte parmi ses amis le fils d'une famille aussi prestigieuse que la votre. Et... Elle baissa son regard brièvement en direction de James avant de relever la tête. J'espère qu'Alija ne sera pas trop déçu, ce ne doit pas être évident pour lui d'être séparé de sa famille à l'école puis de ses amis pendant les vacances...

Ainsi elle pouvait comprendre la démarche de Zverotic père de vouloir tuer l'ennui de son fils en ramenant ses amis. Mais Mary Wright y voyait aussi autre chose, elle n'imaginait pas le père Zverotic, père d'une honorable famille se déplacer en personne juste pour le bien être de son enfant. Leurs enfants grandissaient vites, peut être que monsieur Zverotic avait eu vent de la pureté de sa famille et que le moment était venu de se présenter en vue d'une future alliance...

Bien évidemment, Mary Wright n'allait pas laisser partir sa jeune fille ainsi, chez de quasi inconnus, dans un pays lointain. Finalement, les britanniques n'étaient peut-être pas autant des dayouth que ce que lui avait raconté son fils ? Ou était-ce une particularité des écossais de ne pas être des Dayouth ? C'est cette question qui trottait alors dans l'esprit du sorcier, pour lequel l'invitation tenait plus de la bienséance que d'autre chose, bien que le balkanique n'était probablement pas prêt à accepter de rentrer la baguette pleine.

- A votre guise.

A ces mots, l'élégant slave du sud se mit à reculer de quelques pas tout en soulevant légèrement son chapeau, en guise de salutation à la madame.

- Madame.

Et il s'en alla, tournant le dos à la maison 38, et prit la direction les rues du quartier des réfugier, non sans avoir au préalable posés rapidement, mais de manière insistante, ses yeux sur James, lui indiquant qu'il ferait bien de le suivre.

Le regard de l'Ashworth voyagea plusieurs fois entre les deux adultes. Il ne se sentait pas vraiment à sa place, et se demandait ce qui allait se passer si Clay, lui aussi, refusait la demande du patriarche Zverotic.

« - Euh... A bientôt madame Wright !! » fit-il en filant rapidement aux côtés de son accompagnateur du jour.

« - Vous voulez qu'on parte chercher Clay ? Je pense savoir où il est à cette heure. »

Du bas de son mètre soixante-neuf, l'adolescent toisait Veroljub en quête de réponse. Il se demandait tout de même ce qui pouvait actuellement traverser l'esprit du Serbe, peut-être contrarié par le refus de la mère d'Abigail.

- Onda, je ferme la marche.

« Onda » est un mot serbe que James avait déjà pu, à mainte reprise, entendre de la bouche d’Alija, ce qui était plus ou moins l’équivalent serbe du mot anglais « Then ».
Le père Zverotić invitait donc James à lui montrer le chemin vers son tuteur.

Installée dans sa chambre, au centre de son lit, à bouquiner un livre qu'elle avait trouvé au fond d'une étagère de la bibilothèque de Pré au Lard, Abi s'embêtait... Elle avait voulu donner sa chance à ce petit roman détaillant l'histoire d'une Pénélope, mais la poussière présente dessus aurait du constituer un signe suffisant pour passer son chemin...

Peut être que le livre n'était pas à son goût, ou plutôt qu'elle avait commencé à lire avec autre chose en tête, ce qui lui rendait la lecture difficile. La jeune fille ferma son bouquin et le déposa sur sa table de chevet, elle allait réessayer plus tard.

La serdaigle qui bientôt allait reprendre les cours se rappela de cette nuit avec Augustus ou s'était éveillée chez elle, une Particularité. Les cours prenant beaucoup de place, elle n'avait pas pu explorer plus profondément ce talent. Plusieurs fois elle avait réessayé, sans effet hélas...

La jeune fille déchira une petite page du livre qu'elle avait emprunté, Abigail n'avait aucun de mal à casser ou endommager quelque chose si facile à reparo.

La serdaigle puisa dans les forces du Néant pour faire voler et déplacer les miettes de papier, sur l'une d'elle on pouvait d'ailleurs y lire les mots " nébuleux" ou encore " candide". Lorsqu'elle entraînait sa particularité, elle commençait toujours par ce petit échauffement.

La magie d'Abigail fila de sa baguette vers les miettes de papier, elle avait émit un souhait: qu'elles se déplacent. Les miettes s'agglomèrent donc pour former un petit bonhomme de papier qui se mit à marcher maladroitement sur le sol en criant "Sibyllin !" "Sibyllin !"

Constater les confettis se lier pour former un petit bonhomme en papier lui procura un sourire enfantin. Quelle étrange particularité elle avait développé, il y avait là tant de mystères qu'elle allait mettre du temps à percer. Jusqu'à ou pouvait-t-elle le manipuler ?Abigail souhaitait que Sibyllin projette son bras de papier vers l'avant.

Sibyllin puisque c'était son nom, n'en fit rien, et continuait de marcher en criant "Sibyllin !" "Sibyllin !"

Sibyllin le faisait vraiment rire mais elle voulait le voir faire autre chose que marcher en criant.

- Sibyllin tu vas obéir !

Sévit-elle. Peut être lui en demandait-il trop ?

- Marche doucement vers Ambroise.

Elle ne savait pas vraiment si ce qu'elle essayait était pertinent, elle s'adressait après tout à sa propre magie.

Sibyllin n'écouta pas non plus, et commença à tomber en morceaux... Abigail sentit un début de douleur lancinante dans ses tempes. Peut être appréhendait-elle mal cette étrangeté qui s'était manifesté chez elle ?

Il y avait fort à parier, qu'elle se trompait dans ses manipulations de Particularité. Son corps et l'immense magie qu'elle secrétait en elle venaient lui rappeler que tout effort avait un prix... Elle abandonna Sibyllin pour ne pas empirer cette douleur. L'on arrivait jamais à rien une fois fatiguée...

Les essais reprendront plus tard, Abi décida de reparo le livre qui lui servait davantage pour ce genre d'expériences.