La salle de classe désaffectée d'Ana Dawson

Durant ses nombreux périples afin de trouver le fameux club de duel lors de sa première année, la jeune Serpentard avait eu le temps d'ouvrir bon nombres de portes. Et parmi ces salles, il y en avait une en particulier qui lui plaisait énormément. Elle n'avait en soit rien de luxueux, rien qui la faisait sortir de l'ordinaire. Mais sans trop savoir pourquoi, Ana avait décidé de l'aménager petit à petit. Il fallait dire qu'elle s'y sentait si bien ! Et pourtant, l'endroit avait tout pour être lugubre. Une seule fenêtre était fonctionnelle, la 2è fenêtre étant brisée et recouvert de planche de bois afin d'éviter que l'air glacial y pénètre. Mais cette fenêtre donnait assez de lumière, le jour en tout cas, pour y voir clair. Quelques bureaux étaient disposés ici et là, ainsi que des chaises qu'elle avait ordonné afin de créer une petite table, au centre de la pièce. Dans un coin, elle avait entreposé des plus ou moins grands coussins verts, qu'elle avait probablement volé de la salle commune de Serpentard, afin d'y faire un petit coin cosy. Une cheminée, ou en tout cas ce qu'il en restait, était encastrée dans le mur, qu'elle allumait quelques fois avec un Lacarnum Inflamare afin de la tenir au chaud. Il se pourrait même que les salles adjacentes manquent de chaises et de bureaux, allez savoir pourquoi... En plus, la porte d'entrée nécessitait de la forcer pour l'ouvrir, ce qui découragerait les moins téméraires. Tout était parfait.

Quoi qu'il en soit, Ana passait son temps libre majoritairement ici, à l'abris du froid, et surtout, à l'abris des autres. Peu à peu, elle avait vite compris que les gens ne l'appréciaient pas. Leur regard ne trompait pas. Tout ceci ne dérangeait pas vraiment Ana, ceci dit. Habituée à être seule durant son enfance, elle n'avait besoin de personne. Tout ce dont elle avait besoin, c'était un endroit où elle se sente bien. Et que ce soit ce château, et en particulier sa salle commune verdâtre, lugubre, humide, et froide... Elle détestait tout, ici. Les Trois Balais et sa chambre lui manquaient. Alors elle avait tenté de recréer sa propre chambre des Trois Balais ici. Les similitudes étaient nombreuses, et même si on n'était loin de son petit chez soi, elle en était satisfaite.

Ana arrivait finalement ici avec Eleanor.

Eleanor se laissa prendra la manche et guider jusqu'à la salle secrète d'Ana dont elle-même n'avait jamais eu connaissance. Silencieuse tout du long, elle brisa le blanc une fois arrivée dans la pièce, visiblement impressionnée par ce qu'avait fait l'écossaise des lieux. Malgré que ce soit lugubre à la base, ça avait maintenant son charme.

- Wow j'adore !

Un large sourire se dessina sur ses lèvres. Voici donc où était Ana à l'époque où elle séchait les cours. La jaune était également touchée d'avoir été emmené ici, elle se doutait que peu de gens voir personne n'avait encore eut le droit à cet honneur. Se rendant compte que son enthousiasme prenait le pas sur ce pourquoi elles étaient venues ici, elle reprit son sérieux pour se concentrer sur la Seprentard.

- Je t'écoute.

Chez elle, Ana se dirigeait vers la petite cheminée qu'elle allumait à l'aide de sa baguette, rajoutant quelques bouts de bois qui appartenaient jadis à des chaises et des bureaux. Elle se jeta ensuite sur une pile de coussins verts, qui appartenaient probablement à la salle commune de sa maison, et elle s'y étira. La Dawson était très clairement à son aise, ici.

- Tu sais, c'est la première fois que j'emmène quelqu'un ici. J'espère que je ne me suis pas trompée.

Dès lors que la discussion s'était tournée vers Abigail, la jeune fille avait perdu sa bonne humeur. Et c'était presque une lassitude qui s'était maintenant installée, et qui se faisait entendre à travers les paroles de la Verte.

- Tout ne s'est pas passée exactement comme je te l'ai raconté, là-bas. Et je ne veux pas que tu me prennes en pitié, ou que tu sois énervée sur Abigail. Je m'en fiche. Mais j'ai besoin que ça sorte. Alors, tant pis, ça sera pour ta pomme.

De toute manière, Ana n'avait pas d'autres amis à qui parler. Enfin, si elle ne s'était pas trompée sur Eleanor ! Ana n'y comprenait plus rien.

- La statue. Elle était inerte, au départ. Lorsque je m'y suis approchée pour la toucher, elle s'est réveillée. Abigail le savait. Elle avait déjà fait ces énigmes. Mais elle ne m'a pas prévenu. Ou trop tard, en tout cas. La statue m'a mis un énorme coup sur la tête, et puis... plus rien.

D'un geste de sa main, elle montra sa tête. Il ne fallait pas être un grand ingénieur pour comprendre ce qu'il s'était produit.

- A mon réveil, Godric et Abigail se battaient encore contre la statue. Lorsque nous l'avions battu... C'est Godric qui a pris soin de moi. Abigail ne m'a même pas lancé un regard. Plus tard, elle a osé me dire que tout le monde a failli mourir à cause de moi, et que j'aurais mérité une autre baffe. La sienne.

Ana soupirait. Elle savait pertinemment qu'Eleanor n'allait pas la croire, car c'était Ana, pardi ! La Dawson jugeait bon d'ajouter quelques mots.

- Ecoute. Je sais que je suis pas la plus gentille du château. Je sais que j'ai un caractère de merde. Mais je mérite pas tout ça. Moi, je veux juste m'amuser et vivre ma vie comme je l'entends. Sauf que, tu vois, je pensais qu'Abigail était mon amie. Mais après ce qu'elle m'a dit, il est clair que non.

Son regard rejoignait celui d'Eleanor. Ana était on ne peut plus sérieuse. Cette histoire l'avait apparemment beaucoup marqué.

- Donc, j'ai besoin de savoir. Ce que tu penses de moi. Si toi aussi, tu vas me tourner le dos à la première occasion. Car j'en ai marre de l'apprendre comme ça. T'es une des seuls personnes à qui je parle encore. Mais j'ai besoin d'être sûr.

Car Ana était bien perdue.

Eleanor écouta donc parler Ana et comme elle s'en doutait, sa simple question au club de duel cachait quelque chose de bien plus grand. Pour la première fois en deux ans, elle se confiait comme jamais elle ne l'avait fait, lui partageant tout ce qu'elle avait sur le cœur. C'était surprenant, ce qui était un euphémisme, de la part d'une personne comme la verte. Cela montrait aussi tout l'étendu d'à quel point son histoire avec Abigail lors des épreuves l'avaient bouleversé et certainement blessé. Et finalement vint le couperet : elle voulait savoir si la jaune resterait son amie, si elle ne la trahirait pas. De cette simple demande dénotait une peur que les deux jeunes filles avaient en commun certainement : celle de finir seule. C'est en tout cas ce qu'elle en comprit. La rousse laissa passer quelque secondes durant lesquels elle prit une des chaise sur laquelle elle s'assied, le dossier face à elle.

- Nous sommes amies, pourquoi je te tournerai le dos ?

Une question enfantine et empreinte de naïveté, qui était à l'image d'Eleanor, et pourtant si sincère. Si elle avait voulu le faire elle aurait déjà pu le faire quand la Serpentard avait révélé son secret mais pourtant elle avait préféré croire en sa bonne foi. Cependant il fallait tout de même se montrer honnête, c'était d'ailleurs l'occasion de le faire dans cette discussion à cœur ouvert. Pour le bien de son amie.

- Comme tu le dis tu as un caractère compliqué. Il ne l'est pas par rapport à moi car je l'ai accepté sans problème mais il est compliqué pour toi et les relations que tu as avec les autres. Il y a des choses que tu dois apprendre à changer pour ton bien.

Si elle était la seule à pouvoir passer outre le comportement de l'écossaise ce n'était pas pour rien. Il y avait bien des choses à travailler.

- En revanche tu as tord, pour moi tu fais partie des plus gentille du château. Je t'ai révélé mes origines alors qu'on se connaissait même pas et pourtant... Non seulement tu ne m'as pas rejeté mais en plus tu ne t'es pas servie de ça pour en parler à tout le monde à Poudlard. Tu aurais pu faire de ma vie une calamitée mais non, même pour te faire accepter de tes idiots de congénères tu n'as rien dis. Qui aurait fait ça pour une inconnue ? Très peu de monde.

Pour ces mêmes raisons, Abigail n'avait pas pu lui accorder ce que Ana lui avait donné : son amitié.

- Pour avoir accepté d'être proche d'une vulgaire traître à son sang, et d'autres choses encore, je te suis éternellement reconnaissante Ana.

Un sourire bienveillant fut adressée à son interlocutrice.

- Enfin bref, je ne t'abandonnerai jamais, je te le promets.

Une phrase dont on ne pouvait douter de sa sincérité. Son regard se baissa, un peu gênée par tant de confidences niaises mais semblerait il nécessaire. La jeune fille voulait également aborder le sujet d'Abigail mais pour le moment se contenta surtout de rassurer Ana qui en avait besoin.

Son regard plongé sur le feu crépitant de la cheminée qui embrasait peu à peu les morceaux de bois, la jeune Serpentard écoutait avec attention les paroles de sa camarade. Des paroles, qui, d'habitude, auraient fait dessiner un grand sourire sur le visage d'Ana, mais qui, aujourd'hui, ne lui procuraient pas plus d'émotions que cela. Des paroles, Abigail en avait également eu, avant qu'elle montre sa véritable personnalité infecte. De plus, Eleanor lui proposait une chose qu'elle détestait : qu'on lui dise quoi faire.

- Jamais je ne changerais. J'ai pas envie de changer, et je changerais pas. Si tu penses que je vais me mettre à sourire, à faire les devoirs pour toute la classe, et à faire des compliments à tout va, tu te trompes. J'ai pas prévu de faire ça, et c'est pas parce qu'Abigail, aussi sorcière soit-elle, me menace de me foutre une baffe que je vais changer.

Ah, ce satané statut de sang. Quelle connerie, ça, encore ! Les plus "Sorciers" du château avaient été les plus désagréables avec elle, alors que les plus moldus, comme Eleanor, ou bien Johannes, même, avaient été les plus accueillant. Et ce sujet revenait constamment à la table, encore et encore, comme si cela changeait quelque chose au monde !

- Oh, regardez, je suis Abigail, une bonne sorcière ! Argh, qu'est ce qu'elle m'énerve ! Eh, tu veux savoir ?

Son regard se déplaçait du feu jusque dans les yeux d'Eleanor. Un regard déterminé, mais aussi colérique.

- Je les emmerde. Tout ces sorciers mondains là, je les emmerde tout autant que les moldus. Ils valent pas mieux qu'eux.

Des paroles très lourdes de sens. Ana en avait gros sur la patate ! Mais toutes ces histoires de sang et de pureté, elle en avait par dessus la tête. Et étant donné qu'elle n'avait jamais réellement vécu et réaliser à quel point les moldus pouvaient être des monstres, elle se permettait de les comparer à ces sorciers qui l'énervaient chaque jour un peu plus. Après tout, tout ce qu'elle savait des moldus, elle les lisait dans la Gazette, qui semblait bien minimiser les actions moldus.

- Ana...

Malgré tout il y avait des points sur lesquels Ana devait travailler ou tout du moins se calmer, c'était son avis. En tant que bonne amie Eleanor n'allait pas perpétuellement éviter le sujet. Notamment sa relation avec Abigail, il ne semblait pas qu'il y avait quelque chose d'assez grave au point que ce soit irréparable et que les deux arrêtent de se parler.

- Je ne te dis pas de changer qui tu es. Mais par exemple avec Abigail est-ce que tu veux vraiment lui en vouloir éternellement après une dispute ? Oui elle a fait un erreur en te disant ça, je ne dis pas le contraire.

La rousse ne voulait pas voir la verte s'isoler en repoussant continuellement les personnes qui s'approchaient d'elle. Ça l'inquiétait beaucoup.

- Peut être qu'elle avait peur tout simplement. On fait tous des erreurs, toi ou moi aussi. On a déjà parlé de toi avec Abi et elle t'apprécie vraiment beaucoup, elle a toujours été sincère là-dessus.

La Serpentard avait l'air d'en douter après leur mésaventure mais pourtant c'était un fait véridique selon la rousse.

- Tu es quelqu'un de fière et tu peux facilement être en colère mais parfois pour ses amis il faut mettre ça de côté. Je n'étais pas là à ce moment là mais de ce que tu m'as raconté il n'y avait rien de rédhibitoire. Encore une fois je ne te dis pas de changer mais n'oublie pas qu'avec les personnes dont on est proche il faut faire des efforts parfois. Même quand ils sont en tort.

Et pour Eleanor elle-même aussi il fallait qu'Ana soit plus souple et moins rancunière. Combien de temps avant que toutes les deux puissent avoir un désaccord un peu plus sérieux et que l'écossaise décide d'arrêter de lui parler ?

- Je veux juste t'aider à y voir clair, je suis ton amie après tout.

- Eleanor.

Ana se redressait sur son coussin, croisait ses jambes ainsi que ses bras, comme pour signifier qu'aucune négociation était possible. La jeune Verte avait vraisemblablement réfléchis très longtemps à la situation. Et quand elle avait une idée derrière la tête... De sa main droite, la Dawson étendait son index.

- De un, Abigail aurait pu me prévenir des dangers de cet endroit. Elle n'a rien fait.

Puis, elle étendait son majeur.

- De deux, alors que j'étais inconsciente pendant je-ne-sais-pas-combien-de-temps,  elle n'a pas daigné m'aider. Dante, un illustre inconnu, m'a aidé, lui.

De la même façon, elle étendait son annulaire.

- De trois, elle a osé me dire  qu'elle aurait voulu me foutre une baffe à la place de cette maudite statue.

Elle mit ensuite ses deux mains sur sa tête et les écartait comme pour mimer une explosion.

- Je suis censé passer outre ces trois choses ? Faire des efforts, et dire "oh, au final tu ne m'aimes pas tant que ça, mais c'est pas grave, on continue d'être ami " ? Non, non, non.

Cette fois-ci, c'était trop. Qu'ils aillent tous en enfer !

- Elle pourrait venir et s'excuser avec 1000 mots que je lui cracherais toujours dessus.

Peut-être allait-elle trop loin. Mais Ana était visiblement très en colère, et n'en démordait pas.

- Désolé tu as sûrement raison.

Même du point de vue de quelqu'un qui pouvait facilement pardonner et n'était pas rancunière, comme elle donc, ça faisait tout de même beaucoup.

- C'est fou, je pensais pas qu'Abigail puisse être une personne aussi violente.

Après tout Eleanor ne la connaissait pas si bien que ça, elles se croisaient en quelques rares moments. Même si ce n'était pas son avis premier, il fallait croire que la Serdaigle était peut être une personne qui pouvait se montrer méchante en certains situations. En tout cas ça ne lui plaisait pas de savoir comme elle avait traité Ana et l'avait mise en danger.

- Désolé j'ai tendance à vouloir tout arranger.

C'était un de ses défaut dont la rousse ne se rendait pas vraiment compte encore, son besoin de contrôler ce qui se passe autour et que tout soit conforme à ce qu'elle veut. Ca restait tout de même frustrant de voir la Serpentard perdre une amie.

- En revanche comment tu peux me demander si je vais te tourner le dos à la première occasion ? C'est évident que non.

Eleanor faisait référence à sa question de tout à l'heure. Ce n'était pas un reproche mais bien l'inverse pour à nouveau apaiser un peu la jeune fille qui semblait tellement en colère.

Eleanor était bien une des seuls, si pas la seule personne, à tenter de l'aider. Ana ne pouvait pas lui en vouloir, elle comprenait que cela partait d'une bonne attention. Mais en effet, elle ne pouvait pas tout contrôler et tout arranger. Elle le réalisera bien assez tôt probablement. En attendant, Ana devait assurer ses arrières !

- Je sais pas. Je pensais qu'Abigail était gentille, mais elle me l'a mise à l'envers. Donc je voulais être sûre te concernant. Dans le fond, je me doute que tu es pas comme elle. Mais je voulais en être sûre. Désolée si ça te semble bizarre.

C'était bien la première fois qu'elle s'excusait. Ana s'étirait ensuite sur son coussin.

- Tu t'entends bien, toi ? Avec Abigail, James, et tout ces gens que j'aime pas ?

Elle plissait ses yeux, attendant sa réponse.

Un large sourire montra à la Serpentard que ses questionnements n'avaient rien de bizarre. Et puis elle lui avait montré sa confiance en l'amenant dans son petit jardin secret.

- Avec Abigail on ne se parle pas vraiment, on est trop différente. Avec James oui on s'entend de mieux en mieux, c'est un ami.

Eleanor le considérait déjà comme un ami même si de son point de vue les choses étaient différentes certainement. Mais de ça elle n'en avait aucune idée. La jaune espérait que ça ne poserait pas de problèmes à Ana son amitié avec son "ennemi". De toute façon c'était hors de question de lui mentir.

- Pour les autres personnes que t'aimes pas j'en sais rien. Si tu penses à Alija on ne se parle pas non plus et après je ne sais pas qui tu n'aimes pas.

Il fallait dire que la liste pouvait être particulièrement longue.

Ana ne pouvait pas empêcher son visage de faire une vilaine grimace à l'évocation de James. Eleanor faisait bien ce qu'elle voulait de sa vie et de ses amitiés, mais elle comprenait rapidement que cela dérangeait la Serpentard.

- Je vais pas te faire une liste de qui tu dois ou ne dois pas voir, hein. Tu fais ce que tu veux.

Même si elle aurait aimé avoir Eleanor rien que pour elle.

- J'espère juste qu'ils ne te feront pas de mal. Ce ne sont pas des bonnes personnes.

- Tout le monde est gentil avec moi ne t'en fais pas.

Eleanor en avait un peu marre de devoir entendre untel écharper l'autre. Ils étaient tous de bonnes personnes, simplement ils ne s'entendaient pas. James et Ana en l'occurrence.

- Si quelqu'un veut me faire du mal il le regrettera amèrement et devra faire face à ma terrible colère !

Ce qui fut dit sur un ton léger et la rendait encore moins crédible. D'autant plus que la Serpentard n'avait sûrement jamais vu la rousse se mettre en colère, tout au plus être un peu agacée ou énervée. Sa baguette fut tendue vers Ana dans une pose qui se voulait théâtrale.

- Crains ma puissance Dawson.

Ana regardait sans laisser entrevoir une quelconque émotion la baguette d'Eleanor pointée sur elle. Même si elle savait pertinemment que la Poufsouffle rigolait, la Verte détestait être dans cette position. Une baguette pointée sur elle, alors qu'elle était désarmée, là voilà dans une position de faiblesse. Depuis qu'elle avait absorbé l'orbe magique, Ana jubilait lorsqu'elle était dans une position où elle pouvait montrer sa force ; les sentiments dû à la victoire étaient décuplés. A l'inverse, ces positions de faiblesses étaient les pires à supporter, et lui donnaient ce sentiment d'impuissance qui contrastait beaucoup trop avec la sensation de supériorité qu'elle avait ressenti dans le donjon. L'écossaise tendait sa main pour abaisser sa baguette.

- Eh bien, je ferais tout pour ne pas te mettre en colère, alors. fit-elle avec un léger sourire.

- Une sage décision.

Satisfaite, Eleanor rangea sa baguette. Maintenant elle se décida à observer un peu mieux les lieux et s'empara d'un coussin vert qu'elle serra contre elle-même tout en déambulant dans la pièce.

- Tu viens souvent ici ?

La jaune se doutait bien que vu les oins apportés à l'agencement de la salle ce n'était pas pour y venir qu'une seule fois par mois. Et surtout il y avait une multitude de dessins réalisés par Ana et en observa quelques uns comme si elle se trouvait dans un musée. Voilà un talent qu'elle-même n'avait pas.

- Tout les jours, je pense. J'en ai fais un petit coin cosy. J'aime bien. Enfin, c'est toujours mieux que les dortoirs de Serpentard.

Quelle calamité, ces dortoirs. Impossible de bien y dormir. Pour le reste, Eleanor pouvait apercevoir des dessins plus ou moins enfantins, même si on notait une très nette amélioration au fil du temps. Certains dessins étaient du château, d'autres, des Trois Balais. D'autres encore ressemblaient à un agencement de traits et de couleurs, qui pourraient s'apparenter à des gribouillages, mais ils étaient pourtant fièrement exposés.

- Bien sûr, je te fais confiance pour que personne d'autre ne connaisse cet endroit.

- Promis je garde ça pour moi.

Eleanor continua de se balader au milieu des dessins qu'elle dévorait du regard, un sourire attendrit sur le visage. L'idée qu'Ana fasse ses œuvres en se servant de son encrier lui faisait plaisir. Certes ça ne changeait rien à la qualité de ce qu'elle faisait mais savoir qu'une toute petit partie de la jaune pouvait y subsister la rendait joyeuse.

- J'aime beaucoup ce que tu fais !

Quelque chose sembla venir en tête de la Poufsouffle après un bref temps de réflexion. Une idée qui semblait lui apporter une sorte d'enthousiasme spontané.

- Oh ça te dirait de faire un portait de moi à l'occasion ? Je suis sûr que ça fera plaisir à ma maman d'en avoir un !

Ana écarquillait les yeux. Et puis quoi encore ? Elle ne savait pas dessiner ! Tout les dessins étaient assez simples en soit, et les plus beaux étaient des paysages. Les portraits ? Une longue histoire de désamour.

- Hein ? Non, non. Je sais pas faire les portraits. Peut-être dans quelques années ! Mais là, ce serait une catastrophe.

Abigail pourrait, elle. Cette vipère dessinait les tableaux du château.

- Justement, raison de plus ! Il faut bien quelqu'un pour t'entraîner !

Apparemment l'idée lui plaisait beaucoup. Eleanor fit bouger exagérément ses cheveux en secouant la tête puis fit un élégant demi-tour sur elle-même comme pour vendre l'incroyable modèle qu'elle pouvait être. Après quoi elle afficha une moue qui se voulait adorable et irrésistible.

- S'il te plaît... Ca sera marrant  !

La jeune fille sautilla sur place, visiblement convaincue et emballée par sa propre suggestion.

- Quand tu m'accompagneras dans la forêt interdite, peut-être que je pourrais y réfléchir... fit-elle avec un sourire en coin. Elle n'avait pas oublié !

Eleanor avait espéré que cette idée d'aller dans la forte interdite avait été oublié par Ana.

- Pourquoi tu tiens absolument à y aller ?

Il n'y avait rien de bon qui les attendait à part de multiples dangers et des points en moins.

- On peut mourir Ana...

Est-ce qu'Eleanor allait vraiment comprendre ce qu'avait ressenti Ana lors du donjon ? La jeune Serpentard était convaincu que non. Elle ne pouvait pas comprendre ce sentiment de puissance et de pouvoir qu'elle avait ressenti ce soir-là. Elle ne pouvait pas non plus comprendre qu'elle souhaitait revivre un tel moment. Ana appréciait grandement Eleanor, mais elle avait un état d'esprit à l'opposé du sien.

- Mourir ! Et puis quoi encore... Eleanor, on est à Poudlard, il n'a rien dans cette forêt capable de nous tuer. Sinon, le directeur aurait déjà fait le ménage.

Ana soupirait. Dante ne voulait pas non plus, Eleanor non plus ! Au moins, elle a pu changer de sujet de discussion.

- Je veux juste voir ce qu'il y a à l'intérieur. Tout le monde dit que c'est dangereux, et personne ne dit pourquoi. Ca te rend pas curieuse toi ?

Eleanor pouvait se montrer aventureuse mais il y avait tout de même une certaine limite, si ça pouvait représenter un quelconque danger elle préférait la prudence. Et puis quel cauchemar ce serait de détruire sa réputation auprès de ses camarades jaunes et ses professeurs en perdant beaucoup de points.

- Si mais je ne peux pas. Je n'aime pas enfreindre les règles Ana, encore plus sans savoir quel danger je vais pouvoir me prendre au visage...

C'était bien trop demandé, surtout du haut de leur jeune âge. La jaune ne se sentait pas assez puissante pour pouvoir aller vers l'inconnu en se disant qu'elle pourrait se défendre dans tous les cas.

- Sinon tu ne peux pas voir avec le garde chasse ? Ou le professeur Bagamba traîne pas mal en forêt parait il. Peut être qu'on pourrait les accompagner eux.

Une sortie avec un adulte responsable et en toute légalité, c'était la meilleure alternative.

Ahhh encore cette proposition d'y aller avec un professeur ! Qu'Ana allait encore une fois refuser. Elle voulait y aller pour voire de quoi elle était capable toute seule, ou bien avec un autre élève. Ca n'avait pas d'intérêt d'y aller avec un professeur, et surtout, pas la même adrénaline.

- Non non non non ! Ils m'empêcheraient d'aller loin.

Elle se recouchait sur les coussins.

- Je veux voir ce que je vaux. J'en ai marre des duels sur une estrade, je veux utiliser les sortilèges comme ils doivent être utilisés, je veux de l'action ! Je n'en peux plus d'être enfermé dans des salles de classes, Eleanor.

Visiblement, l'escapade au 1er étage lui avait monté à la tête.

Ca commençait à agacer Eleanor de voir son amie avoir aussi peu de considérations pour sa propre vie et être prête à partir dans l'inconnu le plus total sans penser aux dangers qui l'attendaient. La jaune devait tout faire pour empêcher Ana de potentiellement se faire du mal.

- On est seulement en deuxième année ! Tu as encore toute la vie devant toi, pourquoi prendre de tels risques aussi tôt ? En plus tu peux vivre pleins d'aventures rien que dans le château ! Tu viens de le faire !

Une mine triste prit ensuite le relais sur son visage, la jeune fille étant visiblement très inquiète.

- J'ai peur Ana... Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose.

Que devait elle faire ? La convaincre était impossible.